Les portus de la vallée de l’Escaut à l’époque carolingienne. Analyse archéologique et historique des sites de Valenciennes, Tournai, Ename, Gand et Anvers du 9e au 11e siècles. (Florian Mariage)

 

home liste des thèses contenu précédent suivant  

 

I. Problématique

 

1.1 Le poids des mots. Qu'est-ce qu'un portus?

 

Le phénomène d'apparition et de développement des portus à l'époque carolingienne semble être un des phénomènes économiques les plus remarquables de la période. Mais qu'entend-on au juste par portus?

 

1.1.1 La définition classique selon J.-F. Niermeyer

 

J. - F. Niermeyer distingue sept acceptions différentes, à savoir: un quai au bord d'un fleuve(1), un passage à bac(2), une redevance de passage(3), un magasin de marchandises ou un entrepôt(4), une colonie marchande ou une agglomération commerciale(5), une baie, un golfe, un estuaire(6) et enfin un col, un défilé(7)[4]. La cinquième définition nous intéresse plus particulièrement ici: c'est le cas où le terme portus est associé avec le nom d'une localité particulière, située le long d'une voie d'eau navigable. Dans cette acception, le terme aurait été mentionné pour la première fois dans un diplôme mérovingien antérieur à 651. Pour nos régions, on trouve la première mention d'un portus pour Huy et Dinant en 862, suivie de celle de Gand vers 865, de Namur en 868, Valenciennes en 865 et enfin Tournai, puis Ename et Anvers au début du 11e siècle. Le terme est dans la majorité des cas utilisé dans un contexte économique; octroi ou perception de tonlieu, mesures économiques particulières prises par le souverain ou le seigneur.

 

Parmi les portus les plus célèbres de l’époque carolingienne figurent ceux de Rouen, d’Amiens, de Maastricht et surtout de Quentovic et de Dorestad. Charlemagne, puis Louis le Pieux, y perçurent de juteux tonlieux. C’est à l’occasion de dispenses du paiement de ces redevances que le terme portus est mentionné dans les capitulaires royaux. En 779, Charlemagne dispense les marchands de l’abbaye de Saint-Germain-des-Près de s’acquitter du tonlieu per ullos portos neque per civitates tam in Rodomo quam in Wicus neque in Ambianis neque in Treiecto neque in Dorstade neque per omnes portos… En 831, pareille dispense est accordée aux hommes de la cathédrale de Strasbourg ubicumque per civitates vel vicos castella aut trejectus vel portus excepto Quentovico, Dorestato atque Clusas…[5] Que faut-il en déduire? Que le terme portus est presque exclusivement utilisé dans la chancellerie royale puis impériale dans un contexte économique, lié à la perception d’un tonlieu. Ensuite, que la définition du mot est extrêmement vague, puisque portus est mis sur pied d’égalité avec les appelations de civitas, vicus, castellum, trejectus. Le flou qui entoure l’utilisation de ces termes rend impossible toute tentative de définition. Maastricht, par exemple, est à la fois civitas -pour autant qu’on définisse le terme comme renvoyant à une ville d’origine romaine, éventuellement siège d’un évêché-, mais également portus. La situation est différente pour Dorestad et Quentovic, emporia de fondation presque neuve à l’époque carolingienne, et qui n’ont jamais renfermé de résidence épiscopale; ici, l’opposition entre civitas et portus fonctionnerait.

 

L’usage carolingien du mot portus est-il bien celui qu’avait repéré Niermeyer? Dans les sources diplomatiques, il semble qu'on ne fasse pas de distinction entre ce que nous pourrions aujourd'hui appeler le port - soit les quais éventuels et les infrastructures liées au commerce par bateau- et le reste de la ville. On perdra dès lors à l'esprit notre conception actuelle de terme "port" lorsque l'on évoque un portus: le mot présentait alors une acception beaucoup plus large qu'aujourd'hui, ce que Niermeyer entend par "agglomération commerciale". Le terme se généralisa par la suite au cours des 9e et 10e siècles et passa même dans le langage vernaculaire, en ancien néerlandais, sous la forme poorter, pour désigner l'habitant d'une ville - Bruges par exemple- qui en avait acquis la citoyenneté (poorterschap)[6]. C'est bien une preuve qu'à l'époque, le mot avait perdu, s'il en avait jamais eu aucune, toute signification spécifique.

 

1.1.2 L'apport des monnaies

 

Les mentions de portus dans les monnaies sont une donnée importante pour comprendre la signification du terme. Pierre Cockshaw s'est notamment attaché à relever tous les déterminants et les déterminatifs accolés aux noms de lieux, dans les monnaies mérovingiennes et carolingiennes[7]. Il découle de son analyse que l'utilisation du mot portus est précoce mais relativement peu courante; parmi l’ensemble des types de frappes découverts, le mot est employé à trois reprises à l'époque mérovingienne, loin derrière des qualificatifs comme vicus (209 occurrences), civitas (61), castrum (48) ou villa (12). A la période carolingienne, le nombre d'ateliers de frappe diminue; les précisions relatives aux noms de lieux perdurent, mais leur nombre chute sensiblement, et la répartition de la fréquence des qualificatifs évolue. On conserve l'usage du terme portus, mais toujours de manière aussi limitée (4 occurrences). En tête, on trouve désormais le qualificatif civitas (68), castrum (18), vicus n'occupe plus désormais que la 3e place(14), suivi de castellum (13), fiscus (8). Le terme antiquisant urbs apparaît trois fois, suivi de villa, cella, silva ou pons (1 occurence chacun). En ce qui concerne l'usage de portus, on le trouve associé sur les mêmes monnaies à celui de civitas (Tournai) ou vicus (Maastricht), alors qu'il est employé seul pour Valenciennes et un lieu indéterminé. Le terme disparaîtra par la suite du monnayage médiéval.

 

Que faut-il en déduire? L'usage du terme portus dans les monnaies est resté très marginal à l'époque carolingienne, tout comme à la période précédente. Il ne s'agit donc pas d'un qualificatif commun, mais fait plutôt figure d'exception. Les sites qualifiés de la sorte auraient-ils dès lors des caractères propres? Les lieux identifiés -Maastricht, Tournai et Valenciennes- correspondent à trois villes du nord du royaume, qui sont toutes situées sur un fleuve -l'Escaut et la Meuse- et qui témoignent chacune d'une activité économique, relayée d'ailleurs par les textes. Mais là s'arrête la comparaison: Valenciennes n'a pas l'envergure commerciale et industrielle de Maastricht, tandis que Tournai se situe plutôt entre les deux, en terme de développement.

 

Par ailleurs, il est frappant de constater que les textes et les monnaies diffèrent sur de nombreux points lorsqu'il s'agit de qualifier un site. Par exemple, si castrum et castellum se rencontrent fréquemment de part et d'autre, des expressions telles que munitio, firmitas ou encore oppidum ne se trouvent qu'exclusivement dans les textes. Des villes telles que Maastricht peuvent être qualifiées indifféremment de portus et vicus sur les monnaies, mais vicus, castrum, oppidum, urbs, civitas, portus dans les textes. L'exemple de Valenciennes est à ce titre frappant: on la mentionne comme portus d'une part, et d'autre part comme vicus, fiscus, portus, oppidum, castrum ou encore castellum[8]!

 

1.1.3 Les portus de la vallée de l'Escaut

 

Pour chacun des sites étudiés, à côté du nom "portus", les modes de désignation varient; il n'est donc pas toujours facile de percevoir ce qui est exactement mentionné par le terme. Le problème majeur est de savoir si le mot portus renvoie à toute l'agglomération ou simplement au quartier portuaire. Lorsque les monnaies carolingiennes citent Tournai comme portus et civitas, est-on bien certain que chaque appellation renvoie à la même notion? Pour Ename, le problème est plus ardu encore, puisque le quartier marchand est physiquement bien distinct du castrum ottonien, cantonné dans un méandre de l'Escaut. La situation est identique à Gand, où le castrum comtal est implanté sur la rive gauche de la Lys, opposée à celle du portus. Lorsque les Miracles de Saint-Ghislain racontent l'histoire des marins qui fréquentent régulièrement le portus navium, de Valenciennes, peut-on appliquer l'appellation à toute l'agglomération?

 

Le tableau ci-après (Tableau 1) rend compte des différents épithètes utilisés dans les textes et les monnaies pour désigner les sites étudiés dans ce mémoire, soit Valenciennes, Tournai, Ename, Gand et Anvers[9]. La date correspond à l’année ou la période à laquelle se déroulent les évènements décrits et non à l’année à laquelle la source en question a été rédigée. Nous avons cru utile d’opérer une distinction entre sources diplomatiques ou historiques (caractères soulignés) ou sources hagiographiques (caractères italiques). Les mentions dans les monnaies sont encadrées.

 

Que constate-t-on? En ce qui concerne l’usage du mot portus, tout d’abord, la plus ancienne occurrence est relative à Valenciennes, au début du 8e siècle. La source en question, les Gesta episcoporum Cameracensium est cependant trop distante des évènements décrits -le début du 11e siècle, pour des évènements qui se seraient déroulés sous Charles Martel -, pour être totalement crédible. On peut donc raisonnablement dire que le terme portus ne s’applique pour la première fois pour désigner une agglomération dans la vallée de l’Escaut que durant la décennie 860-870. Fait remarquable, trois agglomérations sont désignées de la sorte quasi simultanément, à la fois par les monnaies (Valenciennes et Tournai) et par le Martyrologe d’Usuard (Valenciennes et Gand). Usuard apparaît ici comme une source fondamentale pour l'apparition du terme portus dans la littérature. A son propos, on notera que s'il désigne vers 865 Gand et Valenciennes comme portus, il dénomme Tournai civitas. Nous y voyons volontiers le signe que pour un ecclésiastique, la présence d'un évêque l'emportait largement sur l'activité économique d'un site. Or, l'activité économique est attestée pour Tournai par le témoignage de Milon de Saint-Amand; l'argument du silence ne peut donc pas être invoqué pour justifier le déclin d'un site. Cet argument vaut pour les mentions ultérieures du terme portus. A l’exception de Gand désignée à quatre reprises dans trois sources diplomatiques différentes durant la seconde moitié du 10e siècle, il faut attendre le début du 11e siècle pour que le terme ne se généralise à tous les sites étudiés, dont Anvers et Ename. Il serait tentant -mais certainement téméraire- d’en déduire qu’à l’exception de Gand dont la reprise économique est précoce, les agglomérations de la vallée de l’Escaut ne percent véritablement comme pôles commerciaux qu’au début du 11e siècle. Ici aussi, la prudence est de rigueur. Si Gand est mentionnée à quatre reprises dans des sources du 9e siècle, elle le doit en grande partie au conflit qui oppose alors ses deux grandes abbayes, litige qui fut à l’origine d’une profusion d’écrits.

 

Pour cerner au mieux la signification du terme, une des meilleures solutions et la seule, en vérité, est de voir comment les sites désignés à un moment donné comme portus ont été appelés par ailleurs. Valenciennes est tour à tour fiscus, villa, vicus, oppidum, castrum, castellum. Historiquement, ce glissement de sens d’un site désigné en des termes de production économique (villa, vicus, fiscus), vers une appellation militaire (castrum, castellum) s’explique par la construction du château comtal à la fin du 10e siècle, sur un site jusqu’alors centré sur un domaine royal d’origine mérovingienne. Resterait alors à régler le problème de l’oppidum cité par Usuard en 875, à une époque où nul dispositif défensif n’est attesté autour du portus.

 

Les appellations de Tournai rappellent presque systématiquement son caractère urbain ancien, d’origine romaine (urbs) et où réside un évêque (civitas). Ici, l’essor de la ville loué par le poète Milon vers 850, se greffe donc sur une structure urbaine bien établie. Les monnaies témoignent bien de cette ambivalence: Tournai est à la fois civitas et portus. Pour Tournai, cette désignation comme portus à l’époque carolingienne demeure un hapax. Selon nous, cela ne démontre nullement que l’activité économique y est réduite, ou accessoire; il faudrait plutôt y voir la preuve que les auteurs de l’époque ont voulu, en évoquant la ville comme civitas ou urbs, privilégier la dimension urbaine ancienne de Tournai, et son statut de chef-lieu de diocèse, davantage que sa dimension économique. Le salut de l’âme, en quelque sorte, plutôt que celui du porte-monnaie. Il en va bien évidemment tout autrement pour les autres agglomérations de la vallée de l’Escaut étudiées ici. Ni Ename, ni Gand, ni Valenciennes, ni Anvers n’ont un passé religieux aussi prestigieux aux yeux des contemporains, par ailleurs essentiellement des ecclésiastiques. Pour un observateur étranger, l’essor économique que ces sites connaissent alors, sautera davantage aux yeux que pour Tournai. D’une certaine manière, donc, la désignation de Tournai comme portus a bien plus de poids que pour Gand ou Valenciennes.

Par ailleurs, au cœur de la cité, il y le fisc royal (fiscus), dont une partie au moins est léguée à l’évêque en 817 afin qu’il y établisse les cloîtres capitulaires. Seule exception à cela, la désignation de Tournai comme castrum, suggérée par Flodoard au milieu du 10e siècle, puis à deux reprises un siècle plus tard. C’est une épine dans le pied des historiens et des archéologues, pour lesquels l’enceinte romaine serait en ruine au milieu du 9e siècle et la première enceinte communale ne serait pas antérieure à la seconde moitié du 12e siècle. Est-ce la preuve de l’existence d’une enceinte épiscopale, (re)levée au début du 10e siècle?

 

Par comparaison, Ename n’apparaît que tardivement dans les textes. Ici aussi, cela se justifie assez aisément par la «fondation» de l’agglomération à la fin du 10e siècle, par le comte Godefroid, dans un contexte militaire. Le contexte et la nature de cette implantation expliquent le recours aux noms tels que castrum, oppidum et castellum. L’usage du mot villa (941 et 1025) témoignerait du statut ancien de la localité, probablement un grand domaine rural à l’époque carolingienne.

 

Nulle place, par contre, de fortification à Gand dans les textes. Il faudrait dans ce cadre interpréter avec la plus grande circonspection l’hapax que constitue la désignation de la localité en tant que castrum par la Vita Sancti Bavonis, rédigée au début du 9e siècle et qui traite d’évènements de deux siècles antérieurs. A cette exception près, l’agglomération Ganda n’est dénommée qu’en des termes économiques, soit comme vicus ou portus. Ce qui frappe ici, c’est que pour Gand à la différence des autres sites, le recours au mot portus est la norme, et même systématique entre 865 et 1012. Cette particularité ne peut s’expliquer selon nous que par le caractère modeste de l’agglomération à l’époque mérovingienne et son essor économique soudain à partir du 9e siècle. Cela justifierait également que les premières appellations de l’agglomération au début du 9e siècle -outre la Vita sancti Bavonis-, sont assez imprécises, se contentant d’un vague locus. D’autant qu’il est difficile d’invoquer ici le caractère inconnu du site par les auteurs qui le mentionnent; l’un d’eux n’est ni moins que Eginhard, abbé des deux abbayes gantoises. Quant à la mention de civitas des Gesta abbatum Trudonensis en 844, elle est à considérer avec le plus grand recul critique. L’auteur, qui désigne de la sorte toutes les agglomérations de quelque importance en Lotharingie, met sur un pied d’égalité les sites de Gand, Anvers, Louvain et Bruxelles. Civitas n’a, à l’évidence ici, pas la connotation qu’on pourrait lui prêter pour Tournai.

 

Enfin, le cas d’Anvers est des plus problématiques. Il y a tout d’abord le manque criant de sources écrites. L’agglomération n’est citée avant le 11e siècle que de manière épisodique à deux moments très précis: au début du 8e siècle, à l’occasion de la célèbre donation à Willibrord du castrum anversois, et dans la décennie 830-840 lors des raids normands. Les premières attestations, qui désignent Anvers comme castrum ou castellum -plus tard oppidum-, ont fait dire à certains historiens que la première agglomération était fortifiée. Le site aurait été détruit vers 836 par les Normands, et se serait par la suite développé plus au nord, à l’emplacement du Steen médiéval. A la même époque cependant, Anvers est appelé civitas ou urbs. Le problème soulevé par la première appellation des Gesta abbatum Trudonensis a été résolu ci-dessus, pour Gand. Reste que les autres mentions proviennent de la plume d’Hériman d’Augia et Eginhard. Il est difficile d’invoquer ici autre chose qu’un effet de style: notre connaissance historique et archéologique du site ne permet en aucun cas de justifier autrement une telle dénomination. Enfin, Anvers est appelé très tardivement portus, en 1031(Monumenta Epternacensia). Si bien que, finalement, on est en droit de poser la question du statut de l’agglomération entre le 9e et le 11e siècle, et de douter de la pertinence d’associer Anvers aux autres portus de la vallée de l’Escaut.

 

Comment interpréter la désignation d'une ville en des termes économiques? Plusieurs questions se posent, inévitablement. La mention d'une activité de commerce fluvial, plutôt qu'une autre - celle de place de marché, par exemple, celle de nœud routier, voire celle de place de production artisanale- peut-elle être interprétée comme une prédominance de ce type d'activité pour la période étudiée? Ne serait-ce pas plutôt un terme commode, une sorte de "passe-partout" pour désigner toute agglomération d'une certaine importance, située sur un fleuve navigable, et par là-même utilisant inévitablement ce mode de communication pour ses activités économiques? Car s'il semble acquis que la mention portus renvoie bien à une certaine fébrilité commerciale, le terme ne permet aucunement d'apprécier la nature exacte et l'ampleur du phénomène, aucun adjectif ne venant jamais l'appuyer ou le nuancer. Il semble évident que le portus d'Ename, pour ne prendre que cet exemple, n'avait pas le même poids que celui de Tournai. Que dire alors des grands portus disposant d'une façade maritime, comme Quentovic et d'une certaine manière Dorestad? N'est-ce pas là une preuve du caractère généralisant et stéréotypé du terme? Par ailleurs, un trop grand nombre d'auteurs ont un peu vite conclu, par la simple apparition du mot, à la preuve irréfutable d'un regain économique, voire à une création ex nihilo. La mention d'un portus à Valenciennes en 865 est peut-être la preuve d'une certaine activité à cette période, mais de là à prétendre que l'Escaut avait joué un rôle mineur sur le plan économique avant cette date, c'est aller un peu vite en besogne. Dans tous les cas de figure, il ne faut jamais perdre à l'esprit notre totale dépendance à de rares textes, épars et imprécis.

 

 

Bref, on le voit, la compréhension du terme portus et son utilisation dans les sources textuelles ou monétaires n'est pas aisée. Le mot invite à la prudence. Avant de recourir au témoignage archéologique, seul à même de compenser ces multiples imprécisions, il importe de replacer le débat à un niveau supra régional, dans le cadre des échanges économiques qui animent la Francie septentrionale entre les 9e et 11e siècles.

 

 

1.2 Permanence des théories historiques et perspectives nouvelles

 

Il n'est pas concevable d'étudier le phénomène des portus à l'époque carolingienne sans disposer d'une vue d'ensemble de la situation économique de la région pour la période étudiée. Si les sources écrites font largement défaut, en revanche la littérature abonde sur le sujet. Sans viser à l'exhaustivité, il n'est pas inutile de dresser un aperçu de certaines théories ayant cours au sujet de l'économie et l'histoire urbaine de l'époque carolingienne.

 

Henri Pirenne (1862-1935), le premier grand spécialiste de l'histoire des villes dans notre pays, avait une vision très arrêtée concernant l'origine des villes du territoire de la Belgique actuelle[10]. Sa théorie? Rupture, plutôt que continuité. Selon lui, la naissance des villes au 10e et 11e siècle serait un phénomène neuf, dû essentiellement à des facteurs externes: le renouveau du commerce et de l'industrie, provoqué par l'essor de l'habitat (suburbia) à l'extérieur des anciens centres ecclésiastiques ayant survécu, au pied de nouvelles fortifications construites au cours du 9e siècle pour faire face aux invasions des Vikings. Sur le plan international, ce renouveau fut précédé d'une reprise des échanges commerciaux dans la Méditerranée, coupés lors de la prise de contrôle de cet espace commercial par les Arabes au 8e siècle[11].

 

Entre le 8e siècle et le 10e siècle, l'abandon des échanges internationaux est donc pour Pirenne le facteur principal expliquant la léthargie des villes. Un problème de taille se posait alors à lui: que faire de l'activité commerciale en Mer du Nord aux 8e et 9e siècles, dont Quentovic et Dorestad attestent alors la vigueur? Le professeur gantois réduisit l'ampleur du phénomène qu'il considérait comme éphémère, puisque balayé par les Vikings au milieu du 9e siècle. Par ailleurs, comment expliquer la permanence des civitates d'origine gallo-romaine, même après les invasions normandes, telles Tournai, Arras ou Cambrai? Pour Fernand Vercauteren, un étudiant de Pirenne qui s'est attaché à retracer l'origine des civitates de la Belgique seconde[12], ces villes étaient les seules à contenir en elles les germes de leur renaissance après les troubles du 9e siècle. Chacune était un centre religieux important, le siège d'un atelier monétaire et disposait d'anciennes fortifications romaines susceptibles d'être facilement relevées.

 

Les théories de Pirenne ont connu une fortune considérable jusqu'à ce que les découvertes archéologiques et une relecture des textes témoignent de l'ampleur du commerce international à l'époque carolingienne, et de la continuité du phénomène au moins à partir du 7e siècle.

 

L'importance des échanges à l'époque carolingienne, sous l'impulsion des nombreux marchands frisons, semblait alors acquise. Mais dans la lignée de Pirenne, on minimisait toujours le facteur interne, local pour expliquer cet essor[13]. Georges Despy, dans un article célèbre paru en 1968[14], relativisa le rôle de ces commerçants au long cours. Le professeur de l'Université libre de Bruxelles battit en brèche la théorie selon laquelle l'essor des portus situés le long des principales voies d'accès à la mer du Nord - soit la Meuse et l'Escaut- serait uniquement dû à la présence de marchands frisons. Selon Despy, qui a principalement étudié le cas des civitates de la vallée de la Meuse, un autre phénomène était au moins tout aussi important: le développement d'un commerce local, régional, reliant la ville et sa campagne. En bref, un facteur interne, à côté de la présence d'improbables commerçants étrangers[15], pour expliquer l'essor des portus carolingiens. Dans cette optique, les portus mosans jouaient le rôle d'interface entre la campagne environnante, permettant d'évacuer les surplus de la production agricole, et le monde extérieur, riche de marchandises rares ou précieuses. Le déclin du commerce international au 9e siècle ne réduisit donc pas à néant ce développement des villes: il leur restait toujours l'arrière-pays pour stimuler la vie économique et permettre, au 11e siècle, une reprise décisive.

 

Adriaan Verhulst est à l’origine des théories parmi les plus récentes en ce qui concerne le développement urbain entre Rhin et mer du Nord à l’époque carolingienne. Le principe le plus défendu du professeur gantois est sans doute l'idée que les vici, emporia et castra du 10e siècle ont une origine romaine établie, avec une continuité administrative, politique ou militaire[16]. Ce 10e siècle est pourtant réellement selon lui la période durant laquelle la ville médiévale naît, autour d’une abbaye ou d’une cathédrale, protégée par un château, vivifiée par un marché local d’origine carolingienne. Cette activité commerciale ne concernait aux 8e et 9e siècles que des produits régionaux, ou alors de rares produits luxueux destinés aux aristocraties laïques et ecclésiastiques locales. Avec la chute de l’économie domaniale et le développement d’industries autour et dans la ville (laine, pierre, métal) de nouveaux produits seront introduits sur ce marché local, poussant en quelque sorte à l’exportation les villes situées le long de l’Escaut et de la Meuse, d’où la naissance d’un vaste réseau d’échanges internationaux[17].

 

A côté de ces recherches à caractère local ou régional, d’autres historiens ont adopté un point de vue plus global, permettant de replacer la vallée de l’Escaut à l’époque carolingienne dans un contexte international. C’est le cas de Michael Mc Cormick[18]. Le professeur de l’université d’Harvard a montré l’importance des voies de commerce entourant de toutes parts l’empire carolingien vers 800. Mc Cormick met notamment l’accent sur le rôle primordial joué par les grands fleuves alimentant l’intérieur de l’Empire, et sur lesquels Charlemagne et ses successeurs se sont empressé de lever le tonlieu. Finalement, Mc Cormick en revient à l’hypothèse Pirennienne selon laquelle sans Mahomet, il n’y aurait pas eu de Charlemagne. Mais les théories de Pirenne et de Mc Cormick diffèrent totalement sur le fond, ce dernier rejetant l’argument selon lequel le développement de l’Islam a fermé la Méditerranée au commerce occidental. Que du contraire; depuis l’antiquité tardive, les échanges n’ont jamais été aussi denses qu’à l’époque carolingienne. Au total, Mc Cormick a recensé dans les textes environ 730 mouvements -pèlerinages, activités commerciales, échanges divers- autour de la Méditerranée entre 700 et 900. Il faut donc perdre à l’esprit la conception résolument autarcique que l’on se fait du monde carolingien.

 

C'est également ce point de vue qu'adopte Stéphane Lebecq lorsqu'il étudie le monde économique frison. Les marchands frisons et leurs homologues saxons ont joué en effet le rôle de piston économique en mer du Nord du 7e au 9e siècle, et certainement participé alors au déplacement du centre économique du continent vers le nord. L'essor des wics[19], dont ceux de Quentovic sur la Canche, Dorestad à l'embouchure du Rhin et tous les emporia du sud de l'Angleterre témoignent de cet essor économique sans précédent. Le développement de ces ports côtiers connaîtra un sommet lorsque, définitivement intégrés au système économique carolingien avec la conquête par ces derniers de la Frise cisrhénane, ils offrent de réels débouchés aux surplus dégagés par la croissance de l'hinterland, et en retour permettent d'importer des produits rares ou précieux, désormais de moins en moins disponibles via les routes du sud. Dorestad comme Quentovic ne survivront pas aux raids normands du milieu du 9e siècle; leur croissance, fruit d’une volonté politique et administrative et qui ne survivra pas à la déliquescence de l’autorité impériale, aura donc été aussi rapide que leur destruction. C'est ce vide économique qui, selon Stéphane Lebecq, aurait permis le développement de nouveaux centres commerciaux et de ports, blôtis à l'intérieur des terres le long de la Seine, de la Meuse ou de l'Escaut[20].

 

Enfin Olivier Bruand, auteur d’une thèse de doctorat récente sur les voyageurs et marchandises aux temps carolingiens, privilégie une évolution lente et graduelle de la société carolingienne vers l’apogée du bas Moyen Age. L’activité économique entre Loire et Meuse est attestée un peu partout à cette époque, mais dans des proportions et des rythmes fort différents selon les régions. Surtout, la «Renaissance» carolingienne serait moins un «faux départ» anéanti par l’«obscurité» des 10e et 11e siècles, qu’une vision de la société induite par une recrudescence relative des sources écrites, qui faussent le débat[21]. Les traces de commerce sont nombreuses; les produits qui circulent dans nos régions sont notamment le vin et le sel, et en retour les monnaies sont diffusées jusqu’au nord de la Loire. La vallée de l’Escaut apparaît alors bien située, sur l’itinéraire des marchands bourguignons -entre autres- allant commercer en Frise.

 

 

1.3 L'apport de l'archéologie

 

1.3.1 Limites de la source écrite

 

… l’absence d’une quelconque source écrite pour tel endroit et tel moment ne signifie pas nécessairement l’absence ou une éclipse de la vie économique, sociale ou spirituelle. Pour notre sujet, l’argument e silentio ne sera donc guère convaincant. Considérée sous l’angle des textes, la vallée de l’Escaut mérovingienne est plutôt un puzzle, où la plupart des pièces font malheureusement défaut. Et à la rareté des documents eux-mêmes s’ajoute le caractère trop souvent fragmentaire et imprécis des renseignements concrets que nous pouvons y recueillir[22].

 

Ces quelques lignes sont de M. Van Uytvanghe; elles portent sur les sources écrites relatives à l'Escaut et ses affluents durant la période mérovingienne. A peu de choses près, ce passage s’applique parfaitement à l’époque carolingienne. Car si les sources historiques sont indispensables à la compréhension du phénomène de naissance et de développement des portus, les informations que nous livrent les textes n'en demeurent pas moins le plus souvent assez peu nombreuses, pauvres et isolées de leur contexte. La simple compréhension du terme portus n'est pas, nous l'avons vu, une sinécure[23].

 

Le petit nombre des sources écrites est un des traits de civilisation les plus marquants de la période étudiée: le haut Moyen Age est caractérisé par un usage modéré de la preuve écrite. L'antiquité de la période n'explique donc pas à elle seule le peu de textes conservés[24]. Tout au plus, pour la matière qui nous occupe et dans le cadre géographique étudié, on ne dispose aujourd'hui que de quelques diplômes royaux, de chartes issues d'abbayes et d'une poignée de sources narratives telles des vies de saints qui peuvent, au détour d'une phrase, nous renseigner sur la vie économique des portus. Certes il y a, dans la seconde moitié du 8e siècle et durant le siècle suivant, une amélioration certaine par rapport à la période mérovingienne; mais la «Renaissance carolingienne», comme on a coutume de la dénommer, est davantage le fait d’une administration efficace -c’est-à-dire soucieuse de conserver une trace écrite de ses activités- qu’une réelle preuve de renouveau économique[25]. On ne peut plus, aujourd’hui, prétendre uniquement sur base de la carence des sources écrites aux périodes pré- et post-carolingiennes, à un déclin fondamental de la société. En ce domaine, nous sommes toujours tributaires des aléas de la conservation des archives. Finalement, on est tenu à se concentrer sur le peu qui existe et éviter autant que faire se peut les grandes envolées lyriques fondées sur l’argument du silence.

 

Ces sources, qui plus est, sont rarement très explicites. Le plus souvent, une histoire économique n'est rendue possible qu'en lisant à travers les lignes. Telle mention de portus ou d'existence d'un marché, tel témoignage d'une quelconque activité économique, sont la plupart du temps indirects - involontaires- et donc inévitablement laconiques. D'où la nécessité d'une extrapolation, avec tous les risques qu'une telle opération peut comporter.

 

Des deux caractéristiques exposées ci-dessus découle une troisième: ces sources sont isolées de leur contexte. La rareté et le laconisme de la source écrite pour cette période posent d'importants problèmes d'interprétation quant au poids des informations qui y sont contenues. Comment, par exemple, comprendre la mention du portus de Tournai sur des monnaies du dernier tiers du 9e siècle, alors que les sources écrites ne mentionnent jamais la ville comme tel avant le début du 11e siècle? Comment interpréter cette appellation subite, alors que jamais auparavant dans quelque source que ce soit, la cité scaldienne n'avait été dénommée de la sorte? Faut-il l'interpréter comme la preuve d'un regain économique? Est-ce plutôt le signe que l’autorité est davantage attentive à exercer un contrôle régional, et s’assurer les ressources financières nécessaires à sa politique? Mais ne s'agirait-il pas simplement d'un trait de chancellerie, une sorte de nouveau vocable "à la mode", mais qui en soi ne matérialiserait pas une création ex nihilo? Dans ce dernier cas de figure, il faudrait passer au peigne fin l'ensemble des diplômes et le corpus des monnaies de Charles le Simple pour voir quand et dans quelles circonstances il y est fait usage du terme portus. Ce qui, dans le cadre d'un mémoire de licence, n'est pas raisonnablement concevable.

 

Enfin, et ce n'est pas le problème le moins ardu, se posent toujours pour les écrits de cette période des problèmes traditionnels de critique, dont celui de l'authenticité du document en présence. On s'en rappellera utilement, pour ne citer que cet exemple célèbre, lors de l'exploitation du faux diplôme de Chilpéric, inventé de toutes pièces par les chanoines de la cathédrale de Tournai au milieu du 12e siècle pour justifier la juridiction sur la perception du tonlieu sur toute marchandise traversant l'Escaut[26].

 

On le voit, la source écrite, aussi riche soit-elle, demeure largement insuffisante pour quiconque s'efforce de comprendre le phénomène des portus à l'époque carolingienne. Pour conclure, avec M. Van Uytfanghe:

 

Il en résulte que… pour la région scaldéenne en particulier, la source primordiale demeure l’archéologie, suivie sans doute de la toponymie et de la numismatique… La parole est, en effet, aux archéologues[27].

 

1.3.2 L'archéologie urbaine

 

La seconde guerre mondiale laissa le pays exsangue et bon nombre de centres urbains anciens dévastés. Saisissant l'opportunité qui leur était alors offerte de fouiller de larges zones jusqu'alors inaccessibles, de nombreux archéologues se sont attelés à retracer l'histoire des noyaux anciens. A.L.J. Vande Walle à Anvers et à Ename, M. Amand à Tournai ont, chacun à leur niveau, permis d'affiner les connaissances, d'éclairer les textes, voire de tordre le cou à certaines théories historiques "décontextualisées".

 

Née au milieu des années '60 sous impulsion britannique, l'archéologie urbaine a par la suite donné un second souffle à ces études préliminaires, en fournissant de nouvelles méthodes de prospection et de traitement de l'information récoltée[28]. Les villes situées le long de la vallée de l'Escaut ont depuis largement bénéficié des avancées scientifiques en ce domaine et ont été l'objet de fouilles plus ou moins importantes. A la lumière de ces données nouvelles, les historiens ont pu alors à leur tour apporter leur contribution en revisitant les textes. H. Platelle à Valenciennes, R. Brulet, L. Verslype et J. Pycke à Tournai, L. Milis et D. Callebaut à Ename, A. Verhulst, P.Raveschot et M.-C. Laleman à Gand, enfin E. Warmenbol, R. Van Uyten et T. Oost à Anvers, ont entre autres permis d'appréhender de manière plus systématique l'histoire de ces différents sites portuaires.

 

Après un demi-siècle de recherches, il reste néanmoins de nombreuses zones d'ombre. En particulier concernant la période carolingienne, et plus encore sur l'histoire économique des 8e, 9e et 10e siècles. L'activité marchande le long de l'Escaut que les textes, rares pour cette époque, évoquent à demi-mot, est à peine confirmée par les sources matérielles. Le plus souvent, les fouilles ont en réalité compliqué la problématique, ajoutant aux témoignages écrits laconiques des indices matériels épars. C'est que les fouilles en milieu urbain sont largement tributaires des chantiers qui y voient le jour: ici la réfection d'une place, là l'aménagement d'un parking souterrain ou la construction des fondations d'un nouvel immeuble à appartements. L'archéologue ne fouille donc pas où il veut, et il est contraint par le temps. Les informations recueillies ne permettent de compléter que très lentement le puzzle du sous-sol des centres urbains anciens. Certes, on a désormais une connaissance relative de la topographie générale, mais tout ou presque reste encore à découvrir concernant l'activité économique de ces centres, les infrastructures commerciales en place -embarcadères, entrepôts et autres- et les contacts pouvant exister entre ceux-ci, le long d'un même axe de communication.

 

Il n'empêche, l'archéologie demeure aujourd'hui la seule voie d'accès à un renouvellement de nos connaissances en matière de portus. Les textes, critiqués et approfondis, s'ils n'ont peut-être pas encore livré tous leurs secrets, demeurent une source épuisable de connaissance, à laquelle seul l'apport de l'archéologie pourra apporter un éclairage nouveau. Se replonger dans les textes, en les confrontant aux dernières trouvailles sur le terrain, le tout dans une perspective géographique large; tel est l'objet de la présente étude.

 

home liste des thèses contenu précédent suivant  

 

[4] Niermeyer 1962, p. 816-817.

[5] Lebecq 1991, p. 415.

[6] Verhulst 1989, p.11-12.

[7] Cockshaw 1991, p.159-169

[8] Voir annexe 1: les sources écrites relatives à Valenciennes.

[9] Pour les références précises à ces différentes sources, voir le volume d’annexes.

[10] L'essentiel des théories de Pirenne est contenu dans un ouvrage posthume: H. Pirenne, Les villes et les institutions urbaines, 2 vol., Paris - Bruxelles, 1939.

[11] Les théories de Pirenne ont, depuis plus de cinquante ans, fait couler beaucoup d'encre. La position du professeur de l'université de Gand est résumée dans l’article de Verhulst 1989.

[12] Vercauteren 1934. Voir notamment le chapitre IV, consacré à La vie économique des cités du 4e au 11e siècle, p. 440-466.

[13] F. L. Ganshof ne disait pas autre chose dans son Etude sur le développement des villes entre Loire et Rhin au Moyen Age (Ganshof 1943). Lire plus particulièrement le chapitre second «L’agglomération marchande»: La cellule génératrice de cette ville a été une nouvelle agglomération habitée par des personnes exerçant des activités de toute autre nature que la population rurale environnante, en tout premier lieu des activités commerciales ou se rattachant au commerce… Leur formation est… une conséquence du commerce des Frisons le long du Rhin, de l’Escaut et de la Meuse… (p. 21)

[14] Despy 1968, p. 145-168.

[15] Se replongeant dans les textes, Despy note qu'aucun marchand frison n'est jamais mentionné en relation directe avec les portus de la vallée de la Meuse. Ibidem, p. 152-153.

[16] Voir la critique émise à ce sujet par L. Verslype, en relation avec le problème de continuité à Anvers (Verslype 2001, p. 130-131).

[17] Verhulst 1999, p. 150-154.

[18] McCormick 2001. On consultera plus particulièrement le chapitre 22: Merchants and markets of Frankland, p. 639-669 et la conclusion de son ouvrage: At the origins of the European economy, p. 778-798.

[19] Un catalogue archéologique et historique de ces différents wics ou emporia, de la mer du Nord à la mer Baltique, est disponible dans l'ouvrage Hill et Cowie 2001.

[20] Lebecq 1991, p. 415-428.

[21] Bruand 2002, passim.

[22] Van Uytfangue 1981, p. 25.

[23] Voir chapitre 1.1 Le poids des mots. Qu'est-ce qu'un portus?

[24] On consultera utilement à ce sujet l'ouvrage de référence Van Caenegem et Ganshof 1978.

[25] Olivier Bruand a fait le point sur la variété et la dispersion des sources à la période carolingienne. Il pointe utilement les effets pervers de la Renaissance carolingienne sur notre perception de la période: Bruand 2002, p. 39-88.

[26] Rolland 1926. L’acte faux est peut être basé sur un authentique diplôme mérovingien de Chilpéric II (716) tombé en désuétude, mais il contient surtout de nombreuses caractéristiques carolingiennes (Guyotjeannin, Pycke et Tock 1993).

[27] Van Uytfangue 1981, p. 25 et 63.