Les portus de la vallée de l’Escaut à l’époque carolingienne. Analyse archéologique et historique des sites de Valenciennes, Tournai, Ename, Gand et Anvers du 9e au 11e siècles. (Florian Mariage)

 

home liste des thèses contenu précédent suivant  

 

IV. Autres sites portuaires : Les agglomérations de la vallée de l'Escaut, les emporia de la Manche et les portus de la vallée de la Meuse

 

4.1 Introduction

 

Valenciennes, Tournai, Ename, Gand et Anvers n’ont pas été les seuls sites d’activité économique sur les vallées de l’Escaut et de la Scarpe entre le 9e et le 11e siècles. D’autres implantations humaines ont connu à l’époque un certain développement, mais sans doute à cause de leur importance moindre, n’ont pas été dénommées portus[348].

 

Par ailleurs, le fleuve s'insère dans un réseau économique large. De l'embouchure de l'Escaut, on accède à tout l'univers commercial du delta du Rhin et de la Meuse et de là, à des places de commerce de premier ordre: Dorestad, à l'ouest dans la Manche les emporia des rivages saxons et neustriens, à l'est et au sud les portus de la vallée de la Meuse.

 

Il n’est pourtant pas raisonnable, dans le cadre d’un mémoire de licence, d’envisager de répertorier l’ensemble de ces sites, du moins dans la perspective et avec l'exhaustivité qui ont prévalu pour l’analyse des portus. Cependant, on ne peut pas davantage faire l’économie complète de ces multiples implantations: par voie d'eau, elles étaient en contact les unes avec les autres et participaient donc tout autant au dynamisme économique de la période étudiée. Par ailleurs, d’un point de vue méthodologique, on se rappelera que l’argument de départ qui a servi à sélectionner les sites étudiés de manière approfondie dans ce mémoire est strictement textuel, à savoir la désignation du site comme portus. Compte tenu du caractère extrêmement aléatoire de la documentation conservée, il fallait donc nécessairement dépasser ce postulat théorique. L'objectif de ce chapitre est donc de replacer les portus de la vallée de l'Escaut dans leur contexte régional et international. Quelle place occupent-ils dans l'économie de leur temps?

 

Au niveau régional, on se contentera de dresser ici un rapide aperçu -sous la forme d'une notice- des sites les plus importants situés sur la portion navigable[349] du haut et moyen Escaut et de ses affluents (Haine, Scarpe et Lys), connus par l'archéologie et/ou les sources écrites. Afin de limiter encore l’étude, nous excluons ici de l’analyse les sites reliés à la Dendre et au Rupel (Senne, Dyle, Démer…). Enfin, on mettra tout particulièrement l’accent sur le statut administratif, politique, militaire et/ou religieux des sites abordés, ainsi que sur les traces d’activités économique et artisanale. A l'échelle supérieure, celle du commerce entre Meuse et mer du Nord, on ne retiendra que les agglomérations les plus importantes, qui ont joué un rôle avéré de moteur économique aux périodes carolingienne et post carolingienne.

 

 

4.2 La vallée de l’Escaut et ses affluents

 

Dans la réalisation de ce catalogue des sites de la vallée de l'Escaut et de ses affluents entre le 9e et le 11e siècles, il a fallu opérer des choix en matière heuristique. Pour la France, l'outil de base a été la Carte archéologique de la Gaule, publiée sous la direction de R. Delmaire. Pour la Belgique, le point de départ a été le Dictionnaire des communes de Belgique, et les chroniques de fouilles annuelles d'Archaeologia Mediaevalis.

 

4.2.1 La vallée de l'Escaut

 

Cambrai (France, dép. Nord, ch.-l. d’arr.)

 

Cambrai se trouve à un carrefour de voies romaines et de l’Escaut, sur la rive droite du fleuve. Le site accède au Bas-Empire au statut de chef-lieu de la cité des Nerviens, en remplacement de Bavay. On sait peu de choses de la ville à l’époque, et notamment du tracé de son enceinte (4,30 ha?), de sa topographie religieuse et de ses structures d’habitat[350].

A l’époque mérovingienne, la ville connaît un développement certain; l’enceinte romaine est toujours en place, tandis que se multiplient les églises autour de la cathédrale Notre-Dame (Saint-Martin, Saint-Pierre, Sainte-Croix et Saints-Médard-et-Loup en dehors des remparts,). Géry transfère le siège épiscopal d'Arras à Cambrai à la fin du 6e siècle et construit un palais épiscopal au nord de Notre-Dame. A côté de l’évêque, un comte est présent à Cambrai au 7e siècle, et on y frappe monnaie. A la fin du siècle, la ville ne comporte pas moins de 7 bâtiments religieux, dont la cathédrale et le palais épiscopal, un hôpital et trois monastères.

 

Les premiers temps de la période carolingienne sont une période faste pour Cambrai. Une école y est fondée au début du 9e siècle, l'église reçoit le privilège de l'immunité et à la suite du concile d'Aix en 817, un chapitre de chanoines y est créé. La ville se développe également d'un point de vue économique. Le marché local est bien approvisionné, comme en témoignent les statuts de l'abbé de Corbie Adalhard en 822: les moines du lieu viennent se procurer à Cambrai de nombreuses denrées rares et précieuses, telles du poivre, du cumin, du gingembre, de l'encens, de la myrrhe, du soufre, de l'orpiment, de l'indigo, des éponges ou encore du papyrus. A partir du milieu du 9e siècle, la situation politique et économique de Cambrai devient instable; la ville passe à la Lotharingie (Verdun, 843), revient à la Francie Occidentale (Meersen, 870) puis retourne à la Germanie (880, Ribemont). Surtout, la ville est la victime des incursions normandes, particulièrement en 880, lorsque les Vikings incendient la cité et le monastère Saint-Géry. Cette instabilité força l’évèque Dodilon, à la fin du 9e siècle, à étendre l’enceinte romaine vers l’est; une portion de mur mise au jour au sud de l’église Saint-Martin en 1995 pourrait appartenir à cette fortification. La superficie de la ville avait dès lors triplé par rapport à celle du castrum gallo-romain présumé. La paix ne revint que vers 925. Avec le raid des Hongrois, en 953, les faubourgs de Cambrai et Saint-Géry furent de nouveau incendiés. Tout le 10e siècle fut également émaillé des conflits opposant le comte à l'évêque, avant de voir ce dernier s'imposer, et Cambrai de devenir, au même titre que Tournai, une sorte de principauté épiscopale.

 

D'un point de vue archéologique, Cambrai au haut Moyen Age est très mal connu. Les nombreuses fouilles menées dans et autour de la cathédrale, et ce depuis le milieu du 19e siècle, ont révélé principalement du mobilier mérovingien. Dans le transept de l’église Saint-Martin, plusieurs sépultures carolingiennes attestent d’une occupation funéraire extra muros. Sur le site du Mont-aux-bœufs, en dehors de l’enceinte carolingienne, plusieurs niveaux du haut Moyen Age ont été mis au jour. Les plus anciens datent des 7e et 8e siècles, parmi lesquels une construction en pierre accolée de deux galeries, qui pourraient appartenir au cloître de l’ancienne église Saint-Médard-et-Loup. Ce niveau a livré deux sceats (un de Frise, un anglo-saxon) et un denier de Maastricht du 8e siècle. L’église a été entièrement reconstruite en 863.

 

Etrun-sur-Escaut (France, dép. Nord, arr. Cambrai)

 

Un oppidum (dit Camp de César) s’est développé sur un promontoire dominant la rive gauche de l’Escaut, dès la période de la Tène finale, protégeant une superficie d’environ 13 ha[351].

Le site -à ne pas confondre avec celui d’Etrun près d’Arras- est surtout connu à l’époque carolingienne. Dès 862, Charles le Chauve avait fait réaliser des ponts fortifiés et nombre de castra et castella pour contrer les Normands. Etrun fut le point choisi pour sécuriser le fleuve à 9 km en aval de Cambrai. Un texte de 881 mentionne la forteresse comme étant de materia lignea. Comme aucune trace de palissade en bois n’a été retrouvée lors d’une campagne de fouilles en 1991, il s’agit sans doute là de la fermeture de l’échancrure, qui a percé le rempart de terre à l’époque gallo-romain ou mérovingienne. P. Leman se refuse également à y voir un donjon.

Enfin, à la fin du 11e siècle, l’évêque de Cambrai réaménagea la fortification, avant qu’elle ne soit rasée en 1102 par son rival.

 

Saint-Saulve (France, dép. Nord, arr. Valenciennes, Anzin)

 

Une petite église Saint-Martin fut construite à la période mérovingienne sur la rive droite de l'Escaut, à 2 km au nord-est de Valenciennes[352]. Au milieu du 8e siècle, le martyr Saulve fut enterré au pied de l'autel et Charles Martel lui fit don avant 741 d'un tiers des revenus du fisc de Valenciennes. L'endroit devint bientôt un centre de pèlerinage. La petite communauté religieuse qui se constitua autour du tombeau du saint à l'époque carolingienne ne tarda pas à se développer, mais connut un arrêt brutal avec les incursions normandes[353]; en 914, l'église Saint-Saulve est à reconstruire. Selon Deisser-Nagels, il n'est pas impossible que l'abbatiale fut alors déplacée.

 

D'un point de vue archéologique, on sait peu de choses du monasterium carolingien. En 1980, au lieu-dit «Le chêne», on a découvert un fond de cabane à deux trous de poteaux, comblé par de la céramique du haut Moyen Age[354]. A proximité de l’emplacement de l’ancienne abbaye, les archéologues ont trouvé en 1990-1992 un cimetière à usage continu depuis la période mérovingienne. Au sud-ouest du site, différentes structures d’habitat succèdent au cimetière, parmi lesquelles cinq fonds de cabane à deux trous de poteaux axiaux. Un fossé à proximité a livré un sceat de Frise au type du porc-épic, du début du 8e siècle, et plusieurs tessons de céramique à dégraissant coquiller.

Dans le secteur de l’abbaye même, les fondations en grès d’un important édifice rectangulaire (25 m de long), avec les bases d’un autel, pourraient correspondre à une église du haut Moyen Age. Aucune datation n’a été avancée, mais la présence de sols badigeonnés de rouge renvoie à des constructions de cette époque; que l’on songe aux sols des églises carolingiennes et du 11e siècle découverts récemment sous la basse-nef nord de la cathédrale de Tournai.

 

Condé-sur-Escaut (France, dép. Nord, arr. Valenciennes)

 

L’abbaye de Condé-sur-l’Escaut a été fondée au 7e siècle à la confluence de l'Escaut et de la Haine, par le missionnaire irlandais Wasnon. Le site actuel est composé de deux églises, dont la collégiale Notre-Dame. Le monastère double mérovingien aurait été restauré vers le milieu du 9e siècle par Gérard de Roussillon. Après les destructions normandes -les Vikings installent un camp fortifié à Condé en 882-883[355]- l’abbaye est transformée en un chapitre de chanoines[356]. Elle est restaurée en 960 par Brunon, archevêque de Cologne.

D’un point de vue archéologique, on ne sait que très peu de choses des bâtiments mérovingiens et carolingiens: des fouilles menées à cet emplacement en 1985 n’ont livré que quelques sarcophages et une sépulture, mais ces découvertes n’ont pu être datées[357].

 

Saint-Amand-les-Eaux (France, dép. Nord, arr. Valenciennes)

 

Une abbaye fut établie avant 639 par Amand, missionnaire irlandais, entre la Scarpe et l'Elnon, sur un domaine appartenant au roi Dagobert. Elle comprenait trois églises: Saint-Pierre, Saint-André et Saint-Amand[358].

Le monastère était à l’époque carolingienne et durant tout le Moyen Age un passage obligé sur l’Escaut, entre Valenciennes et Tournai. C'était un centre religieux important -sans doute le plus remarquable de la vallée de l'Escaut avec les monastères de Gand-, disposant d'un scriptorium renommé -que l'on songe au moine Milon d’Elnone, l’auteur de la Vita S. Amandi- et qui joua un rôle essentiel dans la propagation du christianisme dans nos régions aux 7e et 8e siècles. L’abbaye possédait un patrimoine foncier impressionnant, et notamment des sedilia à Maire, un peu en aval de Tournai[359].

En 883, les Normands dévastent l'abbaye[360], mais celle-ci ne tardera pas à se relever.

 

A notre connaissance, cependant, l'archéologie n'a pas encore révélé la nature de l'abbaye mérovingienne et carolingienne[361].

 

Antoing (Belgique, prov. de Hainaut, arr. Tournai)

 

Le site d’Antoing, sur la rive droite de l’Escaut, est occupé depuis l’époque romaine. En témoignent un ensemble funéraire du 1er siècle au site de Billemont et une importante villa du 4e siècle, détruite au 6e siècle[362].

De la période mérovingienne, on a découvert plusieurs sépultures assez riches, dont une avec un cheval, ainsi que la fibule de Guéronde. A la période suivante, le polyptique de l’abbaye de Lobbes mentionne en 868/869 l’existence d’une cella in Antonio, qui pourrait remonter au 7e siècle. Cet embryon de monastère aurait été transformé à la fin du 10e siècle en un chapitre de chanoines par saint Brunon. Gérard de Roussillon l'aurait restauré au 9e siècle. Autour de la collégiale Notre-Dame s’est alors développé un bourg, à l’ombre du château des seigneurs d’Antoing.

 

D'un point de vue archéologique, Antoing au haut Moyen Age reste totalement méconnu.

 

Audenarde (Belgique, prov. Flandre Orientale, ch.-l. d’arr.)

 

Audenarde est situé sur la rive gauche de l'Escaut, à quelques kilomètres en amont d'Ename. L’origine ou à tout le moins le développement de l'agglomération semble justement être intimement liée à la destruction du castrum et du portus d’Ename par les comtes de Flandre au milieu du 11e siècle[363]. Le château de Pamele des seigneurs d’Audenarde est alors construit sur la rive gauche de l’Escaut, à la fin du 11e siècle. L’église Sainte-Walburge existait, elle, avant 1031.

 

Sur le terrain, l'antiquité de l'agglomération médiévale reste néanmoins à établir.

 

Petegem-aan-de-Schelde (Belgique, prov. Flandre Orientale, arr. Audenarde)

 

Petegem est situé sur la rive gauche de l'Escaut, à l'extérieur d'un méandre du fleuve, au sud du village actuel.

L'étymologie du site indique une origine germanique (Hem). Toute la région d'Audenarde est par ailleurs parsemée de toponymes de ce type (Volkegem, Leupegem, Elsegem Moregem, Mullem, etc.), signe d'une intense colonisation entre le 6e et le 8e siècles[364].

 

Petegem est mentionné à deux reprises à l'époque carolingienne[365]. Vers 854-860: une réunion avec repas y était prévue entre le comte de Laon et l'évêque de Tournai Immon. Finalement, la rencontre fut annulée en raison de la capture d'Immon par les Normands à Noyon. En 864, Charles le Chauve proclame une charte apud Pettingehem villa. Cette visite de Charles le Chauve pourrait s'expliquer par sa volonté de fortifier le nord du royaume. L'origine de la mise en défense de ce qui n'était qu'un domaine agricole, pourrait en effet bien être liée à la situation militaire et économique du milieu du 9e siècle, où se fait jour la nécessité de contrôler les allées et venues sur le fleuve, entre les portus de Gand et Tournai.

A l'origine, la curtis était naturellement entourée de deux ruisseaux. La première phase attestée archéologiquement remonte au 8e siècle; deux bâtiments sur poteaux sont alors construits, dont une maison avec cheminée. Un abondant matériel céramique a été retrouvé dans le comblement des fonds de cabane, principalement de la céramique grise commune, parfois à dégraissant coquiller, mais également un tesson de type Badorf et un autre s'apparentant à de la céramique de Pingsdorf. Au 9e siècle, la maison est remplacée par une salle en pierre de Tournai, d'environ 11 m de large et de plus de 16 m de long. Le sol était recouvert d'une couche de mortier, le toit de tuiles en terre cuite. Au sud-est de la salle se trouvait un fond de cabane. Un peu plus tard, dans le courant du 9e siècle, on adjoint à la salle principale (l'aula) une annexe en pierre (la camera) disposant d'un système de chauffage sous plancher surélevé et une annexe en bois, probablement une cuisine. Le matériel découvert sur les niveaux de circulation et dans les fosses consiste essentiellement en des fragments de gros pots globulaires, à pâte gris clair (Nord de la France?), mais également de la céramique peinte rouge (Pingsdorf).

A côté de la zone d'habitat se trouvait un cimetière et une petite église en bois à colombages (la capella), de 14,60m sur 4m, aménagée sur une terrasse et bâtie sur un socle en pierre. Cette église fut incendiée, vraisemblablement au 9e siècle. On reconstruisit alors plus au nord une nouvelle église, en pierre, de plan mononef et à chevet plat, aux dimensions inconnues. Autour des deux églises, plus de 80 tombes ont été découvertes. Zone d'habitat et secteur sacral étaient séparés par un large fossé, dessinant un "8", et creusé au 9e siècle. Ce fossé inondé avait une vocation défensive évidente: aucune palissade ou clôture n'a cependant été découverte sur ses flancs.

 

La disposition et la qualité architecturale des bâtiments, avec aula, camera et capella, fort semblable à celle d'Ename (10e siècle) et de Gand (11e siècle), a fait dire à D. Callebaut que l'ensemble de Petegem avait une fonction de villa publica, c'est-à-dire faisait office de centre administratif à l'époque carolingienne, dépassant de loin la simple curtis domaniale.

 

Nederename (Belgique, prov. Flandre Orientale, arr. Audenarde)

 

Nederename est situé sur la rive droite de l'Escaut, à moins d'1 km au nord d'Ename, auquel il a donné son nom[366]. Il semble en effet qu'à l'origine, la villa carolingienne d'Ename, comme l'appelle à la fin du 9e siècle le Liber traditionum de l'abbaye Saint-Pierre de Gand, dépendait à l'origine de l'église Saint-Vaast de Nederename. L'édifice actuel comprend certaines parties préromanes, datées du dernier quart du 10e siècle[367]. L'église en pierre de Tournai, orientée, se compose d'une mononef 8,20 m sur 13,55 m et d'un chœur à chevet plat, de 5,50 m de large pour 7,60 m de long. La maçonnerie se caractérise par l'usage de la technique en "arêtes de poissons", que l'on retrouve à la même époque au Gravensteen ou dans le cloître de l'abbaye Saint-Bavon à Gand.

 

Merelbeke (Belgique, prov. Flandre Orientale, arr. Gand)

 

L’habitat est attesté à Merelbeke depuis le paléolithique moyen[368]. A la période romaine, une agglomération importante se développe sur les rives de l’Escaut, sans doute en raison de la présence de la chaussée reliant Gand à Bavai.

Les plus anciennes mentions du site remontent au début du 12e siècle (1101, Merlebeke; 1108, Merlbekka). La seigneurie était alors propriété de la famille de Merelbeke.

 

Contrairement à la plupart des sites ruraux situés le long de la vallée de l’Escaut, Merelbeke a révélé de nombreuses traces d’habitat carolingiens. Des fouilles récentes menées à la Poelstraat ont en effet permis la découverte dans trois zones différentes de structures (édifices en bois, four de potier) et de matériel (céramique) des 9e et 10e siècles. Une nécropole contenant une soixantaine de sépultures a également été mise au jour, en association avec un petit édifice en bois, éventuellement la première église de Merelbeke[369].

 

Termonde (Belgique, prov. Flandre Orientale, ch.-l. d’arr.)

 

L’agglomération médiévale de Termonde naît à la confluence de la Dendre et de l’Escaut vers le milieu du 10e siècle[370]. La construction d’un château dans un îlot de la Dendre semble être un élément décisif pour le développement ultérieur du site.

 

Il est cependant probable que le site ait été occupé bien plus tôt. En témoigne la découverte d'un cimetière mérovingien au lieu-dit Zwijvekekouter, un peu au sud, le long de la Dendre[371]. Cette nécropole contenait environ 150 sépultures, chronologiquement étalées du 5e au 8e siècles. Surtout, 5 tombes étaient dotées d'un mobilier exclusivement saxon, de la fin du Bas-Empire. Ces découvertes viennent s'ajouter à celle réalisée en 1934 à Appels à 2 km de là, d'une proue de bateau sculptée en bois, de 1,49 m de haut, et datée par dendrochronologie aux 4e ou 5e siècles.

 

4.2.2 La vallée de la Haine

 

Saint-Ghislain (Belgique, prov. de Hainaut, arr. Mons)

 

L’abbaye de Saint-Ghislain a été fondée par le prédicateur Ghislain, au milieu du 7e siècle, sur la rive gauche de la Haine, sur un domaine appartenant au roi Dagobert[372]. Saint Ghislain fonda une communauté religieuse avec deux disciples, Lambert et Bellere, en un lieu-dit Ursidongue. La présence des reliques du saint favorisa fortement le développement de l'abbaye. En 818, une nouvelle église est construite. Au 9e siècle, devant la menace normande[373], les moines fuient; l'église est alors desservie par des prêtres des environs.

Une tentative de remplacer les moines par un collège de clercs ou de chanoines échoua au début du 10e siècle, et le monastère fut rétabli par Gérard de Brogne avant 934. En 938, l'abbaye subit un incendie. Elle fut par la suite l'objet de déprédations par le comte de Hainaut Régnier puis par Baudouin de Flandre. Notons que des études récentes remettent complètement en cause l'origine mérovingienne de l'abbaye, dont la fondation ne serait en réalité pas survenue avant le début du 10e siècle, à l'initiative du duc de Lotharingie Gislebert[374].

 

Aucune fouille archéologique n'a de toute façon pu, jusqu'à présent, permis de mettre en évidence les structures carolingiennes de l'abbaye.

 

4.2.3 La vallée de la Scarpe

 

Lambres-lez-Douai (France, dép. Nord, arr. Douai)

 

Le village de Lambres est situé sur la Scarpe, à 2 km en amont de Douai. Les Gesta Episcoporum Cameracensium parlent à son propos de portus, et on y levait un tonlieu au début du 11e siècle[375].

 

D'un point de vue archéologique, les quelques sondages réalisés dans la localité ont permis la découverte de matériel gallo-romain et mérovingien, et dans une fosse du haut Moyen Age d'une aiguille en bronze et de la céramique mérovingienne, mais rien qui atteste d'une occupation à l'époque carolingienne[376].

 

Douai (France, dép. Nord, ch.-l. d’arr.)

 

Malgré quelques vestiges d'un passé gallo-romain, une agglomération à caractère rural semble naître quasi ex nihilo au courant du 6e ou du 7esiècle sur un promontoire dominant la rive droite de la Scarpe[377]. Cette installation débute par quelques cabanes rectangulaires en bois et torchis sur le site de la Fonderie à canons. Cet habitat rural se poursuit jusqu'au 9e siècle, et correspond alors à d'autres établissements découverts dans la région, comme à Brébières, Vitry-en-Artois ou Proville. Plus ou moins au même moment se développe un habitat du même type à proximité de l'église paroissiale Saint-Albin. Au cours du 9e siècle, l'habitat se densifie et s'organise en parcellaire régulier, disposé de part et d'autre d'une rue en planches. Le type de construction reste néanmoins identique à la période précédente, à savoir de simples fonds de cabane couplés à des habitats sur poteaux, aux murs de torchis et toitures de chaume. Cette organisation n'est pas sans rappeler celle découverte à Anvers par Van de Walle. L’agglomération est également entourée d’un rempart fossoyé, probablement dans le courant du 9e siècle; elle est désignée castrum par Flodoard en 930. La céramique trouvée sur le site est à pâte grise ou noirâtre, parfois décorée de bandes. Enfin, on postule l’existence d’une activité de tissage dans les maisons découvertes.

 

Les choses changent à partir du milieu du 10e siècle. En 945, le comte de Flandre Arnoul s'empare de Douai. Cette prise de possession se traduit sur le terrain par un arasement du site de la Fonderie et la construction d'une grande résidence comtale, qui comprend une maison à étage de 8 m sur 7 m, flanquée d'une grange excavée en tous points comparable aux édifices antérieurs. Il faut attendre la fin du siècle pour que cette résidence se voie protégée d'un rempart en grès, épais d'environ 2 m.

 

Marchiennes (France, dép. Nord, arr. Douai)

 

Marchiennes est situé sur la rive gauche de la Scarpe, à la frontière historique entre la Flandre et le Hainaut, à mi-chemin entre Douai et Saint-Amand[378].

Une abbaye double Sainte-Rictrude et Saint-Pierre, de bénédictins et bénédictines, fut fondée en 647 par saint Amand sur les terres du duc Adaloald, mari de sainte Rictrude. Rictrude en fut d'ailleurs la première abbesse, accompagnée par saint Jonatus. Le monastère fut réformé au milieu du 10e siècle par Gérard de Brogne, et n'accueillit plus que des bénédictins à partir de 1028.

 

A l’emplacement de l’ancien monastère, Rue de l’Abbaye, les archéologues ont mis au jour en 1995 certains tessons de céramique des 8e et 9e siècles[379]. On ne sait rien des structures de l'abbaye carolingienne.

 

Wandignies-Hamage (France, dép. Nord, arr. Douai)

 

L’abbaye bénédictine de Wandignies-Hamage a été fondée sur la rive droite de la Scarpe vers 625-639 à l’initiative de Gertrude, après la mort de son époux Rigomer[380]. Il s'agissait d'un monastère de religieuses, voué à Saint-Pierre et Sainte-Eusébie. A partir de 1028, le site accueillit des bénédictins.

 

L'abbaye a été fouillée à partir de 1991[381]. Le sol naturel est surmonté d’une couche de 10 à 25 cm de terres noires d’époques mérovingienne et carolingienne. On distingue cinq étapes dans l’occupation du site, du 7e au 11e siècles. Durant la période III (fin 7e - milieu 9e siècles), le fossé primitif est comblé pour faire place à un long bâtiment en bois, de 13m sur 10m, avec sol en terre battue. A proximité s’organisent différents espaces de plus petites dimensions, avec foyers, latrines, four domestique. Le matériel mis au jour est riche, comprenant une forte proportion de vaisselle de table, dont des bols avec inscriptions. Deux monnaies ont été découvertes sur le site: un pseudo-sceat frison (type Wotan, 720-775) et un denier de Pépin le Bref (754-768).

Durant la période IV, au 9e siècle, les bâtiments s’organisent de manière très régulière selon un plan orthogonal, avec un cloître en bois et un premier édifice en pierre de 30 m sur 14 m: il s’agit là de l’église abbatiale. Cette organisation pourrait être une conséquence et une application en milieu rural du Concile d’Aix de 817. 1 denier et une obole de Louis le Pieux ont été retrouvés dans les contextes associés.

Durant la période V (10e-11e siècles), deux fossés de drainage sont creusés, et une longue palissade, à fonction agricole est construite A ce moment, il semble que l'abbatiale ait connu un abandon momentané, avant d'être reconstruite vers la fin du 10e siècle. Le chœur plat est alors prolongé par une abside en fer à cheval, sans doute voûtée.

 

4.2.4 La vallée de la Lys

 

Lille (France, dép. Nord, ch.-l. d'arr.)

 

Lille est situé sur la Deûle, un affluent majeur de la Lys. Le site s'est développé dans un méandre de la rivière (insula: l'île), à la limite de navigabilité de cette dernière, dans un endroit marécageux, peu propice à l'habitat mais facilement défendable[382]. La question de l'origine de Lille (gallo-romaine, mérovingienne voire de la fin du 10e siècle) reste à ce jour débattue.

 

Le site est habité à l'époque romaine, mais sans que l'on puisse réellement parler d'une agglomération.

La première mention de Lille remonte à 1054, lorsque l'empereur Otton assiège le castellum islense. En 1060, les textes évoquent l'oppidum. Les plans anciens permettent effectivement de repérer une imposante motte, cernée de fossés, à l'emplacement actuel de la cathédrale Notre-Dame de la Treille. L'oppidum était lui aussi entouré d'eau; en son centre était le forum (aujourd'hui Grand'-Place), desservi par l'église Saint-Etienne. Il y avait donc un château comtal à cet endroit, peut-être dès la début du 10e siècle: Lille est alors situé sur une ligne de défense du sud du comté de Flandre. Le développement de Lille aurait également été lié à la présence d'un marché; en y ajoutant la collégiale Saint-Pierre, fondée en 1055, on y retrouve la trilogie des villes de Flandre, comme à Valenciennes, Bruges ou Gand. Reste à déterminer qui du marché et du point de transbordement sur la Deûle (Rivage) ou du château fut à l'origine de la ville médiévale. Selon A. Derville, il faudrait plutôt chercher du côté d'une origine domaniale: Lille aurait été le centre d'un fiscus à l'époque carolingienne, fortifié lors des troubles de la fin du 9e siècle, et autour duquel se serait développé une petite agglomération, stimulée par la présence d'un marché et d'un petit portus. Lille pourrait même être le fiscus Treola des Brevium exempla carolingiens, et dont le souvenir aurait été conservé sous le nom de la Treille, vocable sous lequel la Vierge était honorée à Lille.

 

D'un point de vue archéologique, des fouilles ont révélé des nombreuses traces d'occupation gallo-romaine, mérovingienne (nécropoles de la Porte de Béthune, du Cimetière du Sud…) et carolingienne à l'extérieur mais également dans l'enceinte du castrum comtal[383]. C'est à peu près tout ce qu'ont livré les archives du sol actuellement, mais cela prouve en tous cas que l'implantation castrale ne s'est pas faite sur un site vierge d'habitat.

 

Warneton (Belgique, prov. Hainaut, arr. Comines-Mouscron)

 

L’agglomération de Warneton naît sur la rive gauche de la Lys, non loin de sa confluence avec la Deûle, probablement à la fin du haut Moyen Age[384]. La seigneurie de Warneton fait partie à l’origine de la châtellenie d’Ypres, elle-même dépendante du comté de Flandre. Les premières mentions du site dans les textes remontent au milieu du 11e siècle; à l’époque, Warneton est propriété des seigneurs de Péronne en Vermandois, avant de passer entre 1091 et 1095 à la famille de Béthune. La première église paroissiale rencontrée (1066-1078) est dédiée aux saints Pierre-et-Paul.

 

D’un point de vue archéologique, les origines de l’agglomération restent à déterminer.

 

Wervik (Belgique, prov. Flandre Occidentale, arr. Ypres)

 

Un vicus s’implante sur la Lys à l’époque romaine; il porte le nom de Viroviacum ou Virovinium[385]. Les fouilles de 1951 n’ont cependant pas pu établir l’importance de cette agglomération.

 

Le nom actuel de la paroisse se retrouve pour la première fois en 1090 (Wervy). Wervik, comme bon nombre d’agglomérations flamandes, doit surtout son développement au bas Moyen Age à la fabrication et au commerce du drap.

 

Courtrai (Belgique, prov. Flandre Occidentale, ch.-l. d’arr.)

 

Un vicus naît sur la rive gauche de la Lys dans le courant du 1er siècle ap. J.C., au croisement des voies Tongres-Cassel et Tournai-Oudenburg[386]. A l’époque mérovingienne, Courtrai donne son nom à un pagus, dont le territoire s’étend entre Lys et Escaut. Le centre d’activité de l’agglomération migre alors vers le sud-est, sur la rive droite de la Lys. On attribue à Saint-Eloi et à Saint-Amand la création dans le courant du 7e siècle des premières églises locales, Saint-Martin et Notre-Dame. Une grande partie du territoire de l'agglomération appartenait de fait à l'abbaye d'Elnone: en 847, Charles le Chauve lui fit don d'environ 30 ha de terre. En 880, les Normands y installent leur campement d’hiver et y construisent un castrum[387]. A la même époque, on y frappe monnaie (CURTRIACO). Peu après, le comte de Flandre réoccupe ou fait construire un fossé défensif autour du site et il bâtit un château. A partir de cette date, l’agglomération connaît un développement important, favorisé par sa position sur la Lys, la présence d’un marché important et l’action des comtes qui font de Courtrai un centre administratif et militaire.

 

D'un point de vue archéologique, les plus anciennes découvertes ne remontent pas au 11e siècle, ou alors avant le 4e siècle. Une publication récente (2003) signale cependant 2 fibules ansées symétriques carolingiennes, trouvées sur le site du futur château[388]. Malgré ces trouvailles, le problème de la continuité entre le vicus romain et le bourg de la fin du haut Moyen Age reste donc entier.

 

 

4.3 Les emporia du delta du Rhin/Meuse et de la Manche

 

4.3.1 Dorestad (Pays-Bas, prov. Utrecht, Wijk-bij-Duurstede)

 

Le site de Dorestad est situé aux Pays-Bas, au point où le Rhin inférieur se sépare entre le Rhin tortueux et la rivière Lek[389]. Ces canaux sont aujourd'hui en partie comblés et leur tracé a été considérablement modifié. L'agglomération gît sous la commune moderne de Wijk-bij-Duurstede.

 

L'existence de Dorestad est attestée par les textes et la numismatique dès le 7e siècle, et tout au long des deux siècles suivants. D'un point de vue archéologique, des découvertes ont été faites dès le milieu du 19e siècle. Les principales fouilles n'ont cependant eu lieu qu'à partir de 1967.

 

Les premières mentions de Dorestad évoquent l'existence d'un castrum: certains y ont vu la preuve de l'existence dans ou à proximité immédiate de l'agglomération d'un fort romain. Cette antiquité n'a cependant pas été confirmée par l'archéologie. En vérité, il semble que Dorestad ait émergé quasi ex nihilo, à la faveur du négoce international florissant au milieu du 7e siècle, du fait des Frisons, des Angles et des Saxons. Vers 630/650, les monétaires de Maastricht Rimoaldus et Madelinus y frappent des trientes d'or, qu'on retrouve abondamment dans toute la Frise mais également en Zélande, à l'est de l'Angleterre, au Danemark et dans toute la vallée rhénane[390]. C'est de là que sortent également, de la fin du 8e siècle au milieu du siècle suivant, les célèbres deniers carolingiens de Dorestad, au type du bateau, si souvent imités par la suite. La carte de répartition des découvertes de ces deniers montre que l'emporium est au centre d'un réseau commercial ayant des ramifications jusqu'en mer Baltique, dans le cœur de l'empire carolingien et même au bord de la Mer Méditerranée[391].

 

Les plus anciennes découvertes remontent à la fin du 7e siècle; on ne sait rien de l'agglomération qui a précédé. La première phase de construction de l'ensemble portuaire dans un méandre du Rhin tortueux débute vers 675; les équipements portuaires seront régulièrement agrandis jusqu'en 825. Toute l'agglomération semble avoir été bâtie en bois, même l'église, située en bordure de l'habitat, au centre d'un cimetière. Le site occupe une langue de terre de 3 km de long, pour une superficie de plus de 30 ha. Au nord, sur 1 km de large, une soixantaine d'habitats ont été identifiés. Il s'agit d'édifices à caractère rural, en bois, à structure en forme de bateau retourné, c'est-à-dire dont les longs murs présentent un léger renflement vers le milieu, et dont l'aménagement intérieur est assez rudimentaire, comprenant notamment une pièce pour les animaux. Des annexes étaient associées aux habitats, dont des greniers et des puits. Des voies planchéiées assuraient la communication entre les différents noyaux. A côté de ce quartier à caractère rural, parallèlement à la Hoogstraat actuelle, une partie de l'agglomération était dévolue au commerce. Ici, les maisons présentent un plan rectangulaire; chacune d'entre elles est directement liée à la berge du Rhin tortueux avoisinante par une chaussée, donnant accès à la jetée. C'est là que venaient s'échouer les bateaux et s'organisait le transit des marchandises et des personnes. Cette jetée était constituée de plusieurs rangées de pieux fichés dans le lit de la rivière, et surmontées de poutres horizontales faisant office de plancher. Un élément important découvert par les archéologues est que, du fait de l'ensablement de la rivière, cet appontement a dû être progressivement prolongé au cours du temps, pour atteindre les 200 m de long au milieu du 9e siècle.

 

L'abondant matériel archéologique mis au jour lors des fouilles a confirmé le statut de centre de (re)distribution qu'était Dorestad entre le 7e et le 9e siècles. Ont ainsi été découverts du verre de Cologne, de la pierre de meule de Niedermendig près de Coblence, des fragments de tonneaux ayant contenu du vin, probablement rhénan, et de la céramique de Badorf. Outre ces produits d'importation/exportation, Dorestad était un centre de production très actif, avec nombre d'artisans travaillant le bois, le cuir, l'osier, l'os, l'ambre et le textile.

 

Dorestad était, comme Quentovic, un des ports principaux du royaume puis de l'empire carolingien. C'était un centre économique important et une escale presque obligée pour quiconque naviguait vers le nord de l'Europe au départ de l'Escaut, de la Meuse ou du Rhin. Les textes le qualifient de vicus famosus ou de vicus nominatissimus. Des procurateurs impériaux y séjournaient et prélevaient de lourdes taxes: en 828, ce tonlieu équivalait à un dixième de la valeur des marchandises transportées! Les textes nous apprennent également que les voyageurs qui accostaient à Dorestad proviennent souvent des côtes britanniques (Boniface, Alcuin) ou scandinaves. S'y négocie le commerce des métaux et des esclaves, d'ambre, de fourrures, de bois, de céramique et de vin, mais également de draps, de livres et de verre.

 

Dorestad est dévasté par les Normands en 834, et à six reprises jusqu'en 863. A cette date, il fut peut-être complètement déserté par ses habitants. Comme pour Quentovic, on avance cependant plutôt des arguments d'ordre naturel -modifications du cours du Rhin, ensablement du port, montée des eaux- pour expliquer cette disparition subite. Tiel et Deventer pourraient avoir bénéficié de ce déclin[392].

 

4.3.2 Walcheren-Domburg (Pays-Bas, prov. Zélande, Domburg)

 

L'emporium de Walcheren-Domburg fait figure du vicus de seconde catégorie, par rapport aux agglomérations de Dorestad ou Quentovic[393]. Le site se trouve en bordure de la Mer du Nord, sur l’île de Walcheren aux Pays-Bas, et à proximité du principal bras de l’Escaut (Escaut occidental). Le parallèle avec Dorestad est frappant: tandis que l’emporium des bords du Rhin contrôlait le trafic fluvial au nord de l’Austrasie, Walcheren occupait une position privilégiée à l’embouchure de l’Escaut, constituant une véritable tête de pont de la Neustrie vers l’Angleterre et la Scandinavie. Par ailleurs, Walcheren et Dorestad ont connu un destin semblable, victimes des raids normands et de phénomènes naturels; Walcheren a fortement souffert de la proximité de la mer, qui l’a érodé, recouvert en partie, puis complètement ensablé. On met dès lors au jour régulièrement des monnaies, du matériel céramique et des pièces d’orfèvrerie sur la plage, en fonction de l’ampleur des marées.

 

On ne connaît pas le nom de l’agglomération romaine, puis mérovingienne et carolingienne. Le rapprochement entre le site connu par les textes comme Walacria et le site mis en évidence par l’archéologie à proximité de l’agglomération de Domburg repose sur le fait qu’aucune autre trouvaille substantielle de cette époque n’a été faite jusqu’à présent sur l’île de Walcheren. En réalité, la plus ancienne mention du site pourrait être de 692, lorsque saint Willibrod en entreprit l’évangélisation (villa Walichrum nomine). En 837, le site de Walacria est dévasté par les Normands.

 

On fouilla Domburg à partir du milieu du 19e siècle, mais dès 1647, on avait pu mettre en évidence l’existence d’un temple romain dédié à Nehalennia, ainsi que des statues; le matériel découvert indique une occupation très dense entre le 1er et le 3e siècle après J.C. Au nord-est, à Duinvliet, une agglomération d’origine frisonne fut également découverte, avec un habitat de bois et trois cimetières. L’agglomération des 8e et 9e siècles s’organisait elle par rapport à une rue unique, à front de mer, d’environ 1 km de long. L'habitat était disposé de part et d’autre de cette rue, sous la forme de bâtiments rectangulaires de tailles variables (de 3 m sur 4 m à 14 m sur 5 m). A proximité de l’habitat, des fosses ont révélé de nombreux restes de pêche et de chasse, ainsi qu’un artisanat d’orfèvrerie et de tannerie. Les monnaies, florissantes entre le milieu du 8e siècle et le milieu du siècle suivant, indiquent des contacts avec l’Angleterre, l’empire carolingien et le nord de l’Italie; on notera cependant l'absence totale de monnaies issues de centres de la vallée de l'Escaut[394]. On postule l’existence d’un atelier de frappe monétaire à Walcheren, mais dont l’activité se serait limitée au début du 8e siècle. Un cimetière carolingien comprenait des sépultures en cercueil de chêne et accompagnées, fait exceptionnel, d’un riche mobilier, qui présente de nombreuses similitudes avec des découvertes dans des sites Vikings de Scandinavie.

 

Au milieu du 9e siècle, le site est ruiné. A la fin du siècle s’implante à l’abri de la grande dune de Domburg un ensemble fortifié, qui donnera son nom à l’agglomération actuelle: Duinburcht.

 

4.3.3 Deventer (Pays-Bas, prov. Overrijssel)

 

Deventer est situé sur la rive gauche de la rivière Ijssel, qui relie le Rhin au lac d’Ijssel, au nord.

L'agglomération sert de base militaire pour les expéditions de Charlemagne contre les Saxons. Les souverains carolingiens y perçoivent un tonlieu, sur la route et sur le marché local[395].

 

Les découvertes archéologiques permettent de situer l’origine de l’agglomération au milieu du 8e siècle[396]. Deventer occupait une bande de terre de 600 m de long et 200 m de large, avec le quartier artisanal et marchand proche de la rivière, tandis que le quartier agricole en occupait l’intérieur. L’emporium de Deventer est encore modeste à l’époque carolingienne, et ne connaîtra un essor véritable qu’avec la chute de Dorestad sa principale concurrente. L'agglomération hérite alors d'une grande partie du trafic commercial en direction de la Scandinavie[397].

 

4.3.4 Westenschouwen (Pays-Bas, prov. Zélande, Westerschouwen)

 

Comme son nom l’indique, le site de Westenschouwen est localisé à l’ouest de l’île zélandaise de Schouwen sur l’Escaut Oriental, en face de Walcheren-Domburg[398].

 

L’agglomération de Westenschouwen a, tout comme sa voisine Walcheren, fortement souffert de l’érosion marine et de l’ensablement. Les premières fouilles menées dans les années 1920 ont révélé plusieurs bâtiments de bois, occupant une bande de terre parallèle à la côte. La céramique rhénane, les objets en métal (clés…), en os et les monnaies trouvés indiquent une occupation carolingienne, des 8e et 9e siècles, et un destin identique à l’emporium de Walcheren.

 

4.3.5 Witla (Pays-Bas, estuaire de la Meuse)

 

Notre connaissance du site de Witla repose uniquement sur une mention des Annales Regni Francorum, qui précisent que l'emporium fut détruit par les Normands en 836, en même temps que celui d'Anvers[399]. La position privilégiée de Witla, à l’embouchure de la Meuse (juxta ostium Mosae fluminis) -mais où précisément?-, évoque un emporium du même type que Walcheren ou Westenschouwen. Sans preuve archéologique et en l’absence de textes plus précis, il est malheureusement impossible de déterminer la nature de l’agglomération.

 

4.3.6 Medemblik (Pays-Bas, prov. Nord-Holland)

 

L’agglomération carolingienne de Medemblik était située aux Pays-Bas, sur la rive sud d’un petit canal, le Middenleek, qui se jette dans le lac d’Ijssel (Zuiderzee)[400].

 

En 753, Pepin III accorda à l’évêque d’Utrecht un dixième des propriétés du diocèse, en ce compris Medemblik.

 

L’archéologie n’a livré que peu d’informations jusqu’à présent; en raison des nombreuses inondations qu’a connues le site, suite à la montée du niveau de la mer, il est d’ailleurs peu probable que l’on puisse un jour en dire davantage. Le peu qu’on y a découvert consiste en quelques fosses contenant de la verrerie et de la céramique frisonne et rhénane, ainsi qu’un four de potier. Il semble que Medemblik faisait partie du réseau d’emporia, au même titre que Deventer, situés sur la route reliant Dorestad à la Scandinavie. L‘occupation du site va de la période mérovingienne au 9e siècle, avant la mise en place d’une nouvelle agglomération, qui donnera naissance à la Medemblik actuelle.

 

4.3.7 Tiel (Pays-Bas, prov. Utrecht)

 

Tiel est situé à la confluence du Waal, un bras du Rhin, et une petite rivière, la Linge[401]. L'essor de l'agglomération portuaire semble être intimement lié au déclin de Dorestad un peu plus au nord, à la fin du 9e siècle.

 

Son origine doit remonter à la seconde moitié du 9e siècle. Vers l'an mille, Tiel est un des centres les plus prospères de tout l'estuaire du Rhin et de la Meuse. Malgré un dernier raid normand en 1006-1007, l'agglomération se développe rapidement. Cet essor est bien attesté par les textes: récemment, ce développement a été relayé par des découvertes archéologiques. On y frappe monnaie. Surtout, un tonlieu royal est perçu dans ce que les sources contemporaines nomment vicus et portus (Albert de Metz).

 

Le centre économique de Tiel semble s'être développé sur la rive gauche de la Linge, sur une longueur approximative de 500 m. Comme à Dorestad, la berge de la rivière a été aménagée pour permettre l'accostage des bateaux. Les quais et les systèmes d'appontement s'apparentent à ceux découverts à Dorestad; tous deux ont, par ailleurs, eu à subir un ensablement progressif, nécessitant de fréquents réaménagements. De nombreux fragments réutilisés dans les structures portuaires appartenaient à des embarcations à fond plat, d'une longueur avoisinant les 20-25 m: deux d'entre elles ont pu être datées par dendrochronologie aux années 980-991.

A l'intérieur des terres, de nombreuses maisons de bois rectangulaires pourraient avoir fait office de lieux de stockage de marchandises ou de surfaces commerciales: la vocation agricole de ces lieux, plus probable à Dorestad, est ici hypothétique. Trois phases de construction ont été repérées s'étalant de la fin du 9e siècle au 12e siècle. Le matériel archéologique découvert permet de se faire une idée de l'importance des échanges commerciaux. Deux groupes principaux se détachent très clairement: 65% de la céramique trouvée sur le site était d'origine rhénane (Badorf-Pingsdorf), à peine 15% provenait de la vallée mosane. Les monnaies découvertes sur le site indiquent elles principalement des connexions avec Dorestad, Cologne et le monde scandinave.

Un peu plus à l'ouest, une abbaye dédiée à Sainte-Walburge avait été fondée dès le 9e siècle, déterminant la limite occidentale de l'agglomération médiévale.

 

4.3.8 Bruges (Belgique, ch.-l. prov. Flandre Occidentale)

 

Bruges était situé à l'époque carolingienne en bordure de Mer du Nord, avant que l'ensablement des polders n'en fasse un portus intérieur, nécessitant l'aménagement d'un canal[402].

 

On ne connaît pas précisément la nature de l'agglomération brugeoise à la période romaine et mérovingienne; certains auteurs y situent le centre du pagus Flandrensis, et plus tard la résidence primitive des comtes de Flandre. La découverte de matériel romain résiduel ne constitue pas en soi un argument décisif pour y voir le municipium Flandrense cité par les sources au début du 8e siècle, en remplacement d'Oudenburg. On sait cependant qu'un site portuaire était en place un peu plus au nord de la ville actuelle, à Fort Lapin, comme en témoigne la découverte d'une embarcation en bois, coulée là vers 180 après J.C.

 

La première mention de Bruges remonte à 851, lorsque les moines de Saint-Bavon de Gand, fuyant les Normands, y cachèrent certains biens précieux. Cela implique que déjà à l'époque, Bruges était protégée d'une fortification. L'origine de ce dispositif pourrait remonter au début du 9e siècle; il fait alors probablement partie du système défensif mis en place par les empereurs carolingiens sur le littoral flamand pour contrer les incursions normandes. A la fin du siècle, la fortification de Bruges est sans doute un des maillons des castella recens facta, à côté des fortifications de Domburg, Middelburg, Souburg, Burgh et peut-être Furnes. En 892, le castrum était aux mains du comte de Flandre.

 

A la même époque, Bruges se développe et acquiert une dimension économique nouvelle: il est appelé vicus; il semble donc qu'une petite agglomération commerciale se soit rapidement implantée à proximité immédiate du château. Ce développement économique est peut-être alors lié au déclin des emporia du delta de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin -dont Walacria-, qui disparaissent presque tous vers la fin du 9e siècle, ravagés par les Normands. Les historiens localisent l'agglomération commerciale de Bruges dans le quartier connu plus tard sous le nom d'Oudeburg, situé à l'ouest du château. Aux 10e et 11e siècles, l'habitat se développe au nord de l'Oudeburg, à proximité de la place du marché (Markt) actuelle. Il est frappant de constater que le développement de Bruges suit alors parfaitement celui de Gand, dont le portus du 10e siècle -tel que le mentionne une lettre du comte Arnoulf à l'archevêque Hugo de Reims- croît à l'ombre du château comtal, desservi par une place de marché dynamique (Vismarkt). Enfin, au début du 11e siècle, Bruges est devenu un centre de commerce international.

 

Durant les fouilles de 1987-1989, les archéologues ont mis en évidence au nord du Burg comtal un fossé incurvé, sous les fondations de l'église Saint-Donat, dont la construction remonte au milieu du 10e siècle. Ce fossé était surmonté d'un rempart de terre, renforcé de pieux de bois. Le castrum primitif, de plan (semi)circulaire occupe primitivement le coin sud-est d'un îlot carré, cerné par la Kraansrei, Spiegelrei, Sint-Annarei et Groene Rei, et au centre duquel se trouve aujourd'hui l'église Sainte-Walburge. Un abondant matériel céramique a été mis au jour, d'origine locale ou témoignant de courants d'échanges entre Bruges, le nord de la France et les vallées de la Meuse et du Rhin (Badorf, Pingsdorf, Paffrath)[403].

 

Vers 950, ce refuge est transformé. Sur une partie du fossé primitif on élève la première église Saint-Donat; il s'agit d'un édifice en pierre de Tournai, de plan central et précédé d'un imposant Westbau, imitant en cela la chapelle palatine d'Aix. Surtout, la fortification occupe désormais une superficie d'1,5 ha -ce qui reste néanmoins modeste par rapport à d'autres enceintes contemporaines-, elle adopte un plan carré, et on élève un haut mur constitué en partie de pierre à sa périphérie. On ne sait pas grand-chose de la résidence seigneuriale originelle, mais on attribue généralement au remuant comte Arnould I (918-965) la construction d'une aula sur le site, avec des pierres de Tournai récupérées sur le castellum romain d'Oudenbourg, alors en ruine.

 

4.3.9 Iserae portus

 

On cherche toujours àlocaliser l’Iserae portus mentionné par le Libellus miraculorum s. Bertini, et où les Normands auraient débarqué en 860[404]; certains auteurs ont proposé Furnes (Belgique, prov. Flandre Occidentale, ch.-l. d'arr.), en raison de sa situation sur l’Yser, et d’éléments topographiques dans le cadastre ancien de la ville, qui suggéreraient l’existence d’une fortification semi-circulaire caractéristique du 9e siècle[405]. L'occupation de cette enceinte n'est cependant pas attestée avant le 10e siècle; l'identification de l'Iserae portus avec le site de La Panne (Belgique, prov. Flandre Occidentale, arr. Furnes) reste donc à ce jour l'hypothèse la plus probable.

 

La Panne est située sur la cote de la Mer du Nord, à la frontière actuelle entre la Belgique et la France[406]. A l’emplacement de l’ancienne abbaye des Dunes, les archéologues ont mis au jour plusieurs sceattas frisons, qui pourraient indiquer la présence d’une petite agglomération marchande sur ce qui était jadis une île coupée du continent.

 

4.3.10 Quentovic (France, dép. Pas-de-Calais, arr. Montreuil, La Calotterie)

 

Le site de Quentovic est situé en France, dans le Pas-de-Calais, à l'embouchure de la Canche, comme l'indique l'étymologie du lieu: le "vicus de la Canche"[407]. L'agglomération, qui a complètement disparu dans le courant du 10e siècle, était localisée à 8 km de la mer, sur le versant calcaire méridional de la rivière, autour du hameau actuel de Visemaretz et au nord du village de La Calotterie.

 

Le site n'a été localisé avec précision que récemment (1981). Notre connaissance de Quentovic repose encore principalement sur les sources écrites et les monnaies qu'on y a frappées entre le 7e et le 9e siècles. En fait l'origine du site pourrait être directement liée au déclin de Boulogne tout proche; Quentovic aurait dès lors "récupéré" au 7e siècle la fonction portuaire de la cité gallo-romaine. Dès cette époque, le port de la Canche est devenu un centre de commerce international, au même titre que Dorestad. Quentovic s'insère alors dans le réseau économique des Wics de la Mer du Nord, dominé par les marchands frisons et anglo-saxons. Un peu plus tard, lorsque les carolingiens prirent les rennes du pouvoir, le port fit office de tête de pont de l'Empire, lieu de frontière et donc de douane. Le port apparaît ainsi dans la vie de saint Boniface (718) comme une escale obligée sur la route entre l'Angleterre et Rome. Un préfet de Charlemagne y séjournait et y prélevait un important tonlieu. Enfin, des marchands de Quentovic sont attestés à la foire de Saint-Denis.

 

L'apport de l'archéologie est encore relativement modeste, compte tenu de ce que laissent présager les sources écrites. Trois cimetières ont été mis en évidence. Surtout, une importante agglomération a été mise au jour, couvrant une superficie d'environ 50 ha, avec de nombreuses traces d'habitats en bois, des puits, et surtout un riche matériel archéologique. Dès les premiers sondages en effet, les archéologues ont rencontré à -60 cm une couche gris-noir caractéristique, contenant un matériel typique des 8e et 9e siècles: pièces d'ambre, fragments de verre, os travaillés, de nombreux tessons de céramique et même un sceat frison. Enfin, au nord du site, parallèlement à la Canche, un mur de tourbe pourrait bien correspondre à un fragment de la fortification carolingienne. A la différence de Dorestad, aucune structure portuaire n'a cependant été découverte jusqu'à présent.

 

Les raisons de la disparition subite de Quentovic restent encore un mystère. On sait que le site fut ravagé par les Normands en 842. Plus couramment, on évoque les variations du niveau de la mer et l'ensablement progressif de l'estuaire de la Canche. Enfin, certains auteurs notent que le déclin de l'emporium correspond à la montée en puissance de l'agglomération fortifiée de Montreuil, un peu amont de Quentovic. La "ville champignon" -selon l'expression désormais consacrée- a en tous cas disparu aussi rapidement qu'elle n'est apparue.

 

 

4.4 Les portus de la vallée de la Meuse

 

4.4.1 Verdun

 

Verdun est situé sur la rive droite de la Meuse au point de rupture de charge, au croisement de la chaussée reliant Reims à Metz[408]. D'origine gallo-romaine, Verodunum accède au statut de chef-lieu de cité dans le courant du 4e siècle et doit alors en grande partie sa prospérité au commerce de la céramique sigillée d'Argonne. La ville est christianisée à la fin du siècle, date à laquelle apparaissent les premiers évêques verdunois. Une enceinte est construite sur le Rocher, délimitant un espace de 7 ha.

 

Entre le 6e et le 10e siècle, Verdun occupe un rôle commercial de tout premier ordre; outre le marché, attesté dès le 6e siècle (esclaves, textile, armes, etc.), 22 ateliers monétaires sont identifiés pour la période mérovingienne. A côté du groupe épiscopal, la topographie religieuse de la cité est assez bien connue (Saint-André et Saint-Martin, la Madeleine, Saint-Amand, Saint-Rémi), de même que les ensembles funéraires extra-muros.

 

Durant la période carolingienne, Verdun est partagée entre Lotharingie (843), Francie occidentale (870) et Francie orientale (880), avant de passer de manière plus durable à la Germanie (925). Le 10e siècle est marqué par les luttes d'influence pour la direction de la cité. A partir de 962, les évêques verdunois appuyés par l'empereur voient leur autorité accrue, et débute alors une période religieuse faste, marquée par la fondation ou la rénovation de nombreuses abbayes ou collégiales. Cet essor religieux culmine sous Richard, abbé de Saint-Vanne (1005-1045).

L'activité commerciale demeure très importante jusqu'à la fin du 10e siècle: les marchands de Verdun sont réputés pour leur richesse, tandis que tant les monnaies étrangères (Quentovic) découvertes sur le sol de la cité que les espèces frappées dans la ville et mises au jour à l'étranger (Angleterre, France, Allemagne, Lombardie) témoignent d'intenses échanges commerciaux. L'existence d'un port est présupposée en contrebas du castrum (deux zones portuaires au moins), et trois secteurs commerciaux sont attestés à divers endroits de la ville. Pas moins de six ponts permettaient de franchir la Meuse avant 1150.

 

Même si subsistent encore de nombreuses zones d'ombres, l'archéologie confirme aujourd'hui l'importance de l'agglomération au haut Moyen Age, tant du point de vue de la topographie religieuse (Une dizaine d'établissements!) que des structures défensives, de l'habitat ou de l'activité commerciale et artisanale.

 

4.4.2 Dinant

 

La ville de Dinant est située aujourd'hui à cheval sur la Meuse; l'origine de l'agglomération se trouve cependant rive droite, entre le fleuve et une ceinture de rochers[409].

 

Les premières mentions du site remontent à l'époque mérovingienne. Monulphe (549-588), l'évêque de Tongres-Maastricht, était d'origine dinantaise. Il fit don à l'église locale d 'une partie du patrimoine qu'il y possédait. Un de ses successeurs, l'évêque Perpète, aurait été enterré au début du 7e siècle dans l'église Saint-Vincent. L'anonyme de Ravenne cite Dinant au titre de civitas, vers 675; à cette époque, l'agglomération peut-être déjà fortifiée, est située au centre du pagus Lommensis, sous l'autorité du comte de Namur. Un atelier monétaire y est actif dans le courant du 7e siècle, et la frappe y est attestée de manière continue durant tout le haut Moyen Age. L'abbatia sancte Marie est citée au traité de Meersen (870). Il y avait aussi une autre église, dédiée à saint Martin, et d'origine probablement mérovingienne. Outre le comte de Namur, de nombreuses abbayes détenaient des biens dans l'agglomération, notamment l'abbaye de Stavelot-Malmedy qui, en 862 et 873, se voit confirmé la détention de sedilia in portu Hoio et Deonanto. Auparavant, Dinant avait été dénommé castrum (744) et vicus (824). La vocation commerciale du lieu est renforcée par la présence d'un pont sur la Meuse, cité en 824.

 

A la fin du 10e siècle, l'évêque de Liège renforce sa position dans l'agglomération; en 995, Otton III lui concède la monnaie et le tonlieu. Dinant est alors désignée par le terme emporium. Le site est une étape de batellerie (statio navium) et une foire s'y déroule sur les deux rives du fleuve. De nouveaux quartiers voient le jour, principalement au nord, autour d'une église dédiée à Saint-Pierre.

 

A notre connaissance, la recherche archéologique n'a pas encore permis d'infirmer ou de confirmer ces données historiques.

 

4.4.3 Namur

 

Namur est situé à la confluence de la Meuse et de son principal affluent, la Sambre. Cette position privilégiée, un peu comparable à celle de Gand pour l'Escaut, a naturellement favorisé une implantation humaine continue, dès les temps les plus reculés[410]. Tout comme sa consoeur scaldéenne, Namur s'est par ailleurs concentré au haut Moyen Age sur la rive gauche du fleuve.

 

Comme pour les autres portus mosans, on sait peu de choses de Namur à la période romaine. Au nord de la Sambre, un habitat romain est présent dès la fin du 1er siècle av. J.-C. L'occupation romaine est en outre attestée sur le site du Grognon, au confluent de la Meuse et de la Sambre, entre le 1er et le 3e siècles. D'importantes fouilles menées à partir de 1990 dans les soubassements de l'hospice Saint-Gilles, sous l'ancienne Place Saint-Hilaire et le parking du Grognon ont mis en lumière l'existence d'un quartier artisanal actif dès le Bas-Empire (métier à tisser, tabletterie). Plus de 400 monnaies des 4e et 5e siècles ont été mises au jour sur l'ensemble du site. A Jambes, au sud de Namur, sous la Place de la Wallonie, une soixantaine de tombes de la fin du 1er siècle ap. J.-C. ont récemment été exhumées. Il pourrait s'agir de la nécropole de l'agglomération romaine primitive.

 

A la période mérovingienne, Namur se présente sous la forme d'une petite agglomération (civitas selon l'Anonyme de Ravenne, vers 675), sans doute fortifiée (oppidum en 670-675 et vers 800, castrum vers 680 et vers 800, castellum vers 860-870), mais surtout caractérisée par l'activité de son portus, situé entre Sambre et Meuse[411]. On y frappe monnaie (NAMUCO CIVITAS) entre 675 et 750, mais moins cependant que dans les autres ateliers mosans, tels Maastricht, Huy et surtout Verdun. L'activité monétaire sera reprise temporairement à partir de la fin du 8e siècle dans le vicus (après 850), et ce jusqu'à 900 environ. Ce dynamisme économique du quartier du Grognon a été confirmé récemment par l'archéologie. On y a comptabilisé jusqu'à 43 moules de fondeurs, destinés à la fabrication de petits objets en bronze. Un matériel céramique abondant était associé à cette activité, qui semble avoir cessé dans le courant du 7e siècle.

 

En 985, les textes évoquent Namur comme un vicus, on l'on perçoit un tonlieu et où se trouve une halte de bateaux (statio navium). Au milieu du 10e siècle, le portus est localisé à proximité de l'église Saint-Hilaire, qui reçoit alors les reliques de saint Eugène (954). Les fouilles du Grognon ont permis de révéler le plan de cet édifice[412]. Le premier oratoire remonte à la fin du 8e siècle; il s'agit d'une chapelle mononef, de plan presque carré (5 m de côté), avec un chœur à chevet plat. Plusieurs sépultures étaient associées à ces structures. A la fin du 10e ou durant le siècle suivant, l'édifice est agrandi et sa surface interne doublée. Autour de cette seconde chapelle étaient rassemblées plusieurs sépultures d'adultes, des 10e-12e siècles; à l'intérieur, plus d'une centaine de tombes en pleine terre ont été repérées, principalement des enfants.

 

Vers 960-965, l'abbaye de Lobbes détient de petites parcelles (sessi) in Namuco portu; le cas est également attesté dans le portus de Huy, où l'abbaye de Stalevot possède en 862 des sedilia et à Dinant, où la situation se répète pour la même abbaye de Lobbes vers 890. Peut-être à la même époque, Namur devient le lieu de résidence du comte du pagus de Lomme. En 960, le comte Robert y aurait fait construire un donjon rudimentaire, sur les hauteurs du confluent de la Meuse et de la Sambre, peut-être sur les fondations d'une fortification d'origine mérovingienne.

 

En dehors du confluent de la Meuse et de la Sambre, l'occupation territoriale de Namur est mal cernée. Un fragment de mur en pierre et le creusement d'un fossé rive gauche pourraient appartenir à une enceinte de la fin du 10e ou du début du siècle suivant, matérialisant dès lors une extension de l'habitat de ce côté de la Sambre. L'occupation est en tous cas attestée vers le milieu du siècle; en 1050, le comte y fonde un chapitre de chanoines séculiers, dédié à saint Aubain. La poussée démographique sera continue à partir de ce moment-là, favorisant le déplacement au bas Moyen Age du centre politique et économique de l'agglomération sur la rive gauche de la Sambre.

 

4.4.4 Huy

 

Huy est situé au confluent de la Meuse et d'une petite rivière, le Hoyoux, qui rejoint le fleuve sur sa rive droite, et qui est probablement à l'origine du nom de l'agglomération[413].

 

Le site est occupé partiellement au Haut-Empire, mais doit surtout son développement au Bas-Empire: au 4e siècle, une fortification est érigée rive gauche, au Mont Falize, surplombant une petite agglomération à vocation commerciale et artisanale, comme en témoigne la découverte de fours de potiers des 4e et 5e siècles à Batta, à environ 1700 m au sud de la fortification.

 

Huy est occupé de manière continue durant tout le haut Moyen Age, comme le montre le matériel céramique et funéraire découvert à de nombreux endroits. Sur la rive gauche de la Meuse, l'activité artisanale (fours de potiers, fonderies de bronze, tabletterie) se poursuit tout le long de la période mérovingienne. C'est cependant rive droite que se situe le centre religieux et politique de l'agglomération. Dès le 6e siècle, l'évêque de Tongres, Domitien, est enterré dans l'église Notre-Dame; la datation des ossements a été confirmée par analyse au C14. En 634, la matricule des pauvres de Huy témoigne du caractère avancé de l'organisation territoriale des biens de l'église Notre-Dame. A côté de l'église mère, une chapelle castrale vouée à saint Côme pourrait avoir occupé le mont surplombant le confluent de la Meuse et du Hoyoux. L'origine des autres églises de Huy -Saint-Germain, Saint-Pierre, Saint-Martin, Saint-Hilaire, etc.- dont les patronymes renvoient à une fondation au haut Moyen Age, n'a pu être confirmée ni par voie historique, ni par l'archéologie. Seuls des sondages dans l'église Saint-Mort, située à la périphérie sud de l'agglomération et surtout connue pour son remarquable tympan sculpté roman du 12e siècle, ont révélé des indices d'une occupation ancienne[414]. Les premières traces consistent en un sarcophage mérovingien sculpté. Un petit bâtiment quadrangulaire est construit un peu plus tard, aux 9e-10esiècles; il s'agirait d'une chapelle funéraire, à en croire les sépultures qui lui étaient directement associées.

 

Un habitat mérovingien est attesté sur la rive droite du Hoyoux, dans les quartiers Saint-Séverin et des "Augustins" et sur la rive gauche de la rivière, près de Notre-Dame, à la rue Sous-le-Château[415]. On y frappe monnaie au 7e siècle; Huy apparaît alors comme l'un des ateliers les plus productifs de toute la vallée mosane (12 monétaires), sur pied d'égalité avec Maastricht (13 m.), mais loin derrière Verdun (22 m.). Huy est mentionné dans la liste des civitates de la vallée mosane dressée par l'Anonyme de Ravenne (ca 675). Le site est appelé castrum, ce qui suggère l'existence d'une enceinte fortifiée. Des nécropoles importantes à occupation continue se développent en marge de l'habitat, dans les quartiers de Saint-Hilaire et de Saint-Victor; la richesse de certaines sépultures laisse penser que Huy était le lieu de résidence de hauts dignitaires austrasiens aux 6e et 7e siècles. L'agglomération pourrait par ailleurs avoir accueilli alors une résidence épiscopale.

 

En 744, on y perçoit un tonlieu et la frappe monétaire se poursuit, ce durant tout le haut Moyen Age. Outre les monnaies produites à Huy même, de nombreux exemplaires frisons ou ango-saxons ont été découverts dans l'agglomération, les fameux sceattas. En 862 et 873, Huy est appelé portus; les abords du fleuve sont alors divisés en petites parcelles (sedila), dont certaines sont propriété de l'abbaye de Stavelot-Malmedy. Les textes parlent aussi de castrum, ou de vicus. Dans le courant du 10e siècle, Huy devient le centre d'un nouveau comté, puis passe rapidement aux mains des évêques de Liège. L'importance du site va grandissante; Huy est dénommé civitas à la fin du 10e siècle: Huy est alors la ville clé du Condroz et de la région mosane entre Namur et Liège. Au début du 11e siècle, l'agglomération est peuplée d'une colonie de marchands indigènes, dont certains commercent jusque Londres. Fort de cette dynamique commerciale, la ville de Huy put négocier avec l'évêque de Liège dès 1066 une charte de franchise. Un pont est alors attesté au-dessus de la Meuse.

 

4.4.5 Liège

 

Liège est situé sur la rive gauche de la Meuse, au nord de sa confluence avec l'Ourthe. La villa romaine puis le vicus mérovingien sont localisés dans une boucle de la petite rivière Légia.

 

Au 2e siècle après J.C., une vaste villa est construite en bordure de la Meuse, sous l'actuelle Place Saint-Lambert[416]. L'édifice est en fonction jusqu'au 3e siècle, avant d'être détruit puis partiellement réoccupé aux 4e et 5e siècles.

 

A l'époque mérovingienne, un petit foyer est aménagé dans une cave abandonnée, des sols de béton sont remodelés et quelques nouveaux murs en torchis construits. Sur le Vieux-Marché, quelques bâtiments rectangulaires en moellons calcaires attestent de la réoccupation du site. Plus à l'est, quelques alignements de trous de poteaux indiquent la présence de cabanes en bois, le long de la Légia. La rivière est alors en partie canalisée et un pieu très massif évoque une bite d'amarrage. Cette petite implantation mérovingienne, à caractère proto-urbain voire villageois, est associée à une nécropole des 6e et 7e siècles, sur un des versants de la butte du Publémont.

 

Cette petite agglomération fut le théâtre en 705 du martyre de Lambert, évêque de Tongres-Maastricht, où le prélat possédait une domus. Très rapidement, avant 714, une première église est construite, avec une vaste nef (14 m de large), un chœur absidial peut-être ponctué d'une tour et un sol de béton rose. Dans cette église sont creusées dès le 8e siècle plusieurs tombes, avec des sarcophages monolithes en pierre. Vers la fin du 8e siècle, la renommée de Liège était telle qu'elle acquiert en plus de sa dimension religieuse -le siège du diocèse y est transféré de Maastricht- une dimension politique et économique certaine: Liège est appelé vicus publicus (769) et devient le centre d'un pagello Leuchio (779). En 770, Charlemagne y passe la fête de Noël. Entre 768 et 794, des deniers y sont frappés. A la même époque, saint Hubert fit construire au milieu du cimetière mérovingien, sur le Publémont, une deuxième basilique, qu'il dédia à Saint-Pierre.

 

En 858, le vicus de Liège est inondé par la Meuse et partiellement détruit. Un peu plus tard, des traces d'incendie indiquent une destruction violente du site, qui pourrait être due au passage des Normands en 881. La cathédrale double Saint-Lambert et Sainte-Marie est réaménagée à plusieurs reprises, tandis qu'on construit de nouveaux oratoires, Saint-Pierre, Saint-Laurent et Saint-Martin.

Enfin, à la fin du 10e siècle, l'ensemble cathédral est complètement arasé et remplacé par le vaste édifice de Notger, à double chœur. Cette période est marquée par une intense activité de construction: l'évêque entreprend l'érection des églises de Sainte-Croix, Saint-Jean et Saint-Denis; il entoure Liège d'une enceinte, protégeant une superficie de 23 à 25 ha et va jusqu'à approfondir le lit de la Meuse afin de prémunir des inondations le quartier de l'Ile. Rapidement, d'autres édifices religieux sont construits: l'abbaye bénédictine de Saint-Jacques et la collégiale Saint-Barthélémy en 1015.

 

Un pont est jeté par-dessus la Meuse entre 1025 et 1037. Divers indices montrent que l'agglomération a alors dépassé le cadre de centre de commerce régional: Liège est alors devenu une vraie ville. Vers 960, on y vend du vin de Worms et on y perçoit un tonlieu. Vers l'an mil, des marchands de Liège, de Huy et de Maastricht sont mentionnés au tonlieu de Londres. Un bourg marchand (novus vicus) se développe alors, à côté du noyau clérical primitif.

 

4.4.6 Maastricht (Pays-Bas, ch.-l. prov. Limbourg)

 

La cité de Maastricht est située en majeure partie sur la rive gauche de la Meuse, aujourd'hui aux Pays-Bas. L'agglomération est située au point extrême de navigation pour les navires de mer sur le fleuve.

 

Le développement primitif de la ville est attesté aussi bien par voie historique qu'archéologique[417]. A l'époque romaine, une petite agglomération naît à proximité de la Meuse, au croisement de la chaussée Boulogne-Cologne et du fleuve (Traiectum ad Mosam). Le site est fortifié au 4e siècle, et accueille à la période mérovingienne le siège de l'évêché de Tongres alors en déclin, au bénéfice sans doute de la présence à Maastricht du corps de l'évêque Servais, enterré là à la fin du 4e siècle. Autour de la tombe du prélat est construit un magnum templum; un véritable culte se développe alors et une communauté religieuse s'y implante. Dans le castellum sont construits une première cathédrale et un palais pour l'évêque. De centre religieux et politique -la ville a peut-être accueilli un palais pour les rois francs-, Maastricht accède rapidement au statut de centre économique et artisanal, en témoignent les nombreuses découvertes de matériel céramique, d'orfèvrerie, de tabletterie et de verrerie, un peu partout sur le site. Tandis qu'on procède à la réfection des remparts romains, un pont est jeté par-dessus le fleuve. On y frappe également monnaie; les monétaires du lieu, Madelinus et Rimoaldus, sont également actifs à Dorestad entre 630 et 650[418].

 

A l'époque carolingienne, le chef-lieu du diocèse est transféré à Liège; cela ne semble cependant pas avoir affecté outre mesure le développement de Maastricht. Tout au long du 8e siècle, la densité de l'habitat en bois augmente dans le castrum. Les souverains y perçoivent un important tonlieu, attesté en 779. Eginhard, devenu abbé laïque de Saint-Servais, décrit Maastricht en 830 comme une ville densément peuplée, parmi laquelle une importante proportion de marchands (vicus est habitantium et precipue negotiatorum multitudine frequentissimus); les témoins de l'époque le dénomment vicus, portus, civitas, urbs et castrum. On y frappe toujours monnaie, et Maastricht apparaît alors comme l'atelier le plus dynamique de toute la vallée de la Meuse, hormis Verdun. Au 10e siècle, on le désigne comme un vicus disposant d'une statio navium, et en 987 l'église de liège se voit confirmer le tonlieu à Maastricht tam in navibus et ponte quam foro. Un marché existe donc, comme à Huy et à Liège à la même époque. Outre le territoire de la cité gallo-romaine et le bourg abbatial en périphérie, un nouveau quartier se développe, sur la rive droite de la Meuse (Wijk), avec son église propre (Saint-Martin). On entreprend alors la destruction des vieux murs du castellum, devenus obsolètes, et on s'en sert immédiatement pour bâtir de nouvelles constructions.

 

D'un point de vue archéologique, le développement de Maastricht à la période carolingienne est moins évident. En 798, on entreprend la construction d'une grande église Notre-Dame à plan polygonal, sur le modèle de la chapelle palatine d'Aix. A l'extérieur du castrum, on bâtit une petite église dédiée à Saint-Pierre. A l'intérieur, le travail de l'os et de la corne se poursuit, et ce jusqu'au 10e siècle. Une fonderie de bronze s'implante au 8e siècle.

 

home liste des thèses contenu précédent suivant  

 

[348] Voir plus haut la discussion relative à la signification du terme: 1.1: Le poids des mots. Qu’est-ce qu’un portus?

[349] Voir ci-dessus: 2.1.2 Navigabilité de l’Escaut

[350] Delmaire 1996, p. 155-167; Trenard 1982, p. 17-30.

[351] Leman-Delerive 1991; Delmaire 1996, p. 206-208; Leman et Leman-Delerive 1996.

[352] Deisser-Nagels 1962, p. 80-87; Platelle 1982, p. 15-16; Helvetius 1992.

[353] Le monastère de Saint-Saulve fait peut-être partie, au même titre que ceux de Gand, de Saint-Amand et de Condé, des monasteria supra Scaldum, dévastés par les Normands en 880. D'Haenens 1967, p. 47.

[354] Delmaire 1996, p. 388-389.

[355] D'Haenens 1967, p. 52.

[356] Maliet 1990; Compagnon et Maliet 1991.

[357] Delmaire 1996, p. 182.

[358] Cottineau 1936, col. 2581-2583. Concernant l'histoire de l'abbaye à l'époque carolingienne, on consultera l'étude incontournable de H. Platelle, Le temporel de l'abbaye de Saint-Amand, Paris, 1962; notamment les p. 53-110S

[359] Derville 1991, p.210.

[360] D'Haenens 1967, p. 53.

[361] Delmaire 1996, p. 381-382.

[362] Vrancken-Preud’Homme et Preud’Homme 1981; Deroubaix 1989, p. 11-14.

[363] Dhondt 1980; Callebaut et alii 1988. L'étude de réfence dans ce domaine reste J. Dhondt, Het ontstaan van Oudenaarde, dans Handelingen van de geschied- en oudheidkundige kring van Oudenaarde, 10 (1952-1953), passim.

[364] Berings 1986A.

[365] Callebaut 1981; Callebaut et Milis 1982; Callebaut 1994, p. 93-97.

[366] Berings 1986A, p. 268.

[367] Van de Walle 1952.

[368] Pairon 1980.

[369] Les publications font défaut à ce sujet. En dernier recours, nous avons consulté le site internet de la commune de Merelbeke (http://www.merelbeke.be/bestuur/bes2102.htm; accédé en août 2003).

[370] Verhelst 1980.

[371] Van doorselaer et Opsteyn 1999.

[372] Berlière 1961, p. 244-270.

[373] Les Normands auraient pillé l'abbaye à la fin de l'année 882. D'Haenens 1967, p. 52.

[374] Helvetius 1992, passim.

[375] Derville 1991, p. 210.

[376] Delmaire 1996, p. 293.

[377] Demolon et Louis 1994; Delmaire 1996, p. 190-193.

[378] Cottineau 1936, col. 1738-1739.

[379] Delmaire 1996, p. 330-332.

[380] Cottineau 1936, col. 1374.

[381] Delmaire 1996, p. 432-434; Louis 1997; Louis 2002.

[382] Derville 1990, p. 247-263.

[383] Delmaire 1996, p. 299 et suivantes.

[384] Duvosquel 1980.

[385] Patou 1980.

[386] Maddens 1980; Waarlop 1990, p. 34-35; De Meulemeester 1996, p. 382-383.

[387] D'Haenens 1967, p. 48.

[388] Despriet 2003.

[389] Lebecq 1991; Clarke et Ambrosiani 1995, p. 25-29; Hill et Cowie 2001, p. 106-107.

[390] Lebecq 1983, vol. 1, p. 52-54.

[391] Lebecq 1983, vol. 1, p. 60-64.

[392] Sarfatij 1999.

[393] Lebecq 1995; Clarke et Ambrosiani 1995, p. 29; Hill et Cowie 2001, p. 105-106.

La publication de référence demeure W.A. Van Es et W.J.H. Verwers, Excavations at Dorestad. 1. The Harbour: Hoogstraat I, 2 vol., Amersfoort, 1980.

[394] Verhulst 1999, p. 46-47.

[395] Verkerk 1988, p. 171-172.

[396] Clarke et Ambrosiani 1995, p. 29-30.

[397] Lebecq 1991, p. 426.

[398] Clarke et Ambrosiani 1995, p. 29; Hill et Cowie 2001, p. 110.

[399] D'Haenens 1967, p. 43. Voir textes en annexe.

[400] Clarke et Ambrosiani 1995, p. 30; Hill et Cowie 2001, p. 108.

[401] Sarfatij 1999.

[402] De Witte et Ryckaert 1990; De Clercq 1991; Lebecq 1995; De Meulemeester 1996, p. 384-385; Verhulst 1999, p. 41, 62-64 et 88-90; Ryckaert 1999.

Consulter également: M. Ryckaert, Les origines et l'histoire ancienne de Bruges: l'état de la question et quelques données nouvelles, dans Mélanges A. Verhulst 1995, p. 117-134; H. De Witte, La fortification de Bruges. Les fouilles de 1987-1989 au "Burg" de Bruges, dans Colloque Douai 1991, p. 83-91.

[403] Verhaeghe et Hillonaert 1991.

[404] D'Haenens 1967, p. 45. Voir à ce sujet Termote J., De bewoningsgeschiedenis van de Noordelijke Westhoek in de Vroege en Volle middeleeuwen (5de – 12de eeuw), dans Getuigen in polderklei. Huldeboek dr. Hist. Godgaf Dalle, J. Herregat, F. Becuwe et J. Van Ackers éd., Furnes 1990, p. 103-118.

[405] De Meulemeester 1995, p. 380-381; Verhulst 1999, p. 63.

[406] Hill et Cowie 2001, p. 108.

[407] Leman 1990; Hill et alii 1990; Lebecq 1991; Hill 1992; Hill et alii. 1992; Hill et Cowie 2001, p. 109.

[408] Gama 1997, p. 26-42. Sur Verdun à l'époque mérovingienne, voir également la contribution de J. Guillaume dans Plumier 1999 (p. 6-10).

[409] Despy 1968, p. 150; Gérard 1988, p. 19-21; Devroey et Zoller 1991, p. 240, 247 et 256.

[410] Despy 1968, p. 150-151; Despy 1988; Devroey et Zoller 1991, p. 239, 247 et 253; Plumier 1993; Plumier et Plumier-Torfs 1997.

[411] Voir à ce sujet la notice de J. Plumier dans Plumier 1999, p. 24-30.

[412] Plumier 1997.

[413] Dierkens 1990; Devroey et Zoller 1991, p. 237-238 et 254. Pour la période mérovingienne, une synthèse récente par C. Peeters dans Plumier 1999 (p. 31-35).

[414] Tilkin-Peters 1997A.

[415] Tilkin-Peters 1997B.

[416] Devroey et Zoller 1991, p. 252-253; Otte 1991, p. 357-375; Kupper 1991, p. 377-389; Stiennon 1991, p. 27-38. La bibliographie récente relative aux origines de Liège a cru considérablement ces dix dernières années, en raison des fouilles de Saint-Lambert. Pour une synthèse récente sur ce passé mérovingien, voir notamment la notice de C. Peeters et J.-M. Léotard dans Plumier 1999 (p. 41-44).

[417] Despy 1968, p. 151-152; Panhuysen et Leupen 1990, p. 411-449; Devroey et Zoller 1991, p. 234-236 et 250-251; Verhulst 1999 p. 47-48. Concernant Maastricht à la période mérovingienne, voir la contribution de W. Dijkman dans Plumier 1999 (p. 46-51).

[418] Sur l'importance de l'atelier de Maastricht, voir Devroey et Zoller 1991, p. 241-250.