Comment parler de «corrida» aux Pays-Bas? Des procédés de traduction visant à résoudre les problèmes particulièrement culturels de traduction de deux textes anti-corrida français en néerlandais. (Wendy van Mourik) |
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La corrida est un phénomène connu aux Pays-Bas. «Connu» signifie ici que les Néerlandais savent globalement ce que c’est, la corrida, mais ils penseront directement à l’Espagne. Certains d’entre eux y ont assisté une fois et pour la plupart de ce groupe c’était une fois et jamais plus! La connaissance du Néerlandais moyen ne va pas plus loin que cela. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que la corrida existe également dans le sud (-ouest) de la France et aussi au Portugal et en Amérique latine. Ce dont les Néerlandais ne se rendent pas compte non plus, c’est que la corrida est un «jeu» ou un «sport» où on torture et tue six taureaux chaque fois. Les adversaires diront que la corrida est cruelle, tandis que les amateurs les contrediront en disant que c’est beau. Les avis sont partagés et on peut en discuter, mais à notre avis l’important c’est que la plupart des gens, en particulier les touristes, ne savent pas bien ce que veut dire le mot corrida, car ils n’ont aucune idée de ce qui se passe hors des arènes. De plus, ils n’y réfléchissent pas tout naïvement, car pour eux la corrida est une tradition et un élément indispensable aux vacances en Espagne ou en France.
D’ici vient donc le besoin de traductions des textes français portant sur la corrida en néerlandais. La traduction d’un site Internet est très utile, car elle peut être lue partout dans le monde. De plus, le nombre de sites en néerlandais, officiellement ou avec une partie traduite, portant sur la corrida n’est pas si grand, donc la version néerlandaise du site du Collectif Anti-Corrida de Fréjus (CAC 83 Fréjus) que nous avons traduit ne sera pas superflue.
La traduction d’un texte français en néerlandais ne va normalement pas sans problèmes, mais dans ce cas-ci il s’agit de la traduction d’un sujet qu’on ne connaît pas bien. La traduction d’un sujet plus ou moins inconnu n’est pas facile du tout. D’abord, le traducteur entre dans un contexte étranger: le milieu tauromachique. En deuxième lieu, il rencontre au niveau textuel des expressions et des mots inconnus qui lui causeront des problèmes. Le site du CAC Fréjus mène le traducteur même dans le «milieu anti-taurin», ce qui n’est pas exactement la même chose que le milieu taurin, car les adversaires considèrent et décrivent la corrida autrement que les amateurs.
Nous venons donc de montrer le besoin de traductions en néerlandais sur la corrida, mais la question qu’on se pose alors est de savoir s’il est possible de traduire un phénomène relativement inconnu. La réponse sera affirmative, étant donné que le phénomène n’est pas complètement inconnu et que le vocabulaire de la langue cible comprend déjà quelques termes taurins, mais on se demande dans quelle mesure est-il difficile de le traduire et quels sont les problèmes qu’on rencontre. Dans ce mémoire, nous souhaitons montrer quels sont les procédés qui ont été appliqués pour résoudre les problèmes que les deux traducteurs ont rencontrés en traduisant. Nous distinguerons entre les procédés généraux et les procédés spécifiquement culturels (pour la traduction des realia). De cette façon, nous aurons également une bonne idée des problèmes de traduction dans une traduction en néerlandais d’un phénomène inconnu tel que la corrida. La question centrale de ce travail sera alors: est-ce qu’il existe une méthode ou des procédés qui tiennent compte des realia et qui permettent au traducteur de résoudre les problèmes typiquement culturels?
De plus, nous sommes intéressée par l’influence de la corrida sur le vocabulaire (taurin) en particulier dans le français et le néerlandais et là nous nous poserons la question de savoir quels sont les termes espagnols qui peuvent être empruntés et quels termes ont besoin d’une traduction (équivalence) en français et en néerlandais ou d’une explication ?
Le premier chapitre est consacré à la notion de traduction. Nous avons introduit quelques définitions pour définir la notion connue de tous dans le cadre de ce travail. Puis, nous parlons de l’historique de la traduction jusqu’au XXe siècle. Ce siècle nous mène ensuite à quelques théories modernes d’un nombre de scientifiques. Le deuxième chapitre est consacré à la notion de culture et montre la différence entre quelques termes. Ensuite, nous faisons une sorte de typologie de cultures à l’aide de la recherche de Geert Hofstede (1991) et nous utilisons cette typologie pour décrire ces différentes cultures selon quatre dimensions, également tirées de la recherche d’Hofstede. Dans la dernière partie de ce chapitre, nous prenons la France, l’Espagne et les Pays-Bas ensemble et nous les comparons un peu plus en détail sur la base des résultats des quatre dimensions décrites dans la partie précédente. Le troisième chapitre parlera des problèmes de traduction. Nous commencerons par quelques définitions pour introduire le sujet. Après, nous parlerons des problèmes linguistiques et culturels. Les problèmes au niveau culturel sont plus spécifiques à ce travail. Dans la troisième partie de ce chapitre, nous traiterons deuxauteurs et leurs stratégies : Vinay & Darbelnet & Van Willigen et Van Camp. Leurs stratégies seront appliquées dans le cinquième chapitre. Dans le quatrième chapitre la corrida sera traitée: l’historique à partir de l’Antiquité. Ensuite, nous parlerons de la corrida en Espagne à partir du XVe siècle jusqu’au XXe siècle, y compris le vote de la commune de Barcelone pour se déclarer ville anti-taurine en avril 2004. Après l’Espagne, nous parlerons de la corrida en France depuis le XVIIe siècle, avec entre autres la première loi de défense animale (1850) et l’«Action alinéa 3»: en 2004, on discute sur cet article qui détermine si la torture envers les animaux s’il agit d’une tradition reste autorisée ou non. Enfin, dans le dernier chapitre nous analyserons deux différentes traductions de français en néerlandais, la nôtre et celle de Jelger Bakker, sur la corrida en traitant les procédés de traduction de Vinay & Darbelnet et Van Willigen qui ont été appliqués dans les deux traductions. Nous consacrons une partie séparée aux procédés qui sont plutôt spécifiquement culturels. Finalement, nous rechercherons l’influence de la corrida sur le vocabulaire dans d’autres langues en prenant un certain nombre de termes espagnols et en étudiant les emprunts et traductions de ces termes dans six autres langues, dont le français et le néerlandais. Ces deux langues seront comparées plus en détail dans la dernière partie de ce chapitre.
Introduction
Dans ce premier chapitre de ce travail, nous commençons par définir la notion «traduction» qui est un de mots clés de ce mémoire. Nous ne parlons pas de la définition qu’on retrouve dans les dictionnaires, mais nous passons immédiatement aux définitions tirées des livres des linguistes ou scientifiques. Ensuite, nous étudions globalement les origines et le développement de la traduction jusqu’au XXe siècle pour avoir une idée plus complète de cette notion. Puis, nous traiterons quelques théories modernes de la traduction. Nous commencerons par une catégorisation générale de Mounin et ensuite par un classement de la «traductologie» d’après Holmes. Après ces deux théories ou catégorisations plutôt générales, nous étudierons Hönig & Kußmaul et Nord en ce qui concerne la didactique de la traduction et finalement nous parlerons de la critique de la traduction selon Reiß.
1.1. Qu’est-ce que la traduction? Quelques définitions
Nous savons tous globalement ce qu’on veut dire par «traduction» et «traduire».
Cependant, nous avons besoin de savoir ce que les linguistes entendent par «traduction»
La première définition que nous allons étudier est celle de Gideon Toury (1980 : 63):
Translation in the strict sense is the replacement of one message, encoded in one natural language, by an equivalent message, encoded in another language (cité par Reiß/Vermeer 1984 : 44).
Nous passons à une définition plus détaillée, celle d’Oettinger (1960 : 104). Il définit la «traduction» ainsi :
Translating may be defined as the process of transforming signs or representations into other signs or representations. If the originals have some significance, we generally require that their images also have the same significance, or, more realistically, as nearly the same significance as we can get. Keeping significance invariant is the central problem in translating between natural languages (cité par Van Leuven 1992 : 22).
Ici, la «traduction» est présentée comme un procédé de transformation de signes en d’autres signes. Cette définition est vraiment abstraite. Cependant, on mentionne également le problème central dans la traduction: «keeping significance invariant», ou bien veiller à ce que le sens reste pareil.
Enfin, une définition qui est générale mais moins abstraite que la précédente: Wilss (1977 : 72) parle de «Text» et non de «signs» contrairement à Oettinger :
Übersetzen ist (…) ein in sich gegliederter Vorgang, der zwei Hauptphasen umfaßt, eine Verstehensphase, in der der Übersetzer den ausgangssprachlichen Text auf seine Sinn- und Stilintention hin analysiert und eine sprachliche Rekonstruktionsphase, in der der Übersetzer den inhaltlich und stilistisch analysierten ausgangssprachlichen Text unter optimaler Berücksichtigung kommunikativer Äquivalenzgesichtspunkte reproduziert (cité par Van Leuven 1992 : 22).
En bref, la traduction est un procédé qui consiste en deux phases: une phase de compréhension du sens et style du texte et une phase de reconstruction où le contenu et le style seront reproduits dans la langue cible en tenant compte d’une certaine équivalence au niveau de la communication.
Après ces définitions dites «générales», nous parlerons de quelques définitions «spécialisées» qui parlent en même temps du rapport qu’elles ont avec la «culture».
Commençons d’abord par une définition brève:
Translation ist ein Informationsangebot in einer Zielkultur und deren Sprache über ein Informationsangebot aus einer Ausgangskultur und deren Sprache (Reiß/Vermeer 1984 : 105).
Deux ans plus tard, Hans Vermeer a adapté sa définition et celle-ci est plus détaillée:
Translation habe ich (…) definiert als ein Informationsangebot in einer Sprache z der Kultur Z, das ein Informationsangebot in einer Sprache a der Kultur A funktionsgerecht (!) imitiert. Das heißt ungefähr: Eine Translation ist nicht die Transkodierung von Wörtern oder Sätzen aus einer Sprache in eine andere, sondern eine komplexe Handlung, in der jemand unter neuen funktionalen und kulturellen und sprachlichen Bedingungen in einer neuen Situation über einen Text (Ausgangssachverhalt) berichtet, indem er ihn auch formal möglichst nachahmt (1986 : 33) .
Les premières phrases sont à peu près pareilles, mais dans la deuxième définition il s’agit également de la fonction du texte et de la traduction. Bornons-nous à dire que Vermeer adhère à la théorie de traduction qui est axée sur la fonction et le but (le «skopos[1]») de la traduction. De plus, il souligne que la traduction n’est pas une transformation simple d’une langue dans une autre, mais qu’elle est un travail complexe où il faut tenir compte d’une autre langue, culture et fonction et tout en respectant formellement le texte original. En somme, nous pouvons dire que cette définition comprend plusieurs caractéristiques.
Ensuite, nous étudierons une autre définition qui établit un lien avec la culture en disant que
Translation is one way of bringing two cultures into contact with each other. Since cultures differ, and to the extent that they differ, this contact will necessarily involve an integration of elements of one culture into another. The translator projects the source culture onto the target culture and finds that while there are areas where the two neatly match, there are also those where they do not match. This means that there are elements in the source culture that are absent from the target culture and the linguistic expressions for them in the source language are ‘lacunes’(Ivir : 137).
Ici, le but de la traduction est nettement montré, c’est-à-dire le but c’est d’intégrer des éléments spécifiquement culturels dans une autre culture. Le traducteur doit accomplir cette tâche extrêmement difficile.
Finalement, nous citons une définition étymologique donnée par Hillis Miller :
Translation : the word means, etymologically, «carried from one place to another», transported across the borders between one language and another, one country and another, one culture and another. This, of course, echoes the etymology of «metaphor». A translation is a species of extended metaphorical equivalent in another language of an «original» text (207).
Cette description semble simple, mais comprend en fait plusieurs éléments importants: le sens étymologique du mot expliquant en même temps ce que c’est que la traduction, c’est-à-dire: la traduction concerne non seulement deux langues, mais encore deux pays et donc deux cultures. De plus, on parle de la traduction étant une métaphore qui doit être adaptée à la culture cible.
Pour terminer cette partie, nous pouvons conclure que toutes ces définitions citées montrent que le concept «traduction» est très vaste et complexe. En outre, nous avons pu constater que la définition du mot «traduction» dépend du scientifique ou linguiste pour être plus précis, et de la théorie à laquelle il adhère. Maintenant, nous passons à l’historique de la traduction pour étudier globalement les débuts et le développement à travers les siècles.
1.2. L’historique de la traduction
De nos jours, l’anglais est la langue qui est souvent utilisée pour transmettre des messages d’une culture à une autre. Ainsi, on peut dire que l’anglais fonctionne comme «lingua franca», ce qui signifie que c’est une langue qui est «utilisée comme véhicule commun de communication par des gens de langues différentes»[2]. Cependant, dans l’Antiquité le latin vulgaire était la lingua franca des «milieux cultivés» en Europe jusqu’il y a trois siècles[3]. Dans cette partie, nous allons étudier le début et le développement (du besoin) de la traduction.
1.2.1. La traduction dans l’Antiquité et au Moyen Age
Dans l’Antiquité, on a parlé pour la première fois de «traduction» et on a également constaté que traduire n’est pas un processus facile: Cicéron a remarqué un siècle avant Jésus-Christ, en parlant de sa traduction Libellus de optimo genere oratorum[4], que le grand problème de traduction c’est le choix d’être fidèle aux mots du texte source ou d’être fidèle au contenu, ce qui signifie une traduction plus libre qu’on a appelé une belle infidèle. Il a opté pour la traduction libre dans laquelle il transmet le contenu et où il a maintenu les caractéristiques ; il a traduit non pas comme un traducteur (ut interpres), comme il l’a dit, mais comme un orateur (sed ut orator)[5]. Il ne trouvait pas nécessaire de remplacer tous les mots par de «nouveaux» mots. Le problème de la fidélité a été la question centrale pendant deux mille ans. Sa vision de la traduction était unique, non seulement à cette époque-là, mais encore de nos jours.
Le rôle de la traduction devient de plus en plus important, particulièrement grâce à la religion chrétienne qui se répandait rapidement. De plus, il y avait de plus en plus de textes latins littéraires qui avaient été traduits dans les langues romanes. Le premier texte littéraire français traduit est La Séquence de sainte Eulalie datant de 880/881[6], tandis que le premier texte écrit en «français» date de 842: Les Serments de Strasbourg[7]. Ce texte marque le début de la langue française, mais ce «français» n’est pas le français que nous connaissons actuellement: c’est l’ancêtre du français. Cependant, une description détaillée de l’évolution de la langue française dépasse le cadre de cette recherche; bornons-nous à l’importance et le développement de la traduction.
«Toledo» était la première école de traduction et a été fondée au XIIe siècle en Espagne. On traduisait déjà des textes latins, hébreux, grecs et arabes.
1.2.2. La traduction dans la Renaissance
Cependant, dans la Renaissance, on a adapté les critères d’une traduction: on parlait de «translatio» et de «traductio»[8]. Ces deux mots n’étaient pas pareils: «translatio» ou «translation» veut dire la transposition des objets ou symboles d’une langue à une autre, tandis que «traductio» ou «traduction» signifie plutôt la transposition du sens d’une certaine activité à une autre langue en adaptant ou en résumant. Les termes «transferre» et «translatio» datent du Moyen Age et indiquent le but de ces types de «traductions»: transmettre les mots d’une langue dans une autre langue. Cependant, quelques siècles plus tard, on réalisait qu’il s’agissait plutôt du contenu d’un texte et non pas des mots. Dans cette époque, il y avait deux facteurs qui contribuaient à l’amélioration de la position de la traduction:
1. L’invention du papier et de l’imprimerie (XVesiècle) contribuaient à la transmission du savoir. De cette façon, les textes traduits pouvaient être transmis aux autres langues et cultures beaucoup plus facilement, rapidement et de façon moins chère. Plus de lecteurs impliquait également plus de personnes qui ne savent pas lire le latin, de sorte qu’il y avait un grand besoin de traductions.
2. Pendant la Réforme, la religion chrétienne se répandait et gagnait du terrain en Europe, de sorte qu’on avait besoin de traductions de la Bible dans plusieurs langues. En outre, entre 1522 et 1534 Luther a traduit la Bible en allemand, ce qui était un sommet dans l’historique de la traduction. Luther soulignait également l’importance de traduire le sens d’un texte et non pas tout simplement les mots. De plus, il a dit qu’il faut bien comprendre un texte afin de pouvoir le traduire, c’est une exigence. En 1535, les calvinistes à Genève ont traduit la Bible de l’hébreu et du grec en français. Plus tard, la Bible a été traduite dans d’autres langues. Terminons en disant que dans la Renaissance, on a abandonné la tradition de traduction de mot à mot. De plus, le traducteur Peletier du Mans[9] au XVIe siècle a signalé les différences entre les cultures, ce qui voulait dire qu’il fallait en tenir compte.
1.2.3. La traduction de l’époque classique jusqu’au XXe siècle
La traduction à l’époque classique a été dominée par une caractéristique culturelle: le goût français. Ce goût a influencé le type de traduction, c’est à dire la belle infidèle, influencé par le «Rationalisme universel». En outre, le contenu des traductions n’a pas été contrôlé et on était d’avis que ce n’était pas grave tant qu’on n’avait pas accès aux originaux. Au Moyen Age, on exaltait les langues classiques en trouvant que ces langues sont parfaites, tandis qu’on trouvait les langues modernes faibles. A l’époque classique, on partageait toujours cet avis en trouvant que le français est insuffisant et que la traduction fonctionne comme un exercice de perfection de la langue en y ajoutant les éléments qui manquaient: «Unsere Sprache ist nur eine Legierung und sie muß durch Bearbeitung gezähmt werden» et «Die Übersetzer lassen sich von der Unzulänglichkeit unserer Sprache entmutigen»[10].
Cependant, il y avait un mouvement au XVIIe et XVIIIe siècles qui était moderne et qui voulait évoluer, ce qui a déclenché une querelle qui s’appelle «La Querelle des Anciens et des Modernes»[11]. Les Anciens s’opposaient au progrès, voulaient préserver les traditions et admiraient les Classiques, tandis que les Modernes stimulaient tout progrès et voulaient changer le monde, l’adapter aux changements, au goût moderne et aux idées nouvelles et s’opposaient à toutes les traditions. Cela va de soi que les langues latines et françaises étaient l’objet d’une discussion: les Anciens voulaient protéger le latin, tandis que les Modernes stimulaient l’usage de la langue française. C’est logique, car la plupart des Modernes ne savaient ni lire ni écrire les langues classiques. D’ici venait pour eux donc le besoin de traduire en français. De plus, ils voulaient tout moderniser en mettant en prose les textes antiques en vers, ce qui impliquait également une traduction. La querelle entre ces deux a ainsi influencé le monde de la traduction. En outre, il y avait un événement important dans ce monde qui s’appelle «la querelle d’Homère»[12]: Houdar de la Motte a traduit L’Iliade d’Homère en vers sur la base de la traduction en prose de Madame Dacier, quelques années plus tôt, et il a abrégé le texte et l’a ainsi adapté aux goûts modernes. D’après les Modernes, l’important c’est le contenu et non les mots.
A l’époque romantique, les langues nationales sont devenues plus importantes et on commençait à s’intéresser aux autres langues et cultures, de sorte qu’on avait besoin de traductions afin de les faire connaître. Le «goût français» n’est plus longtemps le seul goût: il y a plusieurs goûts possibles et ils entraient également dans la culture française. Les belles infidèles ne sont plus assez belles et idéales: on traduisait plutôt mot à mot et on trouvait également que la fidélité au texte source est précieuse. En effet, à l’époque romantique on rêvait des cultures lointaines, donc on n’avait pas besoin de traductions «adaptées» à la culture cible. On préférait des traductions qui respectaient le contenu et la forme de l’original et qui étaient moins «élégantes».
Tout ceci prouve que le monde de la traduction a été très dynamique. Ces différentes idées et théories nous ont amenée au XXe siècle. Ce siècle a été un grand siècle pour la traduction: les idées des siècles précédents ont été approfondies et d’autres théories et points de vue ont été lancés. Nous reviendrons sur le XXe siècle sous le point 1.3 en parlant des différentes théories actuelles de la traduction.
1.3. Quelques différentes théories modernes de la traduction
Comme nous avons pu le constater dans la partie précédente, il existe différentes façons de considérer la traduction. Dans cette partie, nous allons étudier un certain nombre de théories du XXe siècle.
1.3.1. Deux groupes générales de traduction d’après Mounin
Mounin (1967 : 52) distingue deux grands groupes de traduction:
1. Groupe de traduction qui adapte le texte à la culture cible en traduisant de façon naturalisée, de sorte que le lecteur pense lire un texte original, comme les belles infidèles. Mounin: «Übersetzungen dieser Gruppe würden also das Werk wiedergeben, ohne ihm das Kolorit seiner Originalsprache, seiner Zeit und seiner Kultur zu erhalten. Es wären Übersetzungen nach der Definition, die Gogol vom Übersetzer gab: «Er muß ein so transparentes Glas werden, daß man kein Glas vermutet». On «naturalise» le texte. On perd l’originalité de l’original donc en échange de l’originalité de la langue cible. Mounin (1967 : 53) critique ce mouvement en disant que le traducteur doit parfois traduire l’atmosphère du texte pour le naturaliser, mais sans la transmission de l’odeur de la culture source. D’après Mounin, le traducteur crée une grande distance.
2. Groupe de traduction qui traduit mot à mot, de sorte que le lecteur pense lire un texte étranger par rapport à la morphologie, sémantique et stylistique. Gogol (Mounin1967 : 53): «Übersetzungen dieser Gruppe wären das Gegenteil jener so durchsichtigen Gläser : Wiewohl sie in der neuen Sprache ganz einwandfrei geschrieben sind, könnten wir das Kolorit der Sprache, des Jahrhunderts und der Kultur des Originals nicht übersehen. Sie würden Gläser gleichen, die zwar ebenso transparent sind wie jene, aber gefärbt». On peut l’appeler un «exotisme»[13]. L’inconvénient c’est que le texte semble un peu «étrange», ou «bizarre» ou même incompréhensible au lecteur de la langue cible.
1.3.2. Le classement de la traductologie d’après Holmes
Sous le point 1.2. nous avons parlé du «monde de la traduction» pour indiquer les différentes théories et idées à travers les siècles. Au XXe siècle une nouvelle science est née petit à petit. Cependant, notre propos n’est pas d’examiner les origines de cette science. Ce qui nous intéresse plutôt sont les différentes théories appartenant aux différents mouvements. Appelons cette nouvelle science «traductologie» (terme créé par Brian Harris, 1972)[14].
En 1972, James Holmes parle, dans son essai The Name and Nature of Translation Studies, de la «traductologie», également appelée la «théorie de la traduction» et la «science de la traduction» (1972: 69). Nous utiliserons le terme de «traductologie» et nous suivrons la catégorisation des théories de la traduction d’Holmes. Il dit que la discipline empirique de la traductologie se divise en deux catégories: la première catégorie est de caractère théorique: elle s’occupe des recherches scientifiques et non de l’application pratique. La deuxième catégorie s’occupe des recherches pratiques. Nous étudierons ces deux catégories de près sous les paragraphes suivants.
Au sein de la catégorie des recherches scientifiques théoriques ou de la traductologie théorique, Hempel (1967: 1) parle des deux buts de celle-ci: «(…) to describe particular phenomena in the world of our experience and to establish general principles by means of which they can be explained and predicted» (cité par Holmes 1972: 71). On peut en conclure que cette science est de caractère descriptif et théorique. Holmes distingue ici le caractère descriptif et théorique. D’après lui, le but de la traductologie descriptive est ainsi à définir: «to describe the phenomena of translating and translation(s) as they manifest themselves in the world of our experience (…)», tandis qu’il définit la traductologie théorique ainsi:«to establish general principles by means of which these phenomena can be explained and predicted» (ibid. : 71).
Au sein de la traductologie descriptive Holmes distingue trois catégories s’occupant toutes d’un autre aspect de la traduction: 1. la recherche qui vise au produit. Ici, on décrit les caractéristiques des traductions existantes. Le but est de savoir quelles sont les normes et stratégies des traducteurs de tous les temps et cultures. 2. la recherche qui vise à la fonction. Dans cette discipline, on décrit les fonctions des textes dans les cultures cibles. Ici, on s’intéresse plus au contexte qu’au texte. On voudrait entre autres savoir quels textes ont été traduits vers le néerlandais dans une certaine période et dans quelle mesure ils ont influencé la production des textes normaux. De plus, on s’intéresse à savoir quelle est l’influence de l’introduction des nouveaux genres et techniques sur la littérature, ce qui est souvent grâce aux traductions. 3. la recherche qui vise au processus. Dans ce domaine, on cherche tout simplement à savoir ce qui se passe dans la tête d’un traducteur. Ce processus est très complexe et ce domaine appartient plutôt à la psychologie ou psycho-linguistique.
La traductologie théorique fonctionne surtout à la base des résultats de la recherche descriptive et ainsi on cherche des principes, modèles et théories pour pouvoir comprendre et expliquer la traduction en général et le processus de traduction. Le but final de ce type de recherche c’est de faire une théorie universelle de la traduction, ce qui signifie une théorie qui comprend et explique tous les phénomènes en matière de traduction. Holmes doute de cette possibilité. Holmes distingue six «partial translation theories» (ibid.: 74) au sein de la traductologie théorique: 1. les théories «medium-restricted», telles que les théories parlant de la traduction humaine (traduction orale et écrite) et automatique ou de ces deux ensemble. 2. les théories«area restricted»: ces théories sont limitées aux langues et cultures. 3. les théories «rank-restricted» concernent les mots, les phrases ou tout le texte. 4. les théories «text-type restricted» traitent le problème de la traduction des types de textes spécifiques ou genres. 5. les théories «time-restricted»: théories traitant de la traduction des textes modernes et des textes anciens. 6. les théories «problem-restricted»: théories dans lesquelles on parle des problèmes généraux ou plus spécifiques au niveau de la traduction.
En terminant ces deux types de recherches théoriques, nous pouvons conclure qu’il y a une corrélation entre la traductologie descriptive et théorique et qu’elles doivent toujours être en contact afin d’entretenir la corrélation. Passons maintenant aux recherches pratiques.
Au sein des recherches pratiques ou de la traductologie appliquée, Holmes a fait quatre catégories: la didactique de la traduction, les outils de traduction, la politique de la traduction et la critique de la traduction. Nous allons étudier ces quatre catégories un peu plus. Cependant, d’abord un petit mot en général concernant ce type de recherche. Ces recherches sont très pratiques et seront donc utiles aux étudiants et aux traducteurs (débutants). D’après Snell-Hornby (1986 : 12) le but d’une théorie de la traduction est:
Ziel einer Theorie des Übersetzens müßte es sein, nicht nur den Übersetzungsvorgang zu reflektieren, sondern auch dem Übersetzer einen Bezugsrahmen zu geben, der letzten Endes zu besseren Übersetzungen führt.
Tout d’abord, la didactique de la traduction. Elle est appelée «for the time being, at least, the major area (…)» des recherches pratiques (Holmes1988 : 77)[15]. Depuis les années soixante, il y a des écoles de traduction partout en Europe, d’où l’importance de cette catégorie. On avait besoin de bonnes méthodes pour l’enseignement, ceci vaut toujours. Nous reviendrons sur la didactique de la traduction en parlant de Hönig et Kußmaul (1.3.3.) et de Nord (1.3.4.).
La deuxième catégorie, celle des outils de traduction, a également un rapport avec la didactique, puisqu’on développe des outils qui doivent être utiles non seulement aux étudiants, mais encore aux traducteurs. Ce qu’on veut dire par «outils», ce sont en premier lieu les outils lexicographiques et terminologiques et en deuxième lieu les livres de grammaire. Souvent, ces outils ne sont pas très utiles aux traducteurs, car ils sont écrits au profit de l’acquisition d’une deuxième langue.
Ensuite,la politique de la traduction a son importance, ce qui veut dire qu’on définit le rôle et le lieu des traductions, traducteurs et on détermine par exemple quels travaux doivent être traduits dans une certaine situation socio-culturelle et quel rôle doit jouer la traduction dans l’enseignement des langues étrangères.
Enfin, la critique de la traduction est importante: ici, on s’occupe du développement des méthodes avec lesquelles on peut critiquer les traductions d’une façon objective et utile. Il y a un lien étroit avec la didactique, parce que dans l’enseignement on a besoin de bonnes méthodes afin de pouvoir critiquer les traductions faites par les étudiants. Nous reviendrons sur la critique de la traduction dans 1.3.5. en parlant de Reiß.
Finalement, nous pouvons également constater ici qu’une corrélation non seulement entre ces quatre types mais également entre les recherches théoriques et pratiques est nécessaire, ce qui peut être illustré par une citation d’Holmes (1988 : 78-79)[16]:
(…) descriptive, theoretical and applied translation studies have been presented as three fairly distinct branches of the entire discipline, and the order of presentation might be taken to suggest that their import for one another is unidirectional (…) In reality, of course, the relation is a dialectical one, with each of the three branches supplying materials for the other two, and making use of the findings which they in turn provide it (…) In view of this dialectical relationship, it follows that (…) attention to all three branches is required if the discipline is to grow and flourish.
Traitons maintenant quelques grands noms de grands scientifiques de la deuxième catégorie d’Holmes: les recherches pratiques.
1.3.3. La didactique de la traduction : Hönig et Kußmaul
Le premier nom appartenant aux recherches pratiques ou à la traductologie appliquée (en précisant la didactique de la traduction) que nous allons traiter sont en fait deux noms: Hans Hönig et Paul Kußmaul. Commençons d’abord par une citation qui illustre leur opinion de la didactique de la traduction dans l’enseignement:
Überspitzt ausgedrückt stellt sich die Situation (…) folgendermaßen dar: Die Studenten übersetzen einen Text, den sie nicht verstehen, für einen Adressaten, den sie nicht kennen. Und das Produkt ihrer Bemühungen wird nicht selten von einem Dozenten beurteilt, der weder praktische Erfahrungen als Übersetzer noch theoretische Kenntnisse in der Übersetzungswissenschaft besitzt (1982: 28).
Ces deux scientifiques critiquent donc nettement l’enseignement de la traduction en décrivant la façon dont la traduction est enseignée dans les écoles de traduction.
Leur livre Strategie der Übersetzung. Ein Lehr- und Arbeitsbuch (1982) est un livre important et pratique. Les mots clés sont: «communication» et «acte» Ce livre est un vrai manuel en premier lieu pour les étudiants de traduction et se compose de deux parties «Das heilige Original» (dans cette partie on aide à développer une stratégie de traduction en considérant le texte comme un acte de communication) et «Der andere Text» (ici, on montre l’application de la stratégie à différents niveaux linguistiques. Le dernier chapitre est une réflexion sur la critique de la traduction et le rôle de l’enseignement de la traduction). Le but principal du livre est de développer une compétence en traduction. Cependant, les deux auteurs affirment qu’aucun traducteur ne maîtrisera jamais complètement une langue étrangère. De plus, faire une traduction sans fautes sera presque impossible. Un traducteur compétent est un traducteur qui est conscient de l’effet de la traduction sur le lecteur: «Die übersetzerische Leistung ist an der Wirkung zu messen, die der Übersetzer mit seinem (…) Text bei seinen Adressaten erzielt» (1982 : 12). Le concept «übersetzerische Kompetenz» est ainsi défini: «Die Übersetzung als Text und den Empfänger als Adressaten genau so ernst zu nehmen, wie wir das bei jedem Verfasser eines Textes voraussetzen» (ibid.: 12).
Hönig et Kußmaul critiquent la qualité de beaucoup de traductions, telles que les modes d’emploi qui sont souvent vite traduits avec beaucoup d’erreurs entre autres par manque de temps et de bons traducteurs. Ils critiquent en même temps la distance entre la théorie et la pratique de la traduction et le fait qu’on ne prend pas les stratégies de traduction au sérieux. Pour améliorer la qualité des traductions, on a besoin d’une stratégie qui vise à la solution des problèmes de traduction. Ils signalent que le traducteur a besoin d’une fondation scientifique et que le scientifique par contre a besoin d’un peu d’expérience pratique. Hönig et Kußmaul essaient de faire le pont entre la théorie et la pratique en mêlant quelques théories à une stratégie de traduction.
De plus, ils considèrent la traduction en particulier comme un acte de communication entre le destinateur et le(s) récepteur(s): le traducteur doit avoir un certain but et pour l’atteindre il doit tenir compte des besoins du récepteur. Il fait cela avec une certaine stratégie. S’il ne le fait pas, la communication n’atteindra pas son but. Ceci est exactement ce qu’ils reprochent à l’enseignement: les étudiants doivent tout d’abord lire attentivement le texte et ensuite le traduire correctement en «langue X». On ne parle pas du but et de la fonction du texte, du public cible et des stratégies à appliquer. Le processus de traduction est isolé de son contexte communicatif. Hönig et Kußmaul sont d’avis que les étudiants doivent apprendre à placer la traduction dans son contexte communicatif. Pour y arriver ils doivent d’abord fixer le but, la fonction et le public cible de la traduction avant de commencer à traduire. Puis, les étudiants peuvent choisir leurs stratégies.
Hönig et Kußmaul distinguent deux stratégies: dans la première stratégie on cherche à atteindre la «Funktionskonstanz», ce qui veut dire que la fonction du texte source est gardée, et dans la deuxième on cherche à atteindre la «Funktionsveränderung» (ibid.: 40), ce qui signifie qu’on change la fonction dans la traduction. La dernière stratégie peut entraîner de grands déplacements dans le texte au niveau syntaxique, sémantique et stylistique.
Finalement, ces deux scientifiques estiment que les étudiants en traduction doivent apprendre qu’est-ce que le «notwendiger Grad der Differenzierung» et l’appliquer dans les traductions. Ce «Grad» veut dire que les étudiants ne doivent pas se demander s’ils doivent traduire littéralement ou plutôt librement; ils doivent par contre se poser la question: «Wie differenziert muß ich an dieser Stelle sein, um mein kommunikatives Ziel zu erreichen?» (ibid.: 63). Ceci joue par exemple un rôle dans la traduction des éléments culturels, où l’on peut se demander dans quelle mesure il faut adapter un certain nom ou concept à la langue cible.
Dans la deuxième partie de leur livre, ils parlent des problèmes aux différents niveaux linguistiques, tels que pragmatique, sémantique et syntaxique. Le terme « notwendigerGrad der Differenzierung» joue un rôle central, parce que tous les problèmes de traduction doivent être considérés par rapport à l’effet de la traduction sur le lecteur et au but de la traduction déterminé par le traducteur.
Concluons en disant que Strategie der Übersetzung est un Lehrbuch très pratique au profit des étudiants en traduction en premier lieu. Le livre prête d’une part attention à la théorie et d’autre part à la pratique où l’on donne des directives théoriques afin de développer une stratégie de traduction et où l’on étudie dans quelle mesure la stratégie peut aider à donner une solution aux problèmes de traduction.
1.3.4. La didactique et la fonctionnalité de la traduction: Nord
La deuxième chercheuse, avec sa théorie importante que nous allons étudier est Christiane Nord. Son travail Textanalyse und Übersetzen (1988) appartient au même mouvement (Neuorientierung[17]) que celui d’Hönig et Kußmaul et a les termes «fonction», «skopos[18]», «communication» et «acte» comme mots clés. Son but est de développer un modèle d’analyse de texte qui est important pour la traduction, autrement ditun modèle qui aide le traducteur à comprendre le texte en cherchant les caractéristiques spécifiques par rapport à la fonction du texte et à la fonction de la traduction. Ce modèle peut être appliqué à tous les types de textes et à toutes les langues. Le public cible qui peut utiliser ce modèle est en premier lieu les étudiants et professeurs en traduction et en deuxième lieu les traducteurs professionnels. Nous étudierons le cadre dans lequel ce modèle peut être utilisé en ensuite nous parlerons un peu de ce modèle sur le plan du contenu.
Pour Nord, le skopos ou la finalité du texte est le point de départ. Chaque texte est créé dans un certain lieu, dans un certain moment et dans une certaine situation. Chaque texte est donc lié à ces éléments. De plus, un texte exige au moins deux «Kommunikationspartner welche in der Lage sind und die Absicht (Intention) haben, miteinander zu einem bestimmten Zweck zu kommunizieren» (1988: 13). Le texte est le moyen de communiquer et la fonction du texte c’est de réussir à réaliser le but de la communication. Selon Nord, le texte est le résultat d’une action communicative liée à une situation.
De plus, la traduction est également considérée comme le résultat d’une action communicative liée à une certaine situation. Cette action est le processus de traduction. Les facteurs qui ont une position importante sont le destinateur (mandant) ou, par rapport à une traduction l’initiateur, et le producteur (écrivain) du texte source, ou le traducteur du texte cible. Ces deux peuvent concerner une seule personne, mais ceci est moins souvent ainsi dans le cas d’une traduction. Cependant, cette distinction est importante, parce que l’intention du destinateur n’est pas toujours la même que celle du producteur du texte ou de la traduction. Puis, Nord distingue différents récepteurs. D’après Nord, le traducteur est le récepteur du texte source, tandis qu’il n’est pas le récepteur officiellement visé. Nord distingue aussi les récepteurs de la traduction: il faut adapter la traduction au niveau du public cible. Ce qui est important de ce cadre, c’est le rôle de l’initiateur: l’initiateur détermine le but (le «skopos») de la traduction et ce skopos détermine le contenu de la traduction. En bref, c’est la fonction de la traduction déterminée par l’initiateur qui est le moteur du processus de traduction: «Die Translatfunktion ergibt sich also keineswegs mehr oder weniger automatisch aus der Ausgangstextanalyse, sondern ist vielmehr pragmatisch vom Zweck der transkulturellen Kommunikation her zu definieren» (1988: 9). L’exigence la plus importante est la «Funktionsgerechtigkeit» (ibid.: 32), mais le traducteur doit également être loyal au texte source. D’après Nord, la qualité d’une traduction dépend de la mesure dans laquelle l’intention de l’initiateur ou producteur correspond avec le skopos de la traduction. Cependant, cette compatibilité entre l’intention du texte source et la fonction du texte cible est culturellement liée.
En résumé, l’analyse du texte source doit, selon Nord, aider le traducteur à déterminer dans quelle mesure l’intention du texte source correspond avec la fonction du texte cible. Ensuite, le traducteur peut déterminer quels éléments du texte source doivent être empruntés et lesquels doivent être adaptés et de quelle façon.
Un petit mot encore concernant le contenu du modèle. Nord distingue les facteurs à l’extérieur du texte (destinateur/producteur, récepteur(s), intention, média, lieu, temps, motif et fonction) des facteurs à l’intérieur du texte (thématique, contenu, présuppositions, structure, illustrations, vocabulaire, grammaire, ton et effet sur le lecteur). Tous ces facteurs sont traités dans le détail avec des questions et on peut indiquer s’il y a une corrélation avec d’autres facteurs à l’extérieur et à l’intérieur du texte. Nord a défini ces facteurs dans une formule:
«WER soll WOZU WEM über WELCHES MEDIUM WO WANN WARUM einen Text mit WELCHER FUNKTION übermitteln? WORÜBER soll er WAS (WAS NICHT) in WELCHER REIHENFOLGE unter Einsatz WELCHER NONVERBALEN ELEMENTE in WELCHEN WORTEN in WAS FÜR SÄTZEN in WELCHEM TON mit WELCHER WIRKUNG sagen? (ibid. : 170).
Cette formule est très pratique et facile à appliquer sur l’analyse du texte source. Le traitement de cette formule par contre dépasse un peu notre description.
En terminant, nous pouvons constater que Nord a réalisé un modèle très pratique à utiliser en premier lieu par les étudiants en traduction. Ce modèle est à appliquer dans tous les types de textes. Ce modèle systématique vise à rendre l’enseignement plus systématique, pratique et rationnel. Cependant, Van Leuven (1992: 123) critique le livre en disant qu’il est difficile à lire par rapport au livre d’Hönig et Kußmaul, étant donné qu’elle écrit souvent de longues phrases compliquées et qu’elle traite la théorie sur laquelle elle a basé son modèle de façon très détaillée. De plus, il y a quelques années, nous avons appliqué la formule de Nord pour rechercher et comparer la langue de spécialité de quelques textes au niveau médical[19]. A l’aide de Nord, nous avons analysé les textes. Cette méthode nous a paru très détaillée (chaque facteur comprend un nombre de questions détaillées et quelques-unes renvoient chaque fois aux autres facteurs). L’avantage c’est qu’on aura ainsi une idée très détaillée du texte, c’est-à-dire du producteur, du récepteur, de la fonction, etc. L’inconvénient c’est qu’il y avait un nombre de questions qui se ressemblent trop, ce qui était compliqué et parfois double. Cependant, le but de Nord est de bien pouvoir déterminer le skopos d’un texte. Pour déterminer le skopos, il faut entre autres savoir quel est l’initiateur, le motif, le public, etc. Elle y a bien réussi avec sa méthode très détaillée, mais nous partageons ce que Van Leuven a dit là-dessus en disant qu’elle n’est pas facilement à appliquer. D’après Nord, le traducteur sera capable à l’aide de cette méthode de comprendre le texte en cherchant les caractéristiques par rapport à la fonction du texte et de la traduction. De plus, le traducteur peut déterminer dans quelle mesure l’intention du texte source correspond avec la fonction du texte cible. Cette méthode vise donc à la fonction du texte source et à celle de la traduction. Elle aide donc à trouver cette fonction et à la garder dans la traduction par exemple, mais elle n’aide pas à traduire un texte correctement en résoudrant les problèmes de traduction, donc à notre avis l’application de cette méthode est, par rapport à notre traduction y comprise les problèmes, beaucoup trop limitée.
1.3.5. La critique de la traduction: Reiß
La troisième personne dont nous voulons parler est Katharina Reiß. Reiß appartient à la catégorie de la critique de la traduction au sein de la traductologie appliquée. Son travail Möglichkeiten und Grenzen der Übersetzungskritik (1971) était le premier qui a systématisé la problématique compliquée des recherches au niveau de la critique de la traduction. La critique de la traduction ne peut qu’être faite par quelqu’un qui maîtrise la langue source et cible. Ceci implique en même temps qu’on ne peut pas critiquer une traduction sans le texte source.
Dans son travail, elle essaie de développer un nombre de critères afin d’évaluer la qualité d’une traduction. Ces critères doivent satisfaire à deux conditions: ils doivent être objectifs et «sachgerecht» (1971: 13). Pour elle c’est la seule possibilité de mettre fin à la manière subjective, peu satisfaisante et souvent injuste dont on juge souvent les traductions. Critères «objectifs» signifie qu’on doit les vérifier et contrôler (ibid.: 12). Le critique est donc obligé de bien motiver son jugement et de l’illustrer avec des exemples. «Sachgerecht» veut dire que les traductions doivent être jugées sur la qualité en tant que traduction et non sur d’autres caractéristiques (littéraires, scientifiques, etc.). L’important, c’est que le contenu du texte source doit être transposé dans la traduction. On critique donc de façon objective la mesure dans laquelle ce message a été transposé. Ceci implique également encore qu’il faille toujours juger la traduction en la comparant avec le texte source.
Reiß fait une distinction entre deux types de traductions: «Übersetzungen» et «Übertragungen». Dans le cas d’une «Übersetzung», il faut que le traducteur joue un rôle secondaire par rapport à l’auteur du texte source. De plus, il faut qu’il maintienne la fonction et les caractéristiques du texte source le plus possible. Concernant les « Übertragungen» par contre, le traducteur a plus de liberté, car il ne doit pas strictement observer le texte source: les «Übertragungen» remplissent une «spezielle Funktion» (ibid.: 93) ou elles sont faites pour un «speziell intendierten Leserkreis» (ibid.: 93). Dans ce dernier cas, les critères ont été faits par la nouvelle fonction ou les nouveaux lecteurs. Reiß prête le plus d’attention aux «Übersetzungen».
Reiß est d’avis qu’on a besoin du texte original pour faire une comparaison avec la traduction et pour pouvoir comparer et juger la qualité de la traduction, il faut des critères objectifs. Avant de juger la traduction, elle trouve qu’il faut commencer par analyser et critiquer le texte source. Elle prête beaucoup d’attention à l’analyse du texte source.
Pour analyser le texte source Reiß distingue trois catégories:
1. littéraire: le type de texte du texte source est déterminé. Reiß distingue trois fonctions: «Darstellung» (fonction référentielle),«Ausdruck» (fonction expressive) et «Appell» (fonction appellative). (ibid.: 32). Elle distingue encore trois types de textes: «inhaltsbetonte» (la fonction référentielle domine, l’accent est mis sur l’information donnée), «formbetonte» (la fonction expressive domine, les caractéristiques formelles et linguistiques sont plus importantes que le contenu) et «appellbetonte» (la fonction appellative domine) (ibid.: 34).
2. linguistique: on recherche les caractéristiques linguistiques; les «innersprachlichen Instruktionen» (ibid.: 54 et autres) qui doivent être respectées par le traducteur aussi bien que le critique et qui se trouvent à quatre niveaux: sémantique (l’équivalence au niveau du contenu entre le texte source et la traduction est l’exigence principale pour le traducteur et ainsi le critère de jugement principal), lexical (le critère de l’«Adäquatheit » vaut ici: le choix du vocabulaire doit être correct), grammatical («Korrektheit» joue ici le rôle primordial: les règles grammaticales doivent être correctes) et stylistique (le critère de la «Korrespondenz» est appliqué: les caractéristiques stylistiques du texte source doivent correspondre avec celles de la traduction).
3. pragmatique: les caractéristiques non linguistiques seront analysées; les «außersprachlichen Determinanten». D’après Reiß, ces derniers doivent toujours être recherchés en correspondance avec les «innersprachlichen Instruktionen», car «Gerade sie sind es nämlich, die oft erst die Entscheidung darüber ermöglichen, ob die gefundenen Äquivalente nicht nur potentieller, sondern optimaler Art sind» (ibid.: 69). Ici, elle distingue également sept facteurs: «die engere Situationsbezug» (le contexte micro-structurel), «Sachbezug» (de ce dont on parle dans le texte), le troisième facteur est le temps où le texte est fait ou auquel il renvoie, le quatrième est le lieu (on renvoie aux realia), le cinquième concerne les récepteurs du texte source, le sixième est l’idiolecte de l’auteur du texte source et finalement les «affektive Implikationen»(les moyens linguistiques qu’on utilise pour exprimer l’ironie, l’humour, etc.). Reiß trouve que ces «Determinanten» doivent le plus possible être traduits ou transmis dans la traduction et ceci détermine la qualité.
Concernant les «Übertragungen», Reiß dit entre autres que ces traductions sont faites pour un certain public ou ont une fonction spéciale (telles que des résumés, traductions de la Bible, etc.). C’est au critique de rechercher dans quelle mesure la traduction correspond aux exigences inhérentes à la fonction spéciale ou au public spécial. De plus, elle conseille aux traducteurs de nommer la fonction et le public cible pour éviter que le critique ne lui reproche d’être négligent ou ignorant.
Finalement, Reiß avoue qu’il est difficile d’être subjectif dans le jugement d’une traduction. La seule chose que le critique puisse faire, c’est de bien motiver et prouver son jugement en montrant des exemples.
Il n’est pas étonnant que le travail de Reiß ait influencé la théorie du Skopos de Vermeer (1986) et au mouvement «Neuorientierung» (voir note 17) étant donné qu’elle était la première qui a écrit sur la critique de traduction. Son travail par contre a été critiqué par d’autres, mais cela dépasse notre cadre.
Conclusion du chapitre
Maintenant nous avons globalement vu comment est née la traductologie moderne en étudiant l’historique et le rôle de la traduction à travers les siècles à partir de l’Antiquité jusqu’à de nos jours. Au XXe siècle, la traduction est devenue une vraie science. Nous avons d’abord étudié un nombre de définitions de la notion de «traduction» et nous avons parlé de quelques théories au niveau de la traductologie appliquée.
Nous avons souvent rencontré le mot «culture» au niveau de la traduction. Ce mot joue un rôle clé dans la traduction. Passons maintenant au chapitre 2 qui parle de la culture, en général et plus spécifique.
Introduction
Dans ce chapitre, nous essaierons de montrer ce qu’est «culture» à l’aide de quelques définitions, entre autres de Geert Hofstede sur qui nous reviendrons. Ensuite, dans la deuxième partie, nous ferons une typologie des cultures du monde entier et après nous donnerons globalement une description d’un nombre de cultures au niveau mondial selon quatre dimensions à l’aide de la recherche IBM effectuée par Hofstede. Enfin, nous y prenons la France, les Pays-Bas et l’Espagne pour les comparer un peu plus en détail.
2.1. Qu’est-ce que la culture ? Quelques définitions
Le terme «culture» est une notion connue et utilisée par tous, mais qui demande à être définie de façon plus spécifique dans le cadre de ce travail.
Dans la premièredéfinition de Le Vine (1984) (cité par Beth Haslett 1989: 20)
An inherited system of ideas that structures the subjective experience of individuals
le concept «culture» est considéré comme un «système». Ce système se compose d’idées. Concernant ces idées, on dit qu’elles sont subjectives et le résultat de l’expérience de l’individu ou d’un groupe d’individuels.Le concept «culture» semble donc être personnel. Cependant, cette définition est un peu vague et courte, car on ne sait pas ce qu’on veut dire concrètement par «system of ideas». Nous avons besoin d’une explication concrète des termes appartenant à un système culturel. Nous y reviendrons en parlant de la définition de la culture d’Hofstede plus bas.
Etudions ensuite une autre définition, celle de Lefevere (1992: 8):
When we speak of «a culture» or «the receiving culture », we would do well to remember that cultures are not monolithic entities, but that there is always a tension inside a culture between different groups, or individuals, who want to influence the evolution of that culture in the way they think best.
Cette description est différente de la précédente lorsqu’elle précise que «culture» est en fait la culture cible («receiving culture»), la culture quireçoit le texte traduit. L’adjectif «subjective» de la première définition correspond aux mots«tension between (…) different groups, or individuals (…) influence (…) think best», ce qui veut dire que la notion «culture» est personnelle, subjective et changeante. Les caractéristiques dans la définition portent sur une seule culture, autrement dit au sein d’une culture, il y a des individus qui sont différents et essaient d’influencer «la culture commune». Cependant, ce qui manque dans cette définition est le vrai sens du mot «culture». Concernant ce mot, on dit seulement que les cultures ne sont pas des «monolithic entities», mais maintenant on ne sait pas encore exactement ce qu’est la culture. Nous reviendrons sur les «different groups or individuals» en étudiant Hofstede.
Passons maintenant à la définition de la notion culture par Geert Hofstede ; la deuxième partie de sa définition est d’origine anthropologique. Il distingue deux types de culture et les appelle «culture 1» et «culture 2»:
1. het oefenen of verfijnen van de geest; beschaving. 2. de collectieve mentale programmering[20] die de leden van één groep of categorie mensen onderscheidt van die van andere. Dit is het antropologische cultuurbegrip (1991: 332)
et plus loin il ajoute que la culture
(…) betekent (…) met name de vruchten van een bepaalde beschaving, zoals onderwijs, kunst en literatuur. Dit is «cultuur in engere zin» (…) «cultuur één» (…) In de antropologie is «cultuur» een trefwoord voor al die patronen van denken, voelen en handelen (…) «Cultuur 2» omvat niet alleen activiteiten die geacht worden de geestelijke beschaving te bevorderen, maar ook gewone en alledaagse zaken zoals groeten, eten, het al dan niet tonen van gevoelens, het bewaren van een zekere fysieke afstand tot anderen, het bedrijven van de liefde of het verzorgen van het lichaam (ibid.: 15).
Pour nous, la deuxième description de «culture» est la plus intéressante, parce que celle-ci comprend plus d’éléments et signale qu’il y a des différences entre les groupes qui se distinguent, tandis que la première est générale. Cette définition anthropologique peut également être utilisée dans notre travail plutôt linguistique.
D’après Hofstede, les cultures se manifestent de quatre manières: symboles (mots, gestes, dessins ou objets, comme les mots d’une langue ou d’un jargon, vêtements, coiffure, Coca-Cola, drapeaux, symboles de prestige), héros (personnages vivants ou morts, fictifs ou réels qui ont de bonnes caractéristiques et qui sont ainsi le type comportemental, mêmes les figures de fantaisie comme Batman et Astérix), rituels (activités collectives qui sont techniquement superflues pour atteindre le but, mais essentielles de façon sociale dans une culture, comme le salut, le respect envers l’autre, cérémonies sociales et religieuses) et valeurs («elles forment un modèle de comportement indélébile qui s’imprime en nous. Les valeurs définissent le bien et le mal, le propre et le sale, le beau et le laid, le naturel et ce qui est contre nature, la norme et l’anormal, le rationnel et l’irrationnel, le cohérent et l’insensé»[21]. Les valeurs forment le cœur de la culture.
Enfin, Hofstede parle des différents niveaux de culture. Il dit que chaque individu appartient à plusieurs groupes et catégories en même temps, ce qui entraîne des différences entre eux. Il distingue entre autres: niveau national (dans le cas de migration), niveau régional/ethnique/religieux/linguistique (dans un pays, il y a plusieurs niveaux culturels), le sexe (les femmes par exemple ne sont jamais des symboles ou des figures héroïques), la génération (il y a des différences entre les grands-parents, parents et (petits-)enfants), la classe sociale (liée à la formation et à la fonction) et finalement, une organisation ou entreprise (pour ceux qui travaillent).
De plus, Peter Newmark, qui est également important pour notre travail et sur qui nous reviendrons dans le troisième chapitre, a défini la notion de culture et sa définition comprend en gros les mêmes éléments que celle d’Hofstede:
I define culture as the way of life and its manifestations that are peculiar to a community that uses a particular language as its means of expression (…) I distinguishculturalfrom universalandpersonallanguage (1988: 94).
La toute première phrase est la vraie description du terme et est de caractère général. Dans la suite de la description, il distingue trois types de langage.
Cependant, dans son glossaire il définit «culture» plus spécifique :
Objects, processes, institutions, customs, ideas peculiar to one group of people (1988: 283).
Le «group of people» correspond à sa «community» dans la première description. Avec ses «objects, processes, institutions, customs, ideas» il explique en fait ce qu’il veut dire par «way of life and its manifestations» dans sa première description.
Après sa description de la notion«culture», il continue en signalant le grand problème de traduction:
mirror and table are «universals» - usually there is no translation problem there (…) steppe, tagliatelle are cultural words – there will be a translation problem unless there is cultural overlap between the source and the target language (…) Universal words such as breakfast (…) often cover the universal function, but not the cultural description of the referent (…) And if I express myself in a personal way (…) I use personal, not immediately social, language, what is often called idiolect, and there is normally a translation problem (ibid. : 94).
Ici, il montre le lien entre les différentes cultures et les (éventuels) problèmes de traduction. Nous reviendrons sur les problèmes de traduction dans le troisième chapitre.
En le comparant avec Hofstede, nous pouvons dire qu’Hofstede parle des symboles, héros, rituels et valeurs en donnant les éléments qui caractérisent une certaine culture. Newmark par contre parle des «objects, processes, institutions, customs, ideas» qui sont spécifiques d’une certaine culture ou groupe au sein d’une culture. Une bonne comparaison entre ces termes n’est pas possible, car Newmark n’explique pas ce qu’il veut dire par ces termes. Cependant, nous pouvons constater que «objects» correspondent aux «symboles», car les symboles impliquent également les objets. En gros, nous pouvons dire que l’idée de donner quelques éléments qui caractérisent une société est pareille. Toutes les sociétés ont ces éléments, mais ils sont tous différents.
Une plus grande différence c’est qu’Hofstede parle des «leden van een groep of categorie mensen» ce qu’il explique par ses différents niveaux de culture. Newmark par contre n’explique pas son «group of people». Cependant, il distingue trois niveaux de langage qu’il explique en donnant des exemples et en disant lesquels des trois niveaux posent des problèmes de traduction. Hofstede ne parle pas des problèmes de traduction, mais c’est logique étant donné qu’il est anthropologue.
Pour résumer, nous pouvons dire que toutes ces définitions montrent la diversité du terme «culture». La définition détaillée d’Hofstede explique entre autres concrètement ce qu’on entend par un «system of ideas» et ce qu’on veut dire par «groups», deux termes qu’on retrouve dans les deux premières définitions. Hofstede parle encore des quatre manières par lesquelles une culture se manifeste. Nous avons comparé ces manières avec les éléments cités par Newmark et nous avons conclu que les quatre manières d’Hofstede étaient le plus détaillées. Cependant, Newmark signale un grand problème de traduction, ce qui est important pour le troisième chapitre de ce travail. D’abord, nous revenons sur Hofstede en parlant des différentes cultures dans la partie suivante.
2.2. Les différentes cultures
Maintenant, nous savons un peu ce qu’est la notion de culture. Dans cette partie, nous allons donc étudier un peu les différentes cultures au niveau mondial à l’aide d’Hofstede (1991) pour avoir une idée globale des cultures existantes. Tout d’abord, nous allons faire une sorte de typologie des cultures pour montrer qu’il y a plusieurs cultures qui sont toutes différents.
2.2.1. La typologie des cultures
Nous essayons tout d’abord de faire la typologie en les catégorisant en gros à l’aide du livre d’Hofstede. Cette typologie est souvent utilisée dans Hofstede. Le problème c’est que Hofstede parle d’une cinquantaine de pays et parfois il les classe pour les nommer plus facilement, mais pour lui cette catégorisation n’est pas importante, car il traite 50 différents pays séparément et les compare (voir 2.2.2.). Il y a donc des pays qui manquent ou des pays qui sont groupés par lui, tels que les pays arabes et l’Afrique de l’Ouest. Cependant, nous mettons l’accent sur l’Europe, et de plus sur l’Europe de l’Ouest. Pour les autres catégories, nous cherchons sur Internet pour trouver une certaine catégorie existante.
Globalement, on peut diviser le monde en quatre parties: nord, sud, est et ouest ou d’après les sept continents. Cependant, cette catégorisation est trop grosse. C’est pour cela que nous rassemblons les termes utilisés par Hofstede afin de donner un sommaire des différentes cultures. Disons par contre que la catégorisation se compose de plusieurs pays (ou cultures) qui ne sont pas pareils, mais ils se ressemblent en grandes lignes. Remarquons que cette catégorisation est globale, donc il y manque des pays. Cela dépasse le cadre de notre travail de nommer tous les pays.
Commençons par l’Europe: on distingue les pays ou cultures:
germaniques[22] (Allemagne, Pays-Bas),
scandinaves (Norvège, Suède, Danemark, Finlande),
anglo-saxons (Royaume-Uni, Irlande),
latins/romans (France, Belgique, Italie, Espagne),
slaves (l’Ex-Yougoslavie, Pologne, République tchèque, Russie[23])
Passons maintenant à l’Afrique, on distingue les pays:
arabes (Egypte, Tunisie, Irak, Arabie saoudite)
de l’Afrique de l’Est (Ethiopie, Kenya, Tanzanie) (Afrique noire)
de l’Afrique de l’Ouest (Ghana, Nigéria) (Afrique noire)
de l’Afrique du Sud
Ensuite, l’Amérique:
l’Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada)
l’Amérique du Sud (Mexique, Panama)
l’Asie (Hong-Kong, Indonésie, Inde, Japon, Corée, Thaïlande)
Finalement, l’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande
2.2.2. Les différentes cultures d’après Hofstede
Regardons ces différentes cultures et en même temps les différences culturelles de près à l’aide du recherche d’Hofstede (1991).
Tout d’abord, un petit mot sur la recherche effectuée par Hofstede. Sur la base des résultats d’un questionnaire, Hofstede a développé une grille culturelle montrant les différences de culture entre plusieurs pays. Les réponses ont été données par les employés d’IBM dans 53 pays dans le monde entier. L’identité culturelle est définie selon quatre dimensions: la distance hiérarchique, l’individualisme/collectivisme, les valeurs masculines/féminines et le contrôle de l’incertitude[24]. Nous étudierons ces quatre dimensions et montrerons globalement les résultats des groupes de pays afin d’avoir une idée du caractère de ces groupes et des ressemblances et différences.
D’abord la distance hiérarchique. La distance hiérarchique veut dire «le degré d’inégalité attendu et accepté par les individus»[25] ayant le moins de pouvoir d’une institution ou d’une organisation d’un pays. La répartition du pouvoir par contre est expliquée à partir du comportement de ceux qui ont le plus de pouvoir, tels que les patrons[26].
Passons aux résultats[27]: parmi les pays à distance hiérarchique élevée, nous trouvons les pays latins européens (France, Espagne, Italie, Belgique), les pays arabes, les pays d’Amérique du Sud, l’Asie et les pays d’Afrique noire.
Parmi les pays à distance hiérarchique faible, nous avons les pays scandinaves, germaniques, anglo-saxons et l’Océanie.
En bref, cela signifie que dans les pays à distance hiérarchique élevée, il y a plus d’autorité et une plus grande inégalité que dans les pays à distance hiérarchique faible, ceci signifie par exemple au niveau familial qu’il y a une grande distance entre les parents et les enfants (les enfants doivent toujours obéir aux parents), dans l’enseignement, il y a une inégalité entre le professeur et l’élève ou étudiant et dans le travail, les supérieurs sont «plus» que les subordonnés.
Quelles sont les origines de ces différences de distances hiérarchiques?
La position géographique du pays joue un rôle: les pays qui sont les plus éloignés de l’équateur ont la distance hiérarchique la plus faible. Dans les pays près de l’équateur la nature abondante joue un rôle important dans la vie. Pour survivre, la vie dépend donc de la nature et des concurrents qui menacent la vie. Il faut ainsi de l’ordre et de l’autorité pour survivre. Dans les pays dans le nord, la nature est moins abondante et est plutôt un ennemi contre lequel il faut se battre et c’est l’homme qui doit créer d’autres techniques (à côté de l’agriculture) pour survivre, telle que l’industrie.
La deuxième origine est la taille de la population: une forte population a une distance hiérarchique élevée. C’est parce que dans un grand pays, la politique joue un rôle plus important, car les habitants ne peuvent facilement donner leurs avis.
La richesse du pays a également son importance: plus un pays est riche plus sa distance hiérarchique est faible. Il y a quelques facteurs qui aident à avoir une richesse nationale et une faible dépendance des autres: une agriculture qui est moins traditionnelle, plus de techniques modernes, plus d’urbanisme, plus de mobilité sociale, un meilleur système éducatif et une plus grande classe moyenne.
Finalement, nous pouvons dire que l’origine des différences culturelles a également une cause historique: les pays latins sont l’héritage de l’Empire romain qui était grand et puissant et l’Empereur avait une autorité absolue et centrale. Les pays germaniques par contre refusaient ce pouvoir central. De nos jours, une distance hiérarchique élevée est un des héritages du premier Etat créé en Europe.
La deuxième dimension dans l’étude IBM est l’individualisme versus le collectivisme. Dans une société individualiste, chacun doit pourvoir à ses propres besoins et doit s’occuper de sa propre famille et c’est tout. L’individualisme se caractérise entre autres par le besoin d’avoir du temps pour sa vie personnelle et la liberté dans le travail; ces aspects accentuent l’indépendance de l’individu envers l’autre. Dans une société collectiviste, chaque individu est intégré dans un grand groupe solide. Le collectivisme se manifeste par exemple par un besoin de formation, de bonnes conditions de travail et une bonne utilisation des talents; ces caractéristiques accentuent la dépendance des uns envers les autres.
Globalement, on peut résumer les résultats de la façon suivante:
L'indice de degré d'individualisme (IND) est élevé dans les pays riches (Etats-Unis, Australie et Grande-Bretagne), mais faible dans les pays pauvres (Amérique du Sud, Asie). «L'enquête démontre donc qu'il existe une relation très étroite entre la richesse nationale d'un pays et le degré d'individualisme de sa culture»[28]. «La richesse d’un pays permet aux gens de vivre plus largement et de moins tenir compte les uns des autres»[29]. La richesse en est une des causes donc.
Une autre cause de l’individualisme est le développement d’une classe moyenne. Cette classe implique l’existence d’une mobilité sociale et d’une croissance de la population plus faible, ce qui vient du fait que les familles ont moins d’enfants. La classe moyenne tend à «faire prévaloir parmi ses membres un système de valeurs basé sur l’individualisme»[30]. La croissance de la population –non la taille- est liée au collectivisme, car elle est la suite d’un chiffre des naissances élevé, ce qui est une valeur importante dans les cultures collectivistes.
En général, on peut dire que dans les pays froids ou tempérés, il y a souvent une société individualiste, car la possibilité de survivre dépend en premier lieu de l’individu lui-même.
Etudions maintenant la troisième dimension: la masculinité versus la féminité. L’opposition entre ces deux notions connues est claire. Une des caractéristiques masculines est «l’importance accordée aux valeurs de réussite et de possession»[31]. Une des caractéristiques féminines est l’importance accordée «à l’environnement social ou à l’entraide»[32]. Une société masculine est une société où les hommes sont durs et assertifs et axés sur le succès matériel. Les femmes par contre sont modestes, tendres et axées sur la qualité de la vie. Une société est féminine quand les deux rôles sociaux des deux sexes se recouvrent: les hommes aussi bien que les femmes sont modestes et tendres et axés sur la qualité de la vie.
D’après l’étude IBM, les pays masculins sont le Japon, les pays germanophones (Autriche, Allemagne, Suisse), l’Amérique du Sud et l’Italie. Les pays féminins sont les autres pays latins (France, Espagne, Portugal, Pérou et Chili), la Yougoslavie et les pays d’Afrique noire, mais le score le plus élevé est pour les pays scandinaves et les Pays-Bas.
Une autre façon de décrire la différence entre les pays masculins et féminins est en disant que les habitants des pays masculins «leven om te werken», tandis que les habitants des pays féminins «werken om te leven» (Hofstede 1991: 122). Les habitants des pays masculins sont très ambitieux et ils veulent surpasser les autres, tandis que les habitants des pays féminins apprennent à être modestes, comme dans cette devise «doe maar gewoon, dan doe je al gek genoeg» (ibid.: 117).
Il y a une corrélation entre l’indice de masculinité et la situation géographique: les pays proches de l’équateur (sauf l’Afrique noire) sont plus masculins que les pays plus proches des pôles. De plus, les pays de religion catholique sont souvent plus masculins et les pays protestants plus féminins.
Finalement, il existe une origine historique pour expliquer la présence des cultures féminines dans le Nord-Ouest de l’Europe, où les climats sont tempérés et froids. Pour l’expliquer, l’anthropologue Margaret Mead (1962) [33] renvoie à des facteurs historiques communs. Les élites de ces pays étaient surtout des marchands et des marins. Dans ces professions, les bonnes relations interpersonnelles étaient indispensables. Pendant la période Viking, c’étaient les femmes qui devaient gérer les villages lors des longs voyages des hommes.
L’indice de masculinité a des effets sur l’organisation du travail par exemple. Dans les sociétés masculines, il est important de faire carrière et de se réaliser, tandis que dans les sociétés féminines, il est important de réaliser une bonne coopération entre les travailleurs et des conditions de travail agréables. De plus, la façon de résoudre les conflits n’est pas pareille: dans les pays masculins, les conflits resteront souvent ouverts et durs et «let the best man win» (Hofstede1991: 121) et dans les pays féminins par contre les conflits seront résolus par la discussion et la négociation et en cherchant des compromis.
Enfin, nous étudions la quatrième dimension de l’étude IBM: le contrôle de l’incertitude. Cet indice exprime le degré d’anxiété ou d’inquiétude «qui existe dans une société donnée face à un avenir incertain»[34] ou une situation inconnue. On a donc besoin de prévisibilité: besoin de règles formelles ou informelles. Cette dimension montre donc également la façon dont les sociétés abordent ou évitent le risque.
L’anxiété dans une société se manifeste entre autres par un taux de suicide élevé, l’alcoolisme (sur la base du nombre de décès par sclérose du foie), le taux d’accidents mortels, le pourcentage de prisonniers. Les habitants sont plus nerveux, émotionnel et agressifs.
Dans les pays d’un degré d’anxiété faible, il y a plus de morts par maladies coronariennes, ce qu’on peut expliquer par leur comportement moins expressif (il faut se comporter tranquillement et sans émotions et agression). Ceci implique qu’on ne peut pas facilement déstresser, donc le stress est intériorisé et peut déclencher des problèmes cardiaques. On constate également qu’il y a plus de patients psychotiques par manque de stimuli; les sociétés sont caractérisées par la tristesse et la monotonie. La consommation de caféine est élevée (effet stimulant), tandis que l’alcool est beaucoup moins consommé (effet désinhibiteur).
D’autre part, les habitants se sentent en sécurité relative et acceptent l’incertitude. On prend facilement des risques personnels et on prend plus d’initiatives.
Regardons maintenant les résultats de l’étude. Les pays avec un contrôle élevé de l’incertitude sont : les pays latins (France, Belgique, Italie, Espagne, mais encore entre autres Mexique, Pérou, Chili) et le Japon. Les pays avec un contrôle faible de l’incertitude sont : les pays scandinaves, anglo-saxons, le Sud-est asiatique, les pays africains, l’Inde.
En terminant cette partie, nous pouvons dire que nous avons globalement étudié les différentes cultures, ainsi que les différences culturelles, en particulier de l’Europe de l’Ouest, à l’aide de l’étude IBM sur quatre dimensions, à savoir la distance hiérarchique, l’individualisme/collectivisme, les valeurs masculines/féminines et le contrôle de l’incertitude. Passons à présent, dans le cadre de ce travail écrit, à une étude plus spécifique des trois pays suivants: la France, les Pays-Bas et l’Espagne.
2.3.Les différences culturelles entre la France, les Pays-Bas et l’Espagne
Dans cette partie, nous allons comparer les deux pays latins, la France et l’Espagne, avec le pays germanique, les Pays-Bas. Nous utiliserons les résultats de l’étude IBM concernant les quatre dimensions.
2.3.1. La distance hiérarchique
La France occupe la 15/16e place (score 68), l’Espagne occupe la 31e place (score 57) et les Pays-Bas occupent la 40e place (score 38). Le score le plus élevé est 104 et le score le plus bas est 11. Il y a 53 places (pays). Ce score, autrement dit l’indice hiérarchique (IDH), est calculé sur la base de trois questions et indique le degré de distance hiérarchique. Le score est plus important que la place sur l’IDH. La France a une distance hiérarchique plus élevé que l’Espagne et d’autant plus élevé que les Pays-Bas. L’Espagne rapproche la France plus que les Pays-Bas. La France et l’Espagne appartiennent aux pays latins, donc ils ont globalement les mêmes caractéristiques. Cependant, disons que le score de la France n’est pas extrêmement élevé et le score des Pays-Bas pas extrêmement non plus.
Que signifient ces données globalement? Prenons la France et l’Espagne ensemble pour faire plus simple en retenant que l’Espagne a un degré un peu moins élevé. En France, il y a une plus grande inégalité parmi les gens. Dans chaque pays, il y a de l’inégalité, mais il s’agit de la façon dont on sait se servir de l’inégalité. Les capacités physiques et mentales, le pouvoir, la richesse et le prestige ne vont pas toujours de pair. Les athlètes ayant du succès, les artistes et les scientifiques sont le plus souvent respectés, mais ils ne sont pas toujours riches ni peuvent influencer le monde politique et les hommes politique peuvent par exemple être puissants sans être riches. L’absence de cohérence entre ces diverses formes d’inégalité peut parfois causer des problèmes, par exemple dans le cas où un sportif devient professionnel pour s’enrichir. Cette tendance aggrave l’inégalité dans une société.
En France, il y a plus de dépendance entre les employés et leur patron qu’aux Pays-Bas, où il y a une dépendance interpersonnel entre ces deux parties: on parle plutôt des problèmes et les employés osent contredire leur chef, tandis qu’en France c’est le chef qui décide le plus souvent. Remarquons que nous parlons en général et des situations extrêmes: aux Pays-Bas, le patron a également plus de pouvoir que ces employés et en France on discute et négocie également.
Au niveau familial, en France, les enfants doivent obéir aux parents et ils ne sont pas égaux et parfois et il y a une hiérarchie parmi les enfants. «L’indépendance n’est pas encouragée et le respect des parents est une vertu fondamentale»[35]. Aux Pays-Bas par contre, les enfants apprennent à prendre le contrôle de ses propres affaires, dès qu’ils sont capables d’agir, bien qu’ils doivent également obéir aux parents. Les enfants sont plus tôt considérés comme égaux.
Dans l’enseignement, on peut dire qu’en France la relation (de l’inégalité) professeur-élève est la même chose que la relation parents-enfant. Il y a une dépendance entre le professeur et l’élève et la qualité des prestations de l’élève dépendent de l’excellence du professeur. Aux Pays-Bas, les élèves discutent davantage avec le professeur, expriment leur désaccord, donc la qualité des prestations dépend particulièrement d’excellence des élèves. Les punitions corporelles seront davantage tolérées en France qu’aux Pays-Bas. La punition corporelle accentue l’inégalité.
Enfin, la vie politique. En France, les ailes droites et gauches seront plus fortes et le centre plus faible qu’aux Pays-Bas où le centre est plus fort et les gouvernements sont souvent pluralistes.
Finissons ici la comparaison entre les trois (deux en fait) pays. Cette comparaison n’était pas spécifique ni détaillée, mais uniquement basée sur les résultats de l’étude IBM et sur le commentaire d’Hofstede. Nous continuerons de cette façon en comparant les trois pays à l’aide des autres trois dimensions.
2.3.2. L’individualisme versus le collectivisme
Maintenant, la deuxième dimension. La France occupe la 10/11e place (score 71/91), l’Espagne 20e place (score 51/91) et les Pays-Bas 4/5e place (score 80/91). Le score le plus bas est 6. Le score indique le niveau de l’individualisme. Maintenant, la France et les Pays-Bas se ressemblent le plus.
Il existe une corrélation négative entre la distance hiérarchique et l’individualisme: «les pays à fort indice de distance hiérarchique seraient plus collectivistes et les pays à faible distance hiérarchique plus individualistes»[36]. Cependant, les pays latins, surtout la France et la Belgique, sont des exceptions: la France a un score plus du moyen concernant la distance hiérarchique, mais son score au niveau individualiste est assez élevé. Le sociologue Michel Crozier (1964, cité par Hofstede 1991: 76) a entre autres dit que l’autorité ressemble toujours à l’absolutisme. Philippe d'Iribarne (1989) dit que l’organisation française est basée sur «la logique de l’honneur» (cité par Hofstede 1991: 76), ce qui veut dire que chacun a son propre rang (système hiérarchique important) et les droits et devoirs attachés à ce rang sont déterminés par la tradition et non par le groupe: «ce n'est pas tant ce que l'on doit aux autres que ce que l'on se doit à soi-même» (Iribarne 1989, cité sur[37]). C’est donc une sorte d’individualisme hiérarchique.
Il y a également une relation entre le niveau du développement technique et la culture individualiste: les pays les plus riches sont devenus individualistes, tandis que les pays les plus pauvres sont ceux qui ont conservé une vie plus communautaire. Les pays les plus riches sont les plus individualistes, ce qui semble être vrai en considérant nos résultats. Il faut le vérifier, mais cela dépasse le cadre de notre travail. Ce qui est encore intéressant, c’est le fait que les pays riches permettent aux habitants de vivre plus largement sans avoir à tenir compte des autres, ce qui signifie l’individualisme.
Concernant l’éducation et le travail, on peut dire que le collectivisme demande une formation, de bonnes conditions physiques de travail et une bonne utilisation des capacités (voir 2.2.2.). Par ces caractéristiques la dépendance de l’individu de l’organisation est marquée. Par contre, l’individualisme se caractérise «par le besoin d’avoir du temps pour sa vie personnelle, l’existence de liberté dans son travail et la possibilité de relever des défis»[38]. Par ces caractéristiques l’indépendance de l’individu envers l’organisation est marquée.
L’individualisme et le collectivisme se manifestent par l’importance de la famille. Dans les cultures du Sud de l’Europe, on voit souvent de grandes familles pendant un week-end ou pendant les vacances. Dans une société collectiviste, il faut absolument que toute la famille soit présente aux festivités, baptêmes, etc. De plus, il y a un lien entre le degré de collectivisme et le fait qu’un fils exerce le même métier que son père, tandis que dans une société individualiste, il est plus probable qu’un fils opte pour une autre profession que son père. Dans une culture collectiviste, il est grossier de dire ce qu’on pense vraiment: il faut maintenir l’harmonie. La loyauté du groupe est un élément essentiel. Dans une culture individualiste par contre, il est plus normal de dire ce qu’on pense; le conflit est «normal» dans les familles et il faut apprendre à gérer les conflits et à dire la vérité. Il est vrai que les Néerlandais sont plus directs que les Français (et les Espagnols probablement) en s’exprimant, ce qui peut parfois choquer les Français.
Maintenant, nous avons une idée des différences entre l’individualisme et le collectivisme. Passons donc à la troisième dimension.
2.3.3. La masculinité versus la féminité
Comparons d’abord les scores qui indiquent le degré de masculinité : la France occupe la 35/36e place (score 43/95), l’Espagne la 37/38e place (score 42/95) et les Pays-Bas occupent la 51e place (score 14/95). Le score le plus bas est 5. Nous constatons que la France et l’Espagne ont un score plus ou moins pareil, ce qui facilite notre comparaison. Les Pays-Bas sont un pays très féminin. Disons seulement «la France» dans cette comparaison pour indiquer les deux pays latins. La France est un pays féminin modéré.
En général, on peut dire qu’une société masculine est caractérisée par les rôles «différenciés»[39], tandis que dans une société féminine, les rôles sont «interchangeables»[40], ce qui signifie que les hommes et les femmes doivent être tendres et axés sur la qualité de la vie (voir 2.2.2.).
Concernant la religion, la France est plus catholique que protestante et les Pays-Bas sont moins catholiques et plus protestants: les pays masculins sont le plus souvent catholiques et les pays féminins protestants, ce qui semble être vrai.
En général, il y a (beaucoup) plus d’hommes dans la vie politique du pays. Les hommes représentent la masculinité, ce qui influence les décisions politiques et les choix. Les hommes ont d’autres priorités que les femmes.
Concernant le caractère assertif et dur des hommes appartenant à la masculinité, nous pouvons dire que cela correspond au comportement macho des hommes dans le Sud de l’Europe par exemple. Selon les résultats de l’étude IBM, les hommes d’Italie seront les plus macho, étant donné que l’Italie a un degré élevé de masculinité, à savoir 70/95. Les hommes français et espagnols sont en tout cas beaucoup plus machos que les hommes néerlandais. Le caractère tendre des femmes et leur responsabilité de la qualité de la vie appartenant à une société féminine correspond probablement entre autres à l’amour et la compassion pour les animaux par rapport à une tradition espagnole telle que la corrida. Dans une corrida par exemple, le comportement macho est nettement représenté. Nous reviendrons sur la corrida dans le quatrième chapitre de ce travail. Une autre caractéristique de la corrida c’est la tradition. Dans les pays collectivistes, on tient aux traditions et rites.
Finalement, nous comparons les trois pays concernant leur anxiété et inquiétude face à l’avenir incertain.
2.3.4. Le contrôle de l’incertitude
Premièrement, les résultats des trois pays: la France occupe la 10/15e place (score 86/112), l’Espagne occupe la même position et les Pays-Bas enfin occupent la 35e place (score 53/112). Le score le plus bas est 8. Ici, comme le degré de masculinité, la France et l’Espagne sont pareils. Nous disons encore une fois «la France» en traitant les deux. La France a un degré assez élevé, tandis que les Pays-Bas ont un score moyen.
On vit tous dans un monde de risques et d’incertitude. Cependant, la France et l’Espagne entre autres préfèrent éviter les risques. Ils ont plus d’anxiété face à l’avenir que les pays scandinaves par exemple et ainsi ils se comportent, comme nous l’avons déjà vu, de façon agressive et nerveuse. L’anxiété leur devient plus vite intolérable. Les pays à fort contrôle d’incertitude essaient de tout faire pour éviter l’incertitude, comme par la religion, la technologie et les règles juridiques. Ils ont donc besoin de règles et de stabilité.
Pour la France et l’Espagne, ce degré d’anxiété est l’héritage de l’Empire romain, tout comme la distance hiérarchique. L’Empire romain avait développé «un système de lois très codifié»[41], c’était donc un «gouvernement par la loi»[42]. Tout était réglé et prescrit.
La religion (catholique surtout) est importante dans les sociétés d’un degré élevé de contrôle d’incertitude. Les habitants «pratiquent des religions insistant sur des certitudes absolues et intolérantes vis-à-vis d’autres religions»[43].
Les cultures les plus anxieuses sont souvent les plus expressives, ce qui est vrai en les observant : les habitants du Sud de l’Europe font en général plus de bruit et de gestes en parlant que les habitants du Nord.
«Dans les pays à fort contrôle d’incertitude, les gens se sentent en moyenne moins bien, ce qui est une façon d’exprimer l’élément d’anxiété présent dans le contrôle de l’incertitude»[44]. Les habitants du Nord de l’Europe par contre, sont plus calmes et retenus, mais ce sont surtout eux qui sont attaqués par les maladies coronariennes (voir 2.2.2.).
Au niveau familial, les gens vivant dans un pays avec un fort degré de contrôle d’incertitude ont besoin de savoir qui sont les gens contre lesquels ils doivent se défendre. De plus, les enfants doivent savoir quelles idées sont bonnes et lesquelles sont des tabous. Les enfants sont protégés par les familles (cf. l’individualisme et le collectivisme). Dans les pays qui ont un faible degré de contrôle d’incertitude, les enfants apprennent à être polis et honnêtes, mais ils peuvent également librement interpréter les situations ou juger de l’autre, car les comportements déviants ne sont pas toujours menaçants et injustes. Les enfants apprennent aussi de ne pas juger les autres d’après l’apparence.
Concernant les quatre dimensions, nous pouvons conclure que la France et l’Espagne se ressemblent beaucoup, surtout en ce qui concerne la masculinité et le contrôle d’incertitude, mais concernant la distance hiérarchique l’Espagne a une position qui se trouve entre la France et les Pays-Bas, mais l’Espagne rapproche la France le plus et enfin, en ce qui concerne l’individualisme et le collectivisme la France a un score qui est entre celui des autres deux pays, mais elle rapproche les Pays-Bas le plus. Dans le cas de la masculinité et la féminité les différences entre la France et les Pays-Bas sont les plus grandes. Les Pays-Bas ressemblent le plus souvent aux pays scandinaves.
Conclusion du chapitre
La notion de «culture» est plus compliquée et vaste que nous n’avions pensé auparavant. Nous nous sommes bornée à nommer quelques définitions dont les deux dernières, c’est-à-dire d’Hofstede et de Newmark, sont les plus liées à notre travail. Nous parlerons encore de Newmark dans le troisième chapitre, mais dans ce chapitre Hofstede nous a été très utile en ce qui concerne la typologie des cultures et les différences culturelles globalement décrites selon quatre dimensions. Enfin, nous avons décrit les différences entre la France, l’Espagne et les Pays-Bas par rapport à ces quatre dimensions et nous avons conclu que les deux pays latins se ressemblent beaucoup en général, et les Pays-Bas ressemblent le plus aux pays scandinaves.
Nous passons maintenant au troisième chapitre où nous parlons des problèmes de traduction, non seulement les problèmes qu’on rencontre presque toujours en traduisant, mais encore des problèmes liés à une traduction d’un sujet spécifiquement culturel.
CHAPITRE 3 LES PROBLEMES DE TRADUCTION
Introduction
Dans le processus de traduction, on rapproche non seulement deux langues, mais on rapproche en même temps encore deux cultures différentes. Deux cultures peuvent être très proches (voir la typologie des cultures, 2.2.1.), mais elles peuvent aussi être très différentes l’une de l’autre. Dans ce dernier cas, le traducteur aura souvent des problèmes de traduction.
Une différence importante entre deux cultures peut être le concept qu’on a du monde. Wilhelm von Humboldt a déjà constaté au XVIIIe siècle que la langue crée en fait une certaine perspective entre le regard et ce qu’on voit. Le concept qu’on a du monde est donc dans un sens prédéterminé par la langue[45]. Ceci a pour conséquence que les gens ne voient pas ce qu’ils ne savent pas nommer, donc ils distinguent seulement ce qui est connu dans leur langue. De cette façon, le concept du monde diffère d’une culture de l’autre. Le problème qui surgit, c’est la difficulté ou mêmel’impossibilité de traduire ces différents concepts du monde. Comment faut-il traduire les différentes visions du monde? Le problème est encore plus grand dans le cas où il faut traduire un mot qui est inconnu dans la langue cible:
Wie etwa soll man weiß wie Schnee in einem mittelamerikanischen Land übersetzen, wo Schnee selbst dem Hörensagen nach absolut unbekannt ist? (Mounin 1967: 81).
Ces termes et concepts inconnus existent sur tous les niveaux, pensons par exemple à la technologie et à la culture, et posent souvent des problèmes en cas d’une traduction. Dans un tel cas, on se demande toujours dans quelle mesure il faut rester fidèle au texte source au niveau lexical, autrement dit au niveau du contenu :est-ce qu’il faut traduire la notion inconnue dans la langue cible et ainsi avoir une traduction un peu bizarre (si on n’explique pas ce terme inconnu) ou est-ce qu’il vaut mieux remplacer le terme par un autre terme (connu dans la langue cible) ou tout simplement l’omettre? Ce choix dépend de la stratégie du traducteur.
Chaque traducteur a sa propre stratégie, car l’un préfère une traduction plutôt libre, ce qui veut dire qu’il ne traduit pas littéralement mot à mot, on adapte les mots au texte cible en choisissant des mot connus, ce sont des «naturalismes», autrement dit «rendre le (…) texte plus accessible au lecteur, en le rapprochant de l’univers de celui-ci»[46] et l’autre traducteur préfère une traduction plus littérale, donc il crée souvent des mots inconnus en traduisant, ce sont des «exotismes», autrement décrits par «laisser au texte son altérité»[47] (voir aussi 1.3.1.). D’une part, le traducteur peut lui-même décider s’il préfère une traduction qui semble un texte original dans le cas où il choisit des termes connus ou s’il veut apprendre quelque chose d’une autre culture à ses lecteurs en maintenant les termes moins connus ou même inconnus, d’autre part, le traducteur est souvent instruit par un éditeur qui détermine si le texte doit être traduit littéralement ou plus librement. Souvent l’éditeur connaît ou détermine le but, la fonction, l’intention et le public (voir par exemple Nord 1.3.4.) de la traduction, mais parfois le traducteur le détermine lui-même. Cependant, pour pouvoir traduire il faut toujours avoir ces données.
Finalement, nous voulons souligner que le traducteur doit non seulement parfaitement maîtriser la langue source et la langue cible, mais encore bien connaître ces deux cultures. C’est même une exigence. Nous prenons un traducteur moyen comme modèle dans notre description des problèmes de traduction dans la partie suivante. Nous verrons les problèmes que ce traducteur pourrait avoir, bien qu’il maîtrise bien les deux langues et qu’il connaisse bien les deux cultures.
Etudions donc maintenant les niveaux auxquels on pourrait avoir des problèmes de traduction. Nous ferons la distinction entre les problèmes linguistiques et non-linguistiques, c’est à dire culturels. Après la partie sur les problèmes linguistiques et culturels, nous traitons quelques stratégies afin de résoudre les problèmes de traduction.
3.1. Les problèmes au niveau linguistique
Etant donné que les langues diffèrent, il sera bien possible que la plupart des problèmes se trouvent au niveau linguistique. Par «linguistique» nous voulons dire «en ce qui concerne la langue» et nous distinguons les problèmes dans les catégories sémantiques, lexicales, syntaxiques, grammaticales et d’autres problèmes au niveau linguistique. Ces problèmes sont universels dans une traduction et non spécifiquement franco-néerlandais.
3.1.1. Quelques problèmes sémantiques et lexicaux
La sémantique concerne la signification, le sens du contenu du texte. Le lexique concerne le sens des items lexicaux. Lelexique forme la base d’un texte. Chaque langue a sa propre façon de décrire les objets.
Une traduction consiste des mots, donc il n’est pas étonnant que ces mots puissent poser des problèmes. Un mot peut avoir de différents sens, ce qu’on appelle homonymie ou polysémie, donc il n’est pas toujours clair pour le traducteur quel est sens d’un certain mot qu’il doit choisir et ensuite traduire. Un mot peut avoir un autre sens que prévu quand il s’agit d’une connotation ou d’un sens figuré. De plus, un mot est souvent difficile à traduire quand il n’a pas de contexte. Ceci est le cas dans une citation ou dans un titre par exemple. Dans ce cas-là, il faut bien connaître le cadre du texte ainsi que le contenu.
Un autre problème lexical peut être un jeu de mots: les mots ne sont pas littéralement à interpréter, car ces mots forment une sorte d’unité. Le traducteur doit donc le reconnaître, sinon il fait une grande erreur. De plus, les jeux de mots ne sont presque jamais à traduire (littéralement). Le traducteur doit l’omettre, l’expliquer (dans une note par exemple) ou chercher un équivalent dans la langue cible, mais sa décision dépend de sa stratégie de traduction. Dans le cas d’une traduction d’un jeu de mots, le caractère humoristique se perd presque toujours dans une traduction.
Les faux amissont également un exemple connu d’un problème de traduction: ce sont des lexèmes qui ont les mêmes étymologies et sont utilisés dans plusieurs langues, mais ils n’ont pas tous (exactement) le même sens, comme «horloge» en français et «horloge» en néerlandais. Le traducteur doit être conscient des différents sens d’un certain mot.
Finalement, nous voulons mentionner le type de langage qui est responsable des choix des mots: dans un langage familier un mot peut avoir un autre sens que dans le langage soutenu. Le traducteur doit en tenir compte.
3.1.2. Quelques problèmes syntaxiques et grammaticaux
La syntaxe concerne les règles formelles et la macrostructure du texte. Il s’agit des relations entre les mots ou groupes de mots. La grammaire donne de «l’information sur les diverses fonctions des composantes de la phrase telles que les verbes, les substantifs, les articles, etc.»[48] et concerne la microstructure. Il s’agit des structures des phrases ou groupes de phrases.
Une différence importante entre deux langues est la syntaxe: l’ordre des mots d’une phrase française, la structure donc, est différent du néerlandais. Le traducteur doit, en premier lieu, être conscient de ces différences et éviter de copier l’ordre des mots de la langue source, de sorte qu’on peut tous nettement voir s’il s’agit d’une traduction. Le français est une langue SVO, tandis que le néerlandais est une langue SOV. Ces différences peuvent provoquer des problèmes, car l’ordre des mots ne peut toujours être traduit directement, mais ceci concerne plus les traductions de la langue maternelle dans la langue étrangère. Un exemple simple doit l’illustrer:
J’ai vu l’homme
*J’ai l’homme vu
Ik heb de man gezien
* Ik heb gezien de man
Encore, une phrase composée telle que celle-ci le montre:
Il savait que les enfants jouaient aux ballons verts et bleus dans le jardin du voisin
*Il savait que les enfants aux ballons verts et bleus dans le jardin du voisin jouaient
Hij wist dat de kinderen met groene en blauwe ballen in de tuin van de buurman speelden
? Hij wist dat de kinderen speelden met groene en blauwe ballen in de tuin van de buurman
(Cette dernière phrase n’est pas vraiment incorrecte, car il est possible dans un cas où le locuteur veut mettre l’accent sur le verbe «speelden»). En néerlandais, il y a encore d’autres possibilités, telles que:
Hij wist dat de kinderen met groene en blauwe ballen speelden in de tuin van de buurman
Hij wist dat de kinderen in de tuin van de buurman met groene en blauwe ballen speelden
Hij wist dat de kinderen in de tuin van de buurman speelden met groene en blauwe ballen
Hij wist dat in de tuin van de buurman de kinderen met groene en blauwe ballen speelden
Hij wist dat in de tuin van de buurman de kinderen speelden met groene en blauwe ballen
? Hij wist dat in de tuin van de buurman met blauwe en groene ballen de kinderen speelden
En néerlandais, ces différentes possibilités présentent la phrase avec une différence de nuance, en particulier par rapport à l’accentuation. Ces phrases ne sont pas toutes courantes, mais éventuellement discutables et possibles. La conclusion qu’on peut en tirer, c’est que l’ordre des mots en néerlandais est moins fixe qu’en français, de sorte qu’il y a plus de possibilités en néerlandais et de cette façon on peut plus facile accentuer un élément de la phrase.
Une autre différence importante, c’est qu’en néerlandais on a beaucoup plus souvent l’inversion, après un complément ou adverbe en tête de phrase par exemple:
Die man ken ik niet
*Cet homme ne connais-je pas
*Cet homme je ne connais pas
Cet homme, je ne le connais pas
*Deze man, ik ken hem niet
Gisteren heb ik de man gezien
*Hier ai-je l’homme vu
*Hier ai-je vu l’homme
Hier, j’ai vu l’homme
*Gisteren, ik heb gezien de man
En néerlandais, on peut facilement accentuer un sujet ou objet dans une phrase en tout simplement déplaçant l’élément. En français par contre, on a besoin d’une subordonnée par exemple:
Hij heeft het gedaan!
? Hij is het die het gedaan heeft!
C’est lui qui l’a fait!
Il l’a fait
Die brief heb ik niet ontvangen
*Cette lettre je n’ai pas reçu
*Cette lettre ai-je ne pas reçu
Je n’ai pas reçu cette lettre
Cette lettre, je ne l’ai pas reçue
Concernant l’ordre des mots, donc SVO pour le français et le plus souvent SOV pour le néerlandais, on le nomme également le principe de gauche à droite pour le français et de droite à gauche pour le néerlandais, ce qui indique où l’on met l’accent de la phrase. Le même principe concerne le niveau morpho-syntaxique: en français la tête du mot se trouve à gauche, tandis que la tête en néerlandais se trouve à droite. Donnons-en quelques exemples:
Hoger
Plus haut
Vrouwenstem
Voix de femme
Vijfenzestig
Soixante-cinq
Aanbevelingsbrief
Lettre de recommandation
Sans aucun doute, il y a des exceptions, telles que:
Overgrootmoeder
Arrière-grand-mère
Overgordijn
Doubles rideaux
Cela dépasse notre cadre de recherche de faire une recherche de toutes ces différences entre le français et le néerlandais et d’en trouver les origines. Nous voulons seulement montrer qu’il existe des différences entre ces deux langues et que cela peut provoquer des problèmes lors d’une traduction.
Une autre difficulté c’est la longueur de la phrase qui cause souvent des problèmes au traducteur. Les phrases dans un texte français sont souvent plus longues que les phrases, en général, dans un texte néerlandais: le traducteur doit souvent la couper en plusieurs parties pour la comprendre et traduire. Souvent la phrase est assez compliquée et est ainsi difficile à traduire.
Concernant la grammaire, une nette différence entre le français et le néerlandais est le passif: en néerlandais on utilise plus souvent le passif qu’en français. Le traducteur doit laisser la structure de la phrase du texte source et utiliser la structure de la phrase de la langue cible pour éviter que la traduction paraisse comme un texte bizarre.
Un des derniers grands problèmes que nous allons traiter ici peut être l’emploi des temps différent du néerlandais. Commençons par le futur. En français, on emploie plus souvent le futur qu’en néerlandais:
Morgen gaat hij op vakantie
Demain, il partira en vacances
En néerlandais, on emploie le plus souvent le présent quand il s’agit du futur et on ne dit pas «morgen zal hij op vakantie gaan». Par contre, on peut dire, dans le cas d’une possibilité ou d’un doute, «morgen zal hij waarschijnlijk op vakantie gaan». En néerlandais, le futur est souvent utilisé dans le cas d’un doute ou d’une possibilité.
Ce qui peut aussi provoquer des problèmes, c’est l’emploi des temps après «si» et «als» respectivement:
Si elle le demande, je l’aiderai
Als ze het zal vragen/vraagt, zal ik haar helpen
Si elle le demandait, je l’aiderais
Als ze het zou vragen/vroeg, zou ik haar helpen[49]
En français, le présent et l’imparfait sont employés après «si» et dans la principale on emploie le futur et le conditionnel. En néerlandais, les règles sont moins strictes.
L’imparfait ressemble au «onvoltooid verleden tijd», mais l’usage diffère: l’imparfait s’emploie pour donner une description d’une action, habitude ou d’état. En néerlandais, le «onvoltooid verleden tijd» ne s’emploie pas pour décrire une action:
Il regardait la télé
Hij zat/was naar de televisie aan het kijken
Hij keek televisie
Dans ce dernier cas, on emploie également l’imparfait, mais ici l’aspect de la durée de l’action se perd un peu et il s’agit plutôt du fait qu’il a regardé la télé. Dans le cas d’une habitude, l’usage de l’imparfait et du «onvoltooid verleden tijd» sont pareils:
Il racontait toujours la même histoire
Hij vertelde altijd hetzelfde verhaal
De plus, le passé composé n’est pas toujours à utiliser dans les mêmes cas que le «voltooid deelwoord» en néerlandais. Le passé composé s’emploie pour marquer le début d’un état:
Quand il m’a posé cette question, j’ai eu très chaud
Toen hij mij die vraag stelde, kreeg ik het erg warm
En néerlandais, on emploie l’imparfait. Le passé composé est également employé pour des suites d’actions, tandis qu’en néerlandais on emploie l’imparfait:
Il est entré, a frappé le vendeur et a pris l’argent
Hij kwam binnen, sloeg de verkoper en pakte het geld[50]
Un dernier exemple de la différence entre le passé composé et le «voltooid deelwoord»: le passé composé indique une durée dont la longueur est déterminée:
Il a habité ici pendant deux ans
Hij woonde hier twee jaar
Hij heeft hier twee jaar gewoond
En néerlandais, il y a deux possibilités, car les règles sont moins strictes qu’en français. Terminons ici l’emploi de temps. Nous n’avons pu mentionner toutes les différences, car cela va trop loin et dépasse notre sujet. Ce que nous voulons montrer ici, c’est le fait qu’il y a beaucoup de différences entre l’emploi des temps du français et du néerlandais et que cela peut causer des problèmes dans une traduction.
Finalement, un petit mot sur les modes. En néerlandais, on n’a pas de modes comme en français; le subjonctif n’existe pas comme en français (sauf dans une expression comme «leve de koningin» ou comme disent les Français «vive le roi»). Pour bien traduire les modes, il faut bien connaître la grammaire française, mais cela peut quand même poser des problèmes.
Nous pouvons encore remarquer que le français distingue plus de temps verbaux que le néerlandais. Le plus-que-parfait, le passé antérieur et le passé surcomposé par exemple sont en néerlandais presque toujours traduits de la même façon:
Les étudiants avaient déjà pris leurs classeurs quand le professeur est entré
De studenten hadden hun klappers al gepakt toen de docent het lokaal binnenkwam
La jolie somme qu’il avait gagnée, il l’eut vite perdue
Het aardige bedrag dat hij had gewonnen, had hij al weer snel verloren
La jolie somme qu’il avait gagnée, il l’a eu vite perdue
Het aardige bedrag dat hij had gewonnen, had hij al weer snel verloren[51]
Au niveau de la grammaire, il y a plusieurs différences et donc problèmes potentiels, mais nous nous limitons à quelques exemples. Tous ces problèmes sont typiquement franco-néerlandais contrairement aux problèmes au niveau lexical et sémantique qui étaient plutôt universels.
3.1.3. Quelques autres problèmes au niveau linguistique
Ici, nous parlons finalement globalement de quelques problèmes qui ne sont pas vraiment sémantiques, lexicaux, syntaxiques ni grammaticaux. Dans le cadre de cette recherche des problèmes et procédés de traduction, nous partons du principe qu’un texte est bien écrit et ne contient pas de fautes. De plus, nous partons du principe que le niveau du texte (le degré de spécialité) correspond aux connaissances, à la capacité et au talent du traducteur.
Ce qui pourrait être un problème, c’est quand le traducteur doit tout simplement «traduire» le texte, mais sans savoir pour quel but, public, etc. Pour faire une bonne traduction, il faut, comme nous l’avons déjà dit, toujours connaître le but, la fonction, le public, etc.
Nous avons encore le problème d’une autre fonction ou d’un autre public dans la langue cible
En principe, le traducteur ne peut pas faire une traduction sans directives. Il se peut bien que les directives indiquent que la traduction doit avoir une toute autre fonction ou autre but que le texte source ou qu’il vise à un autre groupe (profanes au lieu des scientifiques). Ceci exige une grande adaptation du traducteur; il doit donc d’abord réécrire le texte avant de le pouvoir traduire.
Enfin, il se peut également que le texte n’a pas un vrai contexte, de sorte que le traducteur a des problèmes à bien placer et comprendre le texte et ne sait pas très bien comment il faut traduire (voir aussi 3.1.1.).
Passons maintenant aux problèmes non-linguistiques: les problèmes culturels.
3.2. Les problèmes au niveau culturel
Pas tous les problèmes sont de caractère linguistique; il y en a qui ont à faire avec les différentes cultures, ce qui est bien intéressant dans le cadre de ce travail. Etudions un grand problème culturel.
En traduisant on rencontre d’autres cultures, ce qui est un avantage. Cependant, ceci n’est pas toujours un avantage pour le traducteur, car il est toujours confronté aux choses inconnues. «Choses inconnues» sont par exemple des éléments, termes culturels ou d’autres «choses» typiquement culturelles ou spécifiquement culturelles: les realia.Philippe Noble définit les realia ainsi :
Des allusions plus ou moins précises à des lieux, des types d’habitat, des vêtements, des aliments (...) Mais aussi de multiples références à des institutions religieuses, sociales et politiques, des codes de comportement entre les groupes sociaux ou les sexes, des allusions à l’histoire politique ou culturelle, etc. (1999: 131).
En bref, c’est ce que Grit (1997: 42) appelle «cultuurbepalende termen en uitdrukkingen».
Donnons quelques exemples concrets. Newmark (1988: 95) (voir aussi 2.1.) adapte Nida en distinguant cinq catégories de termes culturels et il en donne des exemples, dont nous citons quelques-uns:
1. Ecology: flora, fauna, winds, hills, tundra, pampas, tabuleiros, etc.
2. Material culture (artefacts): a) food : zabaglione, sake, Kaiserschmarren b) clothes : anorak, kanga (Africa), sarong (South Seas), dhoti (India) c) houses and towns : kampong, bourg, bourgade, chalet, low-rise, tower d) transport : bike, rickshaw, Moulton, cabriolet, tilbury, calèche
3. Social culture – work and leasure: ajah, amah, condottiere, biwa, sithar, raga, reggae, rock, bullfighting
4. Organisations, customs, activities, procedures, concepts: a) political and administrative b) religious: dharma, karma, temple c) artistic
5. Gestures and habits: Cock a snook, spitting
De plus, nous citons les catégories de Van Camp (1988: 252-253):
1. Eigennamen (Personennamen, geografische Namen, Sachbezeichungen) -Namen von realen Personen -Namen von fiktiven Personen –Charakterisierende Namen
2. Geldwährungen : Mark, Dollar, dubbeltjes
3. Längenmaße und Gewichtsbezeichungen : mile, Kilometer
4. Nahrungsmittel : Paella, Muffins
5. Bräuche, Feiertage, Feste, Gebäude : Weihnachtsmann, Sinterklaas, Labour Day
6. Gesellschaftliche Konventionen : Duzen oder Siezen: du, Sie, you
7. Sprachbedingte Eigentümlichkeiten: Dialekt, Slang : Kölsch, Berlinisch, She don’t want to, ich konnt
Van Camp distingue 7 catégories, tandis que Newmark n’en distingue que 5. De plus, il y a des différences entre les catégories. Newmark parle de l’écologie, mais cette catégorie ne correspond à aucune catégorie de Van Camp. La catégorie «material culture» est une catégorie qui contient beaucoup d’éléments: «food» correspond à ce que Van Camp appelle «Nahrungsmittel»; «clothes» ne correspond à aucune catégorie de Van Camp; «houses and towns» ne correspond pas non plus à aucune catégorie de Van Camp, enfin «transport» dans la deuxième catégorie ne correspond pas non plus. Passons à la troisième catégorie «social culture, work and leisure», elle correspond indirectement un peu aux «Bräuche», mais dans Van Camp on ne retrouve pas «work» et «leisure». Maintenant la quatrième catégorie: «organisations, customs, activities, procedures, concepts»: ne correspond qu’à la cinquième catégorie de Van Camp, les «Bräuche, Feiertage, etc.». Cependant, on ne retrouve pas vraiment les «social organisations», ni les «activities», «procedures»et «concepts». Seulement les «customs» peuvent correspondre aux «Gebräuche». Finalement, la catégorie «gestures and habits»: «gestures» ressemble aux «Gesellschaftliche Konventionen», mais dans Van Camp il s’agit uniquement de tutoyer et vouvoyer, tandis que Newmark parle des habitudes telles que battre des mains comme signe d’approbation. Les «gestures» de Newmark ne sont donc pas la même chose que les «Gesellschaftliche Konventionen» de Van Camp. Les «habits» ressemblent aux «Gebräuche», mais comme nous l’avons dit, ce sont surtout des fêtes dont elle parle.
Comparons maintenant les catégories de Van Camp avec celles de Newmark. La première catégorie des «Eigennamen» n’est pas à retrouver dans le schéma de Newmark. La deuxième catégorie «Geldwährungen» non plus. Passons à la troisième:« Längenmaße und Gewichtsbezeichungen»; cette catégorie ne correspond pas non plus à celles de Newmark. Les «Nährungsmittel» par contre correspondent à la «material culture» et «food», comme nous l’avons constaté. Les «Bräuche, Feiertage, Feste» semblent être très limités, car Van Camp ne donne que quelques exemples de fêtes et non des «Bräuche», mais ces «Bräuche» correspondent le mieux avec la «social culture» et les «habits», comme nous l’avons déjà dit ci-dessus. Sur les «Gesellschaftliche Konventionen» nous avons déjà remarqué qu’elles ressemblent aux «gestures and habits», mais en étudiant les exemples, nous avons déjà constaté que les «Gesellschaftliche Konventionen» de Van Camp ne concernent que le pronom appellatif. Enfin, les «Sprachbedingte Eigentümlichkeiten». Cette catégorie concerne la langue et le langage, mais Newmark n’y prête pas attention.
Prenons les deux comparaisons ensemble et nous pouvons constater qu’il y a de grandes différences entre ces deux catégorisations, car elles n’ont pas beaucoup en commun. Nous pouvons en tirer la conclusion que le terme «realia» est très vaste et qu’il est difficile d’en noter toutes les possibilités. De plus, les catégories de Newmark ainsi que de Van Camp ne sont toutes les deux pas complètes. Cependant, à notre avis les catégories de Newmark sont plus détaillées. Si on mélangeait les deux catégories, le schéma serait plus complet, mais il manquerait toujours des éléments. Dans cette recherche, ce n’est pas à nous de créer une liste le plus complète possible, car ce que nous voulons, c’est de montrer quels sont les problèmes (potentiels) de traduction au niveau culturel.
La traduction des realia pose donc de grands problèmes, ce qui devient clair en étudiant les différentes catégories. Qu’est-ce qu’il faut faire dans la traduction ? Emprunter les realia et l’expliquer ou l’adapter à la culture cible ou l’omettre dans la traduction? Ce sont souvent des questions que le traducteur se pose dans un tel cas.
Passons maintenant à quelques stratégies afin de résoudre les problèmes de traduction, en particulier les problèmes par rapport à la traduction des realia. Nous reviendrons encore sur Van Camp en étudiant ses résolutions.
3.3. Quelques stratégies
Sous ce point, nous allons étudier quelques stratégies ou résolutions pour résoudre les problèmes de traduction. Nous commençons par la stratégie connue de Vinay et Darbelnet qui est complétée par Van Willigen et ensuite, nous passons à l’étude des résolutions par rapport à la traduction des realia proposées par Van Camp.
3.3.1. Vinay et Darbelnet avec Van Willigen
En 1958, Vinay et Darbelnet ont écrit leur livre Stylistique comparée du français et de l’anglais – méthode de traduction. Cet ouvrage s’adresse à un public varié et contient trois parties et quinze chapitres très structurés. Nous adoptons leurs procédés techniques de la traduction qui sont pratiqués automatiquement par tous les traducteurs ou seront faciles à pratiquer. Ils distinguent deux directions lesquelles le traducteur peut choisir: la traduction directe (emprunt, calque, traduction littérale) et la traduction oblique (transposition, modulation, équivalence, adaptation). Van Willigen a parlé de ces stratégies dans son ouvrage Meer bouwstenen voor het begrijpen en vertalen van Franse teksten et elle y a ajouté encore les procédés explicitation, implicitation et dépouillement. Ces termes sont également à retrouver dans Vinay et Darbelnet, mais pas dans la partie sur les procédés techniques.
Emprunt (1)[52]: ce procédé n’est pas très compliqué, car on se sert tout simplement d’un terme étranger pour introduire une couleur locale par exemple, tel que «tortilla» et «party». Souvent, les emprunts sont entrés dans une langue «par le canal d’une traduction»[53].
Calque (2): «emprunt d’un genre particulier: on emprunte à la langue étrangère le syntagme, mais on traduit littéralement les éléments qui le composent. On aboutit, soit à un calque d’expression, qui respecte les structures syntaxiques de la LA[54], en introduisant un mode expressif nouveau (…), soit à un calque de structure, qui introduit dans la langue une construction nouvelle»[55]. Cependant, le traducteur doit se méfier de faire des erreurs en adoptant quelques termes ou toute la structure d’une phrase dans le texte source: «le Président de la République» est traduit par «de president van de Republiek» au lieu de «de Franse president» et «Monsieur Jacques Lang, l’ancien ministre de la Culture, a posé sa candidature à la présidence» est traduit par «De heer Jacques Lang (au lieu de «Jacques Lang»), de voormalige minister van Cultuur, heeft zijn kandidatuur gesteld (au lieu de «heeft zich kandidaat gesteld») voor het presidentschap»[56].
Traduction littérale (2): également appelée traduction mot à mot. Le traducteur traduit littéralement tous les éléments de la phrase et aura une phrase correcte dans la langue cible, comme par exemple: «I left my spectacles on the table downstairs» traduit par «J’ai laissé mes lunettes sur la table en bas»[57]. Mais, une traduction littérale n’est pas toujours une bonne manière et le traducteur doit bien faire attention d’éviter des erreurs telles que « (…) le pays le plus drogué du monde» traduit par «het meest verslaafde land»[58].
Ces trois procédés étaient des procédés assez simples où on n’avait pas besoin de modifier la structure de la phrase par exemple. Passons maintenant aux procédés qui appartiennent à la traduction oblique et qui doivent être utilisés dans les cas où la traduction littérale ne suffit pas.
Transposition (3): on remplace un mot d’une catégorie grammaticale par un mot d’une autre catégorie grammaticale sans changer le sens du message. Les auteurs distinguent les transpositions obligatoires («dès son lever» contre « as soon as he gets/got up») et facultatives («après qu’il sera revenu» contre «after he comes back» et «après son retour» contre «after his return», ces traductions peuvent être croisées)[59].
Modulation (4): «variation dans le message, obtenue en changeant de point de vue, d’éclairage. Elle se justifie quand on s’aperçoit que la traduction littérale ou même transposée aboutit à un énoncé grammaticalement correct, mais qui se heurte au génie de LA»[60]. On distingue ici également des modulations libres ou facultatives («It is not difficult to show» contre «Il est facile de démontrer») et figées ou obligatoires («The time when» contre «le moment où»)[61]. Une modulation libre est souvent appliquée quand on adapte la traduction à la langue cible.
Equivalence (5): le traducteur cherche une traduction dans la langue cible qui indique la même chose que dans la langue source, comme dans cet exemple classique: en français on dit «Aïe» et en anglais on dit «Ouch» quand on s’est tapé sur les doigts[62]. Cependant, il ne faut pas traduire tous les éléments typiquement culturels, c’est pour éviter une traduction un peu bizarre comme ici pour démontrer la présidence: «Après son retour à Matignon, le Premier ministre…» traduit par la résidence officielle du Premier ministre des Pays-Bas «Na aankomst op het Franse Catshuis, weigerde de premier…»[63].
Adaptation(6) : l’adaptation «s’applique à des cas où la situation à laquelle le message se réfère n’existe pas dans LA, et doit être créée par rapport à une autre situation, que l’on juge équivalente. C’est donc ici un cas particulier de l’équivalence, une équivalence «des situations»[64], commedans : «he kissed his daughter on the mouth» traduit par «il serra tendrement sa fille dans ses bras»[65], parce qu’en France un père n’embrasse pas sa fille sur la bouche. Cependant, le traducteur n’opte pas pour l’adaptation s’il veut garder la couleur locale dans sa traduction, cela dépend donc de la méthode de traduction du traducteur.
Continuons avec les autres trois catégories de Van Willigen:
Explicitation (7): ici, le traducteur explique des éléments qui ne sont pas expliqués dans le texte source. Le traducteur adapte sa traduction à son public cible. Donnons en un exemple: «Mitterand vient de publier un livre-conversation, Mémoire à deux voix, méditéavec son vieux complice, Elie Wiesel » traduit et expliqué par: «Mitterand heeft onlangs een boek in dialoogvorm, Mémoire à deux voix gepubliceerd, dat de neerslag vormt van gedachtenwisselingen met zijn oude makker Elie Wiesel»[66]. Ce titre ne sera pas compris par le public néerlandais.
Implicitation (8): l’inverse de l’explicitation. Ici, le traducteur omet les éléments qui rendent la phrase trop compliquée ou qui contiennent des informations peu intéressantes pour le public cible.
Dépouillement (9): on «dégage l’essentiel du signifiant et l’exprime d’une façon condensée»[67]. En français, on a souvent besoin de plus de mots que dans une autre langue, tandis que dans la traduction il faut les laisser pour avoir une traduction plus «naturelle» et souple, voirentre autres: «vêtu d’une veste» traduit par «in een jasje»; «la plainte portée contre lui» doit être traduit par «de aanklacht tegen hem» et «Je ne suis pas du tout charmé de ce projet» peut être traduit par «Ik ben hiervan helemaal niet gecharmeerd». Dans les deux premiers exemples, il s’agit d’une préposition en français qui entraîne un verbe; ce verbe n’est pas obligatoire ni courant en néerlandais et dans le deuxième exemple, il s’agit plutôt d’un adverbe en néerlandais qui renvoie à un élément dans une phrase précédente. Le néerlandais a plus de tels adverbes que le français, d’où le dépouillement en néerlandais qui rend la traduction plus naturelle.
Nous concluons que le calque et la traduction littérale se ressemblent trop. Quand on compare les deux définitions avec les exemples, on voit difficilement les différences. De plus, quand on recherche sur Internet des définitions, on voit les mêmes différences de nuance ou pas de différences du tout. C’est pourquoi nous avons décidé de les prendre ensemble.
De plus, la transposition et la modulation se ressemblent beaucoup, mais ne doivent par contre pas être confondues. La différence c’est que dans le cas d’une transposition, on change uniquement la catégorie grammaticale, obligatoirement ou facultativement, tandis que dans le cas d’une modulation, on change vraiment le point de vue, obligatoirement ou facultativement. En revanche, nous pouvons dire qu’on applique souvent automatiquement ce procédé en traduisant grâce à ses connaissances de la langue étrangère.
Ensuite, l’équivalence ressemble à l’adaptation, mais la différence c’est que dans le cas d’une équivalence, on cherche le même mot ou la même situation par exemple dans la langue cible, tandis que dans le cas d’une adaptation le traducteur est plus ou moins obligé de chercher une sorte d’équivalence, parce que ce qu’il doit traduire n’existe pas dans la langue cible. C’est pour cela qu’on l’appelle «équivalence des situations».
Finalement, concernant le dépouillement il faut que nous remarquions qu’en français il n’existe pas d’adverbes tels que «hiervan, hiermee, daardoor», de sorte qu’il est logique qu’en français on a besoin de plus de mots qu’en néerlandais où parfois un simple adverbe suffit. Le changement que le traducteur fait dans sa traduction n’est pas un vrai procédé donc, mais un changement qui est inhérent à la langue cible. Dans l’analyse des procédés de traduction (voir chapitre 5) nous ne parlerons que des dépouillements tels que «planté dans», c’est-à-dire les cas où les prépositions en français entraînent un verbe.
3.3.2. Van Camp et ses realia
Comme nous l’avons promis, nous revenons sur Van Camp. Nous reprenons sa catégorisation de termes culturels et en même temps nous étudions globalement les résolutions qu’elle propose.
1. Eigennamen (Personennamen, geografische Namen, Sachbezeichungen) -Namen von realen Personen -Namen von fiktiven Personen –Charakterisierende Namen : le traducteur peut les maintenir («beizubehalten»), emprunter avec explication («übernehmen»), adapter à la langue cible («ändern», «verdeutschen»)[68].
Van Camp dit qu’il n’y a pas de vraies règles qui disent comment il faut traduire un certain nom, «da diese sich in mehreren Gruppen, jede mit eigenen Kriterien, einteilen lassen»[69]. Cependant, elle conseille d’expliquer un certain nom dans le cas où cette personne est importante et que le lecteur a besoin de le savoir. Dans les romans littéraires, le traducteur remplace souvent les noms pour «naturaliser» (voir début de ce chapitre) le texte.
2. Geldwährungen : les unités monétaires sont liées aux cultures. Si on adapte la monnaie à la culture cible, le lecteur sera confus. Il vaut mieux la maintenir et l’expliquer dans une note en bas de page par exemple.
3. Längenmaße und Gewichtsbezeichungen : en général, les pays ont adopté le système métrique international, mais si on traduit en anglais par exemple, on aura des problèmes, car ces pays utilisent un système qui nous n’est pas connu. Il ne faut pas tout simplement emprunter ces termes; il faut au moins les expliquer en disant qu’un mile anglais est tant de kilomètres.
4. Nahrungsmittel : chaque pays a ses propres spécialités (voir Van Camp 3.2.). Cependant, en général, on peut poser que les produits alimentaires ne sont pas très importants, mais si le traducteur est d’avis que le lecteur veut savoir exactement ce qu’on mange, il faudra le traduire ou emprunter et expliquer (donner une description ou donner un terme plus général, donc «Gebäck» pour indiquer des «muffins»[70]).
5. Bräuche, Feiertage, Feste : les us et coutumes des pays diffèrent énormément. Qu’est-ce que le traducteur peut faire? Dans le cas où il s’agit d’une tradition ou coutume qui est connue, il faut la maintenir, par exemple le «Weinachtsmann» est connu dans beaucoup de pays, mais il ne donne pas de cadeaux dans tous les pays (là, c’est son collègue saint Nicolas qui s’en occupe). Une autre possibilité est de maintenir la coutume et de l’expliquer: «Labour Day» en Amérique a lieu en septembre, tandis que la fête du Travail a lieu le premier mai aux Pays-Bas et en Belgique par exemple. Le traducteur peut expliquer cette petite différence. Une troisième possibilité qu’elle nomme, c’est de remplacer une coutume inconnue par une coutume connue dans la culture cible, tel que dans le cas d’une superstition dont il y a plusieurs exemples dans tous les pays.
6. Gesellschaftliche Konventionen : Duzen oder Siezen n’est pas pareil dans tous les pays. En anglais, on n’a que «you», ce qui veut dire «vous» et «tu» et ce qui peut prêter à confusion, mais un autre problème c’est que la différence entre l’usage de «vous», «Sie» et «u» et «tu», «du» et «jij». En France, on vouvoie plus souvent et plus longtemps qu’aux Pays-Bas par exemple. En allemand, il y a une règle empirique: «bis zum ersten Kuß Sie, danach du»[71], mais cette règle n’est pas toujours appliquée. Pourtant, ce problème n’est pas toujours insoluble: le traducteur doit toujours se demander quelle est la relation entre les personnages et ensuite décider de tutoyer ou de vouvoyer. Il a donc besoin du contexte ou il doit bien étudier le texte et se poser des questions, telles que si les personnages se connaissent bien et comment ils se comportent.
7. Sprachbedingte Eigentümlichkeiten : Dialekt, Slang : en général, il n’est pas à conseiller de traduire les dialectes, parce que cela peut confondre ou même choquer les lecteurs. L’inconvénient c’est que les caractéristiques du texte original sont perdues. Cependant, «slang» définit Van Camp ainsi: «eine nicht-ortsgebundene Umgangssprache der Arbeitersklasse»[72] et est donc à trouver partout dans un pays, de sorte que tout le monde sait globalement ce que c’est. Néanmoins, la traduction du slang n’est pas non plus à conseiller.
En ce qui concerne ces résolutions, il nous reste à faire quelques remarques. Concernant les «Geldwährungen» nous voulons remarquer qu’il existe souvent déjà des traductions, telles que «frank» et «florin», mais Van Camp veut dire qu’il ne faut pas chercher l’équivalent de la monnaie dans la culture cible, car dans ce cas-là le lecteur pensera que sa monnaie est partout valable.
De plus, nous remarquons que Van Camp a raison de nommer les « Längenmaße und Gewichtsbezeichungen», mais nous nous demandons pourquoi elle y consacre toute une catégorie, car en la comparant avec les catégories de Newmark, nous avons constaté que les catégories de Van Camp sont moins détaillées.
Van Camp a raison en signalant les difficultés possibles concernant le pronom appellatif, mais à notre avis cela sera surtout un problème quand on traduit de la langue maternelle à la langue étrangère, mais en général ces «Gesellschaftliche Konventionen» ne seront pas un grand problème. En outre, on ne rencontre pas souvent les pronoms appellatif, mais surtout dans la littérature et des interviews par exemple.
La différence importante entre Van Camp et Vinay & Darbelnet et Van Willigen, c’est que Van Camp présente les catégories des problèmes potentiels et donne ensuite des résolutions possibles, mais ses catégories ne résolvent pas tous les problèmes de traduction. Les autres trois par contre donnent quelques procédés en général et indiquent ensuite dans quelles situations ils peuvent entre autres être appliqués. Etant donné que Van Camp ne donne pas toutes les catégories possibles, comme nous l’avons déjà constaté, nous préférons les procédés de Vinay et Darbelnet, complétés par Van Willigen pour notre analyse dans le chapitre cinq. Cependant, nous prenons le calque et la traduction littérale ensemble, comme nous l’avons dit dans les remarques.
Conclusion du chapitre
Terminons ce chapitre en concluant que la traduction n’est pas facile et qu’elle peut poser beaucoup de problèmes, non seulement linguistiques mais encore culturels. Les realia forment le problème principal de traduction au niveau culturel. Nous avons donné un nombre d’exemples de realia en suivant Newmark et Van Camp. Ensuite, nous avons étudié deux stratégies afin de résoudre les problèmes de traduction. La première stratégie est de Vinay et Darbelnet et a été complétée par Van Willigen et concerne les problèmes de traduction, linguistiques aussi bien que culturels. La deuxième stratégie par contre est de Van Camp et ne concerne que les problèmes au niveau culturel, autrement dit les realia. Nous avons conclu que la stratégie de Vinay & Darbelnet et Van Willigen sera le plus utile dans ce travail. Nous avons opté pour cette stratégie pour décrire les procédés de traduction dans le cinquième chapitre et nous la compléterons par Van Camp si besoin.
Passons maintenant à un chapitre sur la corrida qui sera l’introduction des textes que nous allons analyser dans le chapitre cinq à l’aide de cette stratégie choisie.
Introduction
Commençons d’abord par une description de la notion de «corrida». La notion «corrida» provient du verbe espagnol «correr» ce qui veut dire «courir»[73]. Le substantif «corrida» est dérivé de ce verbe et signifie «course (de taureaux)» en français. Le français a donc emprunté ce terme espagnol. Cependant, une «corrida» implique un combat entre l’homme et le taureau. Une corrida n’est donc ni une «course» ni un combat entre deux taureaux. Nous revenons également sur ce terme possiblement «injuste» dans la première partie de ce chapitre et dans le chapitre cinq.
Dans ce chapitre, nous allons parler de la corrida en étudiant d’abord les débuts pour ainsi arriver à la corrida de l’heure actuelle. Après la description des débuts, nous la divisons en deux parties: la corrida en Espagne et celle en France. Finalement, nous comparons les arguments des «aficionados»[74] avec ceux des adversaires pour avoir une idée aussi complète et neutre que possible.
4.1. Bref historique
Tout d’abord, il faut que nous remarquions deux choses. Premièrement, on ne connaît pas exactement les origines de la corrida, par absence de sources écrites avant le XIe siècle. Nous nous basons sur quelques sources différentes et sur lesquelles qui nous paraissent les plus plausibles, c’est à dire le site de la FLAC[75], et celui de la SPA de Quevaucamps[76] qui sont souvent complétés et/ou vérifiés à l’aide d’autres sites qui seront mentionnés en bas de page.
La deuxième remarque que nous faisons concerne un problème terminologique. Le problème c’est, comme nous l’avons déjà dit ci-dessus, le sens de et la différence entre ces deux mots : «course de taureaux» et «corrida». Dans ce chapitre, ces deux mots sont utilisés alternativement, tout comme dans les documents que nous avons étudiés. En nous basant sur l’usage de ces deux termes, nous concluons que ces deux termes ont les mêmes sens, mais le mot «course» n’implique pas un combat sanglant entre un homme et un taureau. De plus, le mot corrida provient donc (voir ci-dessus) du verbe espagnol «correr» et n’implique pas non plus un combat cruel. A cet égard, ces deux mots sont des «équivalents». Quand on dit par contre «corrida», on pense tous au combat cruel entre l’homme et le taureau, mais en parlant des «courses de taureaux», on pense plutôt aux compétitions de vitesse. Nous avons donc cherché des documents sur Internet dans l’espoir de savoir quelle est la différence entre ces deux termes. Cette recherche était sans vrai résultat. Ensuite, nous avons eu contact par mél avec Jean-Pierre Garrigues (JP), président du CRAC[77], et puis avec Elisabeth Hardouin-Fugier (E), écrivain du livre «La corrida»[78], et leurs remarques étaient assez claires.
D’abord, JP nous a répondu que
le mot «corrida» signifie bien «course» (en espagnol), mais en France, il y a d’autres pratiques tauromachiques: course landaise ou course camarguaise, sans parler des encierros, bandidos ou abrivados (…) En France, en avril 1951, le législateur , pour protéger la corrida et la légaliser dans le sud de la France, a volontairement parlé des «courses de taureaux», ce qui, pour la France, correspond à TOUTES les pratiques tauromachiques citées ci-dessus. Aux yeux de la loi française, la corrida est une «course de taureaux» parmi d’autres! (…) La loi de 1951 n’a fait qu’entériner un état de fait. Ce qui signifie qu’avant 1951, l’expression «course de taureaux» englobait l’ensemble des activités tauromachiques, y compris la corrida.
Ensuite, nous avons posé plus ou moins les mêmes questions à Mme Hardouin-Fugier et voici sa réaction:
(…) le mot corrida est devenu celui qui désigne les trois tercios avec mise à mort. Oui, correr est «courir», on emploie souvent tauromachie pour ce même spectacle et pour embrouiller les idées, en particulier en droit, où tout repose sur l’ancienneté de la pratique: en effet, il y a toujours eu chasse de taureaux, dès le XIIe siècle, et les partisans de la corrida (aficionados) prétendent que cette chasse justifie le spectacle d’aujourd’hui, justifié en droit par la «tradition». Ils appellent le tout «tauromachie», ça donne aussi un petit ton antiquisant. Donc la confusion n’est pas «innocente» (…)
Sur la question de savoir si on a jamais organisé de vraies courses de taureaux, donc des courses où les taureaux ont dû courir par exemple pour gagner la course et sur la question de savoir si "correr" signifie que les taureaux ont été chassés ou poursuivis par l'homme, elle nous a répondu:
En effet, je ne sais pas exactement pourquoi on
dit
course
de taureaux : non les taureaux n'ont jamais couru comme les chevaux anglais, (en
compétition de vitesse), à la même époque, par exemple. Je ne sais pas assez
l'espagnol pour comprendre, c'est de ce côté là qu'il faut chercher ; puis au
XIX et XX° en France, on a traduit littéralement course, peut-être parce que
dans les jeux taurins, non sanglants, en effet on courre après les taureaux pour
enlever la cocarde posée entre les cornes : on dit toujours course landaise,
course camarguaise (non sanglantes).
Concluons par rapport à ces
deux termes qu’il n’y a jamais eu de vraies «courses» de taureaux où les
taureaux ont couru pour gagner. Le terme français «course de taureaux» est une
traduction du mot «corrida» en espagnol. La question est donc de savoir pourquoi
on dit «corrida» en espagnol, pourquoi on parle des «courses» ou de «courir»
(«correr») pour désigner les combats cruels entre l’homme et le taureau. Cela
dépasse notre cadre de travail de le rechercher de près. Cependant, en français
le terme «course de taureaux» est une sorte de dénomination commune de la
terminologie taurine.
Enfin, passons à l’historique.
Poursuivre, torturer et enfin tuer les animaux sont des pratiques qui existent depuis très longtemps déjà. Cependant, pour trouver le début des premières courses de taureaux, il faut remonter à l’Empire romain, il y a environ 2 000 ans[79]. A cette époque, on a organisé beaucoup de courses de taureaux qui faisaient partie des jeux du cirque. Pour être plus précis, les courses de taureaux étaient à trouver parmi les «chasses». Les jeux du cirque comprenaient également entre autres des combats de gladiateurs et des combats navals.
Les courses de taureaux consistaient en combats entre l’homme et le taureau et en combats de taureaux entre eux. Les bêtes étaient affamées ce qui provoquait un spectacle sanglant. Les hommes qui chassaient à l’aide d’une sorte de muleta[80] et tuaient finalement les taureaux dans les jeux étaient les prédécesseurs des toréadors et matadors actuels. Les chasseurs étaient souvent accompagnés par des chiens écossais et armés d’arcs, de poignards, de lances, etc. En fait, ici est déjà née l’idée de la corrida. De plus, les combats n’étaient pas équilibrés, car les forts devaient gagner et les faibles mourir, ce qui est conforme à la culture romaine.
Au premier siècle de notre ère, les jeux du cirque connaissaient leur apogée. En 72, le Colisée a été construit et pour l’inaugurer, on a organisé beaucoup de spectacles durant 102 jours qui entraînaient la mise à mort de plus de 5 000 bêtes et de plusieurs centaines d’hommes[81].
Pendant les deux siècles suivants, l’économie dans l’Empire romain était en régression et ne permettait plus de maintenir la façon de vivre ayant pour conséquence que les jeux perdaient un peu de leur valeur dans l’Empire, ce qui a également été renforcé par le fait qu’ils s’étaient répandus dans le bassin méditerranéen et dans l’Europe occidentale. Ce qui jouait également un rôle important à la baisse de popularité des jeux, c’est que le christianisme se développait et apportait de nouvelles valeurs culturelles, telle que l’abolition de l’hoplomachie en 325 par l’Empereur Constantin[82]. Cette abolition a eu pour conséquence que les amateurs des jeux devaient se satisfaire des chasses.
La chute de l’Empire romain a entraîné la disparition des jeux dans beaucoup d’anciennes provinces où les jeux ont existé plus longtemps. Ici, les jeux avaient un caractère indigène. La fin de l’Empire a encore été caractérisée par «l’avènement des très grands domaines fonciers appelés Latifundia»[83]. Ces domaines avaient une certaine autonomie qui permettait au patron respecté et influent d’exhiber des taureaux. En Espagne, les latifundia ont existé durant quelques siècles et régimes (l’invasion et ensuite l’influence des Maures[84] du XVIIIe au XVe siècle[85], les catholiques[86] pendant la Reconquête dans la même période[87]) et l’exhibition des taureaux est devenue une tradition dans les régions d’élevage, notamment en Espagne et même en Aquitaine. Dans les latifundia en Espagne, l’élevage de bovins semi-sauvagesétait et est toujours la seule activité possible. Ces traditions étaient méprisées par les religions et n’ont pas eu beaucoup de popularité. Pour cette raison, il n’y a pas de traces, donc pas de preuves que les jeux de taureaux ont vraiment existé du VIe au XIe siècle. C’est ce qu’on appelle le «trou» du haut Moyen Age et ce trou est une affirmation pour les historiens et aficionados que la course de taureaux ne peut pas être antérieure au XIe siècle et n’a donc pas de parenté antique[88]. Les opposants de la corrida par contre signalent les ressemblances évidentes avec les jeux et courses de taureaux antiques. Cette discussion dure encore.
Cependant, les historiens aussi bien que les aficionados connaissent et reconnaissent l’existence des jeux de taureaux du milieu du Moyen Age jusqu’à maintenant[89], car il y a des polémiques qui en font preuve. La polémique la plus connue, bien qu’elle ne soit plus pendant le Moyen Age, c’était la bulle papale (Pie V[90]) du 1er novembre 1567 dans laquelle on dit entre autres que
Nous défendons et interdisons, en vertu de la présente Constitution à jamais valable, sous peine d'excommunication et d'anathème encourus ipso-facto, de permettre qu'aient lieu dans leurs provinces, cités, terres, châteaux forts et localités des spectacles de ce genre où l'on donne la chasse à des taureaux et à d'autres bêtes sauvages. Nous interdisons également aux soldats et aux autres personnes de se mesurer, à pied ou à cheval, dans ce genre de spectacle, avec les taureaux et les bêtes sauvages[91].
Pour les aficionados par contre les premières exhibitions taurines datent du XIe siècle et auraient été organisées pour célébrer l’avènement du roi «Abu el Hassan»[92].
Au Moyen Age, les seigneurs à cheval transperçaient le taureau par leur lance et une foule se trouvait autour du taureau et l’attaquait avec des lances, épées, etc. Le taureau mourait épuisé et abattu. Pour le peuple, les corridas étaient des fêtes populaires et sanguinaires et elles étaient organisées sur une place clôturée.
Le clergé catholique espagnol récupérait les traditions taurines et les monarques n’y étaient pas non plus contre. En France, l’Empereur Charles Quint (1500-1558) a combattu et tué un taureau sauvage à l’occasion de la naissance de son premier enfant. De plus en plus souvent, les gens sont entrés dans les arènes pour assister aux corridas.Cependant, Philippe d’Anjou a interdit aux seigneurs d’y participer signalant le danger des corridas (à chaque corrida il y avait des morts), mais ces corridas étaient bonnes pour le peuple. Les seigneurs ont été remplacés par des picadors.
Au XVIe siècle,les Espagnols ont exporté l’idée des latifundia en Amérique avec la tradition taurine. De cette façon le Mexique et la Colombie entre autres ont fait connaissance avec la corrida. Ceci peut être une des causes que la corrida existe également en Amérique du Sud.
Arrêtons ici ce bref historique, car maintenant nous avons globalement une idée des origines possibles de la corrida. Etudions le développement de la corrida en Espagne dans la partie suivante et son développement en France dans la partie après.
4.2. La corrida en Espagne
Dans la partie précédente, nous avons globalement vu quel était le rôle d’Espagne dans le milieu taurin et dans quelle mesure l’idée des latifundia était responsable de l’exportation de la corrida vers l’Amérique du Sud. De plus, nous avons constaté un peu quelle était la position du clergé en Espagne.
Nous poursuivons notre description dès le XVe siècle où l’Espagne a conquis l’Amérique Central et du Sud et a ainsi introduit la corrida en 1529[93] et là, les corridas avaient plus le soutien de l’église qu’en Espagne. Par contre, il y avait des régions ou colonies espagnoles qui y étaient fermement opposées, telles que les Baléares et les Canaries.
De plus, au XVIe siècle, à Séville, quelques employés des abattoirs s’amusaient à courir, poursuivre et ensuite esquiver les taureaux avant de les tuer. A cette époque, les abattoirs étaient le lieu de rencontre de la population rurale et urbaine à l’occasion de l’approvisionnement de bétail et de viande[94]. Même les femmes y assistaient, malgré la puanteur et le bruit. Les techniques d’esquive qui engendraient le torero de cape et de muleta se sont formées de plus en plus grâce à deux ou trois siècles de pratique quotidienne[95]. Les autorités ont essayé de les interdire, parce que les spectateurs ont souvent causé des dégâts lors des corridas. Entre-temps, les corridas étaient également organisées dans les villes d’Andalousie, de Castille et de Navarre. De cette façon et petit à petit, la corrida était devenue une profession. Les premiers vrais toreros étaient d’anciens employés des abattoirs.
En 1700, le prince Philippe V, le petit-fils de Louis XIV,monte sur le trône d’Espagne. Les Bourbons étaient un peu réservés aux combats. A côté de ces corridas, il existait une tauromachie pédestre et populaire qui était pratiquée dans les fêtes religieuses. Pendant ces jeux, le taureau était harcelé par une foule qui se déchaînait et il subissait de graves sévices. Ces atrocités envers les taureaux ne se limitaient pas seulement à l’Espagne, maisétaient également populaires en Angleterre et Italie par exemple. Toutes ces pratiques cruelles témoignaient d’une attitude générale de cruauté envers l’animal, telle que les ânes bâtonnés à mort, les chèvres précipitées du haut d’un clocher, les volailles décapitées[96]. Cependant, grâce à une loi contre la cruauté, les jeux taurins ont été bannis en Angleterre. L’Espagne par contre continue toujours ses pratiques d’un autre âge.
Entre 1730 et 1750, la corrida a été normalisée: on distinguait trois «tercios» et les premières arènes ont été construites. Au début, le taureau était un animal semi-sauvage, il est devenu ensuite de plus en plus domestique. Pour cette raison, les premières sélections génétiques avaient lieu pour sélectionner les animaux les plus courageux. Premièrement, les taureaux ont été élevés par les religieux, mais les élevages laïcs imposaient la suprématie des taureaux andalous. Cependant, ces animaux étaient plus chers, ce qui entraînait une réduction du nombre de taureaux d’une corrida. Les chevaux ne servaient qu’à protéger le picador des coups du taureau lors d’une corrida et n’ont pour cette raison aucune valeur marchande.
La corrida a connu son apogée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après la guerre franco-espagnole vers 1813, la corrida était devenue le symbole de la lutte contre les troupes napoléoniennes. Le roi d’Espagne, Joseph Bonaparte, a eu une grande influence sur le monde taurin en promouvant la mode espagnole. Les spectacles bénéficiaient ainsi des appuis politiques.
Après 1850, la corrida est devenue de plus en plus réglementée en Espagne. On utilisait un caparaçon pour protéger le cheval des coups de taureaux et du picador. Les chevaux ont souffert terriblement, mais grâce au caparaçon les chevaux ne se faisaient plus souvent éventrer. En Espagne, la corrida a donc perdu un peu de son intensité, ce qui avait pour conséquence que les Espagnols venaient aux corridas en France.
4.2.1. La tauromachie au XXe siècle
Le XXe siècle a été un âge d’or de la corrida et des aficionados. Un des facteurs qui y a contribué, c’est le régime de Franco. Sous le régime de Franco, dès 1936, il y a eu une augmentation forte du nombre de corridas. En 1937, les républicains espagnols ont interdit les corridas, mais Franco, «le jour de la défaite des forces républicaines»[97], a organisé une «corrida de la victoire» qui permettait ainsi à la corrida de se répandre dans toute l’Espagne[98]. Les opposants à la corrida disent que Franco a permis et stimulé les corridas pour divertir et endormir le peuple. Après la mort de Franco en 1975, le nombre de corridas a baissé considérablement. De plus, la réglementation de la corrida a été adaptée à la demande des organisations anti-corrida et grâce à une majorité grandissante de la population qui s’exprimait contre la corrida.
En ce moment, il y a environ 700 fermes d’élevage où les taureaux de combats, les «toros bravos», sont élevés. Les taureaux les plus chers coûtent environ 15 000 euros et le matador gagne plus ou moins 50 000 euros par corrida. Chaque année, on organise aux environs de 13 000 corridas avec 30 000 taureaux qui attirent 50 millions de visiteurs.[99]
4.2.2. Abolition de la corrida à Barcelone?
Le 25 mars 2004, la World Society for the Protection of Animals (WSPA) et l’Association de Défense des Droits de l’Animal (ADDA) de Barcelone ont organisé un rassemblement devant l’hôtel de ville de Barcelone pour remettre 245 000 lettres et signatures recueillies dans le monde entier qui exigent que la ville de Barcelone soit déclarée ville anti-corrida avant le Forum Universel des Cultures qui a eu lieu de mai jusqu’en septembre 2004. De nombreuses associations internationales sont venues depuis leur pays pour soutenir cet événement important.[100]
Le 6 avril 2004 le conseil municipal de Barcelone a décidé d’autoproclamer Barcelone ville anti-taurine lors d’un vote historique par 21 voix contre 15 et 2 abstentions. On dit qu’il s’agit d’un grand pas vers l’abolition des corridas en Espagne, car on a maintenant suffisamment de poids pour solliciter cette interdiction auprès du Parlement catalan. Le Parlement a le pouvoir légal de prendre une telle décision.[101] De cette façon, le Parlement pourrait abolir les corridas non seulement à Barcelone mais encore dans le reste de la Catalogne. L’Espagne est divisée en 17 autonomies et il n’est pas impossible qu’il y en ait d’autres qui suivent l’exemple de Barcelone.
Quoi qu’il en soit, le vote doit donc d’abord encore être ratifié par le Parlement catalan. Les opposants à la corrida ont lancé une campagne nationale et internationale de signatures pour convaincre le Parlement de la nécessité de l’abolition de la corrida. Les signatures seront collectées dans plusieurs pays jusqu’au mois de janvier 2005. On s’attend à ce que le Parlement catalan en parle (et la vote?) en février ou mars 2005.[102]
Finalement quelques chiffres indiquant l’opinion des habitants de Barcelone: selon un sondage de 2003, 63% des habitants de Barcelone souhaitent l’interdiction des corridas dans leur ville. 55% des habitants souhaitent que Barcelone s’autoproclame ville anti-taurine. Les corridas sont perçues comme cruelles et contraire à l’éducation par 76% d’entre eux, 59% n’ont jamais assisté à une corrida, et seulement 7% considèrent la corrida comme un élément favorable à l’image de Barcelone. 98% des personnes interrogées reconnaissent la souffrance des animaux maltraités et 96% estiment que les activités récréatives impliquant la souffrance des animaux devraient être interdites.[103]
4.3. La corrida en France
En France, nous avons étudié la corrida jusqu’au règne de Philippe d’Anjou qui a interdit aux seigneurs de participer aux corridas. C’est pour cette raison que le picador est né. Nous reprenons notre description à partir du XVIIe siècle.
En 1620, les courses de taureaux à Bazas en Gironde ont été interdites par Louis XIII et Louis XIV a ensuite interdit les courses dans toute l’Aquitaine. Parfois, on a organisé des fêtes avec des courses des taureaux, mais vers la fin du XVIIIe siècle toutes les courses de taureaux avec mise à mort étaient abolies en France. Cependant, au début du XIXe siècle la popularité de Joseph Bonaparte, roi d’Espagne en 1808, a favorisé les traditions typiquement espagnoles et il a ainsi inspiré les aficionados en France: en 1853, date importante, on a adopté et organisé les vraies «corridas à l’espagnole» pour satisfaire la passion de la femme de Napoléon III, Eugénie de Montijo, aristocrate espagnole et aficionada[104]. Cet événement marquait le retour des courses de taureaux avec mise à mort en France. Cependant, les corridas ne seraient désormais pas organisées uniquement en Aquitaine, mais encore dans tout le midi. Jusqu’à 1870, les spectacles profitaient ainsi du soutien politique et mondain, ce qui a fourni une bonne base pour la position du monde taurin qui dure toujours.
4.3.1. La première loi de défense animale
En 1850, la première loi française de défense animale est sortie : la loi «Grammont». Cette loi a été soutenue par des humanistes, dont Victor Hugo qui a dit que
Torturer un taureau pour le plaisir, c’est plus que torturer un animal, c’est torturer une conscience.[105]
Ces mots célèbres sont encore souvent cités de nos jours. Cependant, cette loi visait à empêcher le retour des courses de taureaux en France, mais Napoléon III faisait tout pour faire retourner la corrida, comme nous l’avons déjà dit globalement. La loi n’arrivait donc pas à empêcher les corridas, car en 1853 la première corrida à l’espagnole, ce qui implique une mise à mort (voir 4.3. ci-dessus) a été organisée. Malgré cela, la loi a été appliquée, car les corridas ont été verbalisées, mais ces amendes n’étaient pas vraiment élevées par rapport aux profits réalisés. Cependant, en 1951 le parlement a voté un amendement à la loi de 1853 : le mauvais traitement envers un animal domestique n’était plus punissable «lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée»[106]. La loi Grammont n’était plus applicable aux courses de taureaux. L’argument principal était de caractère économique: dans les régions méridionales les corridas offrent des ressources considérables, dès le mois de mai jusqu’au mois d’octobre. On ne voulait pas voir les touristes intéressés par les courses de taureaux partir en Espagne en cas d’abolition des corridas et on voulait même attirer les touristes espagnols. Cependant, il faut que nous y ajoutions qu’actuellement la situation a changé: il y a de plus en plus d’opposants parmi les touristes qui refusent de passer leurs vacances dans une région où on organise des corridas. Donnons en un exemple: le tour-opérateur canadien MacDonald organisant souvent des voyages en Provence depuis 27 ans a dénoncé en janvier 2004 dans une lettre à l’office du tourisme d’Arles que la barbarie tauromachique en France a choqué ses clients et qu’il boycotte cette ville tant que les corridas y subsisteront et qu’il encourage ses confrères à faire la même chose.[107]
4.3.2. Le développement après la loi Grammont
Malgré la loi Grammont qui a interdit tous les actes de cruauté envers les animaux domestiques, la corrida s’est développée dans le Midi et le Sud-Ouest, mais ensuite également vers le Nord (Paris, Reims, Le Havre, Roubaix)[108]. Un petit mot sur les corridas à Paris: sous prétexte de l’exposition universelle de Paris en 1889 on a construit quatre arènes, dont La Gran Plaza de Toros du Bois de Boulogne sur la rue Pergolèse est la plus connue[109]. Les corridas devaient être un simulacre des véritables courses de taureaux, mais sans effusion de sang ni mauvais traitements envers les animaux engagés. L’usage des pics par exemple était interdit. Cependant, la deuxième corrida marquait le début des dérapages: les taureaux ont été piqués, il y avait de l’effusion de sang donc. Les corridas étaient un grand succès auprès du public. Parfois, il s’était passé de graves incidents et pour cette raison on a fermé les arènes pour quelques temps. Après trois ans les arènes de Paris ont été fermées définitivement à cause des problèmes financiers. Les corridas dans le Nord, comme à Paris, n’étaient donc pas toujours de «vraies» corridas, comme dans le Midi, mais plutôt des «jeuxburlesquesou un panaché de pratiques françaises et espagnoles»[110]. En 1880, le raseteur[111] Le Pouly Beaucaire a inventé le quadrille: sauts, passes, pose de banderilles, cocardes et simulacre de mise à mort[112].
Vers1860, la mode espagnole s’est estompée etl’intérêt a diminué et plusieurs grands personnages ont clairement montré leur refus de la corrida. Cependant, vers 1890, la corrida devenait de plus en plus populaire, entre autres grâce à l’indécision des élus. Dès 1894, la corrida de type espagnol a complètement été implantée dans le Midi (Sud-Ouest et Sud-Est)[113]. La S.P.A.[114] a intenté des procès, mais elle a été déboutée. Dès 1920, les courses de taureaux étaient taxées, ce qui renforçait la position des organisateurs et aficionados et donnait aux corridas une forme de législation.
Depuis 1951 (voir ci-dessus) la corrida est donc légale dans certaines villes et régions françaises de sorte qu’elle a pu se développer.
De nos jours, chaque année il y a environ 100 corridas en France où 600 taureaux sont tués[115]. La plupart des taureaux sont importés d’Espagne. Le domaine taurin se trouve dans le sud et le sud-ouest de la France et s’étend entre Fréjus et Bordeaux. Nîmes est la ville la plus importante dans le monde taurin français.
4.3.3. «Action alinéa 3»
L’article 521-1 est un article du Code Pénal où il est mentionné que les actes de cruauté envers les animaux sont sanctionnés. Cependant, le troisième alinéa constitue une exception à la règle en autorisant les courses de taureaux et les combats de coqs «lorsqu’une tradition locale et ininterrompue peut être invoquée»[116].
Le problème c’est donc que toutes les cruautés envers les animaux sont prohibées, mais cet alinéa autorise les corridas. De plus, dans un certain nombre de villes on prétend injustement à une tradition (ininterrompue).
Cependant, Mme Muriel Militello, députée UMP des Alpes Maritimes, a déposé le 29 juin 2004 une proposition de loi à l’Assemblée Nationale qui vise à supprimer le troisième alinéa de l’article 521-1 du Code Pénal afin de rendre illégaux les corridas et les combats de coqs dans toute la France. Les opposants à la corrida, signalant que la majorité de la population à 83% est contre la corrida et a voté pour les députés aux dernières élections, ont demandé aux autres députés de soutenir la proposition de loi de Mme Militello. Il est important d’être soutenu par le plus de députés possible, car une proposition de loi qui provient de l’opposition n’a normalement aucune chance d’aboutir, mais si une proposition est présentée par des députés de la majorité, elle aboutit habituellement.
En septembre 2004, la situation se présentait ainsi: Mme Militello appartient au parti majoritaire, l’UMP, mais le combat est déjà en train de devenir totalement transversal et transcende les clivages habituels. Ce combat ne peut avoir de couleur politique, car il y a des socialistes par exemple qui ont signé, tandis qu’il y a aussi des députes de gauche qui sont des aficionados. De plus, citons la réaction d’un opposant à la corrida: «(…) sachant que le thème de cette proposition n’a rien à voir avec la politique et qu’elle fait appel à la conscience de l’Homme»[117]. En revanche, le député-maire UMP de Bayonne, Jean Grenet a créé le groupe tauromachique à l’Assemblée nationale et il est soutenu par 55 députés de l’UMP, mais aussi du PS. Il y a par contre des députés du PS qui se sont déjà exprimés contre cette barbarie, telle qu’une présidente du groupe de réflexion sur la protection animale à l’Assemblée nationale.[118]
Etant donné que cette proposition de loi devient de plus en plus transversale, il est important de rassembler un maximum de signatures de toutes les directions politiques. Les signatures seront pour Mme Militello la preuve du soutien qu’elle reçoit envers son propre parti, mais encore pour convaincre ceux qui doutent et finalement pour prouver que l’ensemble des français s’oppose aux corridas. Ce que les opposants à la corrida font pour aider Mme Militello, c’est de rechercher la position de leur propre député départemental et de le remercier s’il a déjà soutenu la proposition ou de lui demander de le faire dans le cas où il ne l’a pas encore fait.
4.4. L’«art» de la corrida ?
Sous ce point, nous traiterons quelques-uns des arguments des aficionados et des adversaires de la corrida pour voir quelles sont leurs opinions divergentes. Commençons par les adhérents.
4.4.1. Les arguments des aficionados
Nous étudions les arguments en gros, mais nous copions d’abord les quatre catégories de spectateurs à travers les âges que la F.L.A.C.[119] distingue[120]:
1. les aficionados: les amateurs de la corrida. D’après la presse spécialisée ils sont environ 5000 sur tout le territoire. Ce sont pour la plupart des individus qui connaissent le milieu taurin depuis leur enfance.
2. les curieux: ce sont souvent des touristes, des «néophytes». Ces spectateurs sont souvent occasionnels et se laissent souvent séduire par les publicités tapageuses ou viennent par curiosité ou pour savourer la culture.
3. les snobs: des personnalités de toutes les sphères de la société. Ce sont par exemple des acteurs, des chanteurs, des peintres (tels que Picasso à l’époque), des enseignants, des journalistes, des écrivains (Hemingway au XXe siècle), des magistrats, des avocats, des psychologues, des religieux. Enfin: ce sont les penseurs.
4. les élus: les hommes politiques de toutes les directions. Ce sont des visiteurs qui viennent par intérêt personnel aussi bien que politique par rapport aux électeurs.
Pour ces catégories de spectateurs la corrida est un spectacle de culture et de tradition qui doit être perpétué. Pour les touristes la corrida est un jeu qu’on doit visiter pendant les vacances pour mieux connaître la culture de leur pays de vacances.
Voici quelques arguments que les aficionados apportent:
«la corrida est un art»: la corrida est surtout devenue un art grâce à ses participants: la beauté du geste, les couleurs, les costumes (eux-mêmes trouvés par un torero qui voulait se montrer plus brillant[121]). L’art de tuer un animal sauvage.
«la bravoure originelle»: les taureaux se battent entre eux par nature. De nos jours, l’éleveur recherche à l’intérieur de l’élevage les bêtes chez qui le goût de combat, la bravoure, est le plus développé. Pour cela, il va sélectionner les parents du futur combattant en espérant que ceux-ci lui transmettront leurs propres qualités.[122] Dès sa naissance, le taurillon est intégré dans un troupeau où il ressent la rudesse de manières de ses congères ainsi que l’agression. Dans un premier temps, trop faible, il subit et souffre. Mais très vite il s’aperçoit qu’en répondant aux attaques de ses assaillants il peut s’éviter le désagrément de leurs intrusions répétées dans son espace vital. Le combat sanguinaire entre frères est la nature profonde du taureau.[123] Pour l’homme brave, c’est un défi de provoquer le taureau et de le battre. Celui qui gagne, c’est le héros.
«la corrida est une fête, un élément culturel»: pour beaucoup d’Espagnols et pour les Français habitant dans le Midi la corrida est une tradition culturelle, de leur culture, une fête, souvent à l’occasion d’une fête religieuse. Les matadors et toréadors sont de vrais héros. La fête la plus connue est celle de Pampelune où on lâche les taureaux dans la rue à l’occasion de la Saint-Firmin le 7 juillet. Cette fête attire énormément de spectateurs du monde entier.
Terminons avec quelques mots de Simon Casas, le directeur des arènes de Nîmes :
En réalité, les anti-corridas sont intolérants. Je comprends qu'on trouve ce spectacle pénible lorsqu'on ne le connaît pas. Néanmoins, la corrida n'est pas un combat barbare. C'est un art. Le torero, comme le danseur, recherche la beauté. Sauf que lui est prêt à mourir. L'affrontement avec le taureau est une communion avec l'animal. Il s'agit d'un rituel ancien qui a une dimension presque mythologique. La confrontation de l'homme avec le taureau, symbole de puissance et de fécondité, remonte à des temps lointains. Pourquoi de grands artistes, tels Picasso, Hemingway ou Montherlant, pour ne citer qu'eux, se sont-ils passionnés pour la corrida ? Parce qu'elle s'inscrit dans le principe de vie, qui induit la mort. Et c'est cela, en réalité, qui choque : la corrida est le seul art qui nous renvoie à notre mort.[124]
4.4.2. Les arguments des adversaires
Selon le dernier sondage national (Luis Harris) en 1993, 83% de la population française s’affirmaient hostiles à la corrida[125]. Il y a donc assez d’opposants en France. En Espagne par contre, ce taux est un peu moins élevé. Que pensent les amis des animaux de la corrida?
Prenons les quatre catégories distinguées par la F.L.A.C. (voir ci-dessus) pour ajouter les commentaires des opposants.
Concernant les aficionados, ils leur reprochent d’être insensibles à la souffrance animale. Depuis leur enfance ils connaissent la corrida. «L’éducation qui fut la leur interdit tout questionnement quant à la place de l’animal. Et les actes qu’ils posent sont donc à leurs yeux forcément légitimes.»[126]
Les touristes sont curieux et naïfs et sont souvent piégés par les publications. La plupart d’entre eux viennent des pays septentrionaux et sont vite décontenancés en voyant la réalité cruelle qui se cache derrière la fête, l’ambiance, la musique, les costumes lors d’une corrida. Après le spectacle, ils regrettent de l’avoir vu et en sont dégoûtés et n’iront jamais plus. Cependant, entre-temps ils ont appuyé la corrida moralement et financièrement. De plus, beaucoup de touristes sont d’avis qu’il faut assister à une corrida pour mieux, voire «vraiment», connaître la culture du pays de leurs vacances. La corrida pour eux est la même chose que la paella et le flamenco.
Les adversaires reprochent aux snobs qu’il est du dernier chic de se déclarer haut et fort «aficionado» dans toutes les sphères de la société. «Ce sont de loin les plus dangereux car ce sont eux qui donnent à la corrida ses lettres de noblesse en peaufinant un argumentaire des plus spécieux pour la justifier. Ils permettent ainsi aux plus incultes des «aficionados» de répéter sempiternellement les mêmes fadaises et de nous rebattre les oreilles de «tradition» d' «art» ou de «culture» au sens ethnographique avec une pointe d'ethnocentrisme. Ils occultent sciemment la violence et la cruauté qui sont l'essence même de la corrida.»[127]
Nommons finalement les élus. Ils font tout pour gagner des électeurs. Les anti-corridas critiquent le groupe parlementaire à l’Assemblée nationale qui doit «défendre (réfléchir -sic!-) la corrida»[128] (voir aussi «Action alinéa 3», 4.4.3.). De plus, les opposants se demandent pourquoi ils utilisent une part du budget alimenté par des contribuables dont la majorité sont contre la corrida et pourquoi ils font de la propagande dans les écoles publiques ou privées en influençant ainsi les jeunes.
D’après les opposants, la corrida est un exemple de la loi du plus fort. Les médias font des héros des matadors qui fascinent et influencent les esprits jeunes et vulnérables. Il y a quand même des parents qui emmènent leurs enfants aux corridas. La mise à mort d’un animal devient «normale» et légale pour eux, tandis que les opposants trouvent que chaque être humain a le droit de vivre et personne n’a le droit d’achever la vie d’un autre être humain «juste pour le plaisir».
La façon d’élever les taureaux est également critiquée par les opposants, car le taureau est élevé dans de grandes exploitations, mais pas pour des raisons biologiques; simplement pour conserver son instinct «sauvage». A l’âge de quatre ans environ, il est capturé, enfermé dans le noir et emmené aux arènes dans une lumière intense et dans le bruit des spectateurs.
Conclusion du chapitre
Finalement, l’argument de la «tradition» est critiqué vivement. Comme nous avons pu le constater, il n’est pas possible de dire exactement quelles sont les origines de la corrida par manque de documents écrits avant le XIe siècle. On ne sait donc pas bien d’où vient la corrida ou l’idée de la corrida. On ne sait pas non plus s’il s’agit d’une tradition ininterrompue. La question qu’il faut se poser est celle de savoir si la cruauté peut être justifiée par la tradition. Les opposants disent que non. Dans ce cas-là, les combats de gladiateurs existeraient encore au nom de la tradition…[129] Les adversaires se demandent pourquoi on donne raison à une minorité qui aime la torture et la mort d’un animal. La lutte entre les opposants et aficionados continuera encore longtemps.
Nous passons maintenant au dernier chapitre du mémoire: les procédés de traduction dans les deux traductions dans le domaine de la corrida.
CHAPITRE 5 L’ANALYSE DES PROCEDES DE TRADUCTION
Introduction
Dans le dernier chapitre de ce mémoire, nous allons parler des procédés de traduction qui ont été appliqués à ces deux traductions du français en néerlandais dans le domaine de la corrida (voir appendice I). Pour faire une analyse plus objective, nous avons opté pour deux traductions: la nôtre et une autre traduction français-néerlandais faite par un autre traducteur, mais qui porte également sur la corrida. En faisant cette analyse nous aurons également une idée des problèmes de traduction qu’on peut rencontrer dans une telle traduction, non seulement au niveau linguistique, mais encore et surtout au niveau culturel.
Avant que nous allions analyser les deux traductions, nous introduisons les textes en parlant de l’organisation anti-corrida pour laquelle l’un des deux textes a été traduit et en nommant l’occasion pour laquelle la deuxième traduction a été faite.
Ensuite, nous analysons les deux traductions à l’aide des procédés de Vinay & Darbelnet et Van Willigen, déjà traités dans 3.3.1. Nous cherchons un nombre d’exemples clairs de chaque procédé pour avoir une idée des procédés de traduction qui ont été appliqués. Nous consacrons une partie séparée aux procédés concernant les realia, car la traduction des realia joue un rôle primordial dans les problèmes de traduction d’une traduction d’un sujet spécifiquement culturel comme la corrida.
Dans la quatrième et dernière partie, nous recherchons l’influence de la corrida sur le vocabulaire de quelques langues. Nous étudierons par cette raison l’évolution d’un certain nombre de termes espagnols dans quelques langues romanes et germaniques pour voir quels termes ont été empruntés ou traduits et lesquels n’existent pas dans une certaine langue ou famille de langues.
Finalement, nous ferons une comparaison plus détaillée entre le français et le néerlandais (la langue de nos textes sources et la langue de nos traductions) concernant les mots choisis dans la quatrième partie.
5.1. L’introduction des textes
Le Collectif Anti-Corrida de Fréjus (CAC 83) a été fondé le 21 juillet 2001 à Fréjus. Ce collectif est une association à but non lucratif ayant pour but de participer à la lutte pour l’abolition des corridas. Le collectif fonctionne grâce à ses bénévoles.
Le collectif travaille premièrement à un niveau local pour mobiliser la population fréjusienne silencieuse dont la majorité, 86 %[130], s’est exprimée contre la corrida. Le problème c’est que le maire de Fréjus est pro-corrida et ne respecte pas les désirs démocratiques de sa population. De plus, Fréjus sur la Côte d’Azur est une ville populaire et attire beaucoup de touristes en été. La ville de Fréjus dispose des arènes municipales et organise depuis 1905 chaque année des corridas «espagnoles» pour satisfaire la minorité qui décide ainsi pour la majorité.
En deuxième lieu, le CAC 83 travaille à un niveau global pour mobiliser le public et pour soutenir les autres organisations nationales et internationales qui luttent pour la suppression des corridas et toute autre maltraitance des animaux en finalement interdisant la torture et la mise à mort des taureaux qu’on appelle «corrida». Nous reviendrons sur ce terme dans 5.4.
Pour se faire connaître, le collectif a réalisé un site Internet[131] où l’on peut trouver beaucoup d’information, non seulement sur le collectif et de ses buts, mais encore sur la vérité de la corrida et les actualités. Afin d’atteindre un public aussi grand que possible, on a cherché des traducteurs pour une traduction en anglais, allemand, espagnol et néerlandais. La traduction anglaise est en train d’être réalisée par un traducteur anglophone et nous sommes responsable de la version néerlandaise.
Pour l’analyse de ce travail, nous prenons quelques parties de la traduction du site en néerlandais et en plus, nous avons reçu[132] une traduction portant sur la corrida traduite par drs. Jelger Bakker. Cette traduction est le compte rendu du tribunal européen au 24 novembre 2003 à Bruxelles qui a condamné la torture tauromachique. La traduction a été faite pour la publication sur le site du C.R.A.C.[133] qui sera bientôt disponible en six langues. Nous en avons choisi un certain nombre de paragraphes, car le texte entier sera beaucoup trop long pour notre analyse.
5.2. Les procédés de traduction
Sous ce point, nous parlons de six procédés de Vinay & Darbelnet et de Van Willigen, à savoir la transposition, la modulation, l’adaptation, l’explicitation, l’implicitation et le dépouillement. Ce sont des procédés plutôt généraux et ils sont à retrouver dans toutes les traductions. Les autres trois procédés par contre, c’est-à-dire l’emprunt, le calque/la traduction littérale et l’équivalence sont plutôt liés à une traduction d’un sujet culturel. C’est pourquoi nous les étudions dans la partie suivante (5.3.) et nous y ajoutons des remarques de Van Camp. Nous travaillons ainsidans ces deux parties: nous cherchons à donner un nombre d’exemples de chaque procédé dans les deux traductions et nous en parlons ensuite. Dans le cas où nous citons toute une phrase, nous écrivons en gras le(s) mot(s) concerné(s). Enfin, nous pouvons tirer des conclusions sur le procédé qui est le plus appliqué et sur lequel qui l’est le moins. De plus, nous pouvons dire si ces procédés comportent tous les problèmes qu’on peut rencontrer non seulement dans une traduction en général mais encore dans une traduction d’un sujet spécifiquement culturel. Voir le chapitre 3.3.1. pour la description de tous les procédés. Les procédés dans l’appendice ont été soulignés et ont été numérotés de 1 à 9. Ces numéros correspondent aux numéros des procédés sous 3.3.1.
Finalement, remarquons qu’il faut toujours se demander si un changement dans une traduction (on ajoute, omet ou «change» tout simplement quelque chose) est un vrai procédé, ce qui est le cas où le traducteur a le choix de le faire ou non, ou si cela est tout simplement un changement qui est inhérent à la langue cible et donc obligatoire. Dans ce dernier cas, un changement dans la traduction par rapport au texte original est une obligation qui provient des différences entre les langues. Nous essayons de seulement nommer les vrais procédés.
5.2.1. La transposition
Notre premier procédé à traiter est la transposition. Nous ne distinguerons pas entre transposition obligatoire et facultative (voir 3.3.1.).La transposition est un procédé qu’on applique beaucoup et souvent automatiquement. Remarquons ici encore une fois (voir également 3.3.1.) que les transpositions ne concernent que des catégories grammaticales et qu’elles n’ont rien à faire avec la sémantique. Le sens du message ne change donc pas après une transposition. Nous catégorisons un peu les types de transpositions.
1. La transposition Adj>V. La première transposition dans la première traduction est: «Organisaties die opkomen voor». En français, on a dit par contre: «organisations de lutte pour». Le substantif (N)[134] ou mieux dit adjectif (Adj) en français («de lutte») a été transposé en un verbe (V) («opkomen voor»).
2. Deuxièmement, la transposition V>N: le verbe français «afin d'obtenir» a été transposé en un adverbe avec un substantif «met het doel».
Encore deux exemples d’une transposition d’un verbe en un substantif: «c'est défendre la dignité» traduit par «dat is het verdedigen van de waardigheid» et «participer à un combat» traduit par «dat is het deelnemen aan een strijd».
Un autre exemple d’une transposition d’un verbe en un substantif qui est un peu compliqué: «aider nous à faire vibrer (…) pour convaincre» avec comme traduction «help ons mee met een bijdrage die zo pakkend en overtuigend is». Ici, on peut parler de deux transpositions: les infinitifs «faire vibrer» ont été transposés en un substantif précédé par un adverbe «met een bijdrage» et de plus, une transposition d’un verbe en un adjectif: «pour convaincre» traduit par «die zo pakkend en overtuigend is». Une transposition V>Adj à la fois.
Encore une partie d’une phrase comportant deux transpositions: «(...) attendait beaucoup de (…)» traduit par JB par «(…) veel verwachtingen van (…) had». La première transposition est le verbe «attendait» traduit par le substantif (avec le verbe «hebben») «verwachtingen», ensuite l’adverbe «beaucoup» qui a été traduit par l’adjectif «veel».
En bref, une transposition Adv>Adj en même temps.
3. La transposition N>V: « l'entraînement à tuer» que le traducteur WvM[135] a traduit par «getraind worden in het doden». Cette traduction comprend un verbe «getraind worden» et un substantif «het doden». En français en revanche, on a un substantif suivi par un verbe. Il y a donc deux transpositions: N>V et V>N.
Puis un autre exemple un peu compliqué: le substantif et l’adjectif « Vous avez dit:mort glorieuse ? » ont été traduits par une phrase: «Dacht u dat het een eer is voor een stier om zo te sterven? ». Le substantif «mort» a été transposé en un verbe «te sterven» et l’adjectif «glorieuse» a été transposé en un substantif «een eer». De plus, il faut que nous remarquions que le traducteur WvM a librement traduit, ce qui est alors en même temps une explicitation. Brièvement dit, une transposition N>V et une transposition Adj>N.
Plus loin, nous trouvons encore une transposition N>V: «révélateur des pratiques..» traduit par JB[136] par «(…) praktijken goed laat zien». Le substantif «révélateur» peut également être un adjectif. Une traduction plus libre dans le néerlandais est une meilleure solution.
Enfin, «la délivrance de la mort», ce qui a été traduit par JB par «de dood hem bevrijdt».
4. Passons ensuite à une transposition d’un substantif (avec un adverbe – bien que les deux ensemble soient un complément déterminatif) en un adjectif:
«l’animal en souffrance»; «het pijn lijdende dier». Une transposition N>Adj donc.
Enfin, une même transposition: «plus personne ne fasse partie des indifférents» traduit par «niemand meer onverschillig zal zijn».
5. Passons finalement à un exemple d’une transposition Adj>N: le traducteur WvM a omis l’un des deux éléments, car l’un des deux suffira dans ce cas: le substantif «valeurs» a été omis et l’adjectif «démocratiques» a été transposé en substantif. Le résultat est: « Cette opacité cache des pratiques qui font peu de cas de nos valeurs démocratiques » traduit par « Deze ondoorzichtigheid geeft weinig blijk van democratie». La traduction néerlandaise «democratische waarden» aurait été possible, car en néerlandais on peut dire «democratische normen/waarden» et en français on pourrait parler d’une démocratie (sans le substantif«valeurs»), mais dans le texte source on parle des «valeurs démocratiques» et le traducteur a opté pour une traduction moins compliquée. C’est donc le choix du traducteur et non pas une obligation grammaticale inhérente au néerlandais.
5.2.2. La modulation
Dans cette partie, nous cherchons quelques exemples d’une modulation. Voir 3.3.1. pour la différence entre modulation et transposition. Nous les catégorisons également dans la mesure du possible.
1. Modulation active>passive. Commençons par une modulation d’une forme active en français à une forme passive: «lucrative ayant pour fonds de commerce»traduit par WvM par «veel geld verdiend wordt». En néerlandais, le passif est plus souvent utilisé qu’en français (voir également 3.1.2). La traduction de la partie de ce passage est également une traduction libre et ainsi une explicitation: «stierenvechten (…) is het bovenal een duistere industrie waar met het martelen en doden van stieren veel geld verdiend wordt», la traduction de «elles sont surtout vénales : car la corrida est avant tout une industrie opaque et lucrative ayant pour fonds de commerce la torture puis la mort d'un taureau».
De plus, quelques autres formes passives dans la traduction néerlandaise «nous dédions (…) à» a été traduit en forme passive par «wordt opgedragen aan» et «pour atteindre les muscles du cou» traduit par «waardoor zijn spieren beschadigd worden», il y a en même temps une traduction libre ou une petite explicitation: «beschadigd» n’est pas dans le texte français, mais correspond à «atteindre». Et aussi «l’affaiblira et le tortura» traduit par «wordt hij dan nog verder verzwakt en gemarteld».
Un autre exemple d’une sorte de forme passive en néerlandais est la traduction «blijven…verborgen» de la forme active «cache».
2. Modulation de forme positive>négative ou à l’inverse. Dans la modulation suivante le traducteur WvM en a fait une phrase négative«geeft weinig blijk van», la traduction « négative» du verbe «cache».
Encore un exemple d’une modulation d’une forme positive à négative : «Cesse de figurer» respectivement «niet meer voorkomt».
Ensuite, «disparue» à une forme négative «niet meer bestaan».
Finalement, une modulation negative>positive : «non concertée» traduit par «spontaan».
3. Modulation de forme abstraite>concrète: «(…) sévit le cancer tauromaniaque» est en fait également une sorte de modulation, car «partout où sévit le cancer tauromaniaque» est une sorte de métaphore qui ne se traduit pas facilement en néerlandais. Le traducteur WvM a opté pour la concrétisation de ceci: «stierenvechten de maatschappij bedreigt».
Un deuxième exemple: «ces souffrances» a été fait concret par «het stierenvechten», ce qui sera plus clair.
Finalement, un bon exemple d’une modulation est «soutien à notre combat pour l'interdiction des corridas» traduit par «steun in onze strijd tegen het stierenvechten». Nous la trouvons difficile à catégoriser: en français, on lutte pour que la corrida soit abolie, tandis qu’en néerlandais, on lutte contre (l’existence de) la corrida. C’est une sorte d’opposition entre les deux langues donc. Cet exemple ressemble à une modulation de forme positive>négative.
5.2.3. L’adaptation
L’adaptation est le cas, comme nous l’avons déjà vu, où un élément culturel ou une situation n’existe pas dans la culture source, mais que le traducteur cherche une situation dans la culture source qui y ressemblerait le plus. Nous n’avons pu trouver de vrais exemples d’une adaptation, sauf l’exemple ci-dessous, bien qu’il ne soit pas non plus très convainquant et ne soit pas lié à une situation spécifiquement culturelle:
«Un appel particulier aux enfants, aux artistes en herbe ou confirmés, aux poètes, aux chanteurs et compositeurs amateurs ou chevronnés» traduit par WvM par: «Een speciale oproep aan kinderen, kunstenaars, dichters, zangers en componisten». En néerlandais, les nuances «en herbeou confirmés» et «amateurs ou chevronnés» seront un peu superflues ou même bizarres. Ce procédé est à la fois une implicitation.
Passons maintenant aux trois catégories de Van Willigen.
5.2.4. L’explicitation
L’explicitation est très souvent appliquée dans une traduction. Nommons de cette façon quelques bons exemples de toutes les deux traductions. Souvent, nous voyons l’ajout d’une petite phrase ou de quelques mots de plus qui manquent dans le texte source mais qui servent uniquement pour «expliquer» ou «expliciter» quelque chose par rapport au public cible ou pour rendre la traduction plus «souple». En étudiant ce que Van Willigen a écrit là-dessus[137], nous en concluons qu’elle parle en particulier des précisions qui sont déjà impliquées dans le texte source que le traducteur peut ajouter, mais non des choses qui ne sont pas vraiment impliquées telles quedes informations supplémentaires. Nous avons choisi une définition plus ample de ce terme, ce qui signifie que nous catégorisons ici également les explications ou ajouts dans la traduction qui servent le lecteur pour qu’il comprenne mieux la traduction. De plus, ici nous ne nommons pas les explicitations que nous avons déjà rencontrées dans ce qui précède.
La première explicitation que nous rencontrons est «suppression des corridas» traduit par «afschaffen van stierenvechten (‘corrida’)». Le traducteur WvM a ici, entre parenthèses, ajouté le terme français (espagnol) pour l’apprendre ou l’expliquer éventuellement au lecteur néerlandais.
Dans l’exemple suivant l’adverbe est un peu vague: «au sein de(la FLAC)» et le traducteur a choisi d’expliquer un peu le rôle de la FLAC en y adaptant la traduction: «dit zijn acties die gecoördineerd worden door het FLAC». Ensuite, le traducteur y a ajouté cette explicitation entre parenthèses: «een federatie, waarvan verschillende dierenbeschermingsorganisaties uit Europa, waaronder ook het Comité Anti-Stierenvechten in Nederland, lid zijn». La FLAC est une organisation importante dans le milieu anti-taurin, mais cela ne sera pas connu auprès les néerlandophones.
Puis, le mot «manipulés» a été explicité dans la partie suivante «quelques curieux manipulés» par «stel nieuwsgierige mensen die echt niet weten waar ze op af komen». «Manipulés» veut dire que les gens ne savent pas bien ce qu’ils peuvent attendre à cause des arguments faux des organisateurs des corridas par exemple.
De plus, dans cette partie du texte, le traducteur WvM a librement traduit pour mieux expliquer le contenu, omis quelques données afin d’avoir un texte en néerlandais et qui est clair: «Kortom : het lijden van een dier wordt als iets heel ‘gewoons’ beschouwd () en dat alles onder het mom van ‘traditie’. Traditie ‘rechtvaardigt’ immers alles…» est donc la traduction de «(…) la banalisation de la souffrance animale sous couvert de "tradition" - pratique fourre-tout qui légitimerait tout». «Pratique fourre-tout» est une belle expression en français qui n’est pas facilement (littéralement) traduisible.
Dans le cas suivant, un substantif abstrait «ces souffrances» a été fait concret «het stierenvechten», ce qui sera plus clair. Nous avons déjà catégorisé cette concrétisation dans les modulations d’une forme abstraite à concrète (voir 5.2.2.).
Le passage suivant a été traduit librement: «toutes les corridas sont subventionnées et donc financées par votre argent » traduit par «Wat de meeste inwoners van Fréjus niet weten, is dat elk stierengevecht subsidie krijgt en dus met hun eigen geld gefinancierd wordt». Cette traduction libre correspond à ce qui a précédé («la transparence n’est pas la vertu cardinale du milieu taurin» et «opacité»). Enfin, il faut que nous disions que «votre argent» a été traduit par «hun eigen geld»: ici, le traducteur a bien réalisé que la traduction ne s’adresse pas au public néerlandais, donc ce passage a été explicité ou même un peu adapté au public cible. «Adapté» ici ne correspond pas entièrement à la définition de Vinay & Darbelnet et Van Willigen.
La phrase «terwijl hierover niets in de publiciteit komt» n’est pas dans le texte source, mais a été ajouté pour avoir plus de clarté. Cet ajout ou mieux dit cette explicitation correspond à ce qui est dit plus loin dans le texte «liberté de presse» et «font peu de cas de nos valeurs démocratiques».
La même chose vaut pour l’explicitation suivante: elle a été ajoutée pour expliciter le tout. Cette traduction, dans la mesure du possible, est une traduction libre complétée par quelques données d’un texte inconnu et c’est uniquement pour clarifier la traduction. La première partie de la phrase de la traduction correspond à «refus de l’opinion de la majorité des citoyens opposés à la corrida et est partiellement impliquée par «droit d’expression»:«de mening van de meerderheid van de burgers die tegen stierenvechten is, wordt niet gerespecteerd en tegenstanders krijgen ook geen kans te protesteren, want bijna alle pers is pro-stierenvechten en bovendien worden demonstraties vaak bestraft door de politie».
Dans ce passage, le traducteur WvM a ajouté «die tegen stierenvechten is» tenant compte du fait que le public néerlandais ne sera pas aussi bien au courant de la position de habitants de Fréjus (et de la population française) que les Français eux-mêmes: «de l'écrasante majorité des Fréjussiens» traduit par «van de verpletterende meerderheid van de inwoners van Fréjus die tégen stierenvechten is».
Unprocédé dont nous ne savons pas exactement comment appeler c’est la traduction de la métaphore «gangrène» par «corruptie». Le mot «gangrène» est un mot difficile à traduire à l’aide d’un dictionnaire bilingue (le premier sens, médical, est «gangreen» et le deuxième sens est figuré (métaphorique) «bederf, verrotting»). En néerlandais, ce mot n’a qu’un sens (médical). Il faut donc que le traducteur (JB) fasse quelque chose dans ce cas: il l’a traduit par «corruptie» et c’est en fait ce dont on parle. Une bonne traduction donc. Mais est-ce que ce procédé est une explicitation? Le sens du mot est explicité. Cependant, le mot est en même temps «adapté» à la langue cible, mais «adapter» dans ce cas n’est pas entièrement la même chose que l’adaptation définie par Vinay & Darbelnet et Van Willigen. Un procédé douteux et discutable donc.
Finalement, un exemple plutôt simple d’un cas d’explicitation: «notre pays» a été remplacé par «Frankrijk», ce qui est plus explicite. Le lecteur néerlandophone saura de cette façon qu’il ne s’agit pas de son propre pays, tandis que dans le cas où le traducteur aurait traduit «ons land», la traduction risquait d’être confuse pour le lecteur. En revanche, le traducteur doit tenir compte de son lecteur et ne pas être confus et par cette raison on peut dire qu’il n’y avait pas de vraie autre traduction possible.
5.2.5. L’implicitation
Concernant ce procédé, il s’agit des données qui sont omises pour ne pas compliquer inutilement la traduction pour des raisons de redondance, de caractère secondaire ou d’incompréhension par exemple. Dans une traduction, on voit énormément d’omissions, de quelques mots jusqu’à quelques phrases. Cherchons à nommer un nombre d’exemples qui nous paraissent intéressantes.
Le premier passage que nous citons est un bon exemple d’une implicitation: le traducteur WvM a omis les deux participes et a traduit tout ce passage par un simple «volgens»: «opacité également relevée et dénoncée par». Le contexte pour mieux comprendre l’implicitation: «La transparence n'est pas la vertu cardinale du milieu taurin, opacité également relevée et dénoncée par la Cour des Comptes et qui cache des lobbies régionaux puissants avides de fonds publics» traduit par «(...) is transparantie niet het belangrijkste in het stierenvechtersmilieu. Volgens de Franse Rekenkamer blijven regionale en machtige lobby’s die belust zijn op staatsfondsen door deze ondoorzichtigheid verborgen ».
Un autre exemple peut être l’omission, par JB, de «La France (…) s'étant mise dans l'illégalité totale au regard du droit européen (directive 00418) en permettant la consommation des tissus à risques issus de la viande des taureaux tués dans les arènes». En néerlandais, il a donc traduit « Dankzij de heer Glavany (…) heeft Frankrijk zich geheel buiten het Europese recht geplaatst door het toestaan van het consumeren van risicoweefsel afkomstig van het vlees van de gedode stieren». Le traducteur a omis «directive 00418» dans la traduction, parce qu’il doute de l’importance pour le public cible.
Ce passage comprend deux exemples: «le déroulement de l'intolérable torture infligée aux taureaux» traduit par «het ontoelaatbare leed». «Le déroulement» a été omis par JB, car ce mot est un peu superflu, mais éventuellement possible en néerlandais. De plus, «infligée aux taureaux» est également un peu superflu étant donné que «lors des corridas» fait partie de la même phrase. «Infligée aux» est également un exemple d’un dépouillement.
Puis, JB a pris deux éléments ensemble («série de substances» et «anabolisants») et ne traduit ainsi pas «anabolisants». Cette substance existe également en néerlandais, mais elle ne sera pas très claire pour chaque lecteur, donc elle peut rester implicite. La traduction est devenue ainsi: « Het gedrag van de stier wordt gewijzigd door een soort stof om het gewicht te verhogen ». Le texte source est: «Le comportement du taureau est modifié par une série de substances : anabolisants pour augmenter le poids ».
Finalement, un exemple d’une omission de toute une phrase: «dans un climat de violence -et le milieu taurin est par définition un milieu violent où» traduit par «in een gewelddadig klimaat waar». Le milieu taurin est par définition un milieu violent, c’est ce que les opposants à la corrida trouvent. Le texte français n’est pas du tout objectif, mais le traducteur JB a décidé de ne pas inutilement traduire des passages objectifs. En outre, cette partie entre traits d’union est une répétition/explication de ce qui précède. De cette façon, ce passage n’est pas nécessaire dans la traduction.
Passons maintenant au dernier procédé de cette partie.
5.2.6. Le dépouillement
Des deux traductions, nous tirons quelques exemples d’un dépouillement. Le nombre d’exemples sera moins grand que celui dans le cas d’une implicitation par exemple. Comme nous l’avons vu dans 3.3.1. Van Willigen parle en fait de différents typesde dépouillement: les prépositions en français qui entraînent un verbe. Ce verbe peut être omis en néerlandais (cf. «vêtu d’une veste» et «ineen jasje », voir 3.3.1.). Un autre type c’est que les adverbes en néerlandais qui renvoient à un élément dans la phrase précédente, tels que «hiermee» et «hiervan». Ces deux types de dépouillement ne sont pas les mêmes, parce qu’en français il n’existe pas d’adverbes comme en néerlandais, donc la traduction exige un changement qui est inhérent à la langue dont il s’agit. Dans le troisième chapitre, nous avons déjà critiqué la description du dépouillement de Van Willigen, donc ici nous ne cherchons que des exemples qui sont de notre avis de «vrais» dépouillements.
Ces deux cas sont de bons exemples d’un dépouillement où la prépositionen français est en général plus «étoffée» qu’en néerlandais, car la préposition en français est toujours accompagnée par un verbe qu’on ne traduit pas en néerlandais. Il faut que le traducteur en tienne compte en dégageant l’essentiel et en omettant «l’étoffement» de la préposition typiquement français: «une seringue encore plantée dans le dos» «de injectiespuit nog in zijn rug»; «wrede gevechten van mensen» est la traduction de «combats cruels livrés par des hommes». Comparez l’exemple donné Van Willigen «la plainte portée contre lui» avec la traduction suivante: «de aanklacht tegen hem».
Nous pouvons conclure que tous ces six procédés de Vinay & Darbelnet et de Van Willigen ont été appliqués dans les deux traductions. Cependant, nous n’avons pu trouver énormément d’exemples d’une adaptation ni d’un dépouillement. L’explicitation par contre est le procédé le plus utilisé. Les exemples que nous avons trouvés et cités ne sont pas tous aussi bons, mais ceci n’est pas un problème étant donné que nous en avons trouvé beaucoup. Toutefois, dans le cadre de ce travail, nous sommes en particulier intéressée par l’adaptation, l’équivalence, l’emprunt et le calque/la traduction littérale, ou bien les realia. Ces autres realia seront étudiés dans la partie suivante. Nous y allons également étudier les catégories de realia de Van Camp (voir 3.3.2.).
Par rapport à la transposition, nous remarquons que nous avons trouvé beaucoup d’exemples d’une transposition V>N et N>V. En général, on peut dire qu’en français on nominalise ou substantive beaucoup et plus qu’en néerlandais, bien que le nombre d’exemples V>N soit un peu plus grand que le nombre de transpositions N>V. De plus, nous avons trouvé des transpositions N>Adj aussi bien que Adj>N et la même chose vaut pour Adj>V et V>Adj. Enfin, nous avons cité un exemple d’une transposition Adv>Adj («attendait beaucoup de» respectivement «veel verwachtingen hebben van » (transposition V>N à la fois).
Concernant la modulation, nous avons particulièrement noté les modulations de la forme active à passive ou passive à active, de positive à négative ou vice versa et abstraite à concrète.
Dans le cas d’une adaptation, nous n’avons pas trouvé de vrais exemples. D’après la description de Vinay & Darbelnet et de Van Willigen, il s’agit d’une situation qui n’existe pas dans la culture cible. Il faut alors que le traducteur cherche une situation pareille dans la culture cible. Dans ce texte source sur la corrida nous n’avons pas trouvé de situations ou coutumes par exemple typiquement françaises qui n’existent pas aux Pays-Bas, outre que le sujet«la corrida», et il n’était donc pas nécessaire de chercher une situation pareille ou donc d’«adapter» la situation aux Néerlandais. Cependant, la notion «adaptation» implique justement «adapter à la culture cible» et on pense automatiquement que cela signifie «chercher un équivalent». Ce que nous voulons dire en fait, c’est que la notion «adaptation» définie par Vinay & Darbelnet et Van Willigen semble être très vaste, mais ceci n’est pas vrai.
De plus, la notion d’explicitation d’après Van Willigen signifie, comme nous l’avons plus ou moins dit sous 5.2.4., que le traducteur explique les éléments qui sont déjà impliquées dans le texte source, mais qui ne sont pas expliqués. Par contre, nous avons défini cette notion plus amplement en également appelant les explicitations ou explications que le traducteur a faites dans sa traduction pour la rendre plus claire ou complète. Parfois, il se peut qu’il ait donc ajouté des informations supplémentaires que nous avons alors appelées «explicitation». Un autre exemple d’un problème c’est la traduction de la métaphore «gangrène» (voir 5.2.4.): le traducteur l’a explicité, mais possiblement aussi adapté au public néerlandais? Le mot existe en néerlandais, mais n’est pas utilisé dans un tel cas. Ensuite, en ce qui concerne la notion d’implicitation, il en est presque pareil. Selon la description de Van Willigen, elle est l’inverse de l’explicitation et est appliquée dans le cas où le traducteur omet des éléments qui rendent la phrase trop compliquée ou qui contiennent trop d’informations inutiles ou peu intéressantes pour le public cible. Cependant, le traducteur doit se demander si ce changement est obligatoire ou facultatif: si l’explicitation ou implicitation est plutôt pour rendre plus belle la traduction, on ne peut pas vraiment dire qu’elle est un procédé de traduction.
En revanche, nous avons aussi étudié les implicitations au niveau lexical en nommant par exemple «une série de substances: anabolisants» ce qui a été traduit par tout simplement «een soort stof». Cependant, nous nous posons la question de savoir si cela peut être appelé une implicitation ou est-ce qu’il s’agit d’une sorte d’adaptation (bien qu’on sache que cela n’est pas le cas après avoir étudié la description de Van Willigen).
Finalement, quelques mots sur le dépouillement. Selon Van Willigen, le dépouillement se borne aux traductions de français en néerlandais, tandis qu’on traduit de néerlandais en français on fait l’inverse: on «étoffe» autrement dit, on applique l’«étoffement». A notre avis, il y a également des situations où on étoffe en traduisant vers le néerlandais, comme par exemple quelques adverbes («maar», «wel») et conjonctions pour faire un bon texte et non pas une traduction un peu bizarre. Cependant, ce sont en particulier des éléments tels que les adverbes, tandis que le dépouillement s’applique d’après Van Willigen aux prépositions françaises qui sont plus «étoffées» (en entraînant un verbe par exemple) que celles en néerlandais. Nous nous demandons ce que Van Willigen en penserait: est-ce que ces «étoffements» dans le néerlandais sont des explicitations?
Enfin, il faut que nous remarquions que nous avons également donné des exemples où on pouvait parler de deux procédés à la fois, voir entre autres la traduction libre et plus concrète «het stierenvechten» de «ces souffrances» (explicitation et modulation).
Etudions maintenant les autres trois procédés qui sont plus liés à une traduction «culturelle» telle qu’une sur la corrida.
5.3. La traduction des realia
Dans cette partie, nous étudions les trois procédés de Vinay & Darbelnet ayant un rapport avec les traductions des termes culturels. Nous travaillons de la même façon que dans 5.2., mais ici nous y ajoutons parfois quelques commentaires de Van Camp (voir 3.2 et 3.3.2.). Nous avons vu énormément d’exemples de ces trois procédés, mais nous avons décidé de particulièrement traiter les exemples qui sont spécifiquement culturels et les plus clairs.
5.3.1. L’emprunt
Commençons par le premier procédé de Vinay & Darbelnet: l’emprunt.Les procédés ont parfoisété ajoutés par quelques remarques ou exemples de Van Willigen. Pour le relevé de tous les procédés avec une explication de chaque procédé, nous renvoyons toujours au chapitre 3.3.1. Dans ces deux traductions comportant un grand nombre de termes culturels, ce qui n’est pas très étonnant étant donné qu’il s’agit ici d’un sujet spécifiquement culturel, nous avons rencontré plusieurs emprunts. Essayons d’en nommer le plus possible.
Le premier emprunt que nous voyons est le sigle CAC 83 que le traducteur WvM a emprunté dans la traduction. Nous reviendrons sur le sens de ce sigle sous 5.3.2.
Le deuxième sigle est de la «FLAC». Le même traducteur l’a emprunté dans sa traduction. Ce sigle est souvent utilisé en France, mais sera inconnue aux Pays-Bas. Le traducteur a par contre déterminé de la garder dans sa traduction, mais y a ajouté le nom en toutes lettres, en français bien entendu, et ensuite une explication en néerlandais qui raconte entre autres ce que cette fédération apour buts (un exemple d’une explicitation, dont nous revenons ci-dessous). Plus loin dans le texte, nous trouvons un troisième sigle: «IPSOS». Dans ce cas, le traducteur a seulement emprunté le sigle mais ne l’a pas expliqué en notant le nom en toutes lettres. Une explication en néerlandais par contre y a été ajoutée entre parenthèses, ce qui est une explicitation.
Le quatrième sigle est celui du «CRAC». Le traducteur JB y a ajouté entre parenthèses le nom en toutes lettres («Comité Radicalement Anti-Corrida»). Ce nom en toutes lettres manque en français, mais fonctionne ici également comme un emprunt. Ce nom n’a pas vraiment besoin d’une explicitation.
De plus, un autre sigle: COLBAC. Cette fois, le traducteur JB n’a pas noté le nom en toutes lettres, mais il l’a traduit (entre parenthèses): Biterraans Anti-Stierenvechten Comité. Nous mettons en doute la traduction «Biterraans» comme adjectif de Béziers. En néerlandais, il n’y a pas autant d’adjectifs correspondant aux noms de lieux qu’en français, mais «Biterraans», dans ce cas-ci, n’est pas à retrouver dans le dictionnaire et non plus sur Internet. «Biterraans» est un adjectif français adapté au néerlandais.
Vers fin de la traduction, nous voyons le sigle FAACE d’une organisation anglaise. Le traducteur a copié le nom en anglais du texte source français: «Fight against Animal Cruelty in Europe)», ce qui est également un emprunt. En général, les Néerlandais maîtrisent l’anglais, donc cela ne posera pas de vrais problèmes.
Deuxièmement, au début de cette traduction, nous voyons «corrida» entre parenthèses derrière «(…) stierenvechten». De cette façon, le lecteur néerlandais apprend le mot français (espagnol) pour «stierenvechten». Puis, ce mot a également été emprunté par le traducteur JB, car ce mot est employé dans une discussion sur le sens (incorrect et caché) du mot corrida. En français, on dit dans le texte «corrida» ce qui veut dire «course de taureaux». De cette raison, le mot «corrida» peut être emprunté en traduisant «course de taureau» par la traduction néerlandaise «stierengevecht». Le terme «corrida» existe officiellement en néerlandais, mais n’est pas très courant. Nous reviendrons sur ce terme et le sens «caché» dans 5.4.
De plus, dans les cinq catégories de Newmark (voir 3.2.), on voit le terme «bullfighting» dans la catégorie «social culture- work and leisure», à côté des mots tels que «rock» et «condottiere». Cependant, Newmark n’en donne pas de solutions ni de règles; il ne distingue que ces différentes catégories et en donne un nombre d’exemples.
Un troisième emprunt digne d’être cité est «aficionado», un mot non néerlandais (comme nous verrons sous le point 5.4.), mais ce mot inconnu pour les néerlandophones est expliqué en néerlandais entre parenthèses («aanhangers»). Ce terme français, ou mieux formulé espagnol, peut être gardé dans le texte pour avoir l’ambiance taurine dans la traduction et en apprenant quelques termes (inconnus) au niveau de la tauromachie au public néerlandais. Dans la traduction de JB, nous rencontrons le même mot «aficionados». Il a emprunté ce terme et ne l’a pas expliqué en donnant un synonyme par exemple.
Passons à un autre emprunt: «Languedoc-Roussillon», ce qui est logique, car il n’y a pas de traduction ni d’équivalent néerlandais de ce toponyme. Comparez Paris avec «Parijs» et Lille «Rijsel» qui ont des équivalents en néerlandais. Nous pensons en revanche que le nom de lieu Lille sera plus connu pour les néerlandais que «Rijsel». Paris par contre n’est jamais dit. Cependant, cela dépasse notre cadre de travail de rechercher pourquoi on a emprunté ou adapté un certain toponyme et lesquels.
Le cinquième emprunt dont nous voulons parler est«La mafia tauromaniaque», le titre d’un livre d’Alain Perret qui traite tous les aspects de la corrida. Les titres (des livres ou dans les journaux) sont en règle générale difficiles et souvent même impossibles à bien et fidèlement traduire. Le problème ici est en particulier le mot «tauromaniaque». Ce mot n’existe pas officiellement en français et sera uniquement utilisé par les opposants à la corrida. Le mot n’existe pas non plus en néerlandais, ce qui est logique, mais ce qui cause sans doute des problèmes de traduction. En recherchant sur Internet en tapant «tauromaniaque», on trouve environ 46 résultats dont environ 44 forment une sorte de collocation avec «maffia», «mafia» ou «milieu mafieux». Le traducteur JB a également emprunté ce titre et ne l’a pas non plus traduit ni expliqué.
«Picador» est un autre emprunt dans la traduction. Ce mot espagnol a été emprunté par beaucoup de langues, comme nous pouvons le constater dans 5.4. Ce mot est également un emprunt (officiel) dans le néerlandais (voir également 5.4.) et est utilisé par toute la population. Le traducteur WvM a donné une explicitation entre parenthèses qui vise plutôt à expliquer les différences techniques entre picador, matador, etc. Ces différences techniques seront moins connues dans les pays qui ont accepté les termes «exotiques» mais non la pratique de la corrida.
Un autre emprunt tel que «picador» est le «matador» (voir 5.4); ce mot n’a pas non plus besoin d’être expliqué. De plus, JB n’a pas non plus expliqué mais seulement emprunté ce mot dans sa traduction.
L’emprunt qui vient après le «picador» est le «tercio». «Tercio» est un emprunt du néerlandais (voir 5.4.), mais ne sera pas très connu par les Néerlandais (cf. «picador»). Cet emprunt a besoin d’être expliqué par un synonyme tel que «fase». En français, on a choisi le mot «acte» pour indiquer «tercio»: «Acte 2: Le «tercio» de banderilles». Dans la traduction, le mot «acte» a donc été traduit par «fase» et le «tercio» a été emprunté: «Fase 2: de «tercio» van de banderilla’s». De cette façon, le lecteur néerlandais comprendra que le mot «tercio» signifie «fase» ou quelque chose de pareil.
JB par contre, a emprunté «tercio» et ne l’a pas expliqué. La différence c’est que dans le texte source de la traduction de JB, on dit: «acte après acte, tercio après tercio». De cette façon, il a traduit «handeling na handeling, tercio na tercio». Dans cette phrase, il devient moins clair que le mot «acte» est plus ou moins la même chose que «tercio»; ces deux termes semblent être deux mots différents.
De plus, on voit«banderilla’s» et «banderillero’s», prenons ces deux ensemble. Ces mots sont également des emprunts du néerlandais (voir aussi 5.4.). Cependant, l’orthographe du motespagnol «banderille» a été possiblement adaptée aux règles de l’orthographe néerlandaises en remplaçant le «e» à la fin du mot par un «a», mais cela dépasse notre recherche d’étudier cette adaptation. Comme pour «tercio», il en est de même pour ces deux termes, c’est-à-dire que nous sommes d’avis que ces deux derniers termes ne seront pas non plus très connus en néerlandais. Ces mots ont besoin d’une explication: ici, «stierenvechters te voet» a été ajouté entre parenthèses derrière «banderillero’s». L’emprunt «banderilla’s» a été expliqué par l’ajout «felgekleurde stokken met weerhaken». Grâce au contexte, le lecteur comprendra bien que le «banderillero» est un «stierenvechter te voet» qui harponne le taureau avec ses «banderilla’s». Nous reviendrons également sur les «banderilla’s» et «banderillero’s» dans 5.4.
Ensuite, la «muleta». Ce terme existe également officiellement en néerlandais (voir 5.4.), mais ne sera pas reconnu par tous les Néerlandais, bien que ce mot soit à son tour plus connu que «tercio» par exemple. Ici, dans la traduction on lit: «de«tercio» van de dood (of van de «muleta»)», ce qui peut injustement impliquer que le mot «muleta» est la traduction espagnole de «dood», mais la même chose (confusion) est à retrouver dans le texte source français: «tercio de mort (ou de muleta)». Quand on lit plus loin, tout sera plus clair, car le traducteur WvM y a ajouté une phrase qui manque dans le texte source ayant pour but de clarifier la traduction: «met zijn muleta (rode lap) tot een aanval». Par cette phrase, il devient clair que la définition ou description néerlandaise de «muleta» est «rode lap». En français par contre, ce terme espagnol n’est pas expliqué, mais sera sans doute plus connu en France qu’aux Pays-Bas.
«Afeitado» est
l’emprunt que nous voyons finalement. Ce mot n’existe pas en néerlandais, comme
nous le verrons sous 5.4. Grâce au contexte, le lecteur néerlandais peut en
conclure que l’«afeitado» a quelque chose à voir avec les cornes du taureau qui
sont sciés: «Kijk hier de punt van een hoorn die ik uit de arena van Benalmadena
heb meegekregen.
En er is daar puur en
alleen
afeitado!
Er zijn andere manipulaties! Het gedrag van de stier wordt gewijzigd door een
soort stof om het gewicht te verhogen; de stier verliest daarmee zijn
beweeglijkheid!»
Van Camp pour finir ne traite pas les procédés en expliquant ce que c’est et en donnant quelques exemples; elle donne des exemples de realia qu’elle explique en disant quel procédé le traducteur peut appliquer. Concernant les noms propres et les toponymes, Van Camp a dit que le traducteur peut les maintenir, emprunter avec explication ou les adapter à la langue cible. «Maintenir» correspond aux emprunts de Vinay & Darbelnet et Van Willigen. «Emprunter avec explication» correspond également aux emprunts mais en même temps aux explicitations, bien que les explicitations de Van Willigen n’aient pas d’emprunts. Van Camp distingue donc en fait «emprunts sans explication» et «emprunts avec explication». Enfin, «adapter à la langue cible» est la même chose que «équivalence» ou «adaptation». Ces deux derniers procédés sont pareils pour Van Camp. De plus, Van Camp dit qu’il n’existe pas de vraies règles qui prescrivent comment il faut traduire ou ne pas traduire les noms. Néanmoins, elle conseille d’emprunter et/ou d’expliquer (« expliciter»?) un nom dans un cas où ce nom (ou cette personne) est important.
5.3.2. Le calque/la traduction littérale
Essayons de choisir quelques bons exemples d’une traduction littérale ou d’un calque (voir les remarques là-dessus à la fin de 3.3.1. où nous disons de prendre ces deux termes ensemble) que nous nommons tout simplement «traduction littérale». La notion de «traduction littérale» concerne en particulier les traductions mot à mot d’une certaine construction ou groupe de mots ou d’un mot composé.
La première traduction littérale est le nom en toutes lettres du CAC 83 (voir 5.3.1.): «Het Collectief Anti-Stierenvechten van Fréjus». L’ordre des mots reste inchangé. Un exemple semblable est «Initiatief Anti-Stierenvechten uit Duitsland», la traduction littérale de «Initiative Anti-Corrida, Allemagne» (voir aussi 5.3.1.).
En deuxième lieu, nommons la traduction littérale du «Film de la honte» traduite par JB par «film van de schande». C’est une traduction correcte, mais de cette façon il n’a pas mentionné le titre officiel français. De plus, comme nous l’avons déjà constaté, les titres sont souvent difficiles voire impossibles à traduire.
«Banderille» est traduit (JB) par «spies», ce qui est une traduction littérale, mais ce n’est pas un exemple convainquant, car il s’agit de la traduction d’un seul mot. Cette traduction mérite seulement d’être citée pour montrer que le traducteur n’a pas emprunté ni explicité ce mot.
Un meilleur exemple est: « Biterraans Anti-Stierenvechten Comité». «Biterraans» est une sorte d’emprunt (voir ci-dessus), mais a également été adapté au néerlandais, donc est aussi une sorte de traduction littérale ou même équivalence. L’ordre des mots a changé un peu: «(…) prêtés par Robert Clavijo du COLBAC (comité biterrois anti-corrida)» est la traduction : «(...) uitgeleend door Robert Clavijo van het COLBAC (Biterraans Anti-Stierenvechten Comité)».
Puis, dans le texte, on parle du «taureau fou», ce que JB a traduit par «dolle stier». Un «taureau fou» a plus ou moins le même sens qu’un «dolle stier» en néerlandais. En néerlandais, «dolle» et «stier» sont une collocation. Cependant, ici il s’agit du premier taureau qui a été infecté par l’ESB (cf. «vache folle») ou bien«la maladie des vaches folles», voir: « en permettant la consommation des tissus à risques issus de la viande des taureaux ». En néerlandais, par contre, on dit «gekke koe» ou «gekke-koeienziekte» ; on utilise donc le mot «gek» et non «dol». Dans ce cas-ci, il s’agirait donc d’un «gekke stier». Le traducteur a dû choisir entre ces deux, car en français il n’y a qu’une seule possibilité, mais le traducteur est resté fidèle au texte source. Dans ce texte, on parle des taureaux tués dans les arènes dont la viande peut être vendue et dans ce cas-ci on ne parle pas des «vaches (folles)».
Voici la traduction: «Het
toekomstige schandaal van de «dolle stier» :
dankzij de heer Glavany en zijn verordening van december 2000 heeft Frankrijk
zich geheel buiten het Europese recht geplaatst door het toestaan van het
consumeren van risicoweefsel afkomstig van het vlees van de gedode stieren» et
le texte français: «Le futur scandale du «taureau fou»
: la France, grâce à Monsieur Glavany et à son arrêté de décembre 2000, s'étant
mise dans l'illégalité totale au regard du droit européen (directive 00418) en
permettant la consommation des tissus à risques issus de la viande des taureaux
tués dans les arènes».
Finalement, nous en trouvons un bon exemple d’une traduction littérale mais ce n’est pas un vrai realia: «artistiek agent», une traduction littérale de «agent artistique». Une petite recherche effectuée dans Google, version française, et Google, version néerlandaise, montre que ces deux mots forment une collocation en français (en tapant «agent artistique» on trouve environ 5 560 résultats), mais non pas vraiment en néerlandais (en tapant «artistiek agent» on trouve environ 2 résultats, dont 1 flamand). Cette collocation française a été traduite littéralement en néerlandais.
5.3.3. L’équivalence
L’équivalence est un procédé, tout comme l’emprunt, qui a un lien avec les termes spécifiquement culturels, tandis que les transpositions et modulations par exemple sont des procédés caractéristiques d’une traduction en général. Nous en cherchons quelques-unes.
Le premier exemple d’équivalence est à trouver au début de la première traduction dans la description: «La feria, oui, la corrida, NON!» traduit par «Feest? Ja ! Stierenvechten ? NEE !». Le mot «feria» n’existe pas en néerlandais. Dans le texte source français les mots «feria» et «fête» sont utilisés. En néerlandais, on a cherché un équivalent de ce mot «feria» en le traduisant par «feest».
En outre, les mots tels que «picador» et «matador» sont connus en néerlandais (voir 5.4.), mais on a également une description ou synonyme de ces termes «stierenvechter te paard» respectivement «stierendoder». Remarquons ici qu’il s’agit de l’équivalence entre l’espagnol et le néerlandais, car ces mots dans le texte source français sont des mots espagnols et non français. Ces termes peuvent également être des exemples d’équivalence, bien que ceci ne soit pas la même chose que «Cour des Comptes» et «Rekenkamer» (voir ci-dessous) par exemple.
Concernant les coutumes et les fêtes Van Camp a remarqué (voir 3.3.2.) qu’il faut maintenir une tradition ou fête qui est connue («saint Nicolas»), bien qu’il y ait des différences entre quelques pays. L’autre possibilité est de la maintenir et de l’expliquer (cf. «Labour Day» et «la fête du Travail», voir 3.3.2.). Elle nomme encore une troisième option: remplacer la coutume inconnue par une coutume comparable dans la culture cible. Dans le cas du mot «feria», on peut dire que ce n’est pas une fête connue, c’est-à-dire que les Néerlandais ne sauront pas qu’une feria espagnole implique une fête avec quelques corridas (voir 5.4.). Le mot «feria» n’est pas non plus un terme (emprunt) courant en néerlandais. Il nous reste deux possibilités d’après Van Camp: la dernière possibilité est de remplacer ce terme par un terme équivalent. Ceci n’est pas une bonne solution, car il s’agit d’une fête, d’une tradition inconnue aux Pays-Bas, mais que le traducteur veut transmettre, pour avertir les Néerlandais que la fête comporte des éléments sanglants, tels que la mise à mort de six taureaux. La possibilité qui convient le mieux c’est de maintenir le terme étranger et de l’expliquer ensuite. Le traducteur WvM par contre a traduit «feria» par «feest», ce qui est également possible, car le lecteur néerlandais peut comprendre par le contexte que les fêtes et les tortures vont de pair dans ce cas-là: «La feria, oui, la corrida, NON!» traduit par «Feest? Ja ! Stierenvechten ? NEE !».
Finalement une remarque sur les différences entre Vinay & Darbelnet et Van Willigen d’une part et Van Camp d’autre part: les premiers distinguent entre un élément, une tradition, etc., qui existe dans les deux cultures mais qui s’appelle autrement («équivalence») et un élément qui n’existe pas dans la culture cible («adaptation») de sorte que le traducteur doit chercher une situation comparable dans la culture cible elle-même. Van Camp en revanche, ne semble pas faire cette distinction: elle dit seulement que le traducteur peut maintenir une certaine coutume (« Père Noël ») qui est connue dans beaucoup de pays, bien que cette coutume soit différente dans quelques pays, car le Père Noël ne donne pas des cadeaux dans tous les pays (c’est là où son collègue saint Nicolas s’en occupe). C’est l’exemple que Van Willigen appelle une adaptation.
Le substantif «Fréjussiens» ne peut pas très bien être traduit littéralement en néerlandais, car en néerlandais on n’emploie pas si souvent qu’en français des formes dérivées des noms de lieu, donc une traduction comme «Fréjusianen» serait un peu bizarre. On a besoin d’une description comme on est habitué en néerlandais: «inwoners van Fréjus», ce qui veut dire «habitants de Fréjus».
Maintenant, deux autres exemples de realia: «Conseil Économique et Social (du Languedoc-Roussillon» traduit par « Sociaal-Economische Raadvan de Languedoc-Roussillon» et «Cour des Comptes» traduit par «Franse Rekenkamer». Ces deux organisations existent également aux Pays-Bas et auront à peu près les mêmes fonctions et tâches. Dans le premier exemple, il est clair qu’il s’agit d’une organisation française, mais dans le deuxième cas il manque une indication géographique; le traducteur JB a opté pour l’adjectif«Franse» pour indiquer qu’il ne s’agit pas du «Rekenkamer» néerlandais, mais d’un «Kamer» équivalent.
La «classe politique» n’existe pas en néerlandais (cela existe en flamand par contre, et est une traduction littérale du français), donc JB l’a bien traduit par «van overheidswege» ce qui implique la même chose.
Vers la fin de la traduction on lit «(populations) latines» «Romaanse (bevolking)». L’adjectif «latin» existe aussi en néerlandais («latijns»), mais ne s’applique pas dans tous les cas. Le traducteur JB l’a bien traduit par «Romaanse». Un bon exemple d’une équivalence et non pas d’une adaptation (voir les définitions dans 3.3.1.) ou d’une traduction littérale.
Pour résumer, nous pouvons constater que nous avons trouvé beaucoup d’exemples de tous les trois procédés plutôt liés à une traduction d’un sujet culturel. L’emprunt est le procédé le plus utilisé des trois procédés. De tous les neuf procédés, l’emprunt, la traduction littérale et l’explicitation sont les plus utilisés, bien que nous ayons décidé de seulement nommer les exemples les plus clairs et convaincants, donc les résultats ne sont pas entièrement représentatifs. Les trois procédés offerts par Vinay & Darbelnet et Van Willigen sont en fait assez complets pour résoudre les problèmes de traduction en ce qui concerne les realia. Van Camp a fait des remarques plus ou moins semblables mais moins détaillées que les premiers. Ajoutons que les catégories de Van Camp sont moins faciles à appliquer, car ses catégories ne comportent que des exemples et c’est à base de ces exemples que Van Camp donne quelques stratégies possibles. En outre, nous sommes d’avis que les procédés avec ses exemples de Vinay & Darbelnet et Van Willigen sont plus complets, outre qu’ils sont plus applicables.
Etudions maintenant encore un nombre de problèmes qui n’étaient pas ou difficilement à catégoriser à l’aide des procédés de Vinay & Darbelnet et Van Willigen et Van Camp ou qui étaient douteux ou discutables.
5.3.4. Autresproblèmes
Nous cherchons à parler d’un nombre de problèmes de traduction trouvés dans les deux traductions de deux différents traducteurs. D’une part, ce sont des problèmes qui ne sont pas à catégoriser suivant Vinay & Darbelnet et Van Willigen, d’autre part, ce sont des problèmes qui ressemblent aux problèmes décrits dans ces méthodes, mais qui ne le sont pas entièrement. Il se peut bien que nous nommions ici des cas que nous avons déjà catégorisés dans un des neuf procédés décrits ci-dessus, mais ce seront les cas douteux ou discutables. Nous essayons de grouper les problèmes plus ou moins pareils.
Nous commençons par un cas où l’ajout des mots a été appliqué dans la traduction pour la rendre plus «naturelle». Nous ne savons pas bien où catégoriser l’ajout des adverbes et des conjonctions. Van Willigen parle aussi des conjonctions, à côté des prépositions et pronoms relatifs, mais toutes par rapport au dépouillement dans une traduction français-néerlandais et non vice versa. CitonsVan Willigen :
Bij het vertalen naar het Nederlands moet deze ‘aankleding’ juist weggelaten worden. Dit verschijnsel doet zich bij allerlei woordgroepen voor. In de volgende voorbeelden betreft het Nederlandse voorzetsels, voegwoorden en aanwijzende voornaamwoorden (…) un homme vêtu d’une veste (…) een man in een wit jasje (…) les fenêtres s’ouvrant/qui s’ouvraient au dessus-de la boutique de ramen boven de winkel (…) Le présent ouvrage ne me plaît guère Dit boek bevalt me niet erg (…) Je ne suis pas du tout charmé de ce projet Ik ben hiervan helemaal niet gecharmeerd.[138]
Remarquons à propos de cette citation dans Van Willigen qu’on peut également dire en français «les fenêtres au-dessus de la boutique», mais c’est un effet de style. En général on peut dire qu’en français les prépositions sont plus étoffées que celles en néerlandais et qu’il faut laisser les étoffements dans une traduction dans le néerlandais.
Les problèmes que nous rencontrons et qui ne sont pas à catégoriser dans le procédé de dépouillement, car dans notre cas ce sont des mots supplémentaires en néerlandais, sont entre autres «avec» traduit par «samen met» (tandis qu’une traduction littérale suffira aussi); «mais contre» traduit par «maar wel tegen» (l’adverbe met l’accent sur l’opposition); «la corrida, c’est quoi» traduit par «wat houdt stierenvechten eigenlijk in?»et «86% des Fréjussiens» avec la traduction «maar liefst 86% van de inwoners van Fréjus». Dans ce cas-ci par contre, on se demande encore (voir remarque 5.2.) si une traduction à laquelle on ajoute quelque chose est un vrai procédé ou tout simplement un changement qui est inhérent à la différence entre deux langues. Dans ces cas-ci, cet ajout n’est pas obligatoire. En étudiant Van Willigen concernant le dépouillement par exemple, on peut conclure que chaque changement apporté dans une traduction est un procédé de traduction, mais nous par contre sommes d’avis qu’une traduction nécessite souvent un changement tout simplement pour compenser la différence entre deux langues.
Un exemple que nous catégoriserions sous le procédé «adaptation» est la traduction « (…) is dat elk stierengevecht subsidie krijgt en dus met hun eigen geld gefinancierd wordt» de « (…) toutes les corridas sont subventionnées et donc financées par votre argent ». Ceci n’est pas le cas selon la définition de Vinay & Darbelnet et Van Willigen, car il ne s’agit pas d’une situation qui n’existe pas dans la culture néerlandaise. A notre avis, nous «adaptons» ces mots au lecteur néerlandais en renvoyant aux Français en disant «hun», car c’est leur argent dont on parle.
Puis, le problème de la traduction libre dans un cas où une traduction littérale sera vague ou «étrangère» ou même bizarre: «vertu cardinale» a été traduit par «belangrijkste», parce que une traduction littérale sera «voornaamste/kardinale deugd», ce qui sera assez formel. Un deuxième exempleest la traduction «veerkracht» de «motivation»; c’est une traduction libre, mais une traduction littérale aurait été suffisant dans ce cas, mais nous trouvons que la traduction «drijfveer» ressemble au mot «veerkracht» mais approche plus le sens de «motivation» en étant un synonyme. «Veerkracht» par contre n’est pas un synonyme mais peut signifier «énergie» et c’est exactement ce dont il s’agit.
En troisième lieu, nommons «corruptie» étant la traduction du mot «gangrène». «Corruption» c’est ce qu’on veut dire par «gangrène», mais en néerlandais ce mot ne sera pas clair. Il faut que le traducteur soit plus précis ou concret. En le faisant concret, le traducteur applique le procédé de la modulation, mais en même temps on peut dire qu’il explicite le terme ou qu’il le traduit librement. Il se peut qu’il y ait différentes possibilités.
En résumé, le problème dans ce paragraphe c’est qu’un mot ou groupe de mots n’est pas à traduire littéralement dans la langue cible. Le traducteur veut traduire ce mot, donc emprunter le mot n’est pas une bonne solution pour lui. Chercher un équivalent vaut pour les éléments typiquement culturels, tels que des coutumes ou realia, mais non pour la traduction d’un adjectif tel que «cardinale». L’adaptation n’est pas non plus une bonne solution, car elle ne s’applique qu’aux situations qui n’existent pas dans la culture cible, mais ceci n’est pas le cas pour la traduction d’un seul mot tel que nous avons cité ci-dessus.
Finalement, le cas où une phrase ou tout un passage en français comprend trop de difficultés ou trop d’éléments qui doivent être expliqués. Le traducteur peut donc choisir de traduire librement cette phrase ou ce passage et d’y ajouter des informations supplémentaires. Ceci est également une explicitation, mais aussi une traduction libre. Ce problème n’est pas vraiment à retrouver dans un des procédés décrits ci-dessus, tandis qu’une traduction libre, c’est-à-dire une traduction qui transmet le message et non les mots littéralement est en fait la traduction qui sera plus souvent souhaitée par le lecteur. Donnons-en quelques exemples.
Premièrement, la traduction de ce passage en est un bon exemple: «la banalisation de la souffrance animale sous couvert de "tradition" - pratique fourre-tout qui légitimerait tout» traduit par «Kortom : het lijden van een dier wordt als iets heel ‘gewoons’ beschouwd en dat alles onder het mom van ‘traditie’. Traditie ‘rechtvaardigt’ immers alles…». Le problème principal c’était le terme «pratique fourre-tout». Ce terme est difficile à traduire littéralement, de sorte que le traducteur a opté pour une sorte de description ou traduction libre qui explique un peu plus ce dont il s’agit.
Un deuxième exemple: «une minorité décide pour une majorité» traduit par «telt ook in Fréjus de mening van een kleine minderheid», ce qui a été traduit librement, mais une traduction littérale aurait également été assez bonne. Cette phrase n’est pas vraiment difficile à traduire, mais a davantage été décrit à partir d’une autre direction, ce qui ressemble à une modulation.
Troisièmement, «et les autres s’y reprendront autant de fois que nécessaire» a été traduit par «maar velen hebben daar veel meer steken voor nodig». La conjonction «maar» a été ajoutée à la phrase et le reste de la phrase a été traduit librement, mais il ne s’éloigne pas beaucoup du français.
Enfin, «la mort glorieuse» du taureau qui a été traduite très librement par «een eer is voor een stier om zo te sterven». De cette façon, l’essentiel est mieux transmis et la traduction est une bonne phrase en néerlandais qui produira une forte impression sur le lecteur néerlandais…
Terminons cette partie en disant que ces derniers problèmes de traduction n’étaient pas de vrais problèmes au niveau culturel, c’est-à-dire n’étaient pas des realia. Concernant la traduction des éléments typiquement culturels, autrement dit les realia, nous pouvons constater que la méthode de Vinay & Darbelnet et de Van Willigen n’est pas mauvaise du tout, comme nous l’avons déjà plus ou moins dit.
Passons maintenant à la dernière partie de ce chapitre: une comparaison d’un nombre de termes taurins espagnols dans quelques langues romanes et germaniques.
5.4. L’usage des termes taurins espagnols
Dans cette partie, nous recherchons l’évolution de onze termes espagnols dans quelques langues romanes et germaniques, à savoir le français, le portugais et l’italien respectivement le néerlandais, l’anglais et l’allemand. Les questions que nous nous posons avant sont: quels sont les termes qui ont été intégrés ou empruntés et dans quelles langues et quels sont les termes qui ont été traduits et quels sont les termes qui n’existent pas comme emprunts ni comme descriptions dans quelles langues? Nous essayons de montrer globalement le développement et l’usage de ces termes espagnols, ce qui nous permet d’étudier l’influence de la corrida dans plusieurs langues et donc cultures, même dans les cultures où la corrida n’existe pas.
Nous avons choisi ces onze mots des deux traductions dans l’appendice I: afeitado, aficionado, banderilla, banderillero, corrida, feria, matador, muleta, picador, tercio, torero.
Parlons d’abord de la façon dont nous avons rassemblé nos données. Tout au début, nous avons choisi les langues à comparer: l’espagnol étant la langue de départ, ce qui est logique. Le français et le néerlandais allait de soi, étant donné que la partie pratique de ce travail repose sur deux traductions français-néerlandais comportant un nombre de termes taurins espagnols. De plus, nous trouvons intéressant de voir comment les termes espagnols ont été intégrés dans d’autres langues romanes. Nous avons choisi le portugais et l’italien. La culture portugaise ressemble à celle de l’Espagne. En outre, au Portugal, on aime et organise également des corridas. En Italie par contre, on n’a plus[139] de corrida, donc la question est de savoir si et dans quelle mesure l’italien a emprunté les mots espagnols. En ce qui concerne les langues germaniques, nous avons déjà choisi le néerlandais. De plus, il est intéressant de comparer le néerlandais avec d’autres langues germaniques; nous avons opté pour l’anglais et l’allemand. Ces trois pays germaniques ne sont pas ou non plus[140] intéressés par la corrida. Puis, nous avons choisi onze mots espagnols à retrouver dans les traductions sélectionnées (voir appendice II).
Ensuite, la méthode de travail. D’abord, nous avons recherché les onze mots espagnols dans deux dictionnaires bilingues espagnol-néerlandais[141] pour voir comment les termes espagnols ont été traduits en néerlandais et lesquels ont été empruntés. Nous avons donc consulté deux dictionnaires pour avoir des résultats plus objectifs et complets. Les dictionnaires sont différents. Donnons en un exemple: le mot «banderilla» est un «versierd spiesje» d’après Jan Schroten[142] et dans Van Dale on trouve «banderilla (versierde stok met weerhaak)»[143]. En vertu des données de Schroten, nous conclurions injustement (voir ci-dessous) que le mot «banderille» n’existe pas officiellement en néerlandais. Puis, nous avons consulté le dictionnaire Van Dale Groot Woordenboek der Nederlandse taal pour vérifier si les termes trouvés dans le dictionnaire bilingue existent officiellement dans la langue néerlandaise. Finalement, nous avons consulté Van Dale Etymologisch Woordenboek pour rechercher l’étymologie de ces mots. Nous reviendrons sur l’étymologie des mots néerlandais sous 5.4.2.
En ce qui concerne les autres langues, le français excepté, nous avons procédé ainsi: premièrement, nous avons cherché les termes espagnols dans le dictionnaire «langue étrangère»-néerlandais de Van Dale pour voir quels sont les termes qui sont connus dans la langue étrangère et nous avons pu voir en même temps la traduction de ce terme en néerlandais. Ensuite, nous avons consulté le dictionnaire néerlandais-«langue étrangère» pour vérifier qu’il comprend les mêmes termes espagnols dans cette langue «étrangère», ce qui n’était pas toujours le cas, et pour éviter de ne pas pouvoir trouver un certain mot à cause d’une autre orthographe. Nous en donnons un exemple : dans le dictionnaire allemand-néerlandais, nous n’avons pu trouver le lexème «banderillero». Dans le dictionnaire néerlandais-allemand par contre, nous avons trouvé «banderillero». Le mot «allemand» est «Banderillo». Nous en avons tiré la conclusion que l’orthographe est différente en allemand. Après, nous avons encore consulté un dictionnaire allemand[144] et là nous avons trouvé le terme «Banderillero» et non «Banderillo». Bref, les dictionnaires bilingues ne sont pas entièrement crédibles et c’est pour cette raison que nous avons décidé d’également consulter un grand dictionnaire unilingue de chaque langue, ce qui n’était pas facile concernant les langues portugaises et italiennes. C’est ainsi que nous avons procédé. Passons maintenant à la comparaison entre les sept langues. Le schéma comportant les résultats de notre petite recherche se trouve dans l’appendice II et ne comprend que les termes trouvés dans un dictionnaire unilingue de chaque langue. Ce sont donc des termes qui existent officiellement.
5.4.1. Une comparaison entre l’espagnol et six autres langues
Afeitado
Commençons par le premier terme espagnol: «afeitado». En français, ce mot est employé dans le langage taurin, mais n’existe pas officiellement. Nous reviendrons sur les termes français sous 5.4.2. En portugais, nous avons trouvé ce terme dans un dictionnaire unilingue[145], mais nous n’avons pas vu un lien avec la corrida. Une recherche sur Internet ne nous a pas non plus fourni les données souhaitées. Nous avons envoyé un e-mail à une organisation anti-corrida[146] au Portugal et on nous a répondu que le terme «afeitado» est connu, surtout dans le langage taurin. En italien en revanche, nous n’avons pas trouvé le mot «afeitado» dans le dictionnaire bilingue, mais nous avons trouvé l’adjectif «affettato» qui provient du verbe «affettare» («découper»), mais nous n’avons pu découvrir un lien entre «affettato» et «toro» et «corno» sur Internet, donc ce mot en italien comme traduction du mot «afeitado» est douteux. De plus, sur le site de la FLAC (voir 4.4.1.) nous avons trouvé une traduction italienne du site et là on a emprunté le mot «afeitado» et ensuite on l’a expliqué ainsi: «segatura delle corna»[147] et sur un autre site[148] nous avons trouvé «taglio delle corna sega e riformazione della punta con une lima» comme explication. Considérant ce qu’on trouvé sur Internet, nous concluons que ce terme n’est pas très connu. En outre, nous ne l’avons pas trouvé dans le Grande Dizionario della Lingua Italiana. Passons aux langues germaniques. «Afeitado» n’existe dans aucune de ces trois langues.
Aficionado
Ce mot existe en français et en portugais, mais non pas en italien, ni dans les langues germaniques. En français, nous savons que ce mot a un lien avec la corrida (voir 5.4.2.).
Banderilla
Ce terme existe officiellement dans toutes les langues. Cependant, l’orthographe diffère un peu: en français «banderille», et en portugais «bandarilha»[149]. Dans les autres langues l’orthographe est pareille à celle en espagnol.
Banderillero
Ce terme est officiellement utilisé dans toutes les langues. En français, néerlandais, anglais et allemand l’orthographe est la même. En portugais par contre, on écrit «bandarilheiro»[150], mais parfois on peut rencontrer «banderillero». En italien, on a «banderillèro» et «banderiglièro»[151].
Corrida
Ce terme existe également officiellement dans toutes les sept langues, mais ne sera pas très courant et souvent utilisé dans les langues germaniques. En portugais, on dit souvent «corrida de toros», mais on a aussi un tout autre mot: «tourada». Dans Duden Deutsches Universal Wörterbuch A-Z, on trouve également «de toros» entre parenthèses derrière «Corrida». Cet ajout nous mène automatiquement au vrai sens du mot qui est caché: «corrida» provient du verbe espagnol «correr» et veut dire «course de taureaux». Cependant, en voyant «course de taureaux», on ne sait pas exactement ce que c’est, on pourrait la comparer aux «courses des chevaux», ce qui implique une course de vitesse et non pas un combat entre l’homme (le matador, le toreador, etc.) et le taureau dans lequel six taureaux doivent mourir. En fait, le terme «corrida» est très vague. Si on y ajoute «de taureaux», le terme devient plus précis, car on sait qu’il s’agit d’une course avec des taureaux au lieu de chiens, mais on ne sait toujours pas vraiment ce que c’est la corrida, bien qu’on le sache par expérience. Citons quelques phrases du commentaire que Mme Josyane Querelle, la présidente du FLAC, a eu sur la définition du mot «corrida» dans Le Robert pour tous:
Dire d'une corrida qu'elle est une "course de taureaux" ne laisse en rien transparaître qu'il s'agit de l'agression d'un animal par des êtres humains qui lui font subir des sévices graves et des actes de cruauté (au sens de l'alinéa 3 de l'article 521-1 du Code Pénal) avant que de le mettre à mort. S'agissant d'une indéniable forme de torture, il nous semble plus qu'opportun de mettre en évidence cet aspect essentiel.[152]
Dans les autres langues le problème est semblable: en néerlandais, comme nous l’avons dit, le mot «corrida» existe officiellement, mais ne s’emploie pas vraiment. En néerlandais, on dit «stierenvechten» (plutôt en sens général) et «stierengevecht» (plus spécifique). En anglais, on dit surtout «bull-fighting» (en général) «bull-fight» (plus spécifique) et «course of bulls»[153] et ne dit pas non plus «corrida». La même chose vaut pour l’allemand où on dit «Stierkampf». Examinons finalement le terme latin de «stierengevecht», parce que ce terme est plus clair: «certamen (v. stieren) taurorum; (tegen stieren) dimicatio adversus tauros»[154]. En latin, on distingue donc entre un combat de taureaux entre eux et un combat entre l’homme et l’animal. «Certamen» signfie «wedstrijd, wedijver, strijd, gevecht»[155] et «dimicatio» est «(hevige) strijd, worsteling»[156].
Feria
Le mot «feria» a plusieurs significations. Le problème c’est que «feria» en espagnol a un sens qui est lié aux corridas: «Serie de corridas de toros organizadas dentro de une feria»[157]. En français, ce lien existe également, voir 5.4.2. et même en anglais nous avons trouvé ce lien implicitement: «at certain seasons of the year, there are held regular ferias, at which people assemble in great numbers, as well of sellers as of purchasers (…) 1957 (…) Bulls of Iberia (…) In provincial ferias, the unboxing of the bulls…is an event worth seeing »[158]. En portugais et italien nous n’avons pas trouvé un lien, mais ces mots existent et signifient «fête» ou «jour férié» par exemple. Dans le dictionnaire unilingue allemand le mot «Feria» existe, mais n’a rien à faire avec la corrida. Comparez le mot «Ferien» en allemand qui signifie «vacances». En néerlandais enfin, le mot «feria» n’a pas été inséré dans le dictionnaire unilingue.
Matador
Ce mot existe officiellement dans toutes les sept langues. L’italien est la seule langue romane qui ait adapté l’orthographe: «mattatóre»[159]. De plus, les langues germaniques ont toutes leurs équivalents ou plutôt explications: en néerlandais «stierendoder, stierenvechter», en anglais «bull-fighter» et en allemand «Stierkämpfer» et «Stiertöter»[160]. En néerlandais, le mot «matador» est connu: les Néerlandais savent placer ce terme dans le monde taurin, mais ils ne savent par contre pas exactement ce que c’est: c’est l’homme qui taquine le taureau avec le drap rouge ou l’homme sur son cheval qui torture le taureauou encore autre chose?
Muleta
Ce lexème existe dans toutes les langues. Seulement en italien, on écrit «muléta»[161]. Ce terme est souvent décrit dans les langues germaniques, mais le terme en soi est assez connu.
Picador
Ce mot existe aussi dans toutes les langues et est bien courant. En italien, on a adapté l’orthographe: «picadór(e)»[162] et en allemand, on écrit également «Pikador»[163]. En néerlandais, on dit également «stierenvechter (te paard)». En anglais, on a les mots «bullbaiter» et «bull-fighter», mais nous ne l’avons pas trouvé dans le dictionnaire unilingue. La même chose vaut pour l’allemand: on a un «Stierkämpfer», mais nous n’avons pas vu ce terme comme traduction de «picador».
Tercio
Concernant ce terme il en est autrement: en français il n’existe pas officiellement, en portugais nous n’en sommes pas sûre, car nous avons trouvé ce terme, mais nous n’avons pu voir un lien avec la corrida. Nous avons trouvé par contre des mots qui y ressemblent «terco» et «terço». En italien, nous avons trouvé «terso», «terzo», «tèrzio», etc., mais aussi dans ce cas, nous n’avons pas vu un lien avec la corrida. Dans le dictionnaire unilingue néerlandais, le mot «tercio» a été inséré, mais a un autre sens et pas de lien avec la corrida. En anglais, on trouve «one of the 3 parts of a bullfight»[164], mais en allemand ce terme n’existe pas officiellement.
Torero
Finalement ce terme connu dans les sept langues. En portugais, on écrit «toureiro»[165] et en italien «torèro»[166]. En néerlandais, on dit également «stierenvechter(te voet) », en anglais «bull-fighter(on foot) » et finalement, en allemand «Stierkämpfer».
Pour résumer, nous pouvons dire que la plupart des termes espagnols ont été empruntées par les six langues. Concernant les langues romanes, nous constatons que le français a emprunté le plus littéralement; l’orthographe de «féria» est la seule différence et en outre, les mots «aficionado» et «tercio» n’existent pas officiellement. L’italien est la langue des deux autres langues romanes qui adapte le plus souvent l’orthographe et qui n’a pas emprunté tous les mots. Une explication peut être les plus grandes différences entre l’italien et l’espagnol qu’entre l’espagnol et le portugais ainsi que l’absence de la corrida dans le pays. En ce qui concerne les trois langues germaniques, nous constatons qu’elles ont emprunté plus ou moins les mêmes termes. Le terme «tercio» pose le plus de problèmes. De plus, elles ont toutes des équivalents des mêmes termes et les mêmes deux mots y manquent: «afeitado» et «aficionado». Ce qui nous frappe donc c’est le fait que les pays qui ne connaissent pas activement la corrida ont le plus grand nombre d’équivalents ou bien de termes espagnols traduits dans leurs propres langues («corrida», « matador», «picador» et «torero»). Qu’en pouvons-nous conclure? Les langues germaniques sont énormément différentes des langues romanes. De cette raison, ces termes romans ne conviennent pour des raisons différentes pas bien dans les langues germaniques, de sorte que le besoin de traduire ou d’adapter les mots ou l’orthographe sera plus grand. De plus, les termes espagnols ont plus souvent besoin d’être expliqués ou traduits, car ces mots sont souvent difficiles à dériver pour les germanophones étant donné que l’espagnol appartient à une autre famille de langues, ce qui veut entre autres dire que les mots n’ont pas les mêmes origines et pas les mêmes racines. L’avantage des équivalents dans les langues germaniques c’est que le phénomène inconnu, c’est-à-dire la corrida, devient plus compréhensible et familier pour les germanophones, ce qui est en même temps un peu bizarre, car on peut se demander pourquoi on a besoin des équivalents dans une langue d’une culture ou ledit phénomène n’existe pas. De cette raison, on peut penser que ce phénomène existe bien dans cette culture!
Toutefois, cela dépassait notre cadre de recherche de vraiment comparer les significations de tous les termes entre eux. Nous voulons finalement comparer l’étymologie des termes en français et en néerlandais entre eux un peu plus en détail.
5.4.2. Une comparaison entre le français et le néerlandais
Sous ce point, nous souhaitons rassembler plus de détails étymologiques à l’aide du Petit Robert et Van Dale Etymologisch Woordenboek (E) et Van Dale Groot Woordenboek der Nederlandse taal (W) pour comparer un peu les définitions et les dates où les termes ont été intégrés dans les langues françaises et néerlandaises. Nous prenons les termes en espagnols, nous en donnons les définitions et les dates dans le français et enfin dans le néerlandais.
Afeitado
Ce terme n’existe dans aucune des deux langues. Ce terme est en français souvent ainsi décrit: «scier/sciage des cornes» ou «limer des cornes». En néerlandais, on peut dire «het afvijlen van de horens».
Aficionado
Depuis 1831, amateur de courses de taureaux (p. 40). Ce terme n’existe pas en néerlandais.
Banderille
1782, chacun des deux dards ornés de bandes multicolores que les toreros plantent dans le garrot du taureau pendant la corrida. (p.191). L’orthographe française diffère de celle de l’espagnol.
1886, gepunte stok met vlaggetje (p. 73) (E); met een vaantje of gekleurd papier versierde gepunte stok, gebruikt in stierengevechten (p. 286) (W).
Banderillero
1782, le torero qui pose les banderilles (p.191).
Hij die in stierengevechten de stier met banderilla’s tergt (p. 286) (W). Ce mot manque dans (E), donc nous n’avons pas de date, mais elle sera sans doute au XIXe siècle, vers 1886.
Corrida
1804, course de taureaux se déroulant dans les arènes => novillada ; tauromachie (p.479)
1926-1950, stierengevecht, Spaans corrida, verkort uit corrida des toros (idem), corrida (het lopen), van correr (hard lopen) < lat. currere (idem) p. 182) (E).
Féria
1926, en Espagne et dans certaines régions du Sud de la France, Fête annuelle comportant des activités foraines et des courses de taureaux (p.907). Remarquons que l’orthographe est différente: «féria» au lieu de «feria». Ce mot n’existe pas en néerlandais.
Matador
(1660), 1776, torero chargé de la mise à mort (p.1365)
(1865), de betekenis «stierenvechter» < Spaans matador (moordenaar), stierenvechter, van matar (doden) (p. 546) (E).
Muleta
1828, pièce de flanelle rouge tendue sur un court bâton, avec laquelle le matador provoque et dirige les charges du taureau (p.1455)
Après 1950, stok met rode vlag bij stierengevecht (p. 582) (E).
Picador
1776, cavalier qui, dans les corridas, fatigue le taureau avec une pique (p.1668)
1863, stierenvechter te paard < Spaans picador (id.) van picar (steken) < me. lat. picare (id.) van lat. pica (ekster) + -dor < lat. tor (vgl. pica) (p. 663) (E); iemand die bij stierengevechten te paard zittende, de stier met een lans moet trachten te verwonden, om hem door bloedverlies te verzwakken (p. 2551) (W).
Tercio
Ce terme n’est pas à retrouver dans Le Petit Robert. Cependant, «tercio» ressemble à «tertio» ce qui signifie «en troisième lieu» et le sens a quelque chose à faire avec le chiffre «trois».
En néerlandais, ce mot existe officiellement, mais n’a pas de lien avec la corrida. Ce mot renvoie aux trois groupes de l’armée (régiment d’infanterie espagnol) (1926-1950) (p. 877) (E).
Torero
1782, homme qui affronte le taureau, dans une corrida (p.2269)
1847, (stierenvechter) < Spaans torero < stieren-, stierenvechters-, van toro, (vgl. toreador) (p. 892) (E); espada die de stier doodt (p. 3476) (W); («espada»: stierenvechter die alleen te voet stier met degen te lijf gaat (na 1950) (p. 913) (W).
Ce qui nous frappe, c’est qu’il y a trois termes qui ont été intégrés dans la langue française en 1782, à savoir banderille, banderillero et torero. Les plus vieux mots en français sont matador et picador (1776), tandis que le mot matador existe en fait puis 1660 ayant un autre sens.
Le mot féria est le plus moderne (1926). Les termes espagnols ont également été intégrés en néerlandais, mais beaucoup plus tard qu’en français. Ceci est logique étant donné que la corrida n’a jamais été introduite aux Pays-Bas et que la langue néerlandaise est une langue germanique et non pas romane. Le plus vieil emprunt en néerlandais date de1847: torero, mais un peu plus tard, on a introduit également picador (1863), matador (1865), banderille (1886) et banderillero (1886?). Le mot le plus moderne est muleta (après 1950) et «corrida» est également assez moderne. En gros, on peut dire que les termes en néerlandais ont été intégrés une centaine d’années après l’introduction des termes en français. En français, les termes ont eu besoin d’environ cent cinquante ans d’intégrer, tandis qu’en néerlandais ce processus n’a duré qu’une centaine d’années. De plus, en français il y a en général plus d’années entre l’introduction de chaque terme, ce qui est logique, parce qu’en France on a suivi et adopté la naissance et le développement de la corrida en Espagne, tandis qu’aux Pays-Bas ce phénomène n’existait qu’à une certaine distance. En néerlandais par contre, l’étalement entre les termes est plus petit. Finalement, nous avons constaté qu’un grand nombre, plus grand que prévu, de termes espagnols a été introduit en néerlandais et qu’en français on a tout simplement emprunté les termes espagnols sans vraie adaptation orthographique, excepté «afeitado» et «tercio», mais ces termes sont également utilisés dans le langage taurin, souvent sans explication. En français on n’a pas comme en néerlandais des explications telles que «stierengevecht» ou «stierenvechten» et «stierenvechter».
Conclusion du chapitre
Terminons ce dernier chapitre en concluant que nous avons trouvé des exemples de tous les procédés décrits dans Vinay & Darbelnet et Van Willigen, bien que le nombre ne soit pas pareil dans chaque procédé; l’adaptation était le procédé que nous avons vu le moins. L’explicitation et l’implicitation par contre sont le plus souvent utilisées. Concernant les problèmes spécifiquement culturels, nous avons trouvé plusieurs emprunts, traductions littérales et équivalents: les realia. Enfin, nous avons choisi onze termes espagnols pour rechercher l’évolution de ces termes dans quelques langues romanes et quelques langues germaniques. Ce qui nous frappait le plus, c’était le fait que les langues germaniques ont le plus grand nombre d’équivalents des termes espagnols.
La corrida est un phénomène délicat: les amateurs sont diamétralement opposés aux opposants, comme nous l’avons vu dans le quatrième chapitre où nous avons nommé quelques arguments des deux partis. Ces deux partis sont engagés dans un débat sans fin: l’un trouve que la corrida est une tradition (éventuellement cruelle) et l’autre est d’avis que c’est cruel et qu’elle doit être abolie. Seul le gouvernement peut faire quelque chose au profit des adversaires: supprimer le troisième alinéa de l’article 521-1 du Code Pénal. Cette décision n’a pas encore été prise.
Dans ce mémoire, nous avons étudié les notions de traduction et de culture et elles se sont avérées plus compliquées que nous n’avions pensée auparavant. En effet, il y a plusieurs disciplines à partir desquelles on peut considérer ces notions. Il en était de même pour le choix de théories et de scientifiques que nous avons cités. Nous en avons choisi quelques-unes pour montrer un peu quelles sont les théories importantes du XXe siècle. Dans le troisième chapitre par contre, nous avons traité deux stratégies pratiques lorsque nous avons parlé des problèmes de traduction, aussi bien au niveau linguistique qu’au niveau culturel, et ces deux stratégies, surtout Vinay & Darbelnet et Van Willigen, ont été appliquées dans les deux traductions, comme on a pu voir dans le chapitre cinq et dans le premier appendice. Nous étions en particulier intéressés par les problèmes culturels: les realia. La stratégie de Vinay & Darbelnet et Van Willigen est applicable sur tous les types de traductions, tandis que celle de Van Camp ne l’est pas, car elle vise uniquement aux problèmes culturels. Par contre, Van Camp peut être utilisé à côté de cette autre stratégie comme stratégie supplémentaire au niveau des problèmes culturels. Nous avons également étudié les cinq catégories de termes culturels de Newmark, mais il ne donne pas de solutions, ni de règles, donc nous l’avons laissé de côté.
Nous avons étudié deux traductions, ce qui prouve qu’il est donc possible de traduire un phénomène relativement inconnu. Cependant, une telle traduction entraîne des problèmes culturels en plus. Dans notre analyse des procédés de traduction, nous avons constaté que les procédés de transposition (le français nominalise plus souvent que le néerlandais), modulation (d’une forme active à passive, car en néerlandais on emploie plus souvent le passif), implicitation et explicitation ont souvent été appliqués dans les deux traductions. L’adaptation et le dépouillement par contre ont moins souvent été utilisés. En ce qui concerne les procédés qui sont plutôt culturellement spécifiques, nous concluons que l’emprunt (les sigles, les termes espagnols), la traduction littérale et l’équivalence («Cour des Comptes» respectivement «Rekenkamer») ont souvent été utilisés dans les deux traductions. Finalement, nous avons trouvé des exemples de procédés dits douteux: ces procédés étaient difficilement catégorisables (est-ce que c’est un procédé ou un changement inhérent à la langue?) ou étaient à catégoriser dans plusieurs catégories («gangrène» traduit par «corruptie»: modulation et explicitation). Ces résultats nous mènent à une réponse sur la question centrale de ce travail de savoir s’il existe une méthode qui vise à résoudre les problèmes spécifiquement culturels. Nous avons constaté que cette méthode existe: celle de Vinay & Darbelnet complétée par Van Willigen. Cette méthode offre un bon nombre de procédés différents au niveau linguistique et culturel que le traducteur peut utiliser ou non, bien que cette méthode ne soit jamais applicable sur tous les problèmes de traduction. Cependant, la méthode parfaite reste toujours à être inventée.
Ce qui nous a frappée en parlant de la corrida, c’est que cette «tradition» (on discute toujours de ce terme) occupe depuis longtemps une position si importante dans la culture espagnole et méditerranéenne, tandis que les adversaires ont à la fois de l’influence: la ville de Barcelone qui veut se déclarer anti-corrida en 2004 et l’«Action alinéa 3» en France également en 2004. L’influence de la corrida est également grande sur le vocabulaire néerlandais par exemple, étant donné le grand nombre d’emprunts et de mots espagnols qui ont une traduction ou un équivalent en néerlandais (cf. « stierenvechten»). Des onze mots recherchés dans les six langues dans le cinquième chapitre il y en a peu qui n’ont pas de traduction ou qui n’ont pas été empruntés. Prenons les trois langues germaniques ensemble et concluons-en que ces trois ont plus ou moins emprunté les mêmes mots espagnols (sauf «feria» qui n’existe pas officiellement en néerlandais, mais l’existence ou l’usage de ce mot est également douteux en allemand et nous nous demandons si les Anglais savent ce que c’est). De plus, les mêmes deux mots («afeitado» et «aficionado») n’existent pas dans ces trois langues. Nous y ajoutons qu’en italien ces deux mots n’existent pas non plus et l’Italie est le seul pays roman (des langues choisies dans cette recherche) sans corrida. En outre, les mots «feria» et «tercio» sont douteux en italien. Nous pouvons en conclure que les termes les moins courants ou utilisés du vocabulaire taurin n’existent pas dans les langues des cultures où on n’a pas de corrida. Il y a donc deux facteurs qui contribuent à l’existence des équivalents des termes espagnols: la famille de langues et l’absence de la corrida dans le pays concerné. Par rapport aux langues romanes, nous pouvons remarquer que l’italien est l’exception parmi ces langues, comme nous l’avons vu ci-dessus, mais ce pays n’a pas de corrida contrairement aux autres trois. Le français est la langue sans équivalences des termes espagnols; le portugais a «tourada» comme traduction de «corrida» et concernant l’orthographe le français est le plus fidèle à l’espagnol.
Terminons en disant que l’influence du phénomène de la corrida est donc assez grande dans les langues des cultures où on n’a pas de corrida: dans le vocabulaire il existe officiellement plusieurs termes espagnols et ce vocabulaire concerne plus de mots que nous n’avions pensé avant cette recherche, ce qui veut dire qu’il y a un certain nombre de mots qui existent officiellement dans une langue, mais dont la plupart des locuteurs ne connaissent pas le sens ni n’auraient jamais entendu parler.
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Syllabus:
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Linguistique Historique. Le français en mouvement: de 800 à 2000.
APPENDICE I
-Traduction de Wendy van Mourik :
Le Collectif Anti-Corrida de Fréjus (CAC 83) est une association à but non lucratif née le 21 juillet 2001. Son objet est de participer à la lutte pour la suppression des corridas.
Het Collectief Anti-Stierenvechten van Fréjus (2) (CAC 83) (1) is een non-profitorganisatie (5) die op 21 juli 2001 is opgericht(5) en het afschaffen van stierenvechten (‘corrida’ (1)) (7) als belangrijkste doel (7) heeft.
Son action est à la fois :
-globale, au sein de la Fédération de Liaisons Anti-Corrida (FLAC) et avec l'aide de toutes les organisations de lutte pour la défense du droit de l'animal qui se sont jointes, ou voudraient se joindre à nous,
-et locale, pour mobiliser toutes les énergies afin d'obtenir l'interdiction totale et définitive des corridas.
De acties die gevoerd worden (7), zijn zowel:
-globaal,
dit zijn acties die gecoördineerd worden door (7) het FLAC (1) (Fédération
de Liaisons Anti-Corrida (1), een federatie, waarvan verschillende
dierenbeschermingsorganisaties uit Europa, waaronder ook het Comité
Anti-Stierenvechten in Nederland, lid zijn) (7) en acties die wij voeren
samen met alle organisaties die opkomen voor (3) (8) dierenrechten.
als :
-lokaal, waarbij (3) alle krachten (5) samengebundeld worden met het doel (3) een totaal en definitief verbod op stierenvechten te krijgen.
Nous ne sommes pas contre la fête, mais contre la torture des taureaux et la souffrance des chevaux pour le seul plaisir malsain de quelques aficionados et de quelques curieux manipulés. Nous disons : "La feria, oui, la corrida, NON !"
Wij zijn niet tegen de feesten, maar wel tegen het martelen van stieren en het lijden van de paarden alleen maar voor het ziekelijke genot van een aantal aficionado’s (1) (aanhangers) (7) en een stel nieuwsgierige mensen (7) die echt niet weten waar ze op af komen (7). Wij zeggen dan ook : ‘Feest (5)? Ja! Stierenvechten? NEE!’
Nos objectifs au plan global et au plan local
Comme nous le développons dans la rubrique "La corrida, c'est quoi ?", la barbarie envers l'homme et celle envers l'animal sont de même nature. La corrida implique l'entraînement à tuer, l'exaltation de la torture et de la mort violente, la banalisation de la souffrance animale sous couvert de "tradition" - pratique fourre-tout qui légitimerait tout.
Onze doelstellingen op globaal en plaatselijk niveau
Wreedheid jegens de mens is gelijk aan wreedheid jegens dieren. Hierop (9) zullen wij in de rubriek ‘Wat houdt stierenvechten eigenlijk in ?’ terugkomen. Stierenvechten betekent : getraind worden (3) in het doden (3) , het genot van het martelen en van een gewelddadige dood. Kortom : het lijden van een dier wordt als iets heel ‘gewoons’ beschouwd ( ) en dat alles onder het mom van ‘traditie’. Traditie ‘rechtvaardigt’ immers alles… (7).
Lutter contre la corrida, c'est lutter contre la barbarie, c'est défendre la dignité de l'animal et par là-même celle de l'homme, c'est participer à un combat qui relève du devoir de vigilance universelle et permanente de tout citoyen du monde
Strijden tegen stierenvechten, is strijden tegen de wreedheid, dat is het verdedigen (3) van de waardigheid van het dier en daarmee ook die van de mens, dat is het deelnemen (3) aan een strijd die onder de plicht van universele en voortdurende waakzaamheid van iedere wereldburger valt.
Si ces souffrances sont ô combien cruelles, inutiles, barbares, elles sont surtout vénales : car la corrida est avant tout une industrie opaque et lucrative ayant pour fonds de commerce la torture puis la mort d'un taureau. Comme le souligne le Conseil Économique et Social du Languedoc-Roussillon, "La transparence n'est pas la vertu cardinale du milieu taurin", opacité également relevée et dénoncée par la Cour des Comptes et qui cache des lobbies régionaux puissants avides de fonds publics : toutes les corridas sont subventionnées et donc financées par votre argent (liens montants des subventions Fréjus). Cette opacité cache des pratiques qui font peu de cas de nos valeurs démocratiques : droit d'expression et liberté de la presse bafoués, refus de l'opinion de la majorité des citoyens opposés à la corrida.
Hoewel het stierenvechten (7) vreselijk wreed, nutteloos en barbaars is, is het bovenal een duistere industrie waar met het martelen en doden van stieren veel geld verdiend wordt (4/7). Zoals de Sociaal-Economische Raad (5) van de Languedoc-Roussillon (1) heeft benadrukt, is transparantie niet het belangrijkste (7) in het stierenvechtersmilieu. Volgens (8) de Franse Rekenkamer (5) blijven regionale en machtige lobby’s die belust zijn op staatsfondsen door deze ondoorzichtigheid verborgen (4). Wat de meeste inwoners van Fréjus niet weten, is dat elk stierengevecht subsidie krijgt en dus met hun eigen (7) geld gefinancierd wordt, terwijl hierover niets in de publiciteit komt (7)(8)! (3/8) : de mening van de meerderheid van de burgers die tegen stierenvechten is, wordt niet gerespecteerd en tegenstanders krijgen ook geen kans te protesteren, want bijna alle pers is pro-stierenvechten en bovendien worden demonstraties vaak bestraft door de politie (7).
Lutter contre la corrida, c'est lutter contre ces pratiques douteuses, qu'Alain Perret décrit avec un talent quasi-chirurgical (8) dans son ouvrage "La mafia tauromaniaque".
Enfin, au niveau local, les Fréjussiens ont clairement exprimé en février 2001 leur opposition à la corrida lors d'un sondage IPSOS : 86% des Fréjussiens ne qualifient pas la corrida comme faisant partie de leur culture. A Fréjus, comme partout où sévit le cancer tauromaniaque, une minorité décide pour une majorité.
Strijden tegen het stierenvechten, is strijden tegen deze duistere praktijken. Alain Perret heeft een boek geschreven (8), “La mafia tauromaniaque” (1), waarin alles over het wrede stierenvechten aan bod komt (7).
In Fréjus zelf hebben de inwoners hun afkeer van het stierenvechten duidelijk laten merken, want uit een peiling van het IPSOS (1) (Frans onderzoeksbureau)(7) die in februari 2001 gehouden is, blijkt dat maar liefst 86% van de inwoners stierenvechten niet als deel van hun cultuur beschouwt ! Maar zoals overal waar het stierenvechten de maatschappij bedreigt (4), telt ook in Fréjus de mening van een kleine minderheid.
Lutter contre la corrida, c'est lutter pour que soit respectée l'opinion de l'écrasante majorité des Fréjussiens, c'est lutter pour que notre ville de Fréjus cesse un jour de figurer au triste palmarès des "villes de sang".
Strijden tegen het stierenvechten, is ervoor zorgen dat de mening van de verpletterende meerderheid van de inwoners van Fréjus (5) die tégen stierenvechten is (7), gerespecteerd wordt. Strijden tegen het stierenvechten, is er ook voor zorgen dat de stad Fréjus niet meer voorkomt (4) op de lijst van ‘villes de sang’ (1) (steden die ‘met bloed besmeurd’ zijn) (7).
Un appel particulier aux enfants, aux artistes en herbe ou confirmés, aux poètes, aux chanteurs et compositeurs amateurs ou chevronnés : aidez-nous à faire vibrer ces pages pour convaincre les personnes au grand cœur de nous rejoindre dans ce combat universel contre la barbarie. Envoyez-nous vos écrits, vos dessins, vos poèmes, vous chansons, nous les mettrons en ligne ici. Nous dédions cette rubrique à Mylène Demongeot, membre d'honneur du Collectif anti-corrida de Fréjus, pour son soutien à notre combat pour l'interdiction des corridas.
Een speciale oproep aan kinderen, kunstenaars (6/8), dichters, zangers en componisten (6/8): help ons mee met een bijdrage (3) die zo pakkend en overtuigend (3) is dat iedereen met een groot hart de universele strijd tegen de wreedheid met ons wil aangaan. Stuur ons uw boodschap, tekening, gedicht, liedtekst etc. en wij zullen het onder deze rubriek plaatsen. Deze rubriek wordt opgedragen (4) aan Mylène Demongeot (1936) (7), actrice (7) en erelid van het Collectief anti-stierenvechten van Fréjus (2), als dank voor haar steun in onze strijd tegen het stierenvechten (4).
Les deux
picadors (cavaliers)
infligent au taureau des blessures profondes à l'aide de
piques pour
atteindre les muscles du cou, pour empêcher le taureau d'être un
adversaire durablement redoutable.
Vous avez dit : "combat équitable" ?
De twee picadors (1) (stierenvechters te paard (5/7)) verwonden de stier door hem met stalen lansen (7) in de nek te steken, waardoor zijn spieren beschadigd worden (4). De stier wordt hierdoor verzwakt en zal niet lang meer een geduchte tegenstander zijn.
Dacht u dat het een ‘eerlijke strijd’ is?
Acte 2 - Le " tercio" de banderilles
Les trois
banderilleros (toreros
à pied) harponnent le taureau avec les
banderilles. Ces harpons labourent les
chairs vivantes, et chaque mouvement de l'animal (provoqué par
l'homme: la bête ne veut plus bouger) l'affaiblira et le torturera
encore plus.
Vous avez dit : "un taureau ne souffre pas" ?
Fase (2) 2: de “tercio” (1) van de banderilla’s (1)
Drie banderillero’s (1) (stierenvechters te voet (7)) steken banderilla’s (felgekleurde stokken met weerhaken (7)) in de stier. Deze spiesen scheuren het vlees (8) open en door iedere beweging die het dier maakt (hier zorgen de banderillero’s wel voor, want het beest wil zich niet eens meer bewegen!), wordt (4) hij dan nog verder verzwakt en gemarteld.
Dacht u dat een ‘stier niet lijdt’?
Acte 3 - Le tercio de mort (ou de muleta)
Le matador
("tueur" en espagnol provoque le taureau jusqu'à lui enfoncer
l'épée : pas n'importe comment, dans
l'épaule droite, sur un plan vertical, et selon un angle de 45° afin que le
taureau s'étouffe dans son propre sang.
Un "bon" matador réussira du premier coup, et les autres s'y
reprendront autant de fois que nécessaire .
Vous avez dit : "de
l'art"?
Plusieurs coups de grâce sont alors portés au cou ; le record : 32 coups d'épée
!!!
Vous avez dit : " mort glorieuse"?
Fase (2)3: de “tercio (1)” van de dood (of van de ‘muleta’ (1))
De matador (1) (stierendoder (5/7) daagt de stier uit met zijn muleta (rode lap) tot een aanval (7). Vervolgens doodt (4) hij de stier met zijn zwaard (4): in de rechterschouder zijn zwaard (7) verticaal houdend (7) en met een hoek van 45°, zodat de stier in zijn eigen bloed stikt. Een “goede” matador slaagt er met één steek in de stier te doden (7), maar velen hebben daar veel meer steken voor nodig.
Dacht u dat het ‘kunst’ is?
In dat geval wordt er nog een aantal genadesteken in de nek gegeven; het record staat op (7) 32 zwaardsteken!!!
Dacht u dat het een “een eer is voor een stier om zo te sterven (3/7)”?
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
-Traduction de drs. Jelger Bakker :
Afin que chacun comprenne le
déroulement de l'intolérable torture infligée
aux taureaux lors des corridas, le vice-président du CRAC, Thierry
Hély
(pour l'occasion témoin oculaire), a alors projeté le Film de la Honte
après
en avoir expliqué les circonstances : 18 minutes insoutenables qui
transpiraient le sang et la souffrance... Puis, non concertée,
mais
révélatrice de l'émotion suscitée par les images et par les
cris de douleur
des jeunes taureaux, une minute de silence...
Opdat iedereen het
ontoelaatbare leed tijdens de stierengevechten (8/9) zou
begrijpen heeft de vice-president van het CRAC (1) (Comité
Radicalement
Anti-Corrida) (1), Thierry Hély (in dit geval ooggetuige) de film van de
schande (2)
getoond, na de omstandigheden ervan te hebben uitgelegd: 18 onverdraaglijke
minuten die doordrenkt waren van (3) bloed en leed... vervolgens werd er
spontaan (4) een minuut stilte in acht genomen (7), vanwege
(3) de emoties die bij het
zien van de filmbeelden en de kreten (8) van jonge stieren werden
losgemaakt (3).
Pour le CRAC, Jean-Pierre
Garrigues a introduit sa plainte contre les
corridas en France en affirmant : " Nous rentrons en guerre contre la
tauromachie, avec tous les moyens légaux ! ". Puis il a fourni au jury
des "
pièces à conviction " : une banderille et une lance de rejon, les outils
de
torture, prêtés par Robert Clavijo du COLBAC (comité biterrois
anti-corrida). Renvoyant pour la situation juridique en France au texte
du
juge Charollois, et rappelant que de toutes façons, au cour du spectacle "
il y a l'animal en souffrance " (cette raison devrait se suffire à elle
seule pour justifier le procès), le CRAC a basé sa plainte sur trois axes
:
1) Le futur scandale du " taureau fou " : la France, grâce à Monsieur
Glavany et à son arrêté de décembre 2000, s'étant mise dans l'illégalité
totale au regard du droit européen (directive 00418) en permettant la
consommation des tissus à risques issus de la viande des taureaux tués dans
les arènes.
2) Le financement de la corrida, dénonçant le fait que tous les " acteurs
"
de ce triste spectacle soient systématiquement payés en liquide, et
étudiant
le cas précis de la ville d'Alès, particulièrement révélateur des
pratiques
mafieuses du milieu taurin...
3) La gangrène de la classe politique enfin, évoquant notamment le
groupe
parlementaire " traditions et élevage " qui cautionne la torture
tauromachique.
" En conséquence, le CRAC dépose plainte contre : avec la complicité des
juges aficionados, Raymond Chésa (...), Hervé Gaymard (...), Dominique
Perben (...) . "
Voor het CRAC heeft Jean-Pierre
Garrigues zijn aanklacht tegen de
stierengevechten in Frankrijk ingediend en verklaarde: "Wij trekken ten
strijde tegen de stierengevechten, met gebruik van (7) alle legale
middelen!"
Vervolgens heeft hij de jury een aantal bewijsstukken geleverd: diverse
martelwerktuigen, waaronder een spies (2) en een lans, uitgeleend door
Robert
Clavijo van het COLBAC (1) (Biterraans (2) Anti-Stierenvechten Comité)
(2). Voor de
juridische situatie in Frankrijk verwijzend naar de tekst van de rechter
Charollois, heeft het CRAC haar aanklacht rond drie speerpunten gegroepeerd
en wees Garrigues erop dat in alle gevallen "het pijn lijdende dier (3)"
het
middelpunt van het schouwspel vormt (alleen die reden zou al voldoende zijn
om dit proces te rechtvaardigen):
1) Het toekomstige schandaal van de "dolle stier" (2/5): dankzij de heer
Glavany
en zijn verordening van december 2000 heeft Frankrijk zich geheel buiten het
Europese recht (8) geplaatst door het toestaan van het consumeren van
risicoweefsel afkomstig van het vlees van de gedode stieren (8).
2) De financiering van de stierengevechten, hierbij aantonend dat de acteurs
(2)
van dit droevige schouwspel systematisch contant betaald worden en door
de
bestudering van het specifieke geval van de stad Alès, dat de
maffiapraktijken in het stierenvechtermilieu pas goed laat zien (3)...
3) Uiteindelijk de corruptie (7) van overheidswege (5),
voornamelijk wijzend op de
parlementaire groep "tradities en veeteelt" (2) die het stierenleed
veroorzaken.
"Bijgevolg heeft het CRAC een aanklacht ingediend tegen en met medeweten van
de rechters aficionados (1) Raymond Chésa (...), Hervé Gaymard (...),
Dominique
Perben (...)."
Le Docteur Albert Sordé,
vétérinaire en Espagne, a ensuite décrit les
différentes étapes de la torture codifiée du taureau dans l'arène.
L'horreur, celle que nous imaginions bien sûr déjà, mais sur laquelle nous
ne pouvions mettre des termes précis, nous a ainsi été décrite
méthodiquement, acte après acte, tercio après tercio : quels muscles,
quels
nerfs, quelles artères touchées lors de chaque étape... Pour ceux qui en
doutaient encore, Oui, le taureau souffre ; et il souffre le martyr, avant
de s'étouffer avec son propre sang... avant la délivrance de la mort...
Pourquoi déjà ? Ah oui, juste pour le plaisir... Celui des " spectateurs "...
De veearts (8) Doctor Albert
Sordé heeft vervolgens de verschillende etappes van
de gecodificeerde martelgang (2) van de stier (8) beschreven. De afschuw
die we ons
wel konden indenken maar die we niet precies konden benoemen werd aldus
methodisch omschreven, handeling na handeling, tercio (1) na tercio:
welke
spieren, zenuwen en aders geraakt worden na elke etappe... Voor
hen die er
nog aan twijfelden, ja, de stier lijdt; hij ondergaat een martelgang
alvorens hij verstikt in zijn eigen bloed... alvorens de dood hem
bevrijdt...(3) waarom eigenlijk? Ach ja, alleen vanwege het plezier van de
"toeschouwer"...
Mais ce n'était pas fini... Et
un second film a été projeté... Trois minutes
et quarante-cinq secondes qui pour nous furent une éternité. Thierry Hély
présente les images qu'il a montées: ces images sont extraites d'une
émission espagnole : Al Descubierto (" A la découverte... "),
consacrée à la
corrida et que Jean-Pierre Garrigues et Coloma Rodriguez ont traduit :
Tout d'abord un vétérinaire taurin et un agent artistique (tous deux "
pro-corrida ") se disputent sur le plateau :
- Kiko Matamoros : " Voici la pointe d'une corne que j'ai récupéré à
Benalmadena, aux arènes. Et il n'y a pas que l'afeitado ! Il y
a d'autres
manipulations ! Le comportement du taureau est modifié par une série
de
substances : anabolisants pour augmenter le poids ; le taureau perd de la
mobilité avec le poids ! "
- Jose Maria Cruz : " Pourquoi parler de drogues ? "
- Kiko Matamoros : " Il faut tout dire ! ", lâchant dans sa colère qu'une
fois, il avait vu un taureau rentrer dans l'arène avec une seringue encore
plantée dans le dos...
- Jose Maria Cruz confirme qu'il le sait, et brandit presque fièrement la
cassette de cette corrida, tout en justifiant le fait que ce jour-là, ce
n'était pas lui le vétérinaire officiel : " Je sais comment ça se passe !
J'ai ici une vidéo qui le prouve... Mais j'ai vu ça comme spectateur.
(...).
Le président a regardé ailleurs... "
Maar dat was het nog niet...
een tweede film werd getoond: drie minuten en
vijfenveertig seconden die wel een eeuwigheid leken. Thierry Hély laat de
beelden zien die hij opgenomen heeft: deze beelden zijn een montage van een
Spaanse uitzending: Al Descubierto (1) ("Ontdekking") (2), gewijd
aan het
stierenvechten en die Jean-Pierre Garrigues en Coloma Rodriguez vertaald
hebben: eerst zijn er een veearts en een artistiek agent (2) te zien die
met
elkaar aan het twisten (8) zijn (allebei pro-stierenvechten):
- Kiko Matamoros: "Kijk hier de punt van een hoorn die ik uit de arena van
Benalmadena heb meegekregen. En er is daar puur en alleen afeitado
(1)! Er zijn
andere manipulaties (2)! Het gedrag van de stier wordt gewijzigd (2)
door een soort
stof (8) om het gewicht te verhogen; de stier verliest daarmee (9)
zijn beweeglijkheid!"
- José Maria Cruz: "Hoezo over drugs praten?"
- Kiko Matamoros: "Alles moet gezegd worden!", tot zijn woede (3) heeft
hij een
keer een stier in de arena zien terugkeren met de injectiespuit nog in
(9) zijn rug...
- José Maria Cruz weet ervan en zwaait bijna trots met de opnames van dit
stierengevecht en rechtvaardigde zich met de woorden dat hij die dag niet de
officiële veearts was: "Ik weet hoe dat eraan toegaat! Ik heb hier een video
die dat bewijst... maar ik heb dat als toeschouwer gezien (...). De
voorzitter keek de andere kant op..."
Il faut continuer... C'est au
tour d'Alain Perret, auteur du livre La mafia
tauromaniaque, qui se dit " tétanisé " par le fait qu'aucun des
accusés
n'ait daigné être présent ce jour ; " cela montre bien leur désinvolture
et
leur mépris " de la majorité des citoyens. L'écrivain français rend hommage
au Professeur Théodore Monod, qui attendait beaucoup de l'Europe et qui
aurait été heureux et fier de voir siéger ce tribunal. Alain Perret accuse :
il veut combattre une " industrie du voyeurisme ", il dénonce le plaisir
qu'éprouvent certains à regarder la souffrance de l'autre ; il analyse : "
Si on ne nous écoute pas, c'est parce que financièrement, nous ne rapportons
rien... ". Parlant de son livre, qui va forcément choquer ceux qui le
liront, puisqu'il dit la vérité (notamment en ce qui concerne les fraudes)
sur le milieu tauromachique, il s'emporte, et à juste titre : " Vous n'allez
pas dormir de la nuit... Mais moi non plus je n'ai pas dormi de la nuit
quand je l'ai écrit, et je ne dors pas de la nuit quand je vois des films
comme ceux qu'on vient de voir... ". Visiblement très ému, il conclut : "
Mais écoutez, il faut s'imposer de supporter l'insupportable... ", pour
avoir les arguments, et pour trouver chaque jour la motivation de vouloir
convaincre, afin que plus personne ne fasse partie des" indifférents "..
"
Car lorsqu'on est indifférent, on est complice... et les complices sont
aussi coupables... ".
Het is de beurt aan de auteur
Alain Perret van het boek La mafia
tauromaniaque (1), die zeer gechoqueerd is omdat niemand van de
aangeklaagden (8) is
komen opdagen. "Dat geeft goed hun achteloosheid en hun misprijzen aan ten
overstaan van het merendeel van de burgers. De Franse schrijver huldigt
professor Théodore Monod, die veel verwachtingen van Europa had (3) en
die blij
en trots zou zijn geweest plaats te nemen in dit tribunaal. Alain Perret
beschuldigt, want hij wil het (8)"voyeurisme" (1) bestrijden. Hij hekelt
het
plezier dat sommigen beleven bij het bekijken van andermans leed en
analyseert vervolgens: "Als men niet naar ons luistert, is het omdat wij
financieel niets opleveren...". Als hij over zijn boek spreekt,(8) windt hij
zich op, en met recht: "Jullie zullen vannacht niet slapen... maar ik heb
ook niet geslapen toen ik 's nachts aan mijn boek heb zitten werken, en ik
slaap evenmin als ik films als die van daarnet heb gezien." Zichtbaar
ontroerd concludeert hij: "Luister, we moeten onszelf opleggen het
ondraaglijke te verdragen om op redelijke wijze (7) argumenten te
verzamelen en
om elke dag opnieuw de veerkracht te vinden om te willen overtuigen,
opdat
niemand meer onverschillig (4) zal zijn. Want wanneer men
onverschillig is, is
men medestander, en medestanders zijn ook schuldig (2)."
Enfin, l'Allemagne et
l'Angleterre se sont associés à la plainte des
associations françaises, espagnoles et portugaise ; Mechtild Mench
(Initiative Anti-Corrida, Allemagne) , et Tony Moore (FAACE
Angleterre,
Fight against Animal Cruelty in Europe), à travers des discours très
émouvants et très justes. Dans l'intervention de notre ami anglais, une
phrase n'avait pas besoin de la traduction simultanée en cinq langues
que le
M. et Mme Weber avaient mis à disposition du public ; le ton suffisait à lui
seul à faire passer le message : " And you know, every bull has a name...
".
Ce langage-là, celui de l'amour, il est universel...
Duitsland en Engeland hebben
zich uiteindelijk in hun aanklacht aangesloten
bij de Franse, Spaanse en Portugese organisaties. Mechtild Mench (1) (Initiatief
Anti-Stierenvechten uit Duitsland) (2) en Tony Moore (FAACE (1) uit
Engeland: Fight
against Animal Cruelty in Europe) (1) waren hier de woordvoerders
(7/8). Tijdens de
toespraak van onze Engelse vriend was er één klein zinnetje dat niet
vertaald hoefde te worden (3/8), de toon waarop het gezegd werd was al
voldoende
om het te verstaan: "And you know, every bull has a name...(1)" Dat is de
universele (3) taal van de liefde.
Un autre témoin : Jeanne
Augier, Président Directeur Général de l'hôtel
Negresco à Nice... Une diatribe en direction des matadors : voilà ce
qu'elle
leur dirait si elle les avait en face ! " Vous êtes des lâches ! (...) Vous
devez disparaître à tout jamais de nos yeux ! " Ces hommes (et ces femmes
!)
sont pour Madame Augier la honte de notre pays ! Rappelant que les
animaux
sont, comme nous, créés par Dieu, elle soutient sans faille que " nous
devons l'en remercier, les respecter et les aimer... ", mais aussi et
surtout " élever nos enfants " dans ce respect et cet amour, sans lesquels
par ailleurs ils perdront leurs repères....
Een andere getuige was Jeanne
Augier, Directrice (5) van het hotel Negresco (1) in
Nice. Een hevige uitval naar de matadors (1): als zij hen voor zich gehad
zou
hebben zou ze zeggen: "Jullie zijn lafaards. Jullie zouden voor altijd uit
mijn ogen moeten verdwijnen!" Voor mevrouw Augier zijn de matadors
(mannen
én vrouwen) een schande voor Frankrijk (7), erop wijzend dat dieren net
als wij
door God geschapen zijn. Zij houdt vol dat wij hem ervoor moeten
bedanken,
alle dieren (7) met respect moeten behandelen en hen liefhebben, maar ook
en
vooral onze kinderen met die liefde en dat respect laten opgroeien, zonder
welke (2) zij trouwens alle remmen verliezen.
(…) celui d'Irène Noël,
enseignante et pédagogue, qui dénonce ce qu'elle
appelle " le massacre des innocents " : " Lorsqu'on ouvre un dictionnaire
et que l'on cherche la définition du mot corrida, on trouve " course
de
taureaux " ; ce n'est pas un euphémisme, c'est une contre-vérité ! ".
L'embrigadement des enfants la touche particulièrement : " La disposition de
l'esprit à juger clairement et sainement des choses est encore fragile
chez
les enfants (...). Ceux qui évoluent dans un climat de violence -et le
milieu taurin est par définition un milieu violent- où toute compassion
devant l'être qui souffre est absente, ne pourront accéder à une pleine
maturité affective, intellectuelle et morale. Et c'est un crime abominable !
" . " Notre combat doit continuer à tous les niveaux, pour que vienne le
jour où nos élèves pourront lire dans leurs livres d'histoire : " Les
corridas, aujourd'hui disparues, étaient des combats cruels livrés par
des
hommes contre des taureaux dans des arènes, et faisaient partie des coutumes
de quelques populations latines en voie de civilisation "...
(…) van lerares en pedagoge
Irène Noël die aan de kaak stelt wat zij "moord op
onschuldigen" noemt: "Wanneer je een woordenboek opent en een definitie van
het woord corrida (1) opzoekt, vind je slechts "stierengevecht"
(2); dat is geen
eufemisme, dat is een onwaarheid." Het ronselen van kinderen raakt haar
voornamelijk: "Het geestesvermogen helder te oordelen (8) is bij kinderen nog
fragiel (...). Zij die opgroeien in een gewelddadig klimaat (8) waar elk
medeleven met een wezen dat lijdt afwezig is, kunnen nooit tot affectieve,
intellectuele en morele wasdom komen. En dat is een verschrikkelijke
misdaad! Onze strijd moet op elk niveau doorgaan, opdat die dag zal komen
dat onze leerlingen in hun geschiedenisboeken zullen lezen: "De
stierengevechten die heden ten dage niet meer bestaan (4) waren wrede
gevechten (9)
van mensen tegen stieren in daarvoor bestemde (7) arena's en deze maakten
deel
uit van enkele zich nog ontwikkelende (3) Romaanse (5)
bevolkingsgroepen."
APPENDICE II
espagnol |
français |
portugais |
italien |
|
|
|
|
afeitado |
- |
afeitado ? |
- |
aficionado |
aficionado |
aficionado |
- |
banderilla |
banderille |
bandarilha |
banderilla |
banderillero |
banderillero |
bandarilheiro |
banderillèro/banderiglièro |
corrida |
corrida |
corrida de touros/tourada |
corrida |
feria |
féria |
(feria) |
(feria) |
matador |
matador |
matador |
mattatóre |
muleta |
muleta |
muleta |
muléta |
picador |
picador |
picador |
picadór(e) |
tercio |
- |
tercio ? |
? |
torero |
torero |
toureiro |
torèro |
néerlandais |
Anglais |
allemand |
|
|
|
- |
- |
- |
- |
- |
- |
banderilla |
banderilla |
Banderilla |
banderillero |
banderillero |
Banderillero |
corrida/stierengevecht/stierenvechten |
corrida/bull-fight/bull-fighting |
Corrida (de toros)/Stierkampf |
- |
feria |
(Feria) |
matador/stierenvechter/-doder |
matador/bull-fighter |
Matador/Stierkämpfer |
muleta |
muleta |
Muleta |
picador/stierenvechter |
picador |
Picador/Pikador |
(tercio) |
tercio |
- |
torero/stierenvechter |
torero/bull-fighter |
Torero/Stierkämpfer |
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[1] Skopos en grec signifie «Zweck», «Ziel» et «Funktion» est «Zweck», «Skopos». D’ici vient la notion «Théorie du Skopos» (Reiß/Vermeer 1984: 96).
[2] http://www.patrimoinecanadien.gc.ca/progs/lo-ol/perspectives/francais/explorer/page_04a.html#N_52_
[3] http://www.europarl.eu.int/interp/online/lf99_one/v06_no3/page2.html
[4] http://www.logos.it/pls/dictionary/linguistic_resources.cap_3_14?lang=en#b7
[5] Mounin 1967 : 24
[6] http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9quence_de_sainte_Eulalie
[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/Serments_de_Strasbourg
[8] Stierle 1996: 56
[9] Mounin 1967: 34
[10] Mounin 1967: 37
[11] http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/a/a0003732_p0.html
[12] http://www.mediom.com/~extrudex/articles/an-querelle.html
[13] Terme défini par Hervey & Higgins: Linguistic and cultural features of ST are taken over into TT with little or no adaptation, so that TT has an obvious ‘foreign’ appearance. This may be deliberate, in order to make TT more attractive to the TL audience, but it affects the TL audience in a way that ST did not affect the SL audience, for whom the text was in no way foreign (Shuttleworth 1997: 54).
[14] http://www.univ-artois.fr/francais/actualites/texte_colloques/traductologie.htm
[15] cité par Van Leuven 1992: 63
[16] cité par Van Leuven 1992: 64
[17] Mouvement de recherche de traduction des années 80 visant à la fonction de la traduction dans la culture cible.
[18] Cf. Vermeer 1.1 et note 1.
[19] Travail écrit dans le cadre du cours de «Vaktaal» donné par Cees Koster
[20] Chacun d'entre nous porte en lui des modes de pensée, de sentiment et d'action potentielle qui sont le résultat d'un apprentissage continu, notre "programmation mentale", c’est à dire un conditionnement généralement inconscient. Ces programmes mentaux trouvent leur origine dans les divers environnements sociaux rencontrés au cours d'une vie (http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html)
[21] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[22] La typologie des langues ressemble à celle des cultures donnée par Hofstede, mais disons que ce n’est pas toujours le cas: les langues germaniques par exemple sont divisées en trois groupes, auxquelles appartiennent entre autres l’anglais et les langues scandinaves, tandis qu’elles n’appartiennent pas aux pays germaniques. De plus, l’inconvénient de la typologie des langues pour catégoriser les cultures c’est que l’afrikaans par exemple appartient aux langues germaniques, tandis que la culture où l’on parle l’afrikaans diffère beaucoup des autres langues germaniques, sans parler de la distance entre ces pays. Maintenant, il est devenu clair pourquoi une catégorisation des cultures n’est pas bonne sur la base de la typologie des langues.
[23] Pour faire plus simple, nous groupons la Russie, la Pologne et tous les pays de l’Europe de l’Est dans les cultures slaves comme la typologie des langues (le russe est une langue slave). Ceci n’est pas grave dans ce cadre de recherche, car Hofstede ne parle pas des pays de l’Europe de l’Est.
[24] Le livre d’Hofstede est écrit en néerlandais, mais sur internet il y a des résumés du livre en français donnant les bonnes traductions de ces termes, tel que http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html
[25] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[26] ibid.
[27] Nous ne montrons pas les résultats de tous les pays, car l’Europe de l’Ouest nous intéresse surtout.
[28] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[29] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html
[30] ibid.
[31] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html
[32] ibid.
[33] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[34] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html
[35] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[36] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[37] ibid.
[38] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html#resultats
[39] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html
[40] ibid.
[41] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[42] ibid.
[43] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/bollinger_hotsf.html
[44] http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/hofstede.html
[45] D’après Mounin 1967: 73-74
[46] Noble 1999 : 132
[47] ibid. 132
[48] http://www.theses.ulaval.ca/2003/21362/ch05.html#ftn.d0e2160
[49] Dijkzeul, B. et Dijkzeul, M. 1997: 90
[50] ibid.
[51] Leeuwin, A.& Mulken, M. van & Nienhuis, L. & Straalen, W. van 1997: 188-189
[52] Les numéros entre parenthèses derrière les procédés correspondent aux numéros dans l’appendice I. Nous y reviendrons dans 5.2. et 5.3.
[53] Vinay et Darbelnet 1972: 47
[54] Langue d’arrivée (Vinay et Darbelnet 1972: 3)
[55] Vinay et Darbelnet 1972: 47
[56] Van Willigen 1996 : 22
[57] Vinay et Darbelnet 1972: 48
[58] Van Willigen 1996 : 22
[59] Vinay et Darbelnet 1972: 50
[60] ibid.: 51
[61] ibid.: 51
[62] ibid.: 52
[63] Van Willigen 1996 : 28
[64] Vinay et Darbelnet 1972: 53
[65] ibid. 53
[66] Van Willigen 1996 : 29
[67] Vinay et Darbelnet 1972: 7
[68] Van Camp 1988: 253
[69] ibid. 253
[70] ibid. 257
[71] Van Camp 1988: 259
[72] ibid. 260
[74] Amateur de courses de taureaux, voir 5.4.1. et 5.4.2.
[75] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[76] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm
[77] Comité Radicalement Anti Corrida, Alès
[78] Baratay, Eric et Hardouin-Fugier, Elisabeth, La Corrida, no 568, Paris: Presses universitaires de France, 1995
[79] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm
[80] Le mot muleta n’existait pas encore, mais l’idée était déjà inventée (http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm)
[81] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm
[82] ibid.
[83] ibid.
[84] ibid.
[85] http://nl.wikipedia.org/wiki/Overleg:Moren
[86] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm
[87] http://www.digischool.nl/kleioscoop/reg/r.htm
[88] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm
[89] ibid.
[90] http://perso.club-internet.fr/nicus/Tauro.htm#Partie_II_B1a1
[91] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm#Bulle
[92] http://wwwmdm.univ-pau.fr/landes/culture/Histoire.htm Cependant, nous n’avons rien trouvé sur lui sur Internet. Il se peut que l’orthograhe du nom soit fausse. Nous avons trouvé le nom Abu’l Hasan, mais celui-ci vivait dans une autre période et c’est l’orthographe arabe. Al-Qasim en revanche était roi dans la période 1018-1021, mais ce nom est tout différent. Nous ne le savons donc pas.
[93] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[94] http://perso.club-internet.fr/nicus/Tauro.htm
[95] ibid.
[96] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[99] http://www.landenweb.com/bevolking.cfm?LandID=145&SPANJE
[100] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/2004actions.html
[101] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/2004actions.html
[102] Source: bulletin d’information du Comité Anti-Stierenvechten Pays-Bas du 14 décembre 2004
[103] http://www.cac83frejus.com/actu.htm
[104] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[105] http://www.spa-de-quevaucamps.com/corrida.htm
[106] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[107] http://www.cac83frejus.com/tribune.htm
[108] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[109] http://mapage.noos.fr/hubert.demory/corrida-1.htm
[110] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[111] Nom donné à l'homme, habillé de blanc, qui se mesure au taureau dans le jeu du «raset» (action qui conduit le raseteur à frôler la tête du cocardier (taureau de Camargue) pour lui subtiliser les attributs à l'aide du crochet) (http://www.manade-saintpierre.com/lexique1f.html)
[112] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[113] http://www.occitania.fr/tradit/taurin/toro/resume/dr.htm
[114] Société Protectrice des Animaux, créée en 1845 par le Général Jacques de Grammont (http://www.spa.asso.fr/association/histoire.asp)
[115] http://www.stieren.net/Start.html
[116] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/2004actions.html
[117] Source: mél du 7 décembre 2004 envoyé par Claire Starozinski (Alliance pour la Suppression des Corridas)
[118] Ces informations sont tirées d’un mél envoyé par Mme Bourliascos du CAC 83 Fréjus le 27 septembre 2004
[119] Fédération de Liaisons Anti Corrida, fondée en 1993 à Béziers
[120] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[121] http://xxi.ac-reims.fr/clemenceau/tpe/tpelethist/corrida/default.htm
[122] http://www.corridas.net/comprendre/partie1/bravoure_m.php
[123] http://www.corridas.net/comprendre/index.php
[124] http://www.lexpress.fr/mag/sports/dossier/corrida/dossier.asp?ida=428600
[125] http://www.cac83frejus.com/actu.htm
[126] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[127] ibid.
[128] ibid.
[129] http://www.lexpress.fr/mag/sports/dossier/corrida/dossier.asp?ida=428600
[130] http://www.cac83frejus.com/qui.htm, montré par un sondage effectué par l’IPSOS en février 2001
[131] http://www.cac83frejus.com
[132] Nous en remercions Mme Breut
[133] Voir 4.1, http://www.anticorrida.com
[134] Ce sont les abréviations utilisées par Van Willigen, voir entre autres 1996: 24
[135] Wendy van Mourik, voir appendice
[136] Jelger Bakker, voir appendice
[137] Van Willigen 1996: 29
[138] Van Willigen 1996: 30-31
[139] voir 4.2.
[140] Cf. Angleterre 4.2.
[141] Jan Schroten, Spaans-Nederlands woordenboek, 1989 et Gijs Mulder, Van Dale Groot Woordenboek Spaans-Nederlands, 2003
[142] Schroten 1989 : 85
[143] Mulder 2003 : 135
[144] Duden Deutsches Universal Wörterbuch 1996, p. 205
[145] Grande e Novíssimo Dictionário da Lingua Portuguesa
[146] Animal, voir http://www.animal.org.pt
[149] Portugees-Nederlands Standaardwoordenboek, 2000, p. 49
[150] ibid. p. 49
[151] Grande Dizionario della Lingua Italiana, 1961, p. 40 (partie balc-cerr)
[152] http://anti.corrida.free.fr/LIENS/comethis.html
[153] The Oxford English Dictionary, 1989, p. 967 (partie III)
[154] Nederlands-Latijn Standaard Woordenboek, 1999, p. 328
[155] Wolters’Handwoordenboek Latijn-Nederlands, 1969, p. 139
[156] ibid. p. 260
[157] Diccionario del Español actual, 1999, p. 2144
[158] The Oxford English Dictionary, 1989, p. 837
[159] Grande Dizionario della Lingua Italiana, 1961, p. 949 (partie ibe-med)
[161] Grande Dizionario della Lingua Italiana, 1961, p. 58 (partie moto-orac)
[162] ibid. p. 331 (partie perf-po)
[163] Duden Deutsches Universal Wörterbuch A-Z, 1996, p. 1149
[164] The Oxford English Dictionary, 1989, p. 796 (partie XVII)
[165] Español-Português dicionário, p. 1251
[166] Grande Dizionario della Lingua Italiana, 1961, p. 45 (partie toi-z)