La VNU, ou la diversification d'un grand groupe néerlandais. (Sofie Buyse)

 

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PREMIERE PARTIE: L'HISTOIRE DE LA VNU (1964-1996)
 

CHAPITRE I : La naissance de la VNU

 

§I. LA FUSION STRATEGIQUE DE DEUX SOCIETES

 

     La naissance de la société Verenigde Nederlandse Uitgeversbedrijven (VNU) s'explique par des raisons économiques.  Le 17 décembre 1964, une société d'Haarlem Verenigd Bezit van Aandelen n.v. Drukkerij De Spaarnestad et une société centrale d'investissement de Den Bosch Cebema (ou le groupe Teuling), décident de fusionner afin d'éviter une position vulnérable pour l'avenir.  Les deux sociétés, qui publient et impriment des quotidiens, des magazines et des livres, craignent des pertes à la suite de la publicité télévisée (la publicité STER instaurée en 1967[2]) et la concurrence des maisons d'édition étrangères, et dont la grandeur d'entreprise est inconnue aux Pays-Bas.  Elles indiquent aussi que les exigences des lecteurs et annonceurs, en ce qui concerne la qualité et le volume des publications, deviennent de plus en plus grandes, et qu'elles demandent  donc par ailleurs des investissements importants.  Enfin, par leur collaboration, les sociétés peuvent faire front au développement défavorable des frais dans tous les domaines[3].  La fusion semble donc être un mariage de raison.

 

     Cebema et De Spaarnestad ont toutes deux une riche histoire.  L'origine de Cebema se situe en 1884, quand Coenraad Nicolaas Teulings fonde une imprimerie à 's-Hertogenbosch.  L'entreprise familiale catholique évolue d'une reliure/imprimerie vers une société d'édition d'allure nationale.  Surtout après la Première Guerre mondiale, Cebema connaît une croissance considérable.  Ainsi elle rachète, en 1919, l'éditeur d'éditions éducatives L.C.G. Malmberg (fondé en 1885), elle fonde, en 1936, De Geïllustreerde Pers  (éditeur de magazines) à Amsterdam, et acquiert, en 1937, l'héliogravure le Nederlandse Diepdruk Inrichting.  En 1964, Cebema engage 1.700 personnes[4].

 

     La société Drukkerij De Spaarnestad est, quant à elle, fondée en 1906 à Haarlem, afin de sauver le quotidien  de Nieuwe Haarlemsche Courant. et qui se trouve alors en difficulté. A l'origine De Spaarnestad est une entreprise catholique.  En 1931 elle rachète le quotidien national De Tijd (fusionné avec De Maasbode en 1959[5]).  En 1964 elle engage 2.600 personnes[6].

 

     La collaboration se concrétise sous forme d'un holding (la VNU) dans laquelle De Spaarnestad et Cebema ont chacune un intérêt de 50%.  La nouvelle structure deviendra l'organisation de coordination des filiales qui garderont leur autonomie[7].

     La fusion de ces deux sociétés est un exemple type de ce qui s'est passé aux Pays-Bas dès les années 60.  La commercialisation du monde des médias a comme conséquence l'aspiration à des unités de production plus grandes (concentration de la presse).  D'abord par la fusion des entreprises qui produisent les mêmes marchandises ou services et qui veulent unir leurs efforts (concentration horizontale).  Ensuite, ces entreprises fusionnées mènent une politique de rachats et d'acquisitions afin d'obtenir toute la chaîne de production ou de distribution (de l'idée vers le produit final)[8].  Obtenir une concentration verticale sera ainsi la stratégie de la VNU pendant les premières années.  En 1964 ne manqueront que les entreprises de distribution pour pouvoir mener à bien cette concentration.

 

     Selon les auteurs Nobre-Correia et Jeanmart, "d'entrée de jeu, la VNU prend le contrôle de plus de 50% du marché des magazines grand public aux Pays-Bas, tout en étant présente dans les secteurs de l'imprimerie, de l'édition scolaire et des journaux régionaux"[9].

 

     Ainsi De Spaarnestad  publie entre autres les quotidiens nationaux De Tijd-De Maasbode, les quotidiens régionaux De Nieuwe Dag (pour la région d'Amsterdam), le Nieuwe Haarlemse Courant et Het Nieuwe Dagblad (pour la région de Rotterdam), les magazines féminins Libelle, Beatrijs et Rosita, les magazines illustrés Panorama et Katholieke Illustratie, le magazine de loisirs V.T. (Vrije Tijd) et les magazines pour jeunes Sjors, Okkie  et Taptoe.  Dans le portefeuille de Cebema se trouvent les quotidiens régionaux Brabants Dagblad, Eindhovens Dagblad et Helmonds Dagblad, les magazines féminins Margriet, Madeleine, et Romance , le magazine illustré Revue et les magazines pour jeunes Pep et Donald Duck[10].

 

     La VNU s'établit à Amsterdam.  Dans le secteur des quotidiens, la presse nationale et régionale travaillent indépendamment l'une de l'autre et les rédactions gardent leur autonomie[11].

En 1965, la VNU obtient un chiffre d'affaires de 233 millions de florins et un bénéfice net de 12 millions de florins.  La VNU engage 5.400 personnes et est cotée en Bourse des valeurs à Amsterdam[12].

 

§II.  Conclusion

 

     D'un point de vue néerlandais un éditeur géant est né, en 1964, par la fusion des sociétés Verenigd Bezit van Aandelen nv Drukkerij De Spaarnestad et Cebema.  Ces deux sociétés ont une riche tradition dans le domaine de la publication des magazines, des journaux et des livres et fusionnent pour des raisons économiques.  La concentration de la presse est aux Pays-Bas une réalité dès les années 60, et cette évolution semble incontournable pour qui veut faire face à l'avenir.  Le nouveau holding, dans lequel les deux sociétés participent à raison de 50%, s'appelle Verenigde Nederlandse Uitgeversbedrijven.  Elle se dote d'une structure qui laisse une certaine autonomie aux filiales. 

 

 

CHAPITRE II :  L'évolution de la VNU

 

§I.  LES ANNEES 60 : L'ACCENT SUR LES MAGAZINES ET QUOTIDIENS

 

A.  Les premières années de la VNU en chiffres

 

     Depuis la création de la VNU jusqu'à son cinquième anniversaire, le chiffre d'affaires double, il passe de 233 millions de florins à 446 millions de florins tandis que le nombre total des salariés passe, lui, de 5.400  à 7.350.  Mais si nous comparons le tableau avec le graphique, nous constatons que dans les années 60, 71 % du chiffre d'affaires provient des magazines grand public.  Les magazines et les quotidiens sont les produits les plus importants dans les années 60, et comme l'avoue la VNU "Margriet et Libelle forment le fondement pour l'élargissement de la base"[13].

 

B.  La stratégie de la VNU dans les années 60

 

     Afin de réaliser la concentration verticale, une organisation de distribution est fondée en 1966.  L'objectif principal d'Aldipress est de favoriser la vente des magazines et des livres par abonnement[14].

 

     En 1967 et en 1968 ont lieu les premiers rachats importants..  En 1967, il s'agit du Het Spectrum (éditeur de livres) et du Het Nieuwsblad van het Zuiden (éditeur de journaux)[15].  Avec le rachat du Nederlandse Rotogravure Maatschappij et Smeets Drukkerijen , en 1968, la VNU renforce sa position sur le marché graphique[16].  En plus, par le rachat du Nederlandse Rotogravure Maatschappij, qui publie entre autres les magazines Eva (tirage : 360.000), Sportspiegel (75.000), TV-2000 (75.000) et Barend de Beer (50.000), la VNU possède 85% à 90% du marché des magazines néerlandais.  Le tirage total des magazines de la VNU est, en 1968, d'environ un million d'exemplaires[17].

 

     En octobre 1968, De Spaarnestad arrête la publication de l'hebdomadaire Illustratie (jusqu'en 1967 Katholieke Illustratie).  Après l'abandon, la société De Geïllustreerde Pers  (filiale de la VNU), lance l'hebdomadaire d'infos générales Nieuwe Revu, le successeur du magazine Revu.  Les rédacteurs des périodiques Illustratie  et Revu  (avec un tirage respectif de 100.000 et 200.000) travaillaient ensemble depuis quelques temps[18].  L'abandon de ce magazine est dû à une tendance à la laïcisation, toujours plus prononcée depuis les années 60, et suite à laquelle plusieurs périodiques perdent leur public classique.  D'autres magazines compartimentés de la VNU, comme Rosita et Beatrijs, doivent subir une métamorphose.  En 1967, Rosita devient Cri (abandonné en 1970) et Beatrijs fusionne en 1968 avec Libelle.  Pour la même raison l'hebdomadaire Eva paraît dès 1972 sous un nouveau titre (Viva) , plus axé sur la jeune femme active[19].

 

     Pendant les années 60, la VNU n'est présente que sur les marchés néerlandais et belge.  Cet espace géographique restreint va la pousser à.   renforcer les activités existantes, par des rachats et des acquisitions, pour  obtenir une position dominante sur ces marchés.  Tant que ceux-ci ne sont pas saturés, cette stratégie est couronnée de succès.  Ainsi la VNU reste le leader sur le marché des magazines grand public. Mais nous verrons que la VNU sera néanmoins obligée, dans les années 70, de rechercher de nouveaux marchés et d'élargir ses activités pour rester rentable.

 

C.  Conclusion sur la stratégie de la VNU dans les années 60

 

     Pendant les années 60, la VNU évolue favorablement et essaie de consolider les positions obtenues par rachats et acquisitions.  Le chiffre d'affaires double et 2.000 personnes sont engagées.  La concentration verticale est achevée.  Publier, imprimer et diffuser des magazines grand public, des livres et des quotidiens sont les activités prioritaires du groupe.  Ces produits sont destinés aux  marchés néerlandais et belge. 

 

§II.  LES ANNEES 70 : LA RECHERCHE DE NOUVEAUX MARCHES

 

A.  Introduction

 

     Au début des années 70, une nouvelle structure d'organisation se met en place.  Sept divisions sont formées: VNU Tijdschriftengroep bv (Groupe de Magazines), VNU Dagbladengroep bv (Groupe de Quotidiens), VNU Boekengroep bv (Groupe des Livres), VNU Verkoopgroep bv (Groupe de Vente), VNU Industriegroep bv (Groupe d'Industrie) Consortia nv (rassemblement des activités belges) et Diverses.  C'est pourquoi il nous faut maintenant aborder l'histoire de la VNU sous ce nouvel éclairage. 

 

     En 1977, la VNU cesse de concevoir séparément les activités belges (Consortia).  Désormais, elles sont réparties sur les différents groupes néerlandais existants, les contacts entre les entreprises belges et néerlandaises correspondantes étant devenus entre-temps plus intenses.  Le premier janvier de la même année une nouvelle division est créée au sein de la VNU, le VNU Business Press Group bv (Groupe de Presse d'affaires), et dont dépendent les éditeurs néerlandais et belges actifs dans le domaine de la presse d'affaires[20]

 

B.  Les années 70 en chiffres

 

     Nous comparons les chiffres d'affaires de la VNU (le montant des opérations commerciales) avec les résultats du groupe (solde du compte des profits et pertes).  Ainsi, nous remarquons une évolution parallèle de ces deux valeurs jusqu'en 1973, puis une chute du résultat jusqu'en 1975, suivie d'un redressement continu pour aboutir à des résultats meilleurs et plus stables jusqu'en 1979; parallèlement le chiffre d'affaires se développe favorablement.  Ainsi, la VNU indique dans son rapport annuel de 1977 que "la situation économique favorable pour notre secteur, qui se dessine depuis la deuxième partie de 1976, s'est poursuivie en 1977.  Ainsi, nous pouvons signaler une amélioration profonde de nos résultats[21]."   C'est également l'année où le bénéfice net franchit pour la première fois le bénéfice net de l'année record 1973. 

 

     Il est clair que la VNU subit les influences de l'économie mondiale, celles de la récession économique de 1974/1975 surtout.  Dans les années 60, la croissance économique avait rendu inévitable la hausse des prix, des coûts et des salaires.  Les gouvernements, répondant par une politique d'expansion,  avaient créé une inflation avec pour conséquences et durant plusieurs années, de 1971 à 1974, des prix en augmentation de près de 159%.  Puis, il y a eu la première crise pétrolière lors de laquelle les pays producteurs de pétrole  quadruplent leurs prix[22].  Pour la VNU, cette crise a eu notamment les conséquences suivantes : des difficultés pour acquérir des annonces publicitaires, une situation qui semble être résolue en 1977 (par l'emploi de la couleur dans ces messages)[23]; la baisse des tirages de certains magazines grand public importants (Margriet, Libelle, Knip) (cfr. infra), et les difficultés financières du quotidien national De Tijd (cfr. infra).  Toutefois,  dès la fin de 1977, le redressement des résultats de tous les groupes est chose acquise, à l'exception de ceux du Groupe des Livres.  Notons par ailleurs que dès 1977, la presse d'affaires va contribuer considérablement au résultat global de la VNU.

 

     En 1975, les magazines contribuent pour 47% au chiffre d'affaires global de la VNU.  Comparé avec les chiffres de 1965 (71%), les magazines grand public perdent leur position dominante dans le groupe, quoiqu'ils soient encore très importants.  Les quotidiens contribuent pour 12% au chiffre d'affaires de la VNU, la presse d'affaires pour 2%.  Les autres activités (imprimés pour tiers, livres, nouveaux médias) totalisent 39% du chiffre d'affaires global.

 

C.  Le Groupe des Magazines

 

1.  Le marché néerlandais des magazines dans les années 70

     De 1970 à 1979, le tirage total des magazines augmente de 5 millions à 7,8 millions.  Environ 4% est exporté vers l'étranger.  Durant cette même période, vingt-deux nouveaux titres sont lancés; sept d'entre eux disparaissent avant 1979.  Cinq autres magazines sont retirés du marché.  La vente au numéro augmente considérablement jusqu'en 1978.  Toujours durant  cette même période, la part des abonnements diminue de 88% en 1970 à 61,5% en 1979[24].

 

2.  Les magazines de la VNU

     Dans les années 70, la VNU a l'ambition d'élargir ses activités.  Ainsi le groupe essaie-t-il d'édifier une position dans le domaine de la distribution d'information professionnelle en rachetant en 1973 et en 1974 respectivement les éditeurs de presse d'affaires Intermediair et Diligentia.  Le magazine Intermediair est diffusé gratuitement selon le principe de controlled circulation (distribué à un groupe cible bien précis, ici les universitaires)[25].

 

     Mais la VNU veut aussi étendre sa dispersion géographique.  En 1973, au moyen d'une participation de 76% dans British Associated Publishers (BEAP), un éditeur de magazines de jeux, une position est acquise sur le marché anglais des magazines.  Ainsi, l'expansion internationale commence.  Annoncée déjà en 1972 elle ne cessera plus d'aller de l'avant.  En 1978, la VNU obtient toutes les actions de BEAP[26]

 

     En 1971 et 1973 respectivement , la VNU abandonne ses magazines sportifs et qui sont seulement au nombre de deux:1-0 et Kick. Ainsi, l'éditeur De Weekbladpers, qui publie le magazine Voetbal International, monopolise dès 1974 ce marché[27].

 

     En 1972, les éditeurs de la VNU, De Geïllustreerde Pers et Spaarnestad, cessent la publication de leurs magazines pour jeunes pour former ensemble un nouvel éditeur Oberon, également pour jeunes.  En 1974, le magazine Tina Club est lancé, dont le nom change en 1977 en Club.  Les titres Sjors et Pep sont fusionnés en 1975 sous le titre EppDonald Duck est toujours le magazine le plus populaire (cfr. infra).  La VNU monopolise le marché des magazines pour jeunes[28].

 

     En 1974, après l'abandon de son quotidien national De Tijd (cfr. infra), la VNU lance son premier newsmagazine du même nom.  En 1974 la part de marché de l'hebdomadaire De Tijd est de 12%, en 1979 cette part n'est plus que de 11%.  Ce recul s'explique par la concurrence des newsmagazines Elsevier Magazine et Haagse Post (du holding Elsevier), du magazine Accent   (abandonné en 1978, de l'éditeur De Lage Landen bv), de l'hebdomadaire Hervormd Nederland (de l'éditeur Boekencentrum bv) et du périodique Vrij Nederland (de l'éditeur Weekbladpers bv)[29].

 

     En 1974, la VNU lance également le premier magazine néerlandais dans le segment presse à scandales, baptisé Story.  Lors d'une recherche de la VNU effectuée en 1973, les chercheurs découvrent qu'une large majorité de femmes n'aime pas les magazines féminins traditionnels comme Libelle et Margriet.  Ses femmes préfèrent des histoires faciles, gentilles et romantiques, sur les têtes couronnées et les vedettes, sans thèmes controversés[30].  Mais le monopole de la VNU sera vite brisé par les éditeurs concurrents qui sentent le créneau commercial.  Ainsi le holding NDU lance Weekend en 1975, après quoi la VNU contre-attaque en lançant Mix.  Avec l'introduction de Privé en 1979 par le Holding Maatschappij de Telegraaf, la VNU voit diminuer sa part de marché de 100% en 1974 à 53% en 1979 (cfr. infra)[31].

 

     En 1977, le Tijdschriftengroep possède un assortiment varié de 21 hebdomadaires, 16 mensuels, des magazines sponsorisés, des bandes dessinées, des livres pour la jeunesse, des romans et des livres scientifiques populaires. Neuf éditeurs, dont cinq se situant aux Pays-Bas, un en Belgique, un en Grande-Bretagne et un en Allemagne, se partagent les activités.  Comme nous l'avons déjà mentionné ci-dessus, les magazines d'information professionnelle, relèvent depuis 1977 du Business Press Group.   Le tableau 4 montre le détail de la représentation de la VNU dans les différents segments.

 

     Nous pouvons y noter la dominance des magazines spécialisés et des magazines pour jeunes.

 

     La concentration verticale caractérise toutes les entreprises qui, en 1977, ressortissent à la VNU : cinq imprimeries, deux sociétés de distribution, une régie publicitaire, un bureau d'études de marché, une société de transport, des organisations de vente, un studio photographique, une société d'assurances et une société immobilière; autant de sociétés à responsabilité limitée sous le contrôle de la VNU[32].

 

     En 1978 (et à nouveau en 1982), la VNU effectue une étude concernant les styles de vie aux Pays-Bas. Le but est de pouvoir mieux anticiper sur la demande des divers groupes-cibles.  Cette étude nommée Psyche  récolte des opinions sur différents sujets, tels que le travail, l'argent, les achats, le temps libre, les relations, le rôle de la femme, la bureacratie, l'environnement etc.  En utilisant Psyche, la VNU est à même de vérifier si le groupe-cible pour un nouveau magazine est assez grand et assez intéressant pour les annonceurs[33]

 

     Mais nous devons être prudents vis à vis ses études de marché, comme le prouve cette autre étude de la VNA.  En effet,  en 1979 la VNU lance un newsmagazine NieuwsNet.  Malgré une analyse de marché profonde et une campagne de promotion coûteuse, NieuwsNet ne réussit pas à acquérir une position sur le marché des newsmagazines.  Un an plus tard, la VNU cesse la publication[34].  Marketing et analyse de marché ne semblent donc pas une formule magique.  Ainsi, la VNU lance et abandonne pratiquement la même année le magazine dans le domaine du "do-it-yourself" (bricolage)  Woonsignatuur (1978-1978), le magazine d'infos générales Boek Magazine (1978-1979), le magazine pour jeunes Stripkoerier (1977-1978) et intègre le magazine consacré au bricolage Handig dans VT-Wonen (1979)[35]

 

     De 1977 à 1979, la VNU lance sept nouveaux titres et retire quatre magazines du marché.  En plus, elle acquiert un intérêt de 4% dans un magazine français destiné à la femme émancipée F-Magazine (du groupe Expansion), et elle cède sa participation de 50% dans la maison allemande d'édition pour jeunes International Juvenile Publications. Les possibilités pour la VNU d'optimaliser sa position sur le marché allemand sont reduites[36].  Remarquons que six magazines de ceux nouvellement lancés sont des périodiques spécialisés, axés sur le do-it-yourself (bricolage), les jeunes filles, les jeunes, le jardin et la santé.  A la fin des années 70, le marché pour les magazines spécialisés semble donc prometteur.  En 1977, 16% des salariés de la VNU travaillent pour le Tijdschriftengroep.

 

3.  La position de la VNU sur le marché néerlandais des magazines

 

 

     Pendant la période 1970-1979, six des huit magazines ayant le plus grand tirage appartiennent à la VNU.  En 1970 et 1975 les seuls magazines concurrents sont Marion, Prinses  (abandonné en 1974) et Ariadne  du holding Kluwer, en 1979 Privé , qui appartient au Holding Maatschappij de Telegraaf ,et Auto Toeruit de l'éditeur indépendant Uitgeverij Toeruit[37].  Il est par ailleurs frappant que les sept premières places soient occupées, de 1970 à 1979, par un total de neuf magazines.  Mais leurs positions respectives vont changer.  Margriet et Libelle occupent respectivement la première et deuxième place en 1970 et 1979, mais en 1975 le magazine Story devient le plus populaire, ce qui est remarquable pour un magazine lancé en 1974.  La part du marché de Panorama diminue fortement (de 7,21% à 4,52%), ce qui est dû au lancement de plusieurs autres magazines semblables.  En 1970, les magazines axés sur le do-it-yourself (bricolage), Knip et Marion, occupent respectivement la troisième et la quatrième place, mais en 1979, Knip est devenu le numéro sept et Marion a disparu du hit-parade des huit premiers.  Le magazine illustré Privé, lancé en 1977, occupe en 1979 la quatrième place.  Le magazine pour jeunes Donald Duck perd quelques lecteurs, mais peut se prévaloir d'une cinquième position en 1975 et 1979.

 

     Durant toute cette période, De Geïllustreerde Pers (VNU) et De Spaarnestad (VNU) sont les éditeurs les plus grands.  En 1972 et 1973, la part du marché du De Spaarnestad diminue temporairement suite au transfert de quatre magazines pour jeunes à l'éditeur Oberon (VNU).   Le déclin de la part du Geïllustreerde Pers est vraisemblablement dû à la diminution des tirages de ses magazines Margriet et Knip.  La forte diminution de la part de l'éditeur du holding Kluwer, Z. & K. Tijdschriften (de 18,42% à 3,90%), éditeur des magazines Ouders van Nu, Mensen van Nu et Vorsten Vandaag, est causée par l'augmentation du nombre de magazines publiés par Eska Tijdschriften (éditeur qui appartient au holding Kluwer, et qui publie entre autres Ariadne et Marion).  En 1977, Eska Tijdschriften est écarté de sa quatrième position par l'éditeur du magazine illustré Privé, De Lage Landen (du Holding Maatschappij De Telegraaf). 

 

     La VNU reste le leader sur le marché des magazines de 1970 à 1979 avec un part de plus de 60%.  Si elle a perdu quelques pour-cent, c'est dû au déclin du tirage de certains magazines de l'éditeur De Geïllustreerde Pers.  La seconde position est occupée par Kluwer qui voit diminuer sa part de 20% à 11% par l'arrivée du Holding Maatschappij de Telegraaf, qui, lui, possède une part de 7% grâce à son magazine Privé.  La part d'Elsevier reste stable, mais augmente jusqu'à 6% par la fusion avec NDU en 1979[38].  Le tableau ci-dessous montre le détail des parts de marché de la VNU sur les différents segments de marché des magazines.

 

     Comme nous l'avons déjà mentionné ci-dessus, le marché des magazines pour jeunes est monopolisé  par la VNU, avec le magazine Donald Duck comme numéro à succès.  Un quasi monopole est obtenu dans le segment des magazines féminins.  La VNU possède trois quarts du marché des magazines illustrés, mais les magazines Panorama et Nieuwe Revu subissent la concurrence des magazines du holding Kluwer (Ouders Van Nu, Mensen Van Nu).  La VNU essaie de compenser ces pertes par l'introduction en 1976 d'un nouveau magazine, Kinderen, mais ne réussit pas à augmenter sa part[39].  En 1974, la VNU lance le premier magazine néerlandais axé sur les vedettes Story, mais son monopole est vite brisé par les concurrents.  Au début des années 70, l'éditeur Eska Tijdschriften du holding Kluwer domine le marché des magazines de loisirs (avec 51,6%) avec ses magazines Ariadne et Marion, mais la situation s'inverse à la fin des années 70, quand la part de la VNU augmente[40].  En 1971 et en 1973, la VNU arrête la publication des magazines sportifs, alors que sa part de marché n'était pas mauvaise.  Les magazines professionnels apparaissent au milieu des années 70, mais les chiffres ne sont pas complets, donc les pourcentages mentionnés ci-dessus ne peuvent pas être généralisés.  Il semble acquis qu'Elsevier et depuis 1979 Elsevier-NDU domine le marché avec une part de 23%[41].  Dès son lancement, la part du marché du newsmagazine De Tijd reste stable.

 

D.  Le groupe des quotidiens

 

1.  Le marché néerlandais des quotidiens dans les années 70

     De 1970 à 1979, le tirage total des quotidiens augmente de 4 millions à 4,5 millions.  En 1973, le tirage diminue à cause des hausses de prix en 1971 et 1972.  Du tirage total, moins d'un pour-cent est exporté vers l'étranger.  Depuis 1975, la vente au numéro augmente fortement et diminue légèrement vers 1979.  Le nombre total des titres diminue de onze (six nouveaux titres, dix-sept titres disparus), sur les nonante-trois en 1970 il en reste quatre-vingt-trois en 1979.  Des dix-sept titres disparus, trois sont des quotidiens nationaux (NRC, Algemeen Handelsblad et De Tijd) et quatorze des quotidiens régionaux[42].

 

2.  Les quotidiens et toutes-boîtes de la VNU

     Le 28 août 1970, la VNU et la société Nederlandse Dagbladunie (NDU) annoncent la collaboration journalistique, commerciale et technique de leurs quotidiens de qualité, De Tijd (VNU) et NRC/Handelblad (NDU), et qui débutera en octobre 1970[43]De Tijd est un quotidien pour l'intellectuel catholique et le NRC/Handelsblad  se profile comme quotidien haut de gamme neutre (mais issu d'une fusion de deux quotidiens libéraux)[44].  La collaboration se situe surtout dans la branche "actualité".  En ce qui concerne les éditoriaux, les quotidiens restent autonomes.  De Tijd, qui se trouve en difficulté, continue d'exister comme quotidien indépendant.  Les directions des quotidiens expliquent cette collaboration par la concurrence de la publicité télévisée et la hausse continue des frais.  De Tijd  sortira des presses de la société Algemeen Handelsblad (NDU) à Amsterdam tandis que l'imprimerie du De Tijd fermera ses portes.  Mais la collaboration journalistique n'aura jamais lieu, et ce, en raison de l'hostilité générale qu'y opposeront les  journalistes[45].

 

     Le 14 mai 1971, la direction du De Tijd (avec 100.000 abonnés) déclare que la VNU ne veut plus financer ce quotidien paraissant l'après-midi et qui subit des pertes (3,5 millions de florins par an).  La direction craint qu'elle sera obligée de licencier trois cents personnes (dont septante journalistes) si le gouvernement n'accorde pas une aide substantielle.  Un groupe d'action 'Vrienden van De Tijd' (les amis du De Tijd), essaie de recruter des abonnés.  L'édition du De Tijd du 15 mai est consacrée entièrement à la menace du déclin imminent.  A la une on peut lire le slogan de la tentative de sauvetage "Wij gaan door met De Tijd' (nous continuons avec De Tijd), afin de sauver ce quotidien, qui existe déjà depuis 123 ans.  Le 19 mai, le Ministre Nelissen des Affaires économiques annonce que le gouvernement ne prévoit pas d'aide au quotidien à court terme, parce que sa direction n'a pas rédigé un plan de restructuration certifiant des perspectives plus prometteuses.  Mais la rédaction est bien résolue à poursuivre la tentative de sauvetage.  Chaque jour paraît à la une un chiffre qui renvoie au nombre d'abonnés nouveaux.  Il semble bien que l'action remporte du succès.  Après six mois, De Tijd accueille 23.565 abonnés nouveaux.  La VNU décide de ne pas cesser la publication, en attendant un fonds de soutien pour la presse et des mesures du gouvernement[46]

 

     En octobre 1972, la VNU demande à nouveau le soutien du gouvernement pour sauver son quotidien national.  Malgré l'action de sauvetage, des économies et des adaptations de la formule rédactionnelle, le nombre d'abonnés a diminué jusqu'à 65.000 personnes.  Le 10 janvier 1973, la VNU conclut un accord avec le gouvernement.  La VNU reçoit une compensation financière pour une période de trois ans, mais le gouvernement soumet cette aide à trois conditions: la perte annuelle du De Tijd ne peut pas dépasser les 3 millions de florins;  le tirage vendu ne doit pas diminuer sous la barre des 55.000 exemplaires; et la VNU garantit la continuité du quotidien pendant trois ans.  Aussi, le gouvernement suspendra son aide si l'exploitation du De Tijd est poursuivie sous une autre formule.  La décision du gouvernement n'est pas accueillie avec le même enthousiasme par tous les parlementaires.  Certains partis estiment qu'un quotidien ne peut continuer à exister que si le produit se vend.  Selon eux, ce sont les lecteurs qui doivent décider et non pas le gouvernement[47].

 

     Mais la VNU n'aime pas être acculée.  Le 28 juin 1974 elle annonce la cessation de la publication du quotidien De Tijd pour le premier septembre 1974 et le lancement d'un newsmagazine (hebdomadaire) du même nom[48].  La perte de ce quotidien national doit être vue dans le contexte des années 60 et 70.  Par la tendance générale à la laïcisation, beaucoup de quotidiens sont obligés de se réformer et d'adapter leur politique rédactionnelle.  Pour De Tijd, cette tentative échoue, tandis que d'autres quotidiens comme le Volkskrant et Trouw  réussissent[49].  Désormais, la VNU ne dispose plus d'un quotidien national.

 

     Vu que le Dagbladengroep ne dispose plus d'un quotidien national, il se concentre sur les quotidiens régionaux et les toutes-boîtes.  Dans la province du Brabant du Nord, le groupe édite en 1977 quatre journaux régionaux et dix toutes-boîtes[50].  Dans les autres provinces le Dagbladengroep n'est pas représenté.  Nous assistons donc ici à une stratégie inverse à celle poursuivie par le Tijdschriftengroep.  En effet, alors que le groupe des Magazines vise à élargir et internationaliser ses activités, le Groupe des Quotidiens se concentre sur le niveau régional et local.  Il est aussi caractéristique pour les Pays-Bas, que les quotidiens régionaux soient mieux représentés que les quotidiens nationaux[51].

 

     Dans les années 70, et malgré la perte de son quotidien national, tous les indices s'annoncent positifs pour le Dagbladengroep. .  Les résultats, les tirages totaux et le nombre d'annonces publicitaires se développent favorablement.  Le groupe prévoit aussi des investissements importants dans les années à venir, notamment pour automatiser le processus de production et les rédactions et pour concentrer toutes les activités techniques à Rotabest.  Il subsiste toutefois le problème des emplois vacants, qui restent incoccupés par défaut de candidats.  En 1977, 10% des salariés de la VNU travaillent pour le Dagbladengroep.

 

3.  La position de la VNU sur le marché néerlandais des quotidiens

 

     Remarquons que les huit plus grands holdings possèdent la majorité du marché, en 1970 66,2%, en 1975 77,7% et en 1979 76,5%.  En 1970, la VNU comme éditeur de quotidiens, se trouve à la quatrième place aux Pays-Bas avec une part de marché de 8,1%.  Mais après l'abandon du quotidien De Tijd, elle descend à la sixième place (6%), et se trouve dépassée par Audet (qui édite e.a. De Gelderlander, De Stem etc) et par Sijthoff Pers bv (qui édite e.a. Economisch Dagblad, Haagse Courant etc.).  Selon plusieurs études, c'est surtout le Nederlandse Dagbladunie (NDU) qui a profité de cette situation en gagnant des abonnés du De Tijd pour son quotidien national NCR Handelsblad[52].  En 1979, la VNU regagne sa sixième place avec une part de marché de 6,3%.

 

4.  La position de la VNU sur le marché néerlandais des toutes-boîtes

 

     En 1975, 444 toutes-boîtes sont diffusées aux Pays-Bas, avec un tirage total de 13,5 millions d'exemplaires.  En 1979, ce nombre augmente jusqu'à 528 exemplaires avec un tirage total de 16,9 millions d'exemplaires[53].  Le holding Wegeners Couranten domine le marché des toutes-boîtes, suivi de loin, en 1975, par le Holding Maatschappij de Telegraaf et, en 1979, par le Perscombinatie, tandis que nous pourrions dire que les parts des éditeurs deux à six se rapprochent.  Ainsi, en 1979, ils possèdent tous une part située entre 4% et 5%.

 

E.  Le Groupe des Livres

 

     Le Boekengroep  consiste en trois groupes distincts : les éditeurs généraux, les éditeurs des ouvrages de référence et les éditeurs éducatifs.  Le marché des livres n'est guère juteux aux Pays-Bas.  Ainsi, le Groupe des Livres travaille avec perte, surtout dans le secteur des livres à caractère général (tous les genres, sauf des livres scientifiques et éducatifs et des ouvrages de référence). Les raisons qu'on avance ici généralement sont la production et la distribution à forte composante de travail, l'offre qui dépasse la demande et le débat sur un prix fixe ou libre pour les livres[54].  Pour les éditeurs éducatifs la diminution du nombre d'enfants semble constituer un réel problème.  A la fin des années 70, il y a un léger redressement du marché[55].

 

     En 1977, les filiales du Boekengroep sont les suivantes:

     1.  Uitgeverij Het Spectrum bv, actif aux Pays-Bas et en Belgique, et dont le Grote Spectrum Encyclopedie et les séries Prisma et Aula sont les publications les plus connues.  En 1979 le vingt-quatrième volume du Grote Spectrum Encyclopedie paraît, et qui est le couronnement d'un grand travail commencé en 1972.  Cet éditeur publie aussi des atlas, des livres de poche et d'autres ouvrages de référence.  Avec son expérience dans le domaine des encyclopédies, le Groupe des Livres conclut des accords avec des éditeurs étrangers sur l'édition d'une série internationale de publications encyclopédiques.

     2.  Uitgeverij Amsterdam Boek bv qui est spécialisée dans la publication des ouvrages en séries, des publications scientifiques populaires et informatives et des romans.

     3.  International Visual Resource Holding, qui développe et vend au niveau international des images (artwork) pour ouvrages de référence.  En 1977, la VNU possède un intérêt de 50%, en 1978 elle devient propriétaire.

     5.  L.C.G. Malmberg, qui publie des magazines éducatifs pour jeunes, des livres scolaires, des livres pour la jeunesse et qui développe des méthodes d'enseignement.  L'éditeur exporte ces activités à l'étranger.  Uitgeverij J. van In entreprend en Belgique les mêmes activités que L.C.G. Malmberg aux Pays-Bas. 

 

     En 1977, 9% des salariés de la VNU travaillent pour le Boekengroep [56].

 

F.  Le Groupe de Vente

 

     Le Groupe de Vente peut être divisé en deux branches : les sociétés responsables de la vente directe, c'est-à-dire la vente et la distribution de livres et magazines aux abonnés; et les sociétés responsables de la vente des magazines et livres aux commerces en gros et aux commerces de détail.  Entre ces deux branches opère une société responsable du transport et du stockage.  Il est clair que les résultats de ce groupe dépendent fortement de la situation sur les marchés des magazines et des livres (facteurs internes).  Mais les résultats peuvent aussi être influencés par des facteurs externes, dont, par exemple, la diminution du nombre des magasins de tabac, des charges sociales et le Winkelsluitingswet, une loi datant de 1978 et par laquelle les heures d'ouverture des commerces de détail baissent considérablement[57]

 

     En 1977 les sociétés suivantes sont responsables de la vente directe :

1.  Medianet bv, de l'exploitation des abonnements et de la distribution des magazines.

2.  Postdistributie Uitgeversmaatschappij Podium bv, qui organise des activités de "direct marketing", comme le Walt Disney Boekenclub, un club de livres pour la jeunesse et Silhouet, un club de livres pour femmes.

 

     Les sociétés suivantes sont responsables de la vente aux commerces en gros et de détail:

1.  bv Aldipress qui vend et distribue des magazines, des livres, des jeux et jouets aux 6.500 commerces de détail et aux chemises rassemblant des revues[58].

2. Van Gelderen Boek en Blad, spécialisée dans le commerce des livres et des magazines selon certaines formules.  Il y a par exemple, dès 1978, la formule Boekelier par laquelle la société offre un assortiment de livres actuels et dont la vente est moins dépendante de vendeurs compétents.

3.  Shop in de Shop Centrum bv, un projet qui offre aux magasins d'alimentation un assortiment d'articles de divertissement qui vont bien ensemble[59].

 

     La société Metra Media Transport, responsable du transport et du stockage des produits de la VNU, élargit ses services de distribution à des tiers.  En 1979, une joint-venture est fondée dans laquelle le Verkoopgroep et Scholtens bv (commerce en gros dans magazines et livres) participent à raison de 50%.  La société Selecta, qui vend des jeux et jouets, est abandonnée en 1978.  Les frontières du Verkoopgroep ne coïncident pas avec les frontières hollandaises.  Le groupe est actif sur le marché européen et dans ses anciennes colonies (le Suriname, les Antilles néerlandaises, l'Indonésie).  En 1977, 17% des salariés de la VNU travaillent pour le Groupe de Vente[60].

 

G.  Le Groupe d'Industrie

 

     Composer, imprimer et relier des magazines, des livres et des prospectus sont les activités les plus importantes de ce groupe.  Comme pour le Verkoopgroep, il faut disinguer dans l'Industriegroep deux secteurs (selon les procédés d'impression) : le secteur de l'héliogravure et le secteur de l'offset.  A la fin des années 70, l'offset souffre de la concurrence et de la surcapacité internationales, de la position forte du florin et du coût élevé du travail.  L'héliogravure, à son tour, dépend largement des évolutions sur le marché des annonces publicitaires.  Pour le Groupe d'Industrie, l'année 1978 est considérée comme une année record.  En 1979 par contre, la contribution au résultat de la VNU diminue suite à une deminution des commandes sur le marché des tiers et une hausse du prix de l'encre et de l'énergie[61].

 

     En 1977, le groupe se compose de trois héliogravures (Nederlandse Rotogravure Maatschappij bv, Nederlandse Diepdruk Industrie bv et bv Diepdrukkerij Etten), de trois entreprises offset (Smeets Offset bv à Weert, à s'-Hertogenbosch et à Amsterdam), d'une reliure belge (Reliure Industrielle de Barchon sa) et d'un éditeur américain de livres Ridge Press  (afin de pouvoir présenter des projets complets sur le marché international des livres).  En 1978 les structures de vente de l'héliogravure et de l'offset fusionnent sous le nom Roto Smeets, afin de renforcer la position sur le marché des imprimés.  Smeets Offset Amsterdam est abandonné en 1978 dans une tentative de s'adapter au marché (surcapacité) et Ridge Press rejoint en 1979 l'éditeur américain de la VNU Aretê.  En 1977, 41% des salariés de la VNU travaillent pour le Groupe d'Industrie[62].

 

H.  Consortia nv

 

     En 1970, le Tijdschriftenuitgeversmaatschappij (TUM)[63], la filiale belge de la VNU, et qui dépend de la société Consortia dans laquelle la VNU a un intérêt de 88%, acquiert une participation majoritaire dans la société belge Orbis, qui publie le magazine illustré Ons Land[64].

 

     Comme il en a été fait mention plus haut, la TUM se voit rejoindre en 1977 le Tijdschriftengroep (Groupe de Magazines)[65].  En 1978, Consortia , qui gère les actions des entreprises belges de la VNU, change de nom,  marquant ainsi  le début d'une tentative visant à mieux harmoniser les sociétés belges.  La VNU acquiert toutes les actions du Internationale Uitgevers Maatschappij (IUM)[66].

 

I.  Le Groupe de la Presse d'Affaires

 

     En 1977, le Business Press Group est créé.  Dès la première année, il contribue fortement au résultat global de la VNU.  Sa tâche est de faciliter et de renforcer l'expansion internationale dans le domaine de la presse d'affaires.  En 1977, l'information professionnelle signifie pour la VNU des magazines axés sur les nouveaux développements professionnels, l'échange des expériences, la recherche, l'information sur les produits, les annonces de recrutement etc.  Mais, dès 1977, le groupe lance l'idée d'offrir cette même information via d'autres médias sous forme de séminaires, livres, newsletters et médias électroniques.  En 1977 le groupe n'est représenté en Belgique et aux Pays-Bas que par deux éditeurs : Diligentia et Intermediair.  Le groupe profite à la fin des années 70 du marché favorable des annonces de recrutement.  En 1977, 3% des salariés de la VNU travaillent pour le groupe de la presse d'affaire[67].

 

     Aux Pays-Bas, l'éditeur Intermediair évolue favorablement, notamment grâce au magazine Intermediair, au Intermediair Seminars (l'organisation des séminaires) mais aussi du fait du lancement d'un mensuel Personeelswerk.  En 1978, il renforce sa position en développant un système télétexte nommé TVS  (Toegepaste Viewdata Systemen) conçu pour visualiser des données sur écran.  Une application de ce système Jobdata  donne des informations sur des emplois vacants.  Toujours en 1978, le nouveau mensuel Market Magazine est lancé[68].

 

     Aux Pays-Bas, l'éditeur Diligentia publie en 1977 seize magazines professionnels et informatiques.  Surtout le magazine Computable est un succès.  Suite à la crise dans l'industrie textile en 1979, le magazine Textilia perd une grande partie de ses revenus publicitaires,- preuve que l'information professionnelle subit les influences de la situation économique dans les différentes branches. 

 

     En Belgique les deux filiales  Diligentia et Intermediair fusionnent en 1977 sous le nom Diligentia.  En 1979 le nom change en Business Press Group België[69].

 

     En 1979, le Business Press Group développe l'idée de réunir les activités existantes pour former un nouvel éditeur Data Publishing International.  De celui-ci relèvent maintenant TVS, NTIS (National Technical Information Services) et ITIS (Intermediair Technische Informatie Service),- autant d'activités axées sur la diffusion d'informations professionnelles via les nouveaux médias[70].

 

J.  Divers

 

     En 1977, la VNU commence la publication aux Etats-Unis d'une encyclopédie destinée au marché américain et basée sur le Grote Spectrum Encyclopedie.  L'activité relève de l'Aretê Publishing Company inc.  La parution de l'encyclopédie est prévue pour 1980[71].

 

     En 1977, la VNU possède une participation de 50% dans Multivisie bv/Multicom bv, une joint-venture créée dans le but de renforcer les réseaux de télédistribution et dans Infonet bv, s'occupant du traitement de données et de la construction de systèmes informatiques.  Les deux activités sont abandonées en 1979.  Selon la VNU "les possibilités de croissance sont restreintes"[72].

 

K.  Conclusion sur la stratégie de la VNU dans les années 70

 

     Renouvellement et expansion des activités sont les mots clés de la stratégie de la VNU dans les années 70. Vu la position de la VNU sur le marché néerlandais, il semble que le groupe ne possède que peu de possibilités pour créer de nouvelles activités sur une grande échelle dans les branches existantes.

 

     Ainsi, la VNU commence à s'intéresser à l'information professionnelle.  La presse d'affaires semble avoir le vent en poupe sur le marché néerlandais avec des potentiels de croissance sur le plan international.  Mais le groupe  voit grand.  Ainsi il lance l'idée de diffuser l'information professionnelle par d'autres médias que les magazines traditionnels.  Les nouveaux médias pénètrent dans le monde des éditeurs.  La VNU se rend compte que les éditeurs ont beaucoup à faire dans ce domaine dans les années 80, mais se réjouit de toutes les possibilités nouvelles qu'offriront ces nouveaux médias.

 

     Mais les ambitions internationales se remarquent également dans les branches existantes de la VNU.  Ainsi le Groupe de Magazines grand public essaie d'acquérir des intérêts dans des sociétés d'édition étrangères, le Groupe des Livres conclut des accords internationaux pour réaliser des coproductions et cherche des éditeurs étrangers pour publier ses publications.  Le Groupe de Vente élargit ses services vers le marché européen et les anciennes colonies néerlandaises.

 

     Le seul groupe ne suivant pas ce mouvement est le Groupe de Quotidiens où nous voyons l'évolution inverse.  Après l'abandon de son quotidien national en 1974, le groupe se concentre sur le niveau régional et local en renforçant sa position dans le domaine des quotidiens régionaux et toutes-boîtes dans la province du Brabant du Nord.

 

     Par contre, tous les groupes font tout pour protéger leurs parts de marché dans les différents segments et pour renforcer leurs positions existantes, ce qui demande beaucoup d'investissements.  Le Groupe de Magazines grand public, qui monopolise le secteur des magazines féminins, des magazines illustrés et des magazines pour jeunes, effectue des études de marché afin de pouvoir mieux anticiper sur les demandes et pour trouver des créneaux commerciaux.  Le Groupe de Vente effectue des recherches pour augmenter ses points de vente, le Groupe des Livres développe des méthodes nouvelles pour l'enseignement et le Groupe d'Industrie s'adapte au marché et crée une organisation plus efficace pour se défendre contre la concurrence internationale. 

 

     Enfin, dans les années 70, la VNU semble avoir des problèmes pour engager des personnes capables d'occuper les emplois vacants dans tous ses secteurs.

 

§III.  LES ANNÉES 80 : LA CRISE, LA RECHERCHE DE NOUVEAUX PRODUIT MEDIAS ET L'EXPLORATION DU MARCHE AMERICAIN

 

A.  Les années 80 en chiffres

 

     Les premières années sont assez catastrophiques, pour les éditeurs en général et pour la VNU en particulier.  La récession commence au début des années 80 et atteint son point le plus bas en 1982.  Entre 1980 et 1982 le résultat diminue de 52 %, le bénéfice net de 60% et le nombre de salariés de 9%.  Entre 1981 et 1982 le chiffre d'affaires diminue de 2%.  En 1984 le résultat et le bénéfice dépassent ceux de 1979.  En 1989 le chiffre d'affaires a doublé en comparaison avec 1980 (de 1.318 millions de florins à 2.612 millions de florins), le résultat a triplé (de 77 millions de florins à 239 millions de florins), ainsi que le bénéfice net (de 47 millions de florins à 158 millions de florins).  Le nombre de salariés est en augmentation de 9.284 personnes en 1980 à 11.864 personnes en 1989.  Les difficultés semblent être surmontées.

 

     Cette évolution de la VNU n'est pas sans lien avec l'économie mondiale.  Après la récession de 1974/1975, le chômage augmente et la deuxième crise pétrolière de 1978/1979 aboutit à une dépression économique au début des années 80.  La crise causée par les dettes des nouveaux pays industriels et des pays en voie de développement menace en 1982 le système financier international et la banque américaine.  Dès 1983/1984 il y a un redressement de l'économie mondiale qui se poursuit jusqu'au 1989/1990[73].

 

     Ainsi les magazines grand public deviennent moins importants dans les années 80.  En 1965, ce segment contribue pour 71% au chiffre d'affaires de la VNU, en 1989 cette part n'est plus que de 32%.  Les raisons principales expliquant ce déclin.sont la saturation du marché et la concurrence croissante de la télévision au détriment des magazines qui perdent des recettes publicitaires. En 1980 16% des salariés de la VNU travaillent pour ce groupe, en 1989 14%.  La part du Groupe de Quotidiens dans le chiffre d'affaires augmente considérablement (de 10% en 1985 à 21% en 1989).  Cette évolution peut être expliquée par le rachat de l'éditeur Audet avec ses quatre éditeurs régionaux qui publient quatre grands journaux régionaux (cfr. infra).  Il est donc compréhensible que le pourcentage des salariés travaillant pour le Dagbladengroep, augmente de 1980 à 1989 respectivement de 11% à 25%.  Mais le Business Press Group gagne également en importance.  La contribution au chiffre d'affaires augmente de 13% en 1985 à 17% en 1989.  Le groupe est à même de renforcer ses parts de marché grâce à ses activités sur le marché de l'information informatique.  En 1980, 5% des salariés travaillent pour ce groupe, en 1989 10%.  Le Business Information Services, créé en 1981 sous le nom VNU Amvest, est actif sur le marché américain et sait consolider sa position par l'acquisition de banques de données.  Sa part dans le chiffre d'affaires augmente de 6 à 8% dans les années 80.  En 1989 14% des salariés travaillent pour le Business Information Services.  La part des autres activités (livres, distribution, industrie graphique, nouveaux médias) diminue de 26 à 22%.  Le Groupe de Livres cesse d'exister en 1986. Seuls les éditeurs éducatifs relèvent désormais de la VNU.  Si en 1980, 7% travaille pour le Boekengroep, ce pourcentage diminue jusqu'à 2% en 1989.  Le Groupe de Vente se concentre de plus en plus sur la distribution.  En 1980 21% des salariés travaillent pour ce groupe, en 1989 plus que 6%.  Le Groupe d'Industrie renforce ses positions, mais suite à des économies et à l'automatisation du secteur, le pourcentage de salariés y travaillant diminue de 38% en 1980 à 28% en 1989.

 

B.  Le Groupe de Magazines

 

1.  Le marché néerlandais des magazines grand public dans les années 80

     Sous l'influence de la récession aux Pays-Bas, le tirage total des magazines grand public diminue de 8% durant la période de 1980 à 1984.  Cela veut dire environ 1,2 millions d'hebdomadaires et de mensuels de moins qu'avant.  Les perdants sont surtout les newsmagazines (leur tirage diminue de 16% entre 1980 et 1984), les magazines illustrés comme Panorama et Nieuwe Revu (moins 10%, cfr. infra) et les magazines spécialisés (moins 10% de 1981 à 1984).  Les bénéfices se trouvent dans le secteur des mensuels de luxe ou de styles de vie comme Cosmopolitan et Playboy (cfr. infra).  Les lecteurs sont moins fidèles et achètent de plus en plus par numéro.  Quoiqu'il y ait un redressement de l'économie dès 1984, les tirages continuent à diminuer de quelques pour-cent[74].

 

2.  Les magazines grand public de la VNU aux Pays-Bas

     Au début des années, 80 la situation sur le marché des lecteurs n'est donc guère favorable pour la VNU.  Le groupe essaie de freiner les baisses des  résultats par une hausse des prix, par un meilleur assortiment, en adaptant les formules rédactionnelles, les fusions etc.  Mais la situation sur le marché des annonces publicitaires est plus grave encore.  Au début des années 80, il y a une forte diminution des recettes publicitaires suite à laquelle les éditeurs de magazines voient diminuer leurs revenus[75].

 

     Au début, la VNU arrive à compenser ses pertes en ayant largement recours aux couleurs dans les messages publicitaires, mais il semble bien que ses pertes soient inévitables en temps de récession économique.  Il convient pourtant de noter que dès 1985, alors que le marché des annonces publicitaires se redresse et que la consommation reprend, cette même évolution favorable ne se reproduit pas dans le secteur des magazines grand public.  Il semble donc que les magazines aient perdu du terrain, qu'un glissement ait eu lieu au détriment des médias imprimés.  C'est surtout la publicité télévisée (STER) qui a profité de ce glissement.  En plus, RTL Véronique a fait son entrée sur le marché audiovisuel en 1989.  Et enfin, il y a l'arrivée des publications sponsorisées.  Ainsi, Philips , par.exemple, un des plus grands annonceurs thématiques pour les magazines, diminue dès 1984 ses dépenses publicitaires par la publication de Philips Magazine.  La VNU, persuadée qu'il s'agit là  d'un segment prometteur, va éditer également des magazines sponsorisés (comme Welzijn).  Par la fusion de Mediapartners et Media 2000 sous le nom VNU Mediapartners, elle vise à mieux anticiper sur les annonceurs désirant avoir leur média propre[76].

 

     Les éditeurs qui sont membres de l'Organisation néerlandaise des éditeurs de magazines NOTU (Nederlandse Organisatie van Tijdschrift-Uitgevers) ou de l'Organisation de la presse quotidienne néerlandaise NDP (Vereniging de Nederlandse Dagbladpers) concluent un accord en 1988 avec le NOS (Nederlandse Omroepstichting) sur une compensation financière partielle chaque fois que la publicité STER s'élargit[77].

 

     Dans le segment des magazines féminins à caractère général on constate un phénomène quelque peu étrange.  Quand le tirage du magazine Libelle augmente (par exemple de 1980 à 1984), le tirage de Margriet diminue et vice versa.  Il semble donc que la hausse du tirage de l'un provoque la baisse du tirage de l'autre.  Dans les années 80, on ne note pas de changements majeurs au niveau de l'assortiment des magazines féminins à caractère général de la VNU, néanmoins le Tijdschriftengroep doit faire beaucoup d'efforts pour maintenir sa part de marché.  En 1989 les tirages annuels augmentent jusqu'à 2,2 millions d'exemplaires[78].  Mais la protection de ce quasi monopole dans le segment des magazines féminins va très loin.  Ainsi, un éditeur concurrent le Holding Maatschappij De Telegraaf lance en 1986 un nouveau magazine féminin Vrouw In Beeld.  Avant même que le premier numéro n'apparaisse dans les kiosques, l'éditeur De Spaarnestad annonce l'introduction d'un titre semblable (Vrouw Nu).  Cette stratégie s'avère efficace.  Le magazine Vrouw in Beeld est retiré du marché après quelques semaines[79].  Dans le rapport annuel de 1986 la direction de la VNU écrit : "La concurrence naissante n'a pas reçu une chance par l'introduction de Vrouw Nu.  Actuellement, cette concurrence n'existe plus, quand il est devenu clair qu'il n'existe pas de public pour ce produit (Vrouw Nu) aux Pays-Bas, ce titre a été retiré du marché"[80].  La VNU n'a donc publié un magazine avec perte que pour éliminer la concurrence.  C'est un exemple type d'un monopole abusant de sa position dominante pour empêcher toute innovation dans ce segment.

 

     L'intérêt du public néerlandais pour les magazines illustrés axés sur les vedettes faiblit quelque peu.  En 1981 le magazine Mix est retiré du marché suite au manque de perspectives prometteuses.  Généralement parlant, le tirage de Story diminue durant cette période.  En 1982 la VNU rachète l'éditeur Brunette, qui publie des romans de quatre sous pour Story et qui reçoit le nom Uitgeverij Spaarneboek. [81]

 

     L'évolution des magazines illustrés comme Panorama et Nieuwe Revu n'est guère meilleure.  De 1980 à 1984, leurs tirages diminuent de 10%.  Chaque année, la formule rédactionnelle de Panorama doit être adaptée ainsi que celle de Nieuwe Revu (mais moins souvent).  A la fin des années 80, la situation devient quelque peu plus favorable.  Même scénario dans le segment des newsmagazines.  En 1980 NieuwsNet est abandonné, le magazine De Tijd a des difficultés pour attirer des annonceurs.  En 1987 la situation s'améliore[82].

 

     Comme nous l'avons mentionné ci-dessus, le segment des magazines spécialisés semble être prometteur à la fin des années 70.  Avec tel marché en pleine croissance comme perspective, la VNU essaie, dans les années 80, de renforcer ce segment.  D'abord, il y a la restructuration des activités d'édition en 1981.  Un noyau special interest est fondé au sein du groupe.  Désormais les magazines Knip et Handwerken dépendent de l'éditeur De Kreatieve Pers, les magazines Tip, VT-Wonen, Kinderen, Onkruid, Elixir, quant à eux, relèvent de l'éditeur De Bladenmakers.  La société De Doelgroep Pers fait fonction d'organisation de coordination.  Les titres pour jeunes ressortissent à l'éditeur Oberon.  Ensuite, il y a le rachat en 1986 de l'éditeur Eska Tijdschriften  (qui publie les magazines Marion, Ariadne, Ouders van Nu, Doe Het Zelf etc.) du holding Kluwer.  Sa régie publicitaire (Mediamar) fusionne avec Admedia.  En 1987, afin de renforcer encore la position de cet éditeur, c'estStory qui, à son tour, le rejoint.  Chaque année des titres sont lancés tandis d'autres titres sont abandonnés. De 1980 à 1989 le Tijdschriftengroep lance dans le segment des magazines spécialisés vingt titres[83], retire vingt-quatre autres titres du marché[84], et acquiert huit titres par rachat[85].  Pour donner une idée quelque peu plus détaillée, des vingt nouveaux titres lancés seuls cinq existent encore en 1989 (Knippie, Kiss, Disneyland, Willy Wortels Puzzelparade, Logikwiz) à côté de ceux qui proviennent des années 70 (Tip, VT Wonen, Kinderen, Knip etc.).  Le potentiel de ce créneau commercial, de ce marché prometteur, semble donc surestimé.  En 1982 les magazines de l'éditeur De Bladenmaker, qui cesse d'exister, se voient transférer à l'éditeur De Doelgroep Pers bv.  En 1985, les magazines de ce dernier sont transférés à l'éditeur de Kreatieve Pers.  Enfin, dès 1987, les magazines du de Kreatieve Pers relèvent de l'éditeur De Geïllustreerde Pers.  Le noyau special interest n'existe plus.  En 1989, les titres axés sur l'habitation et l'éducation se développent plutôt favorablement[86].

 

     Une partie des magazines spécialisés sont les magazines pour jeunes qui relèvent de l'éditeur Oberon.  Des hebdomadaires comme Donald Duck, Eppo, Tina, Anita voient diminuer leur tirage commun de 20% de 1981 à 1984, les mensuels (Popfoto, Kijk, Club, Muziek Express) perdent ensemble presque 10%.  Certes, les jeunes sont moins nombreux, mais d'une enquête sur les jeunes (Nationaal Onderzoek Jongerenbladen), menée par la VNU en 1985, il ressort que dans une même catégorie d'âge, il y a beaucoup de différences quant aux intérêts et expériences.  Le problème de la  VNU semble donc être qu'elle s'oriente trop unilatéralement vers ces catégories d'âges.  Les filles, par exemple, grandissent avec Donald Duck et Bobo, découvrent ensuite Anita (12 à 16 ans) et passent via Club (13 à 19 ans) et Popfoto (13 à 19 ans) à Viva (16 à 30 ans) et plus tard à Libelle et Cosmopolitan (cfr. infra).  Les garçons passent de Eppo et Kijk à Panorama ou Nieuwe Revu.  Dès 1985 le Tijdschriftengroep adapte son marketing.  Le magazine Anita est abandonné, Club et Viva sont adaptés et un nouveau magazine axé sur les jeunes filles est lancé en 1986 (Yes).  Viva change de groupe-cible (de 20 à 30 ans), pour que Yes (pour la jeune femme de 17 ans) puisse remplir le créneau entre Club et Viva.  Le magazine belge Flair est introduit en 1986 sur le marché néerlandais avec succès[87].

 

     Toutes les sociétés d'édition au même titre doivent faire face à ce déclin dans le segment des magazines spécialisés.  Les causes sont diverses.  Le problème majeur semble être la région linguistique néerlandophone, une région plutôt petite.  Puis il y a les coûts pour les holdings.  Dans une organisation comme la VNU, dotée d'une concentration verticale, tout est prévu pour des grands tirages : les presses, les bureaux d'études de marché, les directions, tandis que les magazines spécialisés ont des tirages réduits.  Puis il y a les vogues, les tendances sociales et culturelles, les nouveaux loisirs qui influencent le succès de tel ou tel magazine. Pour les messages publicitaires, ces magazines dépendent aussi largement d'une branche.  Quand, par exemple,  l'industrie pop ne marche pas bien, cela a des conséquences pour les magazines axés sur la musique.  Ainsi, les deux magazines Muziek Express et Popfoto sont obligés de fusionner en 1989[88].

 

     Ces raisons expliquent sans doute que le Tijdschriftengroep s'oriente vers 1982 vers les publications sous licence.  En 1982 Cosmopolitan est lancé, destiné aux jeunes femmes intelligentes et conscientes qui lisent des livres et des quotidiens.  En 1983 suit Playboy, un magazine érotique pour les hommes.  Ses magazines style de vie possèdent plus de possibilités commerciales que les magazines spécialisés : leur formule est plus large, les risques et les frais de démarrage sont moindres du fait que les titres sont mondialement connus, les rédactions sont petites et le groupe des lecteurs est plus intéressant pour les annonceurs.  En 1986 la VNU lance deux nouveaux magazines dans ce segment : Nouveau (pour la femme stylée) et sous licence Harpers' Bazaar (pour la femme aisée).  Dans les années 80, les tirages se développent favorablement[89].

 

     En 1987 le groupe des magazines développe un nouveau segment, à savoir le segment des magazines de jeux, qui relèvent de l'éditeur Eska Tijdschriften[90].

 

     En 1989, Medianet, la société qui organise la vente et la distribution des magazines et livres par abonnement voit transférer ses activités au Tijdschriftengroep, et ce, dans le but d'optimaliser l'acquisition des annonces publicitaires[91].

 

     Toujours en 1989, la VNU, dans le but d'explorer les marchés de l'Europe de l'Est, lance un magazine anglophone en Russie sous le nom Moscow Magazine.  Le mensuel est destiné aux fonctionnaires russes, aux agents diplomatiques et aux hommes d'affaires[92].

 

3.  Les magazines grand public de la VNU en Belgique

     Quoique la situation en Belgique sur le marché des lecteurs et le marché des annonces publicitaires ne soit guère meilleure, la TUM réussit à maintenir et même à renforcer sa part de marché dans les années 80.  Ce développement est surtout stimulé par le lancement, en octobre 1980, du magazine féminin néerlandophone Flair, destiné aux jeunes femmes.  La même année, le Story français est retiré du marché.  En 1986 Flair est devenu le titre le plus populaire en Flandre et il semble que la VNU acquiert une position de monopole dans le segment des magazines féminins à caractère général.  En 1987 la TUM lance ce magazine dans la partie francophone du pays, et par cette initiative toute la Belgique est couverte par deux magazines : Libelle et Flair.

 

     Au début des années 80 plane la menace de la télévision commerciale.  Contrairement à ce qui se passe aux Pays-Bas, les éditeurs belges peuvent jouer un rôle dans ce domaine.  En 1989, quand VTM (Vlaamse Televisie Maatschappij) commence à émettre ses émissions, le holding IUM acquiert une participation minoritaire (11%), par laquelle les pertes des revenus publicitaires pour les magazines sont partiellement compensées.  Pour mieux s'adapter à la nouvelle situation, Story devient en 1989 un magazine de radio et de télévision sous le nom TV Story[93].

 

4.  Les magazines grand public de la VNU en Grande-Bretagne

     La BEAP subit les influences de la récession, mais elle est à même de renforcer sa part sur le marché des magazines de jeux par acquisitions.  En 1984 elle commence les préparations pour lancer des magazines anglophones sur le marché international.  Deux ans plus tard, elle rachète le mensuel axé sur la cuisine Taste (abandonné en 1988).  Mais le vrai succès s'annonce en 1988, quand la BEAP acquiert les droits de publication des magazines The Puzzler et Puzzler Collection .  L'éditeur devient ainsi le leader sur le marché des magazines de jeux[94].

 

C.  Le Groupe des Quotidiens

 

1.  Le marché néerlandais des quotidiens dans les années 80

     La presse quotidienne néerlandaise a toujours su tirer profit de la croissance démographique survenue à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale.  Pendant des années, l'augmentation du nombre de foyers a fait croître le tirage total des quotidiens.  En 1970, par exemple, le tirage total passe la barre des quatre millions d'exemplaires après une croissance forte pendant les deux décennies précédentes (cfr. supra).  Dans les années 80 par contre, cette tendance s'inverse quoique le nombre de foyers et la population continuent à augmenter.  La récession stimule la pression sur les revenus ce qui pousse les consommateurs à l'épargne.  Un deuxième abonnement à un quotidien est souvent annulé et le phénomène de lire ensemble augmente. Le plus souvent, on se contente même de ne plus lire un journal que de temps en temps.  Cet augmentation de la vente au numéro est insuffisante pour compenser la baisse du nombre des abonnements[95].

 

2.  Les quotidiens régionaux de la VNU

 

     De 1980 à 1986 les quotidiens régionaux subissent les influences de la récession qui frappe surtout les secteurs des détaillants, des biens-fonds et du recrutement,  et qui sont les trois secteurs vitaux pour les recettes publicitaires de ces quotidiens régionaux.  Aussi le tirage total diminue-t-il de 2,3%.   Tout comme le Groupe des Magazines, le Dagbladengroep fait beaucoup d'efforts pour protéger sa part de marché : des études de marché continues, des adaptations rédactionnelles, des actions pour entraver la concurrence, des acquisitions, des économies etc.  Pour ne citer qu'un exemple: en 1983 un commerçant de biens-fonds lance à Eindhoven un journal gratuit, le Eindhovens Nieuwsblad.  Le quotidien régional de la VNU, Eindhovens Dagblad, surpris par cette action, prend immédiatement les mesures qui s'imposent pour protéger sa part de marché.  Durant trois semaines le nouveau venu est obligé de paraître sans annonces publicitaires.  Après trois semaines la VNU contrôle la situation et Het Eindhovens Nieuwsblad disparaît du marché.  Toujours en 1983, et après avoir au prélable effectué une étude en 1982,  le groupe des quotidiens adapte également la formule rédactionnelle de ses quatre quotidiens.  Ainsi, Het Nieuwsblad van het Zuiden paraît dès le 10 décembre 1983 sous le nom Het Nieuwsblad[96].

 

     Réunir des quotidiens sous un même holding présente maints avantages pour les annonceurs.  Ainsi, le Dagbladengroep propose dès 1985 aux annonceurs nationaux un tarif avantageux pour faire de la publicité simultanément dans ses quatre quotidiens.  La VNU offre aussi de meilleures possibilités de couverture.  Le pourcentage de couverture est le rapport entre le nombre de clients (abonnements et la vente au numéro) et le nombre des foyers (y compris ceux qui vivent seuls) dans une zone de distribution[97].

 

     En 1986 il y a redressement du marché des annonces publicitaires.  Pour la première fois depuis 1980, le tirage total augmente légèrement.  Pour attirer plus d'annonceurs nationaux, le Groupe de Quotidiens entreprend, dès 1987, des activités communes de marketing avec cinq autres quotidiens régionaux sous le nom "les six régionaux".  Ainsi le groupe réussit à renforcer sa part sur le marché des annonces nationales de marques[98].  En 1989 la VNU met fin à l'accord de collaboration.  Elle lance, ensemble avec Audet (cfr. infra),  des offensives sur le marché des annonces publicitaires[99].

 

       Mais l'événement crucial du Groupe de Quotidiens marquant les années 80 est la fusion, en 1987, avec l'éditeur Audet (Associatie van Uitgevers van Dagbladen en Tijdschriften).  Rappelons qu'en 1981 Audet possède une part de marché de 9,8%, la VNU une part de 6,2%[100].  Grâce à cette fusion, le Groupe de Quotidiens acquiert quatre éditeurs de quotidiens (Uitgeversmaatschappij De Gelderlander, Uitgeversmaatschappij De Stem, Uitgeversmaatschappij De Limburger et Uitgeversmaatschappij Dagblad voor Noord-Limburg), qui publient chacun un quotidien régional (respectivement De Gelderlander, De Stem, De Limburger et Dagblad voor Noord-Limburg).  Le nombre total des quotidiens régionaux de la VNU augmente jusqu'à huit et le tirage total jusqu'à 750.000 exemplaires.  Désormais, le Dagbladengroep est représenté dans les provinces du Brabant du Nord, du Limbourg, de Gueldre et de Zélande.  Les motivations de cette fusion sont, entre autres, la proximité géographique, un renforcement de la position, une amélioration des résultats; bref un intérêt stratégique à long terme.  Les magazines d'Audet (Audet Tijdschriften) se voient passer au Business Press Group (et sont vendus en 1989 à l'éditeur Misset)[101].

 

3.  Les toutes-boîtes de la VNU[102]

     Les toutes-boîtes souffrent le plus de la récession.  Les annonceurs des catégories biens-fonds, des voitures, des installations cherchent des alternatives aux toutes-boîtes.  La catégorie "annonces de recrutement", très sensible à la situation économique, disparaît entièrement.  Le groupe réagit entre autres  par des économies, des regroupements d'éditions et des nouvelles publications.  Pour renforcer sa part de marché et pour mettre fin à une situation de concurrence, l'éditeur Brabant Pers rachète en 1982 quatre toutes-boîtes du Wegeners Couranten Concern (le leader sur le marché des toutes-boîtes, cfr. supra), et qui sont diffusées dans la région du Brabant du Nord. 

 

     Toujours en 1982, le groupe des quotidiens est confronté à un phénomène nouveau : les toutes-boîtes qui paraissent le dimanche.  Le groupe réagit immédiatement par l'introduction d'une toute-boîte sous le nom Zondag, distribuée dans l'agglomération urbaine d'Eindhoven et de Helmond.  Mais ce phénomène n'a que peu de succès. 

 

     Dès 1986, la contribution des toutes-boîtes au résultat du groupe s'améliore par le redressement du marché des annonces publicitaires.  La participation dans Wegener's Couranten Concern est vendue en 1989 au Holdingmaatschappij de Telegraaf.

 

4.  Les quotidiens de câble

     En 1987 le groupe lance les premiers quotidiens de câble sur les réseaux de câble de Helmond et de Tilburg.  Un quotidien de câble est financé par la publicité.  Ce phénomène connaît du succès.  En 1988 Eindhoven et 's-Hertogenbosch reçoivent des quotidiens de câble, en 1989 Vught, Rosmalen et Tiel.  Dans un avenir proche, Breda, Oosterhout et Arnhem recevront également ce média.  Pour renforcer ce nouveau segment, la VNU lance des toutes-boîtes axées sur ses quotidiens de câble (Brabant Pers TV, Helmonds Dagblad TV, Nieuwsblad TV, Brabants Dagblad TV, Eindhovens Dagblad TV).  Il convient de noter que les Pays-Bas sont le deuxième pays le plus câblé d'Europe, après la Belgique.  Le taux de pénétration dans les foyers du câble  est de 90%[103].

 

5.  La position de la VNU sur le marché des quotidiens

 

     En 1981 la VNU contrôle 6,65% du marché des quotidiens et occupe ainsi la sixième place dans le hit-parade des éditeurs.  Cette situation ne change guère en 1985.  La VNU parvient encore à dépasser son concurrent Sijthoff, qui perd quelques pour cent.  Les chiffres manquent, mais il semble qu'après la fusion avec Audet, la part du Dagbladengroep augmente jusqu'à 16,6% - ce qui en fait le troisième éditeur aux Pays-Bas.  Jamais dans son histoire, le Dagbladengroep n'a possédé une si grande part du marché des quotidiens.

 

     En 1986  il y a, aux Pays-Bas, 23 groupes qui éditent des quotidiens.  Dix-sept d'entre eux publient uniquement des quotidiens régionaux, trois autres uniquement des quotidiens nationaux et trois autres encore des quotidiens régionaux et nationaux[104].

 

D.  Le Groupe des Livres

 

1.  Le marché néerlandais des livres dans les années 80

     Le marché des livres est, aux Pays-Bas, monopolisé par huit groupes : Elsevier, Kluwer, VNU, ICU, Bürhmann-Tetterode, Bosch en Keuning et De Boer.  Parmi ces groupes, Elsevier occupe la première place.  Nous assistons dans ce secteur à un agrandissement sur une vaste échelle et à une concentration verticale.  Les groupes renforcent leur emprise sur la distribution et les librairies.  Tout ceci pour freiner la régression dans le secteur où depuis des années le marché stagne.  De 1982 à 1984 le nombre de livres à caractère général vendus diminue de 10 %.  Le volume des ventes des livres scolaires et des encyclopédies subit de fortes pressions.  La demande est hésitante et c'est dû à la baisse du pouvoir d'achat, mais aussi à la politique des bibliothèques qui facilitent l'accès (depuis 1975 l'emprunt a triplé).  L'offre dépasse largement la demande.  Les grands éditeurs essaient de réduire cette surproduction par la réduction du nombre de titres et par la spécialisation dans un segment du secteur[105].  Ainsi nous verrons que la VNU domine vers le milieu des années 80 le secteur des publications éducatives en abandonnant ses autres segments.

 

2.  La VNU et son Groupe de Livres[106]

 

2.1.  Le segment des livres généraux

     En 1980 le nombre des livres vendus augmente.  Mais l'offre (plus de 13.000 livres par an) dépasse la demande, le tirage par titre devient ainsi trop bas pour être rentable.  Dans l'assortiment, la fiction représente 60% et la non fiction 40%.  La part des librairies dans la distribution est de 50% et celle des clubs de livres est de 25%.  En 1982, suite à la la chute brutale de la demande, la vente ne représente plus qu'un quart du volume des ventes de 1980.  Une restructuration s'impose.  Ainsi laUitgeverij Het Spectrum restructure ces séries fortes Prisma, Aula et Spectrum.  Mais le redressement se fait attendre et les pertes sont en 1985 si considérables que la VNU décide d'abandonner la structure du Groupe des Livres pour se concentrer sur le segment des publications et des activités éducatives, dans lequel elle occupe une position dominante.  LaUitgeverij Het Spectrum  à Utrecht, dans lequel la VNU a été active pendant 20 ans, reçoit un statut autonome.  Tandis que laUitgeverij Het Spectrum à Anvers, qui vend les publications Spectrum en Belgique, est abandonnée en 1987.

 

2.2.  Le segment des ouvrages de référence

     Le déficit du Boekengroep est surtout dû à la forte baisse des ventes des encyclopédies générales (par exemple le Grote Spectrum Encyclopédie).  En 1981, ce marché s'effondre et les ventes s'en trouvent réduites de moitié.  Le marché pour les encyclopédies spécialisées (axées par exemple sur le vin, l'histoire) semble plus stable, ainsi que les ventes, au niveau international, des licences pour textes et images (par la filiale Visual Resource Holding).  Bien qu'un nouveau projet soit lancé en 1985 (la coproduction internationale d'une encyclopédie médicale The New Health Encyclopedia), les pertes sont trop importantes et la VNU abandonne ce segment en 1985 aux Pays-Bas et en 1987 en Belgique.

 

2.3.  Le segment des publications et activités éducatives

     Ce marché est représenté aux Pays-Bas par l'éditeur L.C.G. Malmberg et en Belgique par J. Van InMalmberg. Il souffre au début des années 80 de la baisse du nombre d'élèves dans l'enseignement primaire.  Pour renforcer sa position, il s'oriente vers des produits et des marchés nouveaux.  Ainsi l'éditeur développe un logiciel pour des applications éducatives et administratives pour micro-ordinateur et P.C.  Cette ouverture en direction des nouveaux médias semble très réussie.  Dès 1985 il y a redressement du marché de l'éducation primaire et, par des restructurations diverses (par exemple la réduction des titres des magazines éducatifs) et le lancement de nouvelles méthodes pour l'enseignement, les résultats de Malmberg augmentent fortement dès 1985, et cette évolution positive se poursuit.  Ainsi en 1989 l'éditeur reçoit du gouvernement une commande  pour la livraison du logiciel aux 9.600 écoles de l'enseignement primaire et spécial.

 

     Bien que le marché de l'éducation ne soit guère prometteur en Belgique (des économies de la part du gouvernement), l'éditeur J. Van In maintient un résultat positif et renforce dès 1985 sa position dans l'enseignement secondaire, notamment par des méthodes pour l'apprentissage des langues et par des publications destinées au marché francophone.

 

E.  Le Groupe de Vente[107]

 

     Le Groupe de Vente se concentre sur le marché de vente et de distribution dans les domaines du temps libre et du divertissement.  Le chiffre d'affaires dépend donc largement du développement de la demande propre à la consommation.  La récession, au début des années 80, a donc des conséquences pour le groupe qui voit diminuer ces résultats jusqu'en 1985,- l'année où le redressement s'annonce.

 

     Les entreprises responsables de la vente et de la distribution des magazines et des livres aux abonnés (Medianet, Podium) doivent se réorganiser sous la pression de la situation économique défavorable.  Ainsi Medianet annonce en 1980 une nouvelle stratégie de distribution en engageant des colporteurs.  La société Podium est intégrée dans Medianet , ceci pour augmenter l'efficacité de la gestion.  Medianet subit le plus le déclin des ventes des magazines grand public et a des difficultés pour attirer des abonnés nouveaux.  Afin de renforcer le lien avec les éditeurs, la VNA décide en 1984 de faire passer Medianet au Groupe de Magazines grand public .

 

     Les entreprises responsables de la vente et de la distribution des magazines, des livres et des jouets aux commerces de détail en aux entreprises organisant des chemises rassemblant des revues, sentent le déclin du pouvoir d'achat.  Une évolution qui se manifeste par une baisse des ventes au numéro.  La stratégie du Tijdschriftengroep, qui publie de plus en plus des magazines spécialisés à tirage réduit, a des conséquences pour ce segment.  Des restructurations et des économies s'imposent.  Aldipress est capable de renforcer sa position sur le marché, surtout dès 1985, et notamment grâce au succès des chemises rassemblant des revues (600.000 abonnés), l'offre de titres nouveaux et la pénétration du magazine belge Flair sur le marché hollandais.  Le projet Shop in de Shop est intégré à Aldipress en 1980.  Van Gelderen Boek en Blad change de nom en 1984 (Franchise bv) , et ce, pour mettre en évidence son but premier : la création d'une chaîne de magasins de franchise[108], selon la formule De Boekelier et Meneer Kees.

 

     Mais la VNU explore aussi de nouvelles possibilités sur le marché du divertissement.  Ainsi le Groupe de Vente organise, dès 1981 et en collaboration avec le Groupe de Magazines grand public, la vente et la location de cassettes vidéos (sou le nom Video Select).  L'éditeur Veralux est fondé.  Des acquisitions ont lieu, mais en 1984 le segment se voit passer au Tijdschriftengroep (bv Televizier).

 

     En 1983 une joint venture est créée pour l'exploitation des commerces de détail informatiques spécialisés dans les jeux informatiques. Mais en 1985 les cinq magasins se voient passer à un partenaire.  L'activité ne correspond plus à la stratégie du groupe qui se concentre de plus en plus sur la distribution.  Ainsi il rachète, en 1981,  Ivec bv de Elsevier-NDU ,une entreprise responsable de l'exportation des magazines grand public vers des lieux touristiques européens et l'exportation de livres divers vers les anciennes colonies.  En 1985 le Groupe de Vente lance une nouvelle structure de distribution en Flandre (Libridis) pour la distribution de livres scolaires, de bandes dessinées etc.

 

     La structure Metra Media Transport, qui organise le transport en stockage, automatise le processus de distribution dès 1981 et reprend la distribution nationale de l'éditeur Uitgeverij Het Spectrum.  A la fin des années 80, le volume des ventes augmente, surtout par la croissance du transport international, et grâce aux commandes de l'industrie graphique et des tiers.

 

     Certains projets ne réussissent pas : la publication des cartes de voeux par l'éditeur Muva et la distribution des jouets par la société Indis.

 

F.  Le Groupe d'Industrie/l'Industrie Graphique[109]

 

     Cette branche de la VNU ne subit l'influence de la récession que depuis 1982.  Le nombre réduit de magazines imprimés est compensé par l'augmentation du nombre de commandes venant de tiers.  Dès 1984, le secteur se redresse.  En 1986 le groupe change de nom et s'appelle désormais VNU Grafische Industrie (VNU Industrie Graphique).

 

1.  Le secteur de l'héliogravure

     Ce secteur adapte sa stratégie pour faire face à la situation économique toujours marquée par une concurrence féroce.  Les commandes commerciales des tiers sont concentrées au Diepdrukkerij EttenNederlandse Rotagravure Maatschappij et Nederlandse Diepdruk Industrie impriment prioritairement les magazines de la VNU.  Le secteur automatise (la mise en page électronique, réseaux de communication électroniques entre les imprimeries etc.) pour ensuite commencer l'innovation du produit (notamment dans le domaine des catalogues).  Dès 1983 la demande diminue, mais la capacité de l'héliogravure augmente, ce qui renforce la pression sur les prix.  La VNU collabore avec le holding Kluwer pour chercher des solutions.  La VNU reprend en 1986 deux presses ainsi qu'une partie des salariés de Kluwer et acquiert une partie importante du carnet de commandes de ce holding, entre autres pour imprimer le Vara Gids (magazine de radiotélévision).  Deux ans plus tard, le Groupe d'Industrie conclut un accord avec Van Boekhoven-Bosch pour la production en commun du magazine de radio et télévision Veronica.

 

2.  Le secteur de l'offset

     Ce secteur est celui qui subit le plus l'influence négative de la situation défavorable dans la branche des livres.  La concurrence internationale est également féroce (et vient surtout de l'Extrême Orient).  Pour toutes ces raisons, la Reliure Industrielle de Barchon en Belgique reçoit un statut autonome en 1986. Smeets Offset se voit attribuer en 1980 l'épithète Koninklijke (Royale).  Dès le premier janvier 1983 la vente, la publication et la reliure de livres sont concentrées dans cette entreprise (autant de tâches qui, avant l'acquisition des commandes, étaient exécutées par l'organisation de vente Roto Smeets).  Mais Koninklijke Smeets Offset est aussi spécialisée dans l'impression des magazines diffusés au niveau international (Smeets International Publications).  En 1988 on lui passe commande pour l'impression de l'hebdomadaire anglais The Economist et en 1989  celle pour l'édition européenne de Business Week.  Le secteur est également automatisé.

 

3.  Autres

     Trois imprimeries impriment des publications sponsorisées (VNU Media Partners, Cleveland Public Relations et Magalogue editions -abandonné en 1987-).  En 1988 commence une collaboration entre Roto Smeets, VNU Media Partners et Smeets International Publications baptisée Roto Smeets Publishing & PrintingVNU International Printing Services, qui s'occupe de l'impression et la distribution internationale d'imprimés de qualités (comme des rapports annuels, des prospectus etc.), est fondée en 1987.

 

G.  Business Press Group[110]

 

     Le créneau commercial des années 80 est le marché international de l'information informatique.  La majorité des investissements, des acquisitions, et des frais de démarrage du Business Press Groupe  est absorbée par cette branche.  Si le groupe ne publie en 1979 qu'un seul titre informatique dans un pays (Computable aux Pays-Bas), ce nombre augmente en 1989 jusqu'à soixante-neuf magazines et qui sont publiés dans six pays.  Déjà en 1983, le marché de l'information informatique représente 62% du chiffre d'affaires de ce groupe.  Ce créneau informatique attire également les concurrents et la saturation du marché menace dès 1983.  Le Business Press Group fait beaucoup d'efforts (financiers) pour protéger sa position.  Ainsi il réduit le nombre de titres et améliore la qualité des titres restants, une politique qui réussit puisque le groupe maintient et renforce ces parts de marché dans la plupart des pays européens dans lesquels il est actif.  Sauf aux États-Unis où la concurrence est trop forte.  Les titres informatiques y sont abandonnés et vendus en 1989.

 

     Les bases de l'extension de ses activités informatiques sont jetées en Grande-Bretagne. En 1980 le groupe rachète deux éditeurs (Computing Publications et Business and Career Publications), dont les magazines les plus importants sont Accountancy Age et Computing.  Les éditeurs s'unissent pour former ensemble VNU Business Publications Londen.  Chaque année, cette filiale sait renforcer sa part de marché, notamment en rachetant des manuels et des magazines informatiques (par exemple Computer Users Yearbook, Personal Computer World) et en lançant de nouveaux titres (par exemple MicroDecision, What Micro ?, Computeranswers etc.).  Déjà en 1982 VNU Business Publications Londen monopolise le marché de l'information informatique.

 

     En 1984, le groupe signe un accord avec l'éditeur espagnol Ediciones y Suscripciones pour la publication de six magazines informatiques.  La VNU acquiert une participation de 50% dans la nouvelle entreprise Publinformatica.  Deux ans plus tard, la VNU crée la filiale Business Publications España.  Elle poursuit entre autres les activités de Publinformatica et acquiert des magazines, des annuaires, des rapport annuels concernant l'informatique et  l'électronique, ainsi, par exemple, par le rachat en 1988 de l'éditeur Arcadia, spécialisé dans ce domaine.

 

     En 1984, le groupe crée également une nouvelle entreprise VNU Computer Publications  à HongKong et en collaboration avec Publishing Berhad.  La VNU participe pour 40%.  Les activités sont arrêtées en 1986.

 

     En 1985, une nouvelle collaboration (entre la VNU et Australian Consolidatet Press) mène à la création de ACP-VNU Computer Publications.  Un magazine Computing Australia est lancé, comparable aux titres populaires Computing en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.

 

     Pour avoir accès au marché français des magazines informatiques, un intérêt de 20% est acquis en 1986 dans Exa Publications à Paris.  En 1989, la participation est de 77%.  Le magazine Soft & Micro donne le ton sur le marché.  Les activités de la société d'édition Courrier Union sont rachetées en 1988 (entre autres le titre Ordinateur).

 

     En 1986, la VNU rachète également l'éditeur américain Hayden Publishing Company à New Jersey.  Hayden Publishing a une position dominante sur le marché de l'information informatique avec des titres comme Electronic Design, Microwaves & RF, Computer Decision et Personal Computing.  En 1987 Hayden Publishing devient une filiale de la VNU sous le nom VNU Business Publications New Jersey  Mais la concurrence est féroce et les frais de démarrage sont élevés.  En 1989 la VNU ne publie que le seul Personal Computing, mais le titre est vendu la même année.

 

     En 1988 la VNU participe pour 49% dans l'éditeur italien Gruppo Editoriale Jackson, éditeur de publications IT (Information Technology).  En 1989 la participation est de 77%.

 

     La croissance du créneau informatique compense quelque peu les pertes publicitaires du Business Press GroupIntermediair et Diligentia aux Pays-Bas sont les éditeurs souffrant le plus de la stagnation du marché des annonces de recrutement.  Le magazine Intermediair maintient sa position dominante, mais une restructuration de l'éditeur Diligentia semble inévitable.  Les titres faibles sont vendus et le nombre de salariés réduit.  En 1983 ces deux éditeurs réunissent leurs activités pour former ensemble VNU Business Publications Amsterdam.  En 1984 le marché des annonces de recrutement se redresse, ce qui influence positivement les résultats du groupe.  VNU Business Publications Amsterdam est spécialisé dans l'information professionnelle, et ce,  dans divers domaines (informatique, textile, administration, télécommunication etc.).

 

     En Belgique, la position du Business Press Group België est également affectée par le déclin des annonces de recrutement.  En 1987, la VNU limite sa participation à 65% et en 1989 à 35%.  Business Press Group België s'appelle désormais Diligentia Business Press.

 

     Autres activités importantes du Business Press Group :

- une participation de 50% dans Benelux Periodieken, éditeur du mensuel Management Team (100% en 1990)

- un intérêt de 20% dans MOC, un centre de formation dans le domaine de la gestion (abandonné en 1989)

- un intérêt de 60% dans l'éditeur Ingenieurpers (100% en 1989).

- le rachat de l'éditeur Johan Janssens.  Cette entreprise publie des magazines dans le domaine de la technologie écologique et reçoit le nom Milieu Pers.

 

H.  VNU Amvest/Business Information Services[111]

 

     En 1981, la VNU rassemble ses activités américaines dans le domaine des Business Information Services (Services d'Information d'Affaires), sous la division VNU Amvest.  De 1982 à 1985 elle cherche surtout des participations de 50% dans des entreprises qui disposent d'une position dominante, d'une bonne marge bénéficiaire et d'un potentiel de croissance suffisant dans le domaine de l'information d'affaires.  Dans le rapport annuel de 1983 la VNU déclare : "Nous avons consciemment choisi la formule de participations de 50%, qui peuvent être élargies plus tard.  Ainsi le management actuel continue à être engagé dans l'évolution de l'entreprise.  En plus cela donne la possibilité à la VNU de s'identifier et de s'adapter au management et à la branche d'activités."[112]   Il est clair que de 1982 à 1985 la VNU explore surtout les possibilités du marché américain .

 

     Ainsi, la VNU acquiert en 1982 un intérêt de 44% dans Disclosure et Cambridge Scientific Abstracts (CSA) à Washington.  Disclosure fournit aux entreprises, au gouvernement et aux instances financières des informations diverses sur 11.000 entreprises cotées à la Bourse américaine.  L'entreprise CSA fournit des extraits de publications scientifiques. 

 

     En 1983 la VNU participe pour 40% dans Physicians World Communications (PWC) et pour 55% dans Interactive Market Systems (IMS).  PWC publie six magazines médicaux avec comme cibles les médecins et des publications dans le domaine de la recherche clinique.  L'entreprise est active dans quatre pays (États-Unis, Grande-Bretagne, Japon et Suisse).  IMS fournit des données en ligne via 300 banques de données.  Elle enregistre les recettes publicitaires des 125 plus grands magazines grand public au profit des éditeurs de magazines.  L'entreprise a des filiales en Grande-Bretagne, France, Norvège, Australie et l'Extrême Orient. 

 

     En 1985 la VNU rachète des sociétés dont les activités correspondent aux activités des acquisitions antérieures.  Ainsi l'entreprise Perq, acquise par IMS, enregistre les recettes publicitaires et le taux de lectorat des magazines médicaux.  Une participation de 50% est prise dans Claritas Corporation.  Cette entreprise fournit des données géodémographiques via des bases de données.  Ainsi la VNU veut combiner ces données avec des données sur le comportement des consommateurs, notamment pour construire des profils pour des agences publicitaires etc.  La VNU participe, via PWC, dans Occupational Health Services (OHS), une entreprise qui développe une banque de données sur les effets médicaux des matières chimiques.

 

     Ainsi nous remarquons qu'en 1985 la VNU est active dans le segment du marketing et des médias (avec les entreprises Interactive Market Systems, Claritas Corporation et Disclosure) et dans le segment médical (avec l'entreprise Physicians World Communications et ses participations).  La même année VNU Amvest change de nom.  Dès 1985 les activités sont rassemblées sous la division Business Information Services.

 

     En 1986, VNU Business Information Services se concentre de plus en plus sur le segment du marketing et des médias.  L'extension s'effectue surtout dans cette branche.  Quelques exemples d'acquisitions :

- Birch Research Corporation  (30%) : études de marché sur le taux d'écoute des stations radios

- Scarborough Research Corporation (rachat) : études du comportement des lecteurs de quotidiens

- Health Industries Research (rachat) : études du comportement des lecteurs des magazines médicaux.

     Dans le but de renforcer ce segment, les participations dans Claritas et IMS sont augmentées jusqu'à 100%.  En 1987 suit Disclosure.  Ce que la VNU poursuit c'est le contrôle total des entreprises.

 

     Un autre changement de stratégie en 1986 est la concentration et l'intégration des produits et services, ou comme explique la VNU : "Un paquet de services est développé au profit du  planning media et -marketing, qui consiste en données relatives au taux de lectorat, au calcul des dépenses publicitaires, aux données géodémographiques.  Tous ses services sont offerts sous les formes publiée et électronique."[113]  Ainsi l'éditeur de magazines médicaux Physicians World Communications est abandonné en 1989.  L'entreprise ne cadre plus avec les buts de Business Information Services.  Les entreprises reçoivent dès 1988 le même système informatique pour promouvoir l'interconnexion et l'intégration.

 

     Quelques acquisitions importantes à la fin des années 80 :

- Market Metrics (42%) : banque de données sur la clientèle de 30.000 supermarchés américains

National Data Corporation (rachat) : fournit des données démographiques

- CIFAR-International Collection (rachat) : banque de données sur des entreprises cotées aux Bourses européennes, asiatiques et sud-américaines

- Federal Document Retrieval (rachat) : recherche et distribution de documents de la Securities and Exchange Commission et autres instances gouvernementales.

 

I.  VNU Nieuwe Media Groep[114]

 

     En 1983 la VNU crée le Groupe Média Nouveau, ceci afin de participer dans l'exploitation des nouveaux médias s'offrant aux consommateurs néerlandais et belges.   En premier lieu, le groupe veut offrir des services de câble dans le domaine du divertissement.  Puis, la VNU va analyser les possibilités des services d'informations via le récepteur de télévision.

 

1.  Télévision par abonnement : FilmNet

     Par le Medianota d'août 1983 du Ministre Brinkman (Ministre du Bien-être, de la Santé publique et de la Culture), l'exploitation de la télévision par abonnement (pay-TV) est réservée au secteur privé.  La VNU a toujours poursuivie cette séparation entre les secteurs privé et public et se réjouit donc de la décision du gouvernement.  Il est clair que par ce rapport le gouvernement veut agrandir la distance entre le politique et les médias.  La tâche du gouvernement reste la protection de la pluralité des opinions et de la culture néerlandaise.  En plus il y a la volonté d'élargir l'offre des programmes selon les besoins spécifiques des spectateurs[115].

 

     En 1984 commence une collaboration entre VNU (40%), Esselte (40%) et United International Pictures (20%) pour l'exploitation de la télévision  payante FilmNet  Abonnee TelevisieFilmNet est un projet du producteur R. Houwer et le holding suédois Esselte. La programmation est dominée par des films.  Pour l'instant, les Pays-Bas sont considérés comme le marché le plus important, mais une extension vers la Belgique et les pays scandinaves est probable.  Le lancement est prévu pour mars 1985.  A la fin de 1985, FilmNet attire 50.000 abonnés aux Pays-Bas.  Mais le Groupe Média Nouveau vend en 1986 sa participation de 40% à Esselte.  Les raisons en sont les malentendus sur la stratégie à suivre à long terme pour l'exploitation de FilmNet.

 

2.  Les services d'informations via récepteur de télévision : Ditzitel

     En 1982 Transmedia et la VNU concluent un accord.  C'est la première fois qu'un éditeur reçoit l'accès aux réseaux du câble.  Par cet accord la VNU espère en apprendre plus sur la télévision interactive.  Dès 1983 un groupe de projet analyse les possibilités de ce segment.  Une expérience pour tester un système de vidéotex interactif (Ditzitel) est lancée en 1984 dans le sud du Limbourg et Amsterdam[116].  Par le service Ditzitel, la VNU prévoit notamment les services commerciaux suivants : information, éducation, jeux, télé-achats, télé-paiement, services d'assurances, services de réservations et la communication.  La phase expérimentale démarre en 1986 à Amsterdam et durera de trois à cinq ans.  Le gouvernement subventionne le projet.  Mais en 1987, avant le départ, il semble que les coûts soient trop élevés, que la technique est trop incertaine, les risques trop gros.  Le groupe arrête le projet Ditzitel et le Nieuwe Media Groep cesse d'exister.

 

3. Autres activités

     Ne se contenant pas d'être active dans le domaine de la TV payante, la VNU veut également être active dans l'industrie cinématographique néerlandaise.  Elle augmente la participation dans Euro-Centrafilm à 100%.  Mais la concentration cinématographique entrave, dès 1984, les chances de ce distributeur indépendant.  La VNU abandonne la participation la même année.  En 1984 le groupe collabore avec Uitgeverij het Spectrum pour le développement de l'encyclopédie électronique.  Mais la collaboration finit en 1985 quand l'éditeur reçoit un statut autonome.  Enfin, la VNU participe pour 50% dans Aackosoft International, une entreprise qui réalise et distribue des logiciels.  Mais l'entreprise reçoit un statut autonome en 1986.

 

J.  Conclusion sur la stratégie de la VNU dans les années 80

 

     De 1980 à 1986, la stratégie de la VNU peut être décrite sous trois angles.  Quotidiens et magazines grand publics (et leur impression et distribution) restent des activités de base fortes.  L'expansion a lieu par l'internationalisation du Business Press Group et l'élargissement des services d'information aux États-Unis.  Et il y a la participation dans l'exploitation des nouveaux médias aux Pays-Bas et en Belgique.  De 1987 à 1989 le troisième aspect est abandonné et remplacé par un intérêt croissant pour la participation dans la télévision commerciale.

 

1.  Quotidiens et magazines grand public

     Quoique l'avenir est incertain pour les éditeurs en général (par exemple l'impact de la télévision commerciale est encore inconnu), la VNU est convaincue que les quotidiens, livres et magazines continueront à jouer un rôle important.  Aux Pays-Bas, pour ce qui concerne le marché des magazines, le groupe ne voit plus de possibilités pour une croissance forte, le marché est saturé.  Mais la VNU poursuit d'autres positions via des magazines spécialisés à tirage réduit, axés sur des cibles spécifiques qui attireront des annonceurs spécifiques.  Cette stratégie se fait par lancements de nouveaux titres (vingt titres en dix ans) et par des rachats (par exemple le rachat en 1986 de Kluwer Publiekstijdschriften).  Consciemment, des grandes sommes sont dépensées pour protéger les positions du marché (élimination de la concurrence, restructurations etc.).  Mais le segment des magazines spécialisés semble moins prometteur que prévu et vers la fin des années 80, la VNU doit introduire, au moyen de licences, des magazines d'allure internationale, ceci afin d'économiser.  Le succès en Belgique dépend d'un magazine surtout (Flair).  En Grande-Bretagne le groupe domine le marché des magazines de jeux.  En 1989 la VNU commence prudemment à explorer le marché de l'Europe de l'Est.

 

     Le vrai renforcement se situe dans le segment des quotidiens.  Avec le rachat de l'éditeur Audet, la VNU devient l'éditeur principal des quotidiens régionaux aux Pays-Bas.

 

     Pour compenser les pertes en recettes publicitaires des magazines, la VNU poursuit de plus en plus une participation dans la télévision commerciale.  En Belgique, la IUM acquiert un intérêt dans VTM, aux Pays-Bas, la VNU commence en 1988 des négociations avec les chaînes publiques AVRO, TROS et Veronica et quelques éditeurs (Elsevier, Perscombinatie et De Telegraaf) sur le lancement d'une chaîne commerciale.   Mais le gouvernement néerlandais ne donne pas le feu vert et la VNU doit se contenter d'une participation de 38% dans RTL-Veronique à Luxembourg.

 

2.  Information professionnelle et expansion internationale

     Dans les années 70, le Business Press Group est surtout actif aux Pays-Bas et en Belgique.  Mais dans les années 80, la VNU espère atteindre, au moyen d'une plus grande diversification, une base plus internationale, moins sensible à la conjoncture, moins dépendante des annonceurs et moins liée au néerlandais.  L'information informatique devient très importante et le groupe est, à un moment donné, actif dans dix pays.  A la fin des années 80, les positions à Hongkong, en Australie et aux États-Unis sont abandonnées suite à une concurrence trop forte ou une rentabilité insatisfaisante des activités.

 

     Pour les mêmes raisons, une filiale américaine (VNU Amvest) est fondée en 1981.  Au début, la VNU participe dans des entreprises spécialisées dans l'information médicale et des entreprises commercialisant des banques de données.  Vers la fin des années 80, ce deuxième segment devient l'activité principale ensemble avec des entreprises actives dans le domaine des études de marché.

 

     Nous remarquons que vers la fin des années 80, les acquisitions de magazines professionnels se font surtout en Europe, quoique pour l'élargissement des activités dans le domaine des banques de données l'accent soit mis sur les États-Unis.  Les éditeurs éducatifs (après l'abandon du Groupe de Livres en 1986) sont également considérés comme fournisseurs d'informations professionnelles.

 

3.  Les nouveaux médias

     Le gouvernement néerlandais semble être l'obstacle principal au développement des activités dans ce segment.  En 1983 la situation devient plus claire suite à la décision du gouvernement qui donne au secteur privé et non au secteur public l'autorisation d'exploiter la TV payante.  Ainsi la VNU participe dans Filmnet, une participation abandonnée en 1986 suite aux malentendus avec les autres détenteurs.

 

     Mais il semble que la VNU a surestimé les capacités du segment.  La population néerlandaise n'est pas vraiment intéressée par les possibilités du vidéotex interactif et les frais sont trop élevés.  Le Groupe Média Nouveau est abandonné en 1987.

 

4.  Conclusion générale

     Extension des marchés, des types de médias et du nombre des pays,- voilà la stratégie poursuivie par la VNU dans les années 80.  Quoique les Pays-Bas contribuent principalement au chiffre d'affaires du groupe, l'exportation d'activités est frappante et l'importance d'autres pays augmente.  Trente-six pour-cent du chiffre d'affaires est réalisé à l'étranger.

     Mais dans les années 80, les entreprises moins rentables sont également rapidement abandonnées.  D'une part la VNU ose investir dans des activités à risques, mais d'autre part, quand ces activités ne connaissent que peu ou pas  de succès à court terme, elle sont abandonnées.  Flexibilité, économies et restructurations continues sont ainsi les mots clés dans la stratégie de ce groupe.  Une réponse à la récession du début des années 80.

 

IV.  LA PÉRIODE 1990-1996 : LA CONCENTRATION VERTICALE S'EFFRITE

 

A.  Les années 90 en chiffres

 

     La baisse des recettes publicitaires et une conjoncture plutôt défavorable (surtout en Grande-Bretagne) provoquent au début des années 90 un ralentissement de la croissance et une diminution du rendement.  Mais des acquisitions importantes en 1992 (pour 300 millions de florins en 1992, contre 24 millions de florins en 1992) pèsent sur le résultat (par les charges sur les intérêts).  Dès 1989 l'effectif du personnel diminue systématiquement (7.588 en 1993, contre 10.958 en 1989), et ce, suite à des restructurations, des économies, de l'abandon de la division Industrie Graphique (1993) et de la sous-traitance de certaines activités (notamment la distribution du Verkoopgroep en 1993).  Dès 1994 les perspectives sont plus prometteuses.  La moitié du chiffre d'affaires est réalisé à l'étranger et la VNU participe à des marchés de l'information, caractérisés par des marges et des perspectives de croissance meilleures.  La sensibilité à la conjoncture a également baissée.  Le résultat monte durablement.  Le bénéfice net de 1995 double suite à la vente de l'entreprise américaine Disclosure.  Depuis fin avril 1996, la VNU est cotée à Bruxelles, et c'est pourquoi les ambitions financières sont revues à la hausse.  Elle vise une marge bénéficiaire de 15% pour l'an 2000.  Cette marge (le résultat d'exploitation par rapport au chiffre d'affaires) était de 11,6% en 1995.  Selon la VNU cette amélioration devrait provenir surtout du segment de Business information.  Nous analyserons dans la deuxième partie de notre mémoire si tel est bien le cas.

 

     Le secteur en expansion de 1990 à 1996 est sans conteste l'information d'affaires (Business Information). Depuis 1995 il est divisé en une division européenne (l'ancien Business Press Group) et une division américaine (l'ancien Business Information Services).  En 1996 presqu'un quart du chiffre d'affaires est réalisé aux États-Unis.  En plus, Business Information USA engage 30% du nombre total des salariés de la VNU.  Business Information Europe contribue en 1996 pour 14% dans le chiffre d'affaires global.  Ce renforcement est dû à l'élargissement des activités à marketing de l'information  (cfr. infra).  13% des salariés y sont engagés.  La télévision commerciale contribue pour 7% au chiffre d'affaires, mais en 1996 le bénéfice dans ce secteur se trouve réduit de moitié (de 57 à 36 millions de florins) suite à la concurrence et aux frais de démarrage pour Kanaal 2 et Veronica (cfr. infra).  En 1989 les magazines grand public contribuent pour 32% au chiffre d'affaires, en 1996 (après l'abandon de l'Industrie Graphique) pour 35%, y compris le chiffre d'affaires du Groupe de Vente.  Donc un statu quo, mais c'est encore toujours la division qui réalise le plus grand chiffre d'affaires et qui engage 23% des salariés de la VNU.  Le Groupe de Quotidiens renforce sa part de marché, mais doit tenir compte des hausses du prix du papier, des frais pour le développement de la télévision régionale et pour la fusion des quotidiens.  Sa part dans le chiffre d'affaires global diminue en 1996 à 20%.  Le secteur engage 29% des salariés de la VNU, ce qui est, en comparaison avec son chiffre d'affaires, un nombre relativement élevé.

 

B.  Le Groupe de Magazines de 1990 à 1996

 

1.  Les magazines grand public aux Pays-Bas de 1990 à 1996

     Chaque année 750 millions de magazines sont vendus aux Pays-Bas.  Une étude de la VNU, réalisée en 1993, montre l'importance des magazines pour l'économie néerlandaise.  La production et la distribution de magazines occupe  27.500 personnes et fournit à l'économie une valeur ajoutée de 2,2 milliards de florins.  Il convient de noter que 35% du chiffre d'affaires global des éditeurs de magazines est réalisé par la VNU.  Mais quoique les tirages des magazines grand public ne causent pas encore de soucis majeurs, quelques problèmes néanmoins surgissent.  Il y a la progression de la télévision commerciale, la menace de l'interdiction de la publicité du tabac, une taxe sur la pollution pour les vieux magazines et l'interdiction d'emballer les magazines en matière synthétique.  Ensuite, la hausse du tirage semble être provoquée bien plus par le lancement de nouveaux titres que par une hausse des tirages des titres existants[117].

 

2.  Les magazines de la VNU aux Pays-Bas de 1990 à 1996

 

     Bien que selon la VNU les tirages de ses magazines féminins évoluent plutôt favorablement, une analyse plus approfondie semble contredire cet avis.  De 1990 à 1996, nous remarquons une tendance à la baisse pour tous ses magazines.  Le magazine Avenue est abandonné, une exploitation rentable n'est plus possible.  Il semble que le marché des magazines féminins soit saturé.  Mais n'oublions pas que Libelle et Margriet restent les magazines féminins au plus grand tirage du pays et que de tels tirages deviennent exceptionnels.  Le marché des magazines s'oriente de plus en plus vers les périodiques spécialisés, et qui ont un tirage plutôt petit.  Il y a donc un besoin croissant d'informations plus spécialisées et il semble que les lecteurs lisent de façon plus varié[118].  Pendant cette période l'assortiment du Tijdschriftengroep ne se modifie pas.  C'est seulement en 1990, qu'il commence à publier l'édition néerlandophone du magazine Marie Claire aux Pays-Bas[119].

 

     Cette saturation du marché des magazines féminins explique peut être pourquoi la VNU se concentre de plus en plus sur les hommes.  Le segment (avec Panorama et Nieuwe Revu) est renforcé en 1990 par un magazine de l'automobile Autoweek.  En 1991 la VNU acquiert un intérêt de 50% dans Uitgeverij Veldhuis, un éditeur de magazines de l'automobile et de la moto. Un mensuel Truckstar est racheté.  Le groupe lance plusieurs titres comme Moto 73   Le segment de l'automobile et de la moto remporte du succès, tous les titres voient augmenter leurs tirages, sauf le magazine Autoweek.  Après six ans le tirage du magazine Panorama est au même niveau qu'en 1990, ce qui est dû à une restructuration rédactionnelle en profondeur.  Le magazine Nieuwe Revu ,par contre, subit des pertes de tirage de 1990 à 1996 (- 10%)[120].  Il est frappant de constater que 31% du tirage de Panorama soit vendu via des chemises rassemblant des revues.  Pour le magazine Nieuwe Revu, il s'agit de 39% du tirage total.  L'entreprise Leesland, qui maîtrise 17% de ce marché, est rachetée par la VNU en 1996.  La VNU délivre en 1996 chaque semaine 310.000 magazines à des sociétés organisant ses chemises rassemblant les revues[121].

 

     Le segment des magazines spécialisés reste important dans les années 90.  En 1992, et afin d'attirer un public plus large, la formule du magazine culinaire Tip change.  La même année, la VNU lance un nouveau mensuel de jeux Bingo!.  En 1994 une participation de 50% est prise dans Body Trend Nederland, l'éditeur du magazine axé sur l'aérobic, le fitness et la santé Body Trend Magazine.  Le groupe acquiert en 1994 Accres Uitgevers, éditant des guides d'achats et Het Verhuisblad, un magazine axé sur l'habitation et le déménagement.  En 1994, la VNU prend également un intérêt de 50% dans Uitgeverij Woudestein, qui publie le magazine Seasons.  Des titres nouveaux sont lancés : Mijn Tuin, Zo Dit Dat, Globe  etc.  Le nouveau venu Mijn Tuin attire l'attention avec un tirage de 160.720 exemplaires.  En 1996 un intérêt de 60% est pris dans Vivenda Magazine, un magazine pour les constructeurs de maisons.  En 1993, le groupe participe pour la première fois dans un magazine culturel, Tableau Fine Arts Magazine, et ceci pour 50%.  Un an plus tard Tijdschriftengroep devient propriétaire de cet éditeur.  En regardant le tableau, nous remarquons que des titres comme VT-Wonen, Doe Het Zelf , Knip (changé en Knip Mode en 1993), Ariadne et Eigen Huis & Interieur  voient augmenter leurs tirages de 1990 à 1996.  Selon la VNU "les magazines axés sur l'habitation ont profité d'un intérêt croissant pour l'information sur habiter, style et intérieur"[122].

 

     L'avènement de RTL-Véronique (plus tard RTL4), en octobre 1989, ne signifie pas seulement un séisme pour le paysage télévisuel.  En 1994 la radiotélévision acquiert pour la première fois la plus grande part (48,3%) des dépenses publicitaires totales pour marques et services, au détriment de tous les médias imprimés (45%)[123].  Il est donc normal que les recettes publicitaires de la VNU diminuent.  En 1990, par exemple, le volume publicitaire diminue de 6%.  La VNU cherche une solution en collaborant avec les chaînes télévisées.  Ainsi elle collabore dès 1994 avec les chaînes AVRO, KRO et NCRV dans le domaine de l'édition des magazines liés à une chaîne (NCRV-Gids, AVRO-bode, TeleVizier, TV-Studio et Mikro-Gids).  Aux Pays-Bas, les seules sociétés habilitées à éditer des titres TV, ou pour être plus précis, à publier la programmation télévisée, sont les chaînes de télévision elles-mêmes[124].  Ainsi l'entreprise Programmabladen bv est fondée, dans laquelle la VNU participe pour 25%.  Dès 1996, Medianet, l'organisation qui vend les abonnements des magazines grand public de la VNU, diffuse les abonnements des magazines de radio et de télévision AVRO-bode, TeleVizier, TV Studio, Mikro Gids, NCRV-Gids et Veronica Blad.  Avec 2,5 millions d'exemplaires en plus par semaine son volume de distribution se voit doubler. En 1994, une société est créée sous le nom Telekado Services par la société de télécommunication KPN, la chaîne commerciale RTL4 et le Tijdschriftengroep.  Cette société se lance sur le marché des cadeaux par la formule de télé-achats.  VNU y participe pour 20%.  Enfin, la VNU crée un nouveau segment VNU TelePress Publications, dans lequel se trouvent des magazines liés à la télévision comme Story, Top Santé (lancé en 1994 en collaboration avec RTL4 et CLT, avec un tirage de 100.778 d'exemplaires) et Showtime (en 1995 remplacé par le mensuel Beau Monde, un mensuel haut de gamme centré sur l'art de vivre de la haute société).  Ainsi la VNU espère intensifier la collaboration entre les programmes télévisés de RTL4 et les magazines.  Leur régie nationale est exercée par une joint venture entre IP Nederland et la VNU : IP Press TV[125].

 

     Dans le segment des magazines pour jeunes, le magazine Donald Duck parvient à maintenir son succès.  En 1995 ce magazine atteint 41% des filles et garçons de six à onze ans, et,  pour ce qui est de la catégorie d'âge de douze à quatorze ans,  ce pourcentage augmente même à 50%.  Par contre le pourcentage diminue à 35% pour les quinze à dix-neuf ans et,  pour la catégorie de vingt à vingt-quatre ans, Donald Duck atteint encore 25%[126].  En 1995 le magazine Popfoto devient un magazine axé sur les jeunes filles avec comme titre Fancy.  Le 6 septembre 1996, VNU Telepress Publications lance avec succès Break Out! un magazine pour filles et garçons de 12 à 18 ans.  Selon l'éditeur le concept est nouveau.  Des titres comme Yes, Webber (lancés en 1994), Fancy etc. sont seulement soit pour filles ou pour garçons.  Ce nouveau magazine général pour jeunes donne des informations sur les films, la musique avec une certaine attention donnée aux rumeurs, au sexe, au sport, à la mode et auxachats.  Le tirage moyen est de 71.000[127].

 

     En 1990 le newsmagazine De Tijd fusionne avec HP pour devenir ensemble HP/De Tijd.  Le magazine est édité par l'éditeur HP/De Tijd dans lequel la VNU participe en 1994  pour 28%, le Hollandse Pers Unie pour 52% et la banque MeesPierson pour 20%.  Mais HP/De Tijd subit des pertes.  Le premier janvier 1995, le holding Audax devient propriétaire de l'éditeur HP/De Tijd.  Dès 1995 la VNU ne dispose donc plus d'un newsmagazine.  Elle se retire d'un titre qui était important mais problématique pour le groupe.  Rappelons qu'en 1974 le quotidien national De Tijd se transforme en newsmagazine suite à de grands problèmes financiers.

 

     Enfin, nous remarquons que les magazines illustrés axés sur les vedettes et têtes couronnées (Story, Vorsten) voient diminuer en quatre ans leurs tirages respectivement à 18 et 20%.  La même chose vaut pour les périodiques de la VNU axés sur la famille (Kinderen, Ouders Van Nu).

 

     Dès 1995 le Tijdschriftengroep prend des initiatives pour explorer le marché des médias électroniques.  Ainsi le groupe participe pour 50% dans Bopp Media, une entreprise spécialisée dans l'édition de guides touristiques sur CD-ROM et en ligne (abandonnée en 1996).  Toujours en 1995 le Groupe de Magazines crée, en collaboration avec les éditeurs éducatifs, VNU Interactive Media, qui développe des logiciels éducatifs pour la jeunesse.  En 1996 cet éditeur édite 17 titres de CD-ROM.  L'idée de la VNU de traduire des CD-ROMS pour enfants en néerlandais est l'objet de la moquerie des autres éditeurs.  En 1995 le marché pour CD-ROMS est insignifiant et peu rentable, mais les pessimistes ont eu tort.  Titres comme Kijk, zo werkt het  (la version CD-ROM du livre The Way Things Work) sur le fonctionnement des appareils et contenant également de l'information sur les inventeurs, sont très populaires[128].

 

3.  La position de la VNU sur le marché des magazines aux Pays-Bas

     En 1996 la répartition des parts sur le marché des périodiques est la suivante (revues radio et télévision non comprises) : VNU (65%), De Telegraaf (7%), Audax (6%), Weekbladpers (5%), ANWB (5%), Het Beste (4%), Elsevier (4%), Wegener/Tijl (2%), autres (0,87%)[129].  La VNU continue donc à dominer largement le marché des magazines grand public.  Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, le groupe abandonne sa participation dans le newsmagazine HP De Tijd en 1995.

 

4  Les magazines de la VNU en Belgique de 1990 à 1996

 

4.1.  La situation générale

     La croissance de la publicité télévisée (de la RTBF, de RTL-TVI et de VTM) en Belgique a des conséquences pour la TUM.  Des mesures s'imposent  pour améliorer sa position sur le marché des périodiques.  Ainsi les titres concurrents Het Rijk der Vrouw et Femmes d'Aujourd'hui , du De Persgroep, sont rachetés en septembre 1990. Il fusionnent le 28 décembre 1990 avec Libelle néerlandophone et francophone.  Les titres nouveaux sont Libelle en Flandre et Femmes d'Aujourd'hui en Wallonie.  Toujours en 1990, la VNU lance le bimensuel féminin Feeling et rachète le magazine De Post de l'éditeur Hoste.  Le 16 décembre 1990 Panorama et le Post fusionnent pour devenir Panorama/De Post[130].

 

     En 1992 la TUM se prépare à une vaste offensive lectorat.  VNU veut renforcer ses positions sur ses marchés de base et pour la Belgique le but est simple : devenir le numéro 1.  Ceci par une redéfinition de la politique éditoriale grâce à une segmentation bien précise de l'ensemble des titres.  Désormais les différentes cibles sont les suivantes : pour Panorama/De Post, le groupe prévoit un public plutôt masculin de 20-45 ans qui apprécie l'humour.  TV-Story  s'oriente vers le public de VTM, mais centré sur les femmes de plus de 25 ans.  Les femmes de moins de 25 ans, pas encore établies dans la vie, extraverties et non-conformistes, doivent être attirées par FlairFeeling est créé pour les femmes de la nouvelle tradition.  Femmes d'Aujourd'hui cherche ses lectrices dans la catégorie de femmes de 30-45 ans, établies dans la vie, pratiques et membres d'une famille.  Une cible qui s'approche de celle de Libelle : femmes de 30-35 ans dont le foyer est le centre d'intérêt, mais qui sont ouvertes au monde extérieur[131].

 

     En octobre 1992, la TUM lance un magazine axé sur la santé Fit & Gezond avec un tirage de 86.000 exemplaires.  Le magazine peut être acheté de deux manières : comme mensuel autonome ou couplé avec Flair .  Un tiers du tirage est vendu ainsi.  En 1992 le créneau de la santé est encore inoccupé en Flandre (en partie francophone il y a le magazine Top Santé).  Depuis lors, un nouveau groupe d'annonceurs est intéressé : il s'agit ici des entreprises du secteur médical, de l'industrie alimentaire, et des firmes cosmétiques et [132].  Le 13 juillet 1992, la TUM rachète l'hebdomadaire féminin francophone L'hebdo au Féminin de l'éditeur Editions Francophones Belges et l'intègre à son titre Flair.  Ainsi la position de ce dernier est renforcée[133].

 

     Mais la VNU veut élargir la base en Belgique.  Ainsi, sa filiale IUM rachète le premier janvier 1993 l'éditeur Perexma d'Anvers et en mars 1993 le Tijdschriften Vereniging Vlaanderen et Editions Francophones Belges à Bruxelles.  Perexma est un éditeur de magazines de radio et de télévision avec des titres comme TV Ekpres et TeveBlad qui ont un tirage complet de 345.000 exemplaires.  Avant le rachat, Perexma était une joint venture, créée entre NV De Vlijt (72%) et le groupe néerlandais Alvarior (28%).  Perexma dispose d'une des meilleures archives mondiales en ce qui concerne les programmes télévisés.  Tijdschriften Vereniging Vlaanderen et Editions Francophones Belges, connus sous le nom The Press, publient les titres suivants : Humo, magazine néerlandophone de radio et télévision, parfois newsmagazine avec un tirage de 237.000, Télémoustique, magazine francophone de radio et de télévision avec un tirage de 183.000 exemplaires et les magazines féminins à caractère général. Elga (néerlandophone) et Gaël (francophone) avec un tirage complet de 125.000 exemplaires.  The Press était dès 1984 une filiale du groupe français Les Editions Mondiales (80%) et le Groep Brussel Lambert (20%)[134].  Le Roularta Media Group rachète leur newsmagazine Newsco (L'Instant) et le relie comme mensuel à son newsmagazine Le Vif/L'Express.  Par le rachat du The Press et Perexma, la participation d'IUM dans VTM augmente à 33,33%.  La rédaction Humo annonce le 18 février 1993 : "(...) des négociations ont lieu sur la vente du The Press, notre éditeur qui édite également Elga, Gaël, Télémoustique et L'Instant.  Le motif direct doit être recherché dans la stratégie modifiée de la famille française Bouriez, l'actionnaire principal de notre maison mère Editions Mondiales, qui veut se concentrer sur sa chaîne de supermarchés (Cora)(...) [135].

 

     En 1993 le bimensuel Feeling devient un mensuel.  La même année la VNU rompt ses contrats avec les Agences et Messageries de la Presse (AMP).  AMP est le premier distributeur de presse en Belgique, il distribue près de 3200 titres belges et étrangers.  Les AMP qui distribuaient les titres des trois éditeurs belges et certains titres du Tijdschriftengroep  (comme Cosmopolitan, Avenue, Kinderen, Ouders en Kinderen, Ouders van Nu, etc.), perdent ainsi 43% de leurs parts de marché des périodiques en Flandre et 20% de leur chiffre d'affaires national[136].  Les raisons de cette rupture sont, selon le rapport annuel de 1993, la nécessité de faire des économies.  La distribution des magazines est dès 1994 organisée par le Media Press Center (MPC) à Malines (les titres de The Press ne quittent le giron que le 1er janvier 1996).  Également en 1994, les trois services de vente et de publicité sont rassemblés sous une régie publicitaire Medialogue à Bruxelles.  Par ces changements la VNU veut augmenter l'efficacité afin de pouvoir mieux agir sur le marché[137].

 

     A la fin de 1993, la TUM lance le magazine culinaire Proeven, d'abord vendu conjointement à Libelle, puis diffusé seul.  Par son succès l'éditeur décide en 1994 de lancer une édition francophone de Proeven.  Le nouveau trimestriel Délices est vendu conjointement à Femmes d'Aujourd'hui.  Les invendus sont mis en vente de manière indépendante[138].  Toujours en 1994, l'hebdomadaire TV Ekspres se repositionne, suite à une étude qualitative menée par CensydiamTV Ekpress continue à livrer les programmes TV, mais accompagnés d'informations pratiques, de reportages, d'interviews etc.  Le magazine avait considérablement souffert de la concurrence des hebdos TV nés après l'avènement de la VTM[139].

 

     En 1995 le processus d'intégration des sociétés d'édition n'est pas encore achevé.  Le Media Press Center ferme ses portes.  La VNU décide de revoir sa formule de distribution. Pour les activités logistiques et administratives de la distribution, elle fait à nouveau appel aux AMP.  La VNU se consacre uniquement à la fonction commerciale : fixation de la marge des détaillants, répartition dans les points de vente, activités promotionnelles, détermination des quantités de diffusion etc.  L'échec du MPC est dû à une non-maîtrise de l'aspect logistique et technique de la distribution.  Ensuite, pour recevoir les titres de The Press, les investissements auraient été trop élevés pour la VNU.  Cette opération a coûté des millions à la VNU.  Toujours en 1995, l'hebdomadaire TéléVision est lancé dans la partie francophone[140].

 

     Mais pour garder leurs parts de marchés, certains magazines doivent revoir leurs formules.  Le mensuel Gaël est repositionné en septembre 1995 et veut toucher un public plus large que par le passé.  Dans le cas du Télémoustique, il s'agit d'un relancement.  Dès le 21 septembre 1995, l'accent sera mis sur les pages programmes avec douze pages d'infos par jour de la semaine comprenant les programmes TV/radio et des nouvelles brèves.  Le magazine vise les classes sociales supérieures.  Comme nouvelles rubriques il y aura les programmes cinéma, nature, auto et billets d'humeur.  Il y aura aussi régulièrement des dossiers d'investigation en collaborant avec les chaînes TV.  Pour octobre, Panorama/De Post va modifier en profondeur sa formule.  Nouveau format plus carré, nouveau papier mat, nouvelle maquette avec comme cible un public masculin entre 25 et 40 ans.  Panorama doit devenir un véritable hebdo des loisirs.  Enfin, un nouveau repositionnement de TV-Ekspress est engagé, qui compte augmenter sa dimension service pour trouver sa place entre les deux géants Humo et Dag Allemaal[141]

 

     En octobre 1996 la TUM lance un nouveau magazine de radio et de télévision TV7 dans le segment néerlandophone.  En Belgique, le marché d'hebdomadaires de radio et de télévision représente déjà 1,2 millions d'exemplaires.  En plus, beaucoup d'autres magazines ont des suppléments télévisés.  Mais selon la TUM, il y a encore un créneau commercial en Flandre pour un nouveau magazine.  Son positionnement est un prix réduit (38 FB), formule à faible coût, centres d'intérêts plutôt focalisés sur les loisirs et les services.  Le lancement de ce titre a été accéléré, parce qu'en novembre 1996 le Roularta Media Group lance Telepro, un magazine de radio et de télévision, construit selon le même concept de TV7[142].

 

     Le 25 avril 1996 Perexma, The Press et TUM se réunissent officiellement au sein de la Société Internationale d'Édition (SIE)/Internationale Uitgevers Maatschappij (IUM), qui sera dorénavant le bras unique de la VNU en Belgique.  La SIE/IUM occupe 430 personnes à Bruxelles et Anvers[143].

 

4.2.  Les magazines belges de la VNU en chiffres

 

     En Belgique la VNU poursuit la stratégie suivante : des magazines qui marchent par exemple bien en partie néerlandophone, sont lancés après dans le paysage francophone.  Ainsi les annonceurs profitent d'une couverture nationale.  C'est le cas pour Libelle et Femmes d'Aujourd'hui, Flair et Flair l'Hebdo, Elga et Gael., Proeven et 1001 Délices. Comme aux Pays-Bas, le marché des magazines féminins à caractère général est monopolisé par la VNU.  En Flandre, l'hebdomadaire Libelle occupe une place dominante.  De 1992 à 1996 sa diffusion payante augmente de 11%.  Le succès de Libelle justifie peut être le recul du Flair néerlandophone dont la diffusion diminue de 18%.  Rappelons qu'en 1992, le lectorat de Flair avait été rajeuni pour permettre à Libelle de s'épanouir dans son créneau.  Le grand concurrent de Flair semble devenir le Weekend-Knack.  Le changement de périodicité de Feeling, devenu mensuel en 1993, semble lui avoir été bénéfique.  Alors que la diffusion payante de 1993 a atteint 47.477 exemplaires, les numéros de 1994 ont été vendus à 69.147 exemplaires.  Elga voit diminuer sa diffusion payante de 39%.  Le public des magazines féminins est composé pour 70% à 80% de femmes.  Libelle attire les femmes plus âgées.  Ainsi 25,8% de son lectorat se trouve dans la catégorie 60+.  Pour Flair ce pourcentage est de 14,5%.  Feeling et Elga attirent des femmes plus jeunes issues des classes sociales supérieures.  Au sud du pays Femmes d'Aujourd'hui voit diminuer sa diffusion payante de 5%, ce qui n'est pas le cas pour son magazine-soeur LibelleGael par contre marche mieux qu'Elga.  De 1992 à 1996, la diffusion de Flair L'hebdo augmente de 9%, mais la vente diminue de 1995 à 1996.  Les magazines francophones comptent également 20 à 30% de lecteurs masculins.  Femmes d'Aujourd'hui attire surtout les femmes plus âgées et celles issues des classes sociales inférieures.  Le lecteur moyen de Gael est issu de la classe sociale moyenne ou supérieure[144].  

 

     En Flandre, pour ce qui concerne les magazines de radio et de télévision, la diffusion payante du magazine TV Story  diminue de 7%, ce qui pourrait être dû au lancement de TV7 et Telepro.  Quoiqu'en comparaison avec 1992, TV Ekspress voit augmenter sa diffusion, cette situation change de 1995 à 1996.  Tous les magazines, sauf Humo, attirent un public issu en grande partie des classes sociales inférieures.  Dans le sud du pays, le grand concurrent des magazines de la TUM est Ciné Télé Revue .  La tendance reste à la baisse pour Télémoustique dont la diffusion diminue de 20% de 1992 à 1996, raison pour laquelle le magazine est relancé en 1995.  Télévision, lancé en 1995, n'attire pas encore le grand public, mais il a néanmoins déjà un public jeune : 60% des lecteurs a moins de 40 ans.  Télémoustique est lu dans les classes sociales supérieures[145].

 

     Panorama/De Post voit diminuer sa diffusion payante de 3%, mais après le repositionnement de 1995 (le nom change en Nieuwe Panorama), ce chiffre va augmentant.  1001 Délices marche assez bien, ainsi que Proeven.  La diffusion payante du magazine Fit & Gezond est moins bonne.  Elle diminue de 41% de 1992 à 1996.

 

4.3.  La position des magazines belges de la VNU en Belgique

     Le paysage flamand des magazines est dominé en 1996 par quatre groupes d'édition (en fait nous pouvons dire paysage belge; la plupart des magazine disposant d'une édition néerlandophone et francophone).  A côté d'IUM/SIE opèrent le Roularta Media Group, surtout actif dans le segment des newsmagazines (Knack, Le Vif/L'Express), des magazines économiques et financiers (Trends/Tendances, Belgian Business & Industrie), des magazines sportifs (Voetbal/Foot, Sportmagazine e.a.) et un magazine TV (Telepro).  Puis il y a le Persgroep, éditeur de magazines illustrés axés sur les vedettes (Blik, Kwik) et d'autres magazines comme Joepie (axé sur la musique et les rumeurs), Goed Gevoel (concurrent de Fit & Gezond), TV-Familie et Dag Allemaal/Zondagnieuws (l'hebdomadaire le plus lu en Flandre).  Enfin, il y a Cascade, une filiale du groupe néerlandais Audax, avec les magazines Zondagsblad, TV-Gids et Eos (scientifique populaire).  Deux éditeurs sont donc gérés par des capitaux néerlandais.  Il est frappant que par un positionnement conscient, les trois premiers éditeurs évitent la concurrence dans plusieurs segments.  En 1996, le segment des newsmagazines est dominé par Roularta, le segment des magazines féminins par IUM/SIE et le segment des magazines axés sur les vedettes par De Persgroep.  C'est seulement dans le créneau des magazines de santé et de télévision et de radio que nous pourrions parler d'une concurrence féroce.  En plus, IUM/SIE, De Persgroep et Roularta sont actionnaires de la chaîne commerciale VTM.  En Belgique francophone les grands concurrents sont le Roularta Media Group et l'éditeur du magazine Ciné Télé Revue[146].

 

5.  Les magazines de la VNU en Grande-Bretagne de 1990 à 1996

     Selon les rapports annuels, on ne note que peu de changements chez l'éditeur anglais des magazines de jeux British European Associated Publishers.  Jusqu'en 1992, le résultat se développe favorablement.  En 1991 il lance, avec succès, un nouveau magazine Free 'n'Easy.  Mais la récession et une concurrence croissante dans le segment des magazines de jeux met, dès 1993, le résultat sous pression.  Des efforts de marketing sont nécessaires pour maintenir la part de marché.  En 1996 un redressement s'annonce[147].

 

6.  Les magazines de la VNU en Europe de l'Est de 1990 à 1996

     Pendant cette période la VNU découvre les possibilités sur les marchés de l'Europe de l'Est.  Le premier projet est une joint-venture Moscow Illustrated Press en Russie, qui édite le mensuel anglais Moscow Magazine, destiné aux fonctionnaires russes, aux agents diplomatiques et aux hommes d'affaires.  En 1991 un autre magazine Moscow Guardian est lancé.  Mais selon la VNU l'avenir de cette activité d'édition reste incertaine, notamment à cause de l'instabilité politique et la situation économique difficile dans ce pays.  En 1992 la VNU arrête ses activités en Russie.  Selon le rapport annuel de 1992, les frais de démarrage sont restés limités[148]

 

     A la fin de 1991, un accord de collaboration est conclu en Hongrie entre la VNU et l'éditeur ILK à Budapest pour la publication de magazines de jeux et de magazines pour  jeunes.  La VNU participe pour 60% dans l'entreprise ainsi créée, Erasmus Press Publishing.  En 1993 cette entreprise devient une filiale de la VNU.  Erasmus Press Publishing devient leader sur le marché des magazines de jeux.  En 1995 l'éditeur introduit l'hebdomadaire féminin Meglepetés.  Ce magazine connaît beaucoup de succès[149].

 

     En 1992 la VNU acquiert un intérêt de 51% dans l'éditeur tchèque Mona à Prague.  Cet éditeur monopolise le marché des magazines féminins.  Le titre le plus important est Vlasta avec un tirage hebdomadaire de 400.000 exemplaires.  Un an plus tard, Mona devient une filiale de la VNU.  Comme chez Erasmus Press Publishing, la VNU veut améliorer la qualité et réaliser des adaptations structurelles avant de lancer de nouveaux titres.  En 1994 l'éditeur tchèque lance Story , qui paraît avec un tirage de 200.000 exemplaires.  Par l'introduction de la télévision commerciale en République tchèque en 1995, le marché des annonces se trouve sous pression.  En 1996, l'éditeur lance un hebdomadaire féminin Prekvapeni[150].

 

C.  Le Groupe de Quotidiens

 

1.  Le marché néerlandais des quotidiens de 1990 à 1996

     Aux Pays-Bas, la position financière des éditeurs de quotidiens s'est déteriorée depuis 1988.  Les marges bénéficiaires diminuent, ainsi que la capacité de tenir tête face à la concurrence d'autres  médias.  Certains éditeurs sont tentés d'abandonner leurs titres déficitaires.  Les quotidiens à tirage réduit, une zone de répartition limitée et une consommation élevée du papier sont perdants face à la concurrence effrénée des grands quotidiens, plus attrayants pour les annonceurs.  Au début des années 90, les quotidiens nationaux renforcent leurs positions au détriment des quotidiens régionaux.  De 1983 à 1992, par exemple, le tirage total des huit quotidiens nationaux (Algemeen Dagblad, Nederlands Dagblad, NRC Handelsblad, Het Parool, Reformatorisch Dagblad, De Telegraaf, Trouw, de Volkskrant) augmente de 188.566 exemplaires, alors que le tirage des quotidiens régionaux diminue de 60.377 exemplaires durant la même période.  Par des collaborations et des concentrations, la branche essaie de renforcer la base financière et d'améliorer la qualité du produit.  Une stratégie poursuivie entre autres par la VNU (cfr. infra).  En 1992, le tirage total des quotidiens atteint un niveau de 4.639.110 exemplaires, y compris pour l'étranger, en 1996 ce nombre augmente à 4.753.811 exemplaires.  La partie du tirage vendue à l'étranger est plutôt minime et s'élève à 40.000 exemplaires, ou moins d'un pour-cent du total[151].

     Comme le montre le tableau, les recettes publicitaires diminuent.  Une compensation pour ce recul est la hausse des recettes par abonnements et par la vente au numéro.  Ce qui est le cas jusqu'en 1993.  En 1994 il y a, pour la première fois depuis des années, une croissance légère des recettes publicitaires.  En 1995 les quotidiens reçoivent 23,4% des dépenses publicitaires contre 22,4% en 1994.  Mais de plus en plus, les détaillants préfèrent des prospectus non adressés pour faire de la publicité.  Une évolution qui va à l'encontre des intérêts des éditeurs régionaux.  Pour ceux-ci les détaillants régionaux sont très importants[152].

 

     De 1990 à 1994, les coûts du papier diminuent considérablement, mais la situation s'inverse en 1995.  Les autres postes de coûts augmentent également : les coûts de livraison, de rédaction, d'acquisition des annonces et d'abonnements et du logement.  Plus d'argent pour la rédaction peut vouloir signifier la bonne volonté des éditeurs d'augmenter la qualité de l'information rédactionnelle.  Dès 1993 les coûts de production technique diminuent légèrement, peut être suite à l'automatisation du processus de production.

 

2.  Les quotidiens régionaux de la VNU de 1990 à 1996

 

     En 1990 le Dagbladengroep dispose de huit quotidiens régionaux avec un tirage total de 771.119 exemplaires: Brabants Dagblad, Eindhovens Dagblad, Helmonds Dagblad, Het Nieuwsblad, Dagblad voor Noord-Limburg, De Gelderlander, De Stem et De Limburger.  Ils paraissent dans les provinces du Brabant du Nord, de Zélande, du Limbourg et de Gueldre.  De 1990 à 1993 le résultat du groupe diminue.  Raisons : l'augmentation des frais suite à l'élaboration d'un programme d'investissement commencé en 1988 après la fusion entre le Groupe de Quotidiens et Audet.  Certains éditeurs reçoivent de nouveaux bâtiments, de nouvelles presses (pour imprimer en couleur) et installations etc.  Ainsi en 1993 par exemple, tous les quotidiens et toutes-boîtes doivent être imprimés selon la rotation offset.  En plus il y a des recettes publicitaires qui diminuent (cfr. supra)[153].

 

     Mais pour concurrencer les quotidiens nationaux et autres médias, des fusions et collaborations semblent inévitables.  Dès le début des années 90, la VNU étudie les possibilités pour fusionner certains titres.  Ainsi, par exemple, elle veut rassembler pour l'avenir les quotidiens de l'éditeur Brabant Pers (Brabants Dagblad, Eindhovens Dagblad, Helmonds Dagblad et Het Nieuwsblad) sous un seul quotidien régional.  Au début de 1993, une première étape est réalisée : le Helmonds Dagblad est intégré au Eindhovens Dagblad.  En plus il y a une collaboration intense entre le Brabants Dagblad et Het Nieuwsblad.

 

     En 1994 la situation se redresse pour le groupe.  Après des années d'économies, les résultats s'améliorent.  La même année Het Nieuwsblad est intégré au Brabants Dagblad.  La deuxième étape du plan se réalise.  Désormais, le groupe dispose de six quotidiens régionaux.  Mais ce processus d'intégration continue.  En 1995 un quotidien régional est acquis.  Il s'agit du Brabants Nieuwsblad du Nederlandse Dagbladunie  (cfr. infra).  Immédiatement le groupe étudie les possibilités pour la création d'un éditeur puissant avec De Stem.  Par le rachat du Brabants Nieuwsblad, le tirage total du Dagbladengroep atteint 850.000 exemplaires, ou 18% du marché néerlandais des quotidiens (cfr. infra)[154].

 

     L'objectif du groupe est non seulement de maintenir, mais surtout de renforcer la position de ses quotidiens, toutes-boîtes et quotidiens de câble dans les parties sud des Pays-Bas.  Bref, son but est de devenir un groupe régional d'information multimédia.  Le premier janvier 1996, l'éditeur De Limburger fusionne avec l'éditeur Dagblad voor Noord-Limburg.  La nouvelle société publiera un seul quotidien baptisée Dagblad De Limburger, un quotidien qui, avec un tirage d'environ 200.000 exemplaires, devient le quotidien régional le plus grand du pays.  Par cette fusion, la VNU élève des barrières, avec succès, contre le quotidien régional concurrent du Telegraaf-Concern, le Limburgs Dagblad.  Toujours en 1996, Brabants Nieuwsblad et De Stem se voient passer à une nouvelle société qui aura pour nom Uitgeversmaatschappij Zuidwest-Nederland.  Ceci en vue de créer un nouveau quotidien régional avec un tirage de 165.000 exemplaires.  En 1996 les prix du papier augmentent considérablement, ce qui influence le résultat du groupe[155].

 

     En 1996 la VNU mesure le taux de lectorat de tous les quotidiens régionaux aux Pays-Bas ("Het bereik van dagbladen onder regioconsumenten", 1996).  Il semble que ces quotidiens touchent 50% des néerlandais de 13 ans et plus.  Le Dagbladengroep même touche chaque jour 17% des néerlandais.  La deuxième position est occupée par le Wegener Dagbladen Combinatie (17 titres) avec un taux de lectorat quotidien de 14%, suivi par le Noordelijke Dagblad Combinatie (4 titres, taux de lectorat de 6%) et le Hollandse Dagbladcombinatie (10 titres, 5%) etc.[156].

 

     Le tirage de tous les journaux du groupe augmente.  Le tirage du De Gelderlander augmente le plus avec 4%, bien que cette hausse soit stoppée en 1996.  En 1996 le Groupe de Quotidiens couvre de larges parties des Pays-Bas[157].

 

3.  Les toutes-boîtes

     Pour maintenir la position de ce type de média, certains titres disparaissent et une collaboration avec d'autres éditeurs s'impose.  La concurrence est très forte.  En 1996, des unités indépendantes d'édition sont créées, et ce, en vue de renforcer la part du marché.  Aux Pays-Bas circulent environ 800 toutes-boîtes.  En 1994, les parts de marché sont réparties comme suit : Wegener (34%), Telegraaf Concern (20%), VNU (15%), Perscombinatie (3%) et Reed Elsevier (3%).  La part des autres est de 26%[158].

 

4.  Les quotidiens de câble

     Le Groupe de Quotidiens publie cinq quotidiens de câble.  En 1994, le groupe rachète l'entreprise limbourgeoise de quotidiens de câble, TV-Gazet.  En plus, une participation majoritaire est acquise dans Kanaal 10, le quotidien de câble de Nijmegen et environnement.  En 1994 les parts de marché pour l'édition des quotidiens de câble sont réparties comme suit : Wegener (15%), Perscombinatie (9%), Boom Elektrische Media (8%), VNU (8%) et autres entreprises (51%).   En 1995 le groupe renforce sa position dans le Brabant de l'Estet à Gueldre.  Par le rachat, au début de 1996, du Vorsselmans Kabelexploitatie, des quotidiens de câble dans le Brabant de l'Ouest sont acquis.  Ainsi le Dagbladengroep devient en 1996 l'éditeur le plus grand des quotidiens de câble aux Pays-Bas et touche 840.000 foyers.  Il est suivi par Wegener Arcade avec 780.000 abonnés et Boom Pers avec 450.000 abonnés.  Une recherche indique qu'un Néerlandais sur cinq consulte chaque jour un tel quotidien[159].

 

5.  La télévision régionale/Les applications multimédia

     La VNU est active comme exploitant publicitaire pour la radiodiffusion régionale.  Mais le 2 septembre 1996, le Groupe de Quotidiens, dans le but de devenir un groupe multimédia, lance une station télévisée régionale TV8 Brabant.  C'est la première station complètement commerciale aux Pays-Bas[160].

 

     En 1994 une dizaine de quotidiens néerlandais possèdent une édition en ligne.  Le Eindhovens Dagblad de la VNU est le premier journal à offrir un service pareil.  Deux ans plus tard, tous les quotidiens du groupe peuvent être consultés sur Internet.  Avec l'éditeur Wegener Arcade, la VNU lance un projet pour explorer l'Internet, sous le nom City Online.  Dans leur zone de répartition les éditeurs offrent des villes virtuelles.  Les internautes reçoivent de l'information locale[161].

 

6 . La position de la VNU sur le marché des quotidiens

 

     En 1985 la VNU ne possède que 6% du marché des quotidiens.  Cette situation change après le rachat de l'éditeur Audet (cfr. supra).  Avec une part de 16,6% le Dagbladengroep vient occuper la troisième place sur la liste des dix plus grands éditeurs de quotidiens.  La VNU protège et maintient cette part jusqu'à 1996.  En 1985 les cinq plus grands éditeurs contrôlent 62% du marché, en 1994 ce pourcentage augmente à 85%. 

 

     Le 19 décembre 1995, le géant anglo-néerlandais de la presse Reed Elsevier vend sa branche Nederlandse Dagbladunie avec des titres comme NRC Handelsblad et Algemeen Dagblad à PCM Uitgevers NV, dont l'éditeur Perscombinatie est une filiale.  Ainsi un groupe est né qui dispose d'une part de marché de 31% sur le marché total des quotidiens et une part de 60% sur le marché des quotidiens nationaux.  Mais avant cette transaction avec PCM, Reed Elsevier  vend le quotidien régional Brabants Nieuwsblad, qui paraît à Roosendaal, à la VNU.  Avec ce rachat, la VNU contrôle le marché régional des quotidiens dans la province du Brabant du Nord et augmente sa part de marché à 18%.  En 1996 les cinq plus grands éditeurs  ont ensemble une part de marché de 97%.   Dans cette branche on doit également tenir compte d'une concentration continue et inéluctable.  Si en 1986 il y a 23 groupes qui éditent des quotidiens (cfr. supra), ce nombre retombe à 12 en 1994.  Sept d'entre eux ne publient que des quotidiens régionaux, deux autres ne publient que des quotidiens nationaux et deux autres encore éditent les deux types de journaux[162].

 

D.  Le Groupe de Vente[163]

 

     Pendant la période 1990-1996, le Groupe de Vente change structurellement.  En 1990 Aldipress rachète les activités de distribution (magazines, livres et bandes dessinées) pour 450 magasins reliés à Bruna.  La chaîne de franchise Friendchise est vendue à RetailNet.  Les magazines grand public de la VNU sont de plus en plus vendus au numéro, au détriment des abonnements.  Pour Aldipress la composition de l'assortiment dans les points de vente devient donc extrêmement importante.  Ainsi, l'organisation développe en 1992 des nouveaux systèmes automatisés.  Elle étudie également une nouvelle structure de distribution et de transport.  En 1993 Aldipress décide de faire appel à dix sous-traitants autonomes pour remplir la fonction de distribution.  L'organisation veut améliorer son service et étend le nombre de livraisons aux commerces de détail de quatre à cinq jours par semaine.

 

     En 1990 Metra Media Transport acquiert un contrat pour le stockage et la distribution au niveau européen de matériel de technologie de pointe.  Mais la stratégie du groupe, qui veut se concentrer de plus en plus sur les activités d'éditions, a des conséquences pour cette structure.  En 1995 Metra Media Transport est vendu au groupe anglais Tibbett & Britten Group.   Toujours muni de la même philosophie, Ivec Handelsondernemening, qui organise l'exportation des magazines grand public et livres vers des lieux touristiques européens, reçoit un statut autonome en 1991.  Le Groupe de Vente participe désormais pour 40% dans l'entreprise indépendante.  L'intérêt dans la distribution de livres de Scholtens Boek est également abandonné en 1994.  Les activités de distribution de magazines grand public vont être transférées en 1998 au Verkoopgroep.   En 1996, le Groupe de Vente rachète Leesland, le plus grand distributeur des chemises rassemblant des revues (cfr. supra).

 

     Dès 1996 le groupe se concentre donc uniquement sur son rôle d'intermédiaire entre l'éditeur et le détaillant pour la vente au numéro et les chemises rassemblant des revues.  Dès 1994 les rapports annuels ne rapportent plus séparément sur le Verkoopgroep.  L'information sur ce groupe se trouve dans la partie Magazines grand public.

 

E.  L'Industrie Graphique[164]

 

     En 1990 une restructuration profonde s'annonce dans le secteur de l'héliogravure.  Des investissements de productivité et des changements de presses sont inévitables pour baisser le prix de revient et pour maintenir la qualité et le service au même niveau.  Ses efforts mènent parfois à des ruptures dans la production et à des coûts imprévus.  Ceci influence le résultat de façon négative.  Le volume des ventes par contre augmente, suite à une demande  en augmentation d'imprimés à l'étranger.  La restructuration améliore le résultat qui devient à nouveau positif en 1992.  Dans le secteur offset, les prix et le volume des ventes se trouvent sous pression.  En 1992 le résultat s'améliore.  Des investissements ont lieu.

 

     Mais bien que la VNU fasse beaucoup d'efforts financiers pour soutenir l'Industrie Graphique, elle décide de la vendre en 1993.  Désormais l'attention se recentre sur ses activités d'édition.  Par cet abandon, beaucoup de moyens financiers sont disponibles pour le renforcement de ses activités.  L'industrie Graphique est vendue à l'imprimerie Koninklijke De Boer Boekhoven.  Le nouveau holding Roto Smeets De Boer est indépendant et cotée en Bourse d'Amsterdam.  VNU y participe en 1993 pour 30%, en 1996 pour 15%.

 

F.  La télévision commerciale

 

     La télévision commerciale intéresse la VNU pour deux raisons.  D'une part il y a l'aspiration à un développement multimédia, d'autre part elle veut maintenir sa position forte sur le marché des annonces publicitaires.  Dans le segment information grand public, la télévision devient très importante pour la VNU.

 

     En 1990 le groupe participe pour 19% dans RTL4 SA (filiale de la société luxembourgeoise CLT Multi Media) et pour 11% dans VTM.  Ces deux chaînes connaissent beaucoup de succès dans leurs premières années d'émission[165]

 

1.  La télévision commerciale aux Pays-Bas

 

     Déjà en 1990, RTL4 devient la chaîne la plus populaire aux Pays-Bas.  Par son arrivée sur le câble, la durée de vision quotidienne des néerlandais s'est étendue : de deux heures en 1989 à deux heures et demie en 1990.  RTL4 est également la première chaîne qui programme selon une cible, ce qui attire  fortement les annonceurs.  En 1992 la participation de la VNU dans RTL4 augmente à 8%.  En 1993 la part de marché (= la part  d'une chaîne dans la durée de vision quotidienne des spectateurs) de cette chaîne est de 28%; 5,6 millions de foyers peuvent capter ces émissions.  Le 2 octobre 1995, une deuxième chaîne RTL5 est lancée par RTL4 SARTL5 est destinée aux jeunes pendant les heures de grande écoute et aux adultes masculins le soir et la nuit.  En 1993 RTL5 obtient une part de marché de 6,6%.  Le but est d'acquérir une part de 10%.  Pour garder une part de marché entre 40% et 50% dans l'avenir, le service public fait beaucoup d'efforts (par exemple, engager un manager, renforcer la coordination entre les trois réseaux etc.)[166].

 

     En 1994 CLT Multi Media, Endemol, Veronica et VNU concluent un accord pour la création d'une entreprise pour l'exploitation des stations télévisées RTL4 , RTL5, Veronica et les stations radios RTL Rock Radio et Hitradio Holland FM.  La nouvelle entreprise baptisée Holland Media Groep  SA sera opérationnelle le premier janvier 1995.  C'est la plus grande concentration jamais vue dans l'histoire du secteur audiovisuel.  Sa structure est très complexe.  L'intérêt de RTL4 SA dans ce groupe est de 51%, le Veronica Media Groep (dont les propriétaires sont Veronica Omroep Organisatie  (53%) et Endemol Entertainment  (47%)) acquiert 49%.  En plus, RTL4 participe désormais pour 25% dans Endemol Entertainement et acquiert un intérêt de 20% dans le magazine de radio et de télévision Veronica.  Le Veronica Omroep  choisit donc un avenir commercial.  La publicité STER du service public doit désormais concurrencer avec un bloc[167].

 

     Mais en 1995 le gouvernement néerlandais use de son droit pour demander un avis à la Commission européenne sur cette concentration.  Le commissaire Karel Van Miert critique le 20 septembre 1995 la participation d'Endemol Entertainment (23%) dans HMG notamment pour son rôle sur le marché des producteurs et la position trop dominante des deux RTL's.  Endemol va fournir 60% de programmes pour les heures de grande écoute aux chaînes du HMG.  Le commissaire Van Miert exige que la participation d'Endemol soit réduite à 7,5%.  Suite à cette intervention, Endemol se retire totalement du Holland Media Groep et RTL5 devient dès 1997 une chaîne thématique, axée sur l'actualité et la météo.  Désormais, RTL4 SA participe pour 66% et Veronica pour 34%[168].

 

     Mais la chaîne Veronica, dans laquelle la VNU participe de par ces intérêts dans RTL4, reste loin derrière pour ce qui concerne les prévisions et fait face à des frais de démarrage considérables dus à l'élargissement de la programmation de deux à sept jours.  Les actionnaires avaient prévu 10 à 12%, mais sa part de marché se situe aux alentours des 8% (cfr. tableau).  Les parts de marché de RTL4 et RTL5 diminuent également, mais seul pour RTL5 cela devient problématique.  En 1996 ces trois chaînes contrôlent 36% du marché et non les 50% prévus.  Des restructurations et une nouvelle programmation s'annoncent.  Ainsi, il y aura un service de communication pour les trois chaînes et l'infrastructure technique de Veronica d'une part et des deux autres chaînes d'autre part fusionnent.  La programmation des trois chaînes est étudiée pour former un bloc face à la concurrence (par exemple SBS6, The Music Factory, Euro 7 etc.)[169].  Notons qu'en 1996, la part de marché du service public retombe au-dessous de 40%.

 

     En 1995, la VNU souhaite participer dans la radio commerciale et acquiert 25% dans Radio Noordzee Nationaal, une chaîne populaire de musique pop néerlandophone.  Le groupe est également intéressé dans la production audiovisuelle et l'exploitation des droits de films etc.  Ainsi la VNU signe un accord avec le groupe anglais Chrysalis Group pour la création d'une maison de production CVI Media Group.  VNU participe pour 49,9%.  IDTV,  le deuxième producteur télévisé par ordre de grandeur aux Pays-Bas, est la filiale la plus importante du CVI Media Group, qui va concurrencer désormais Endemol Entertainment[170]

 

2.  La télévision commerciale en Belgique

     En Belgique également, VTM devient la chaîne qui a le taux d'écoute le plus élevé.  Par le rachat des éditeurs Perexma et Tijdschriften Vereniging Vlaanderen(cfr. supra), l'intérêt de la IUM dans VTM augmente jusqu'à 33,33%.  En mars 1993 NV De Vlijt vend son paquet d'actions de VTM (11%) à la VNU pour 670 millions de FB.  L'éditeur du Gazet Van Antwerpen veut investir son capital dans son imprimerie industrielle et dans le développement de la télévision régionale et de la radio locale.  De son paquet de 11,11%, NV De Vlijt garde 0,11%[171].  Pour éviter que VTM devienne néerlandaise, les éditeurs flamands et BMH, actionnaires de VTM, constituent en mars 1993 un holding pour y regrouper leurs participations, VMH (Vlaamse Media Holding), soit 55,5% de VTM[172]

 

     L'arrivée, en février 1995, de VT4, fait obstacle au monopole publicitaire de VTM.  Pour protéger sa position, elle lance une deuxième chaîne Kanaal 2VTM garde sa part de marché dominante, mais les frais de démarrage pour Kanaal 2 sont considérables et cela influence les résultats de la VNU[173].

 

     En 1995 la Commission européenne oblige le gouvernement belge d'abroger le décret qui réserve 51% du capital de VTM aux éditeurs de journaux et périodiques flamands.  L'adjectif "flamands" doit être remplacé par "néerlandophones".  Cette obligation ouvre de nouvelles perspectives pour la VNU.  En plus le groupe Belgian Media Holding Invest désire quitter VTM.  Mais une tentative de la VNU, en septembre 1996, d'acquérir une participation majoritaire dans la chaîne commerciale échoue.  Belgian Media Holding vend son intérêt au Persgroep, Roularta et Concentra.  Au terme du rachat, Concentra grimpe à 25%, Roularta détient 35% et De Persgroep dispose de 40%[174].  En novembre 1996 les premières rumeurs circulent que la VNU veut se défaire de sa participation dans VTM[175].

 

G.  Business Press/Business Information Europe[176]

 

     De 1990 à 1993 le résultat du segment Presse d'Affaires diminue considérablement, une baisse provoquée par la récession en Grande-Bretagne et le déclin du marché des annonces.  Pour pouvoir mieux agir face à la concurrence croissante en Europe, les éditeurs du Business Press Group  et quelques partenaires décident en 1991 de collaborer.  Le projet de collaboration reçoit le nom European Computer Publishers.  En 1994 la situation se redresse et le paquet d'activités s'étend.  Par le rachat du Calyx Group, qui domine le marché anglais dans le domaine de l'information marketing et de l'information géodémographique, la VNU pénètre ce segment en Europe.  Le nom du groupe change en Business Information Europe.

 

     Les deux titres fondamentaux du Business Publications Amsterdam restent Intermédiaire et Computable.  Même si les recettes publicitaires baissent fortement, ils gardent leur position dominante sur le marché néerlandais.  Mais la concurrence est forte et cette filiale doit constamment adapter son assortiment pour protéger sa position. 

 

     Business Press Publications Londen souffre d'une situation économique défavorable et d'une concurrence forte.  Protéger sa part de marché est cher.  Comme aux Pays-Bas, les deux titres Computing et Accountancy Age sont des havres dans la tempête.  Un revirement s'annonce en 1993.  En 1994 VNU European Labs est créé.  Ce laboratoire est mis sur pied pour tester du hardware et du software.  Tous les titres informatiques de la VNU peuvent utiliser ce service.  Des nouveaux titres sont lancés comme Business Age, Network News etc.  Le magazine Easy PC, lancé en 1996, est vendu simultanément aux Pays-Bas, Allemagne, Italie et Australie.

 

     Pour assainir l'éditeur Gruppo Editoriale Jackson, la VNU étend sa participation de 70% à 100%.  La division livres est vendue.  La restructuration réussit et en 1994 l'éditeur rachète neuf magazines professionnels de l'éditeur espagnol ETAS.

 

     En 1994 la VNU vend l'éditeur espagnol.  Il n'y a guère de possibilités d'agrandir.  Le groupe garde quand même un intérêt de 25% dans Business Publications Espana.

 

     En France l'assortiment d'Exa Publications est trop faible pour dominer le marché.  Dès 1991, il conclut un accord de collaboration avec l'éditeur français Excelsior Publications.  Leurs titres sont rassemblés sous Excelsior Informatique, dans lequel la VNU participe pour 18%.

 

     En 1994 le Business Press Group reprend toutes les actions de l'éditeur Diligentia Business Press en Belgique.  Il semble que cet éditeur a renforcé considérablement sa part de marché.  En 1996 par exemple cette filiale reprend deux magazines de l'éditeur Riverland NV Computer Magazine (avec une édition néerlandophone et francophone) est le magazine informatique le plus important en Belgique. CM Corporate (aussi en deux langues) est diffusé également aux Pays-Bas.

 

     Toujours en 1994, la VNU reprend le magazine hongrois financier Figyelö.  Elle participe aussi pour 30% dans Forka, un éditeur de Budapest qui publie les titres Privát Profit et Hungarian Economic Review.

 

H.  Business Information Services/Business Information USA[177]

 

     En 1995, les activités américaines sont réunies sous la division Business Information USA.  Il y a plusieurs subdivisions.

 

1.  VNU Financial Information Services

     Il s'agit surtout de l'information financière et des services pour sociétés d'investissement et conseillers, fournis par l'entreprise Disclosure.  Par le rythme des rachats, joint-venture et acquisitions de banques de données par VNU Financial Information Services, nous pouvons constater que ce secteur connaît du succès.  Mais en 1995 VNU Financial Information Services est vendu.  La VNU veut se concentrer sur les autres activités américaines.

 

2.  VNU Marketing Information Services

     En 1990, douze entreprises fournissent des informations et services marketing.  Il y a trois subdivisions : les données géodémographiques, l'enregistrement des dépenses publicitaires et les études de marché sur le taux d'écoute des médias.

 

     Dans le secteur des données géodémographiques, Claritas et National Planning Data Corporation fusionnent en 1991.  La nouvelle entreprise domine déjà largement le marché des données géodémographiques et continue à renforcer sa position dans les années à venir (par exemple, par le rachat de Strategic Mapping en 1996)

 

     Même concentration dans le secteur qui mesure les dépenses publicitaires.  VNU conclut une joint-venture avec Arbitron.  La nouvelle entreprise Competitive Media Reporting (CMR) mesure des dépenses publicitaires de tous les types de médias.  En 1994 VNU USA acquiert toutes les actions de CMR.

 

     Scarborough Multimédia, qui analyse le taux d'écoute des stations audiovisuelles locales et combine ses résultats avec la recherche sur la consommation, connaît beaucoup de succès.  En 1995, VNU USA acquiert 25% des actions de Sachs et rachète Market MetricsSachs collecte de l'information sur le comportement du consommateur en ce qui concerne la santé publique.  Market Metrics collecte et vend de l'information marketing aux fabriquants de biens de consommation et au commerce de détail.  Il fusionne avec Spectra Marketing Systems, une société qui vend le même type d'informations.

 

3.  BPI Communications

     Cette entreprise, acquise par la VNU en 1994, édite des magazines professionnels excellents dans les domaines de la musique, du film et du marketing.  Les publications les plus connues sont les hebdomadaires Bilboard et Adweek et le quotidien The Hollywood ReporterBPI Communications exploite également des banques de données contenant de l'information professionnelle.

 

4.  Bill Communications

     Bill Communications, racheté en 1994, édite des magazines professionnels dans les domaines du marketing, de l'industrie alimentaire, de la santé publique etc.  Il organise également des conférences et des salons de commerce et fournit des services dans les domaines de l'information marketing et de la communication B-to-B.  En 1995 Bill Communications rachète Lakewood Publications, un éditeur multimédia.

 

5.  SRDS (Standard Rate and Data Services)

     Cette entreprise, acquise en 1995, offre de l'information sur le tirage et les annonces de tous types de médias aux agences publicitaires et aux annonceurs pour leur planning média.  Les produits les plus importants sont les manuels diffusés sur base d'abonnements.

 

I.  Les éditeurs éducatifs[178]

 

     Malmberg maintient sa position dominante dans le créneau enseignement fondamental et renforce sa position dans cinq autres domaines. 

1.  Dans l'enseignement secondaire avec des éditions dans les domaines histoire, chimie, biologie etc. 

2.  Dans le domaine de la publication des magazines scolaires, par le rachat en 1990 de quelques magazines de Keesings Uitgeversmaatschappij (Antenne, Blikopener, Reflector).  Toujours en 1990 Malmberg lance un magazine pour bambins (Pippo). 

3.  Le lancement de nouvelles méthodes d'apprentissage

4.  En 1991 Malmberg crée un créneau pour adultes.  L'enseignement pour adultes devient populaire. 

5.  En 1993 l'éditeur conclut une joint venture avec Philips Interactive Media Bénélux, pour éditer en commun des CD-ROMS interactifs.  Malmberg fournit également des P.C. et des logiciels aux écoles.  Ainsi il rachète en 1991 les activités d'enseignement d'Alpha Computerdiensten et en 1994 la société Victor Holland, spécialisée dans l'informatisation des écoles.  En collaboration avec le Tijdschriftengroep, il crée VNU Interactive Media, une union  de force dans le domaine du marketing pour consommateurs et pour l'éducation (cfr. supra).

 

     J. Van In en Belgique renforce sa position avec ses éditions pour l'enseignement fondamental et secondaire.  Surtout les éditions pour l'apprentissage de langues étrangères connaissent du succès.

 

J.  Divers

 

     En 1996 la VNU conclut un accord avec le Freepages Group en Grande-Bretagne pour fonder une joint venture aux Pays-Bas.  Ceci pour lancer un service d'information interactif et accessible à ceux qui y sont intéressés par téléphone, GSM et Internet.  Le groupe participe (dès 18.02.1997) également pour 26% dans la société indienne ORG-MARG, qui domine le marché des services d'information media et la recherche média.  Par cette participation, la VNU pénètre le marché asiatique[179].

 

K.  Conclusion sur la stratégie de la VNU de 1990 à 1996

 

     Selon les auteurs Daems et Van De Weyer, les entreprises néerlandaises sont braquées prioritairement sur la croissance.  Rentabilité vient sur la deuxième place[180].  Cette hypothèse semble se vérifier pour la VNU qui mène surtout une politique d'acquisitions pour renforcer ses parts de marché dans ses différents secteurs.  Parfois cette politique a des conséquences désastreuses pour la marge bénéficiaire.  Mais dès 1990 il semble que cette expansion continue a des limites.  La VNU décide de modifier sa stratégie.  Ainsi, l'expansion de ses activités d'éditions allaient toujours de pair avec un renforcement de la compétitivité des activités graphiques.  Au début des années 90 cependant, la VNU se rend compte qu'il est impossible de sauvegarder une position de tête simultanément dans les domaines de l'édition et de l'impression. 

 

     La surcapacité dans l'industrie graphique est légendaire.  Le triangle Pays-Bas, Belgique, nord de la France est probablement la région industrielle graphique la plus grande en Europe.  Surtout le secteur de l'héliogravure subit de plus en plus la concurrence du secteur offset.  Si le premier veut concurrencer avec le deuxième, le prix de revient doit diminuer.  Ceci peut seulement être réalisé par des économies[181].  Cette stratégie est poursuivie par la VNU, mais à long terme, elle pèse trop sur les moyens.  Le groupe décide de vendre cette division.  Par ailleurs, certaines activités de distribution sont transférées à des sous-traitants indépendants.  La concentration verticale s'effrite. 

 

     Désormais, la VNU se concentre sur l'édition et met l'accent sur les magazines grand public, les quotidiens régionaux, la télévision commerciale, les magazines professionnels, l'information d'affaires au moyen de banques de données et publications éducatives.  L'expansion internationale a surtout lieu au moyen de magazines grand public, la télévision commerciale, les magazines professionnels et les banques de données.  Quand il le peut, le groupe renforce aussi ses positions existantes aux Pays-Bas et en Belgique.

 

     Aux Pays-Bas, le seul marché en expansion est celui de la télévision commerciale.  La VNU réussit à participer dans la chaîne populaire RTL4 et est à la base de l'une des plus grandes concentrations jamais vues dans l'histoire du secteur audiovisuel.  En Belgique, le groupe est à même de renforcer sa position sur le marché périodique par l'acquisition de deux éditeurs importants.  Par des fusions, des rachats, par l'agrandissement sur une vaste échelle, des restructurations et des lancements, VNU Belgique monopolise le secteur des magazines féminins à caractère général et occupe des positions fortes sur le marché des magazines de radio et de télévision et le créneau santé.  La VNU participe également dans la chaîne VTM, mais par une action des concurrents flamands, sa participation et influence restent minoritaires.  En 1996 il devient clair que la télévision commerciale n'est pas une source miraculeuse de bénéfices et que sa croissance connaît également des limites.  La VNU participe dans une maison de production et concurrence ainsi son ancien partenaire.

 

     Depuis 1994 l'information d'affaires aux États-Unis devient une source de bénéfices.  La plupart des banques de données qui fournissent de l'information sur des entreprises cotées en Bourse, sont vendues en 1995.  Mais dans les domaines des données géodémographiques, du calcul des dépenses publicitaires et du taux d'écoute de tous types de médias et des services d'information marketing quelconques, les positions sont constamment renforcées par une politique soutenue d'acquisitions.  Vu le succès, la VNU cherche à développer le concept sur d'autres marchés, comme le marché européen.

 

     En 1990 la VNU réalise 33% de son chiffre d'affaires à l'étranger, en 1996 45%.  Remarquons la croissance du chiffre d'affaires réalisé en Belgique par le rachat de deux éditeurs, des lancements, des fusions etc., mais surtout celui des États-Unis qui a triplé en six ans.  Outre les pays mentionnés sur le graphique, la VNU est, en 1990, active en France, en Italie, en Espagne et en Russie.  En 1996 ce nombre s'étend à Allemagne, à la République Tchèque, à la Hongrie et à l'Inde.

 

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[2]  STER = Stichting Ether Reclame.  DE RIDDER (J.A.), Persconcentratie in Nederland.  Begripsvorming, bepaling en beschrijving, Amsterdam, VU Uitgeverij, 1984, p. 20.

[3]  "Spaarnestad en Teulingconcern gaan fuseren", in Nieuwe Rotterdamse Courant, 17.12.1964, p. 1 et p. 19.

[4]"Korte geschiedschrijving van VNU", in Brochure interne de la VNU, 1999, p. 1.

[5]  DE RIDDER (J.A.), op. cit., p. 8.

[6]  "Korte geschiedschrijving van VNU", in Brochure interne de la VNU, 1999, p. 1

[7]  "Korte geschiedschrijving van VNU", in Brochure interne de la VNU, 1999, p. 1

[8]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), Media in Nederland, Groningen, Wolters-Noordhoff, 1987, pp. 10-13.

[9]  NOBRE-CORREIA (J.-M.), JEANMART (H.), "La VNU entre l'international et son pré carré...", in Médiapouvoirs, Paris, n°34, 1994, p. 44.

[10]  "Samenwerking Spaarnestad-Cebema", in Keesing Historisch Archief, 1965 (Algemeen Handelsblad).

[11]  "Spaarnestad en Teulingenconcern gaan fuseren", in Nieuwe Rotterdamse Courant, 17.12.1964, p. 19.

[12]  VNU Jaarverslag 1989, p. 27.

[13]  VNU Jaarverslag 1989, p. 28.

[14]  Loc. cit.

[15]  NOBRE-CORREIA (J.-M.), JEANMART (H.), art. cit., p. 44.

[16]  VNU Jaarverslag 1989, p. 28.

[17]  "De Pers", in Keesing Historisch Archief, 1968 (Het Parool).

[18]  "De Pers", in Keesing Historisch Archief, 1968 (ANP).

[19]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 140.  WASSENAAR (I.), Vrouwenbladen, spiegels van een mannenmaatschappij, Amsterdam, Wetenschappelijke Uitgeverij bv, 1976, p. 38.

[20]  VNU Jaarverslag 1977, p. 6 et p. 17.

[21]  VNU Jaarverslag 1977, p. 6.

[22]  VANHAUTE (E.), Economische en sociale geschiedenis van de Nieuwste Tijden, Gent, RUG, (cours inédit), 1995-1996, p. 112.

[23]  VNU Jaarverslag 1977, p. 8.

[24]De aanbodstructuur van de periodiek verschijnende pers in Nederland, 's-Gravenhage, Staatsuitgeverij, 1982, pp. 71-72.

[25]   "Korte geschiedschrijving van VNU", in Brochure interne de la VNU, 1999, p. 1.

[26]  VNU Jaarverslag 1989, p. 28.  VNU Jaarverslag 1978, p. 8.

[27]  De aanbodstructuur van de periodiek verschijnende pers in Nederland, op.cit., pp. 93-94.

La part du marché = quotient du tirage payé des magazines divisé par le tirage total des magazines sur le marché néerlandais.

[28]  De aanbodstructuur van de periodiek verschijnende pers in Nederland, op.cit., pp. 88-89.

[29]  Ibid, pp. 80-82.

[30]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 145.

[31]  Ibid, p. 95.

[32]  Voire annexe p.

[33]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 148.

[34]  VNU Jaarverslag 1978, p. 8 et VNU Jaarverslag 1980, p. 11.

[35]  VNU Jaarverslagen 1977/1978/1979, p. 8, p. 8, p. 11.

[36]  Loc.cit.

[37]  De aanbodstructuur van de periodiek verschijnenede pers in Nederland, op.cit., p. 74-76.

[38]   Ibid, p.73.

[39]  De aanbodstructuur van de periodiek verschijnende pers in Nedeland, op.cit., pp.83-85.

[40]  Ibid, p. 91.

[41]  Ibid, pp. 100-101.

[42]  Ibid, pp. 40-41.

[43]  "Samenwerking met De Tijd", in Keesing Historisch Archief, 1970 (NRC, Algemeen Handelsblad, Het Parool).

[44]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 96-97.

Le NRC/Handelsblad est né en 1970 d'une fusion entre NRC et Algemeen  Handelsblad.

[45]  Samenwerking met De Tijd", in Keesing Historisch Archief, 1970 (NRC, Algemeen Handelsblad, Het Parool).

[46]  "Actie tot behoud Dagblad De Tijd", in Keesing Historisch Archief, 1972 (De Tijd, NRC/Handelblad).

[47]  "Financiële regeringssteun voor dagblad De Tijd", in Keesing Historisch Archief, 1973 (NRC/Handelsblad).

[48]  "Dagblad De Tijd wordt weekblad", in Keesing Historisch Archief, 1974 (NRC/Handelsblad).

[49]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 95-96.

[50]  VNU Jaarverslag 1977, p. 16.  Voir annexe p.

[51]  VERSCHUREN (P.M.J.), MEMELINCK (R.J.), Media atlas van Nederland, 's-Gravenhage, SDU Uitgeverij, 1989, p. 133.

[52]  DE RIDDER (J.A.), op. cit., p. 93.

[53]Ibid, p.137.

[54]  La Commission européenne doit se prononcer sur l'accord Pays-Bas/Belgique de 1967 qui prévu un prix fixe égal pour les livres néerlandophones.

[55]  VNU Jaarverslagen 1977/1978/1979, p. 9, p. 9, p. 12.

[56]  Ibid et voir annexe p.

[57]  VNU Jaarverslagen 1977/1978/1979, p. 12, p. 12, p. 13.

[58]  Des chemises rassemblant des revues sont aux Pays-Bas une troisième chaîne de distribution de magazines à côté des abonnements et la vente au numéro. 

[59]  Ibid et voir annexe p.

[60]  VNU Jaarverslagen  1977/1978/1979, p. 12, p. 12, p. 13.

[61]  VNU Jaarverslagen 1977/1978/1979, p. 13, p. 13 et p. 16.

[62]  Ibid et voir annexe p.

[63]  Société d'édition de magazines.

[64]  "Pers", in Keesing Historisch Archief, 1970.

[65]  Voir annexe p.

[66]  VNU Jaarverslag 1978, p. 6.

[67]VNU Jaarverslag 1977, p. 17.

[68]  VNU Jaarverslagen 1977/1978, p. 17 et p. 17.  Voir annexe p.

[69]  VNU Jaarverslagen 1977/1978/1979, p. 17, p. 17 et p. 20.  Voir annexe p.

[70]  VNU Jaarverslag 1979, p. 20.

[71]  VNU Jaarverslag 1977, p. 7.

[72]  VNU Jaarverslagen 1977/1979, p. 7 et p. 6.

[73]  VANHAUTE (E.), op.cit., p. 112.

[74]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 151.

[75]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 152.  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[76]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p.152.  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[77]  VNU Jaarverslag 1988, p. 14.

[78]VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[79]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 155.

[80]  VNU Jaarverslag 1986, pp. 12-13.

[81]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[82]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[83]  Elixir, Partner, Media Info, Video Totaal, Salon, Leef met Elixir, Steek, Nicole, Knippie, Nanet, Prima, Knip Plus, Caroline, Primo, AutoWeek, Kiss, Darling, Sjors & Sjimmie, Willy Wortel's Puzzelparade, Disneyland, Logikwiz.

[84]  Zero, Salon, Partner, Leef, Media Info, Leef met Elixir, Onkruid, Handwerken, Prima, Video Totaal, Nicole, Anita, Steek, Plus, Caroline, Alliance, Nanet, Primo, Darling, Eppo Wordt vervolgd, Club, Sjors & Sjimmie, Muziek Express, Perry Rhodan.

[85]  Alliance, Ariadne, Doe Het Zelf, Eigen Huis & Interieur, Marion, Ouders van Nu, Vorsten, Perry Rhodan.

[86]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[87]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., p. 143.

[88]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 143-144.  VNU Jaarverslag 1989, p. 16.

[89]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 144-155.  WASSENAAR (I.), op. cit., p. 50.  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[90]  VNU Jaarverslag 1987, p. 17.

[91]  VNU Jaarverslag 1983, p. 8.

[92]  VNU Jaarverslag 1989, p. 16.

[93]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[94]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[95]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 97-98.

[96]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[97]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 103-104.

[98]  VNU Jaarverslagen 1986/1987, p. 17 et p. 21.

[99]  VNU Jaarverslag 1989, p. 20.

[100]  De aanbodstructuur van de periodiek verschijnende pers in Nederland, op. cit., p. 123.

[101]  VNU Jaarverslagen 1987/1988/1989, pp. 8-9, pp. 18-19 et p. 20.  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op.cit., p. 171.

[102]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[103]  VNU Jaarverslagen 1987/1988/1989, p. 21, p. 19 et p. 20.  LHOEST (H.), Nouvelles technologies de la communication, ULB, 1998-1999 (cours inédit), p. 112.

[104]  De marktwerking in de Nederlandse dagbladsector.  De gevolgen voor de consument, Leiden, SWOKA, 1996, p. 16.

[105]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), op. cit., pp. 137-138.

[106]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[107]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[108]  Une forme d'entreprise à laquelle peut s'adresser un détaillant pour utiliser la marque, la réputation et l'expérience d'une grande entreprise contre paiement.

[109]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[110]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[111]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[112]  VNU Jaarverslag 1983, p. 16.

[113]  VNU Jaarverslag 1986, p. 22.

[114]  VNU Jaarverslagen 1980-1989.

[115]  "Televisie in Nederland", in Ontwikkeling van nieuwe audo-visuele media, Gent, RUG, 1984-1985, pp. 5-6 (exercice inédit sous la direction de Prof. Dr. E. De Bens).

[116]  En télévision, il est possible de mettre à profit les lignes vidéos non actives dans la composition de l'image électronique.  Cette possibilité est exploitée sous la forme du télétexte.  Le télétexte permet la transmission à distance de services d'information sur demande.  L'ensemble des systèmes est désigné par le terme de videotex.  La distinction est faite en vidéotex diffusé (système unidirectionnel sur réseaux d'émetteurs ou de câbles coaxials en cuivre) et vidéotex interactif (système bidirectionnel qui permet l'interactivité, par téléphone ou sur câble optoélectronique). (Holde Lhoest, op.cit., pp. 94-96).

 

[117]  Gids Informatiesector 1994, op. cit., 1995, p. 157.

[118]  Gids Informatiesector 1997/1998, op.cit., p. 145.

[119]  VNU Jaarverslag 1990, p. 15.

[120]  Jaarverslagen 1990-1995, Annual Report 1996.

[121]  Gids Informatiesector 1996/1997, op.cit., p. 168.

[122]  VNU Jaarverslag 1993, p. 13.

[123]  Gids Informatiesector 1994, op.cit., p. 167.  Gids Informatiesector 1995/1996, op. cit., p. 207.

[124]  "Pays-Bas : la VNU se lance dans la presse TV", in MM News, 185, 21.04.1993, p. 7.

[125]  VNU Jaarverslag 1994, p. 13.  VNU Annual Report 1996, pp. 12-15.

[126]  Gids Informatiesector 1996/1997, op.cit., p. 168.

[127]  VNU Jaarverslag 1995, p. 13.  VNU Annual Report 1996, p. 12.  Gids Informatiesector 1996/1997, op. cit., p. 168.

[128]  "Het werkt en wel zo", in Knack, 30.10.1996.

[129]  BARDOEL (J.), BIERHOFF (J.), Media in Nederland, 1997, p. 105.

[130]  VNU Jaarverslagen 1989, 1990, p. 17, p. 15.  TESSEN (L), "De mediabedrijven : analyse stroomafwaarts", in De Vlaamse Media (een sector in stroomversnelling), Antwerpen, MERS, 1993, p. 84.

[131]  "La TUM déploie ses troupes", in MM News, 147, 17.06.1992, p. 1.

[132]  "La TUM se lance sur le créneau de la santé" in MM News, 157, 30.09.1992, p. 7.  "Follow-up", in Trends, 03.04.1995.

[133]  VNU Jaarverslag 1992, p.13.

[134]ALBERS (I.), "Intern Kannibalisme is nu voorbij", in De Standaard, 29.07.1998, p. 17.  TESSEN (L), art.cit., pp. 86-88.

[135]  TESSEN (L.), "De mediabedrijven : analyse stroomopwaarts", in De Vlaamse Media (een sector in stroomversnelling), Antwerpen, MERS, 1994, p. 210

[136]  "La VNU va-t-elle concurrencer les AMP?", in MM News, 199, 25.08.1993, p. 1.

[137]  VNU Jaarverslagen 1993/1994, p. 13 et p. 15.

[138]  "La TUM lance Délices", in MM News, 220, 26.01.1994, p. 4.

[139]  "TV Ekspress change de look", in MM News, 233, 27.04.1994, p. 4.

[140]  VNU Jaarverslag 1995, p. 15.  "La IUM abandonne le MPC", in MM News, 295, 13.09.1995, p. 10.

[141]  "La IUM rafraîchit son portefeuille de titres", in MM News, 20.09.1995, p. 1.

[142]  "Het gat in de markt", in Trends, 19.12.1996.  "La IUM devance Roularta avec TV-7", in MM News, 345, 02.10.1996, p. 1.

[143]  J.-F. L, "Restructuration au sein du groupe de presse VNU", in Le Soir, 26.04.1996, p. 5.

[144]  "La CIM confirme les succès de la TUM", in MM News, 244, 10.08.1994, p. 5.  VAN LOOVEREN (I.), art. cit., pp. 2-3.

[145]  VAN LOOVEREN (I.), art. cit., pp. 8-9.

[146]  Gids Informatiesector 1997/1998, op.cit., p. 78.

[147]  VNU Jaarverslagen 1990-1995.  VNU Annual Report 1996.

[148]  VNU Jaarverslagen 1990/991/1992, p. 15-17, p. 12, p. 13.

[149]  VNU Jaarverslagen 1991-1995, VNU Annual Report 1996.

[150]  VNU Jaarverslagen 1992-1995, VNU Annual Report 1996.

[151]  Gids Informatiesector 1994, op.cit. pp. 131-134.  Gids informatiesector 1995/1996, op.cit., pp. 185-187.  Gids Informatiesector 1996/1997, op.cit., pp. 139-145.  Gids Informatiesector 1997/1998 op.cit., pp. 121-124.

[152]  Gids Informatiesector 1996/1997, op.cit., p. 141.

[153]  VNU Jaarverslagen 1990/1991/1992/1993, pp. 19-21, pp. 14-15, pp. 15-16 et pp. 15-17.

[154]  VNU Jaarverslagen 1994/1995, p. 17 et pp. 15-17.

[155]  VNU Annual Report 1996, pp. 15-17.

[156]  Gids informatiesector 1997/1998, op.cit., p. 123.

[157]  Voir annexe p.

[158]  VNU Jaarverslagen 1990-1995.  VNU Annual Report 1996.  Gids informatiesector 1995/1996, op.cit., p. 185.  Gids Informatiesector 1995/1996, op.cit., p. 185.

[159]  Gids informatiesector 1995/1996, op.cit., p. 185.  Gids informatiesector 1996/1997, op.cit., pp. 144-145.

[160]  VNU Annual Report 1996, pp. 15-17.

[161]  Idem.

[162]  Marktwerking in de Nederlandse Dagbladsector, op.cit., p. 16.  Gids informatiesector 1996/1997, op.cit., pp. 141-142.

[163]  VNU Jaarverslagen 1990-1996.

[164]  VNU Jaarverslagen 1990/1991/1992/1993, p. 17, p. 13, p. 15 et p. 5.

[165]  VNU Jaarverslag 1990, p. 21.

[166]  Gids Informatiesector 1995/1996, op.cit., pp. 215-218.  VNU Jaarverslagen 1990-1993.

[167]  VNU Jaarverslag 1994, p. 17.

[168]  Gids Informatiesector 1996/1997, op.cit., p. 178.

[169]  Gids Informatiesector 1996/1997, op.cit., p. 182.

[170]  VNU Jaarverslag 1995, p. 17.  VNU Annual Report 1996, pp. 17-19.

[171]  TESSEN (L.), "Analyse stroomopwaarts", in De Vlaamse Media, Antwerpen, MERS, 1994, p. 209.

[172]  "VTM", in Trends/Tendance, 03.10.1996.

[173]  VNU Jaarverslag 1995, p. 17.

[174]  Gids Informatiesector 1997/1998, op.cit., p.157.

[175]  "VNU : sur la bonne voie ", in Cash, 14.11.1996.

[176]  VNUJaarverslagen 1990-1995.  VNU Annual Report 1996.

[177]  VNU Jaarverslagen 1990-1995VNU Annual Report 1996.

[178]  VNU Jaarverslagen 1990-1995 VNU Annual Report 1996.

[179]  VNU Annual Report 1996, p. 7.

[180]  TESSEN (L.), "Analyse stroomopwaarts", in De Vlaamse Media, Antwerpen, MERS, 1994, p. 213.

[181]  "Roto Smeets De Boer wil opnieuw in prepress stappen", in Financieel Economsche Tijd, 14.08.1996.